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Des idoles du jour encensé la faveur;

Mais de te rendre hommage elle se glorifie :

La louange est permise à qui chante un héros.

(Almanach des Muses de 1799, page 149.)

Peut-on jamais répondre de ce qu'on fera?

Le citoyen Félix-Faulcon, devenu depuis le chevalier Félix-Faulcon, quoiqu'il déteste la louange a cependant dit à Louis XVIII:

<< Parmi les sages dont les institutions ont préparé le bonheur des états, l'histoire ne nous en offre pas qui aient réuni plus d'avantages que V. M. pour imprimer aux lois ce caractère qui commande le respect des peuples. La France voit en vous, sire, comme le disait Bossuet du grand Condé : La France voit en vous ce je ne sais quoi d'achevé, que les malheurs ajoutent aux grandes vertus.......

>> Ouì, Sire, tous les intérêts, tous les droits, toutes les espérances se confondent sous la protection de la couronne. On ne verra plus en France que de véritables citoyens, ne s'occupant du passé qu'afin d'y chercher d'utiles leçons pour l'avenir, et disposés à faire le sacrifice de leurs prétentions opposées et de leurs ressentimens. Les Français, également remplis d'amour pour leur patrie et d'amour pour leur roi, ne sépareront jamais dans leur cœur ces nobles sentimens, et le roi que la Providence leur a rendu, unissant deux grands ressorts des états anciens et des états modernes, conduira des sujets libres et réconciliés à la véritable gloire et au bonheur qu'ils devront à Louis le Désiré.

(Journal des Débats, du 8 juin 1814.)

FÉNÉLON (de Salignac). Messieurs, gardez-vous de croire que c'est l'immortel de Salignac-Fénélon dont nous voulons parler. L'archevêque de Cambray a laissé un arrière-neveu qui a un mérite qui vaut bien celui de son oncle. Il n'écrit pas comme lui, il est vrai; mais il est girouette. M. Fénélon était secrétaire de légation à Francfort, à la suite du comte d'Hédouville, pour l'empereur (1811). Ledit M. Fénélon à été nommé ensuite chargé d'affaires à Francfort, pour le roi (1814).

N'en demandez pas d'avantage.

FÉRINO. Le 12 pluviose an 13, M. Férino, comte d'em pire, fut admis au sénat; grand-officier de la légion d'honneur, il maria à cette décoration celle de chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, le 27 juin 1814, que le roi lui donna sans doute en récompense des services militaires que M. le comte Férino avait rendus à la république.

FESCH (Joseph), né à Ajaccio, le 3 janvier 1763. IL servit dans l'armée du général Montesquiou, en Savoie (1792). Il fut ensuite commissaire des guerres à l'armée d'Italie (1796). Après le concordat, il fut archevêque de Lyon, sacré le 15 août 1802; cardinal, grand-aumônier de l'empire, grand-aigle de la légion d'honneur, sénag teur, etc.; pair, nommé par l'empereur, le 4 juin 1815.

FEUTRIER. Nommé intendant en Espagne, par l'empereur; et maître des requêtes surnuméraire sous le roi. Il fait signer son contrat de mariage avec Mlle Cabal, par S. M. Louis XVIII, le 31 juillet 1814.

FIÉVÈE. Chevalier d'empire, préfet du département de la Nièvre, nommé par l'empereur; adresse à ses administrés à Nevers, le 9 avril 1814, une proclamation dont voici les principaux passages:

« Un homme qui n'avait pas mis de bornes à son ambition, consent à descendre du trône, à rendre aux Français le pouvoir qu'ils lui avaient confié, et à traîner son existence comme simple particulier. Félicitons-le de cette résolution, en laissant à la postérité le soin de la juger; il suffit que cette résolution ait arrêté un jour plus tôt l'effusion du sang humain pour qu'elle nous paraisse bonne relativement à nous.

>> En effet, l'armée et le peuple n'ont en qu'un vœu hautement exprimé, celui de revenir à nos rois, véritables pères qui savent ménager et le sang des Français et leur fortune jusqu'alors si cruellement prodigués.

» La nation a repris son énergie. Elle doit beaucoup à la générosité des puissances étrangères; elle s'acquittera. La France, sous ses rois, contribuera au bonheur de l'Europe, comme l'Europe entière armée contribue au bonheur de la France en ce moment,

» C'est la première fois peut-être qu'on voit les nations traiter de . la paix plus en suivant leurs sentimens qu'en discutant leurs intérêts; aucune condition n'est encore arrêtée, et déjà les prisonniers sont

rendus de toutes parts. Nons reverrons nos fils, nos parens, nos amis, et des passions inconnues jusqu'ici à l'Europe civilisée, ne condamneront plus les prisonniers de guerre à un exil éternel.

» Habitans du Nivernais! vous vous êtes toujours montrés pleins de générosité envers les prisonniers de guerre; on a épuisé vos ressources sans pouvoir épuiser votre charité. Redoublez de soins pour eux aujourd'hui ; l'Europe ne fait plus qu'une famille, et le sang des étrangers, comme le sang français, n'a coulé dans cette guerre que pour une seule cause. Bientôt toutes les plaies seront cicatrisées; et les mesures vont être prises pour que les prisonniers retournent dans leur patrie, ainsi que les otages enlevés à leurs foyers contre lo droit des gens et sans nécessité. Mais l'ambition n'a jamais tenu compte des larmes qu'elle fait répandre....

>> Au commencement de notre révolution, nous cherchions la liberté; nous n'avions trouvé que désordre, malheur, esclavage, parce que nous voulions la liberté avec excès. Depuis, nous avons cherché la gloire, et, par de nouveaux excès, nous avons risqué notre existence politique. Aujourd'hui, nous voulons du repos, et nous le cherchons sous la protection de nos rois légitimes; nous le trouverons, parce qu'avec eux reviendront les sentimens affectueux, le respect pour la religion et pour les idées morales. >>

(Journal des Débats, du 14 avril 1814.)

FINANCES (Employés au ministère des). Jamais administration n'a été moins occupée des opinions politiques. L'argent, ce grand mobile des girouettes, s'est tellement identifié avec les buralistes de ce ministère, qu'ils ont constamment été du côté d'où l'argent venait. Aussi, parcourez les Almanachs républicains, consulaires, impériaux, royaux, vous y verrez presque toujours les noms des mêmes individus en possession des mêmes places; de temps immémorial, on a rencontré là des frères Bricogne ; MM. Raison, Petit, Piscatory, Bronner, le Camus, Cornut, Foin, etc., etc.

L'empereur donna cependant à MM. Legrand, Hennet, etc., la croix de la légion d'honneur. Ils n'ont pas moins travaillé pour le roi en 1814; retravaillent pour l'empereur en 1815, et ainsi de suite.

FINOT. Baron d'empire, préfet du Montblanc, n'importe les incidens survenus aux Tuileries en 1814.

FLAHAUT. Comte d'empire, général de division,

offi

cier de la légion d'honneur, nommé par l'empereur; commandant de la même légion, nommé par le roi (23 août 1814), et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

FLAVIGNY (Alexandre de). Officier d'artillerie sous Louis XVI et sous Louis XVIII (en émigration); maire de la ville de Laon, 1806; sous-préfet de la ville de Soissons, avril 1808; chevalier de la réunion; baron d'empire; préfet de la Haute-Saône, 11 janvier 1814; ayant prêté serment entre les mains de S. M. l'empereur; continué dans la même place, en avril 1814; ayant prêté serment entre les mains de S. M. Louis XVIII; chevalier de St.-Louis; nommé préfet du département de la Meuse (Moniteur, avril 1815); ayant reprété encore serment à S. M. l'empereur.

FONTANES (Louis). Né en 1752, d'aïeux protestans, témoins ces deux vers de son épître sur l'édit en faveur des non-catholiques, couronnée en 1789 par l'académie fran

çaise.

"... Né d'aïeux errans, qui dans le dernier âge
>> Du fanatisme aveugle ont éprouvé la rage. »>

Avant la révolution il était poëte de son métier ; et il publia une traduction de l'Essai sur l'homme de Pope, et quelques années après, le Verger, poëme; en 1789 il fut, comme nous l'avons dit, poëte lauréat ; il avait adressé des petits vers musqués à Mlle Desgarcins, comédienne du théâtre Français; les voici :

Oui, l'amour veut que je te chante.

Le premier j'ai senti le charme de tes pleurs,
De ta jeunesse en deuil, et de ta voix touchante,
Et de tes naïves douleurs.

J'ai prédit tes talens, qu'on ignorait encore;
Si je vis autrefois leurs prémices éclore,
Je dois à ta couronne attacher quelques fleurs.
Du théâtre Français l'éclat va donc renaître ;
Et la nature encor n'a point perdu ses droits!
Tu lui rends son empire: on n'a pu méconnaître
Son charme attendrissant qui parlait par ta voix :

Racine et l'auteur de Zaïre,

Grâce à tes sons touchans, nous deviendront plus chers;
Leur ombre t'applaudit; les accens qu'elle inspire
Sont aussi tendres que leurs vers.

De l'orageux parterre enchaîne l'inconstance ;
Et si l'adroite envie, aux yeux toujours ouverts,
Cherchait à te punir d'un succès qui l'offense,
Echappe à ses complots pervers.

Le public te reçoit sous sa garde fidèle.
Redonne-lui, Gaussin, sa grâce naturelle ;
Son jeu tant regretté, plus simple que savant;
Mais ne suis pas en tout cet aimable modèle ;
On dit qu'elle était peu cruelle,

Et que pour aimer bien, elle aimait trop souvent.
Je suis loin de blâmer une douce faiblesse ;
Avare de bontés, borne aussi tes rigueurs,
Pour mieux peindre l'amour, il faut qu'il t'intéresse ;
Et si tu goûtes ses douceurs,

Qu'un seul amant, du moins, inspire à ta jeunesse
Ce que ta voix enchanteresse

Fera sentir à tous les cœurs.

Ces vers, imprimés dans le temps dans l'Almanach des Muses, avaient été reproduits en 1813 ou 1814 dans un recueil de pièces. M. Fontanes obtint de la censure qu'on retranchat cette pièce du recueil. La révolution arrivée, M. Fontanes se fit journaliste et rédacteur de pétitions; il travaillait en 1789 et 1790 au Modérateur; et en 1794, sous le règne de la terreur, lorsque les Lyonnais voulurent envoyer implorer la clémence de la convention, la fonction principale, (dit M. Guillon, tom. 2, page 180 de son Histoire du siége de Lyon) la fonction principale en fut confiée au nommé Changeux de Bourges, qui partit avec deux compagnons d'ambassade, muni d'une harangue pleine d'art et de cajolerie, qu'avait composée Le Poete FONTANES de Paris, retiré pour lors à Lyon. Après la terreur, M. Fontanes se contenta de la place modique de professeur à l'école des Quatre-Nations. En cette qualité, il prononça un discours, et il disait, au nom de ses collégues et au sien:

« Les professeurs ont dès long-temps consacré leur vie entière à » des études qui s'allient naturellement aux vertus que les peuples

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