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éludant ses combinaisons, vous n'avez changé dans ses dispositions que le mode seul de vous vaincre. Venez donc provoquer et accélérer le combat. La moitié de son armée, encore éloignée de son camp, n'aura plus à regretter, dans quelques heures, que de n'avoir pu partager ses lauriers. L'infériorité de notre cavalerie, que l'empereur désirait d'épargner, et à laquelle il destinait pour supplément sa foudroyante artillerie, éclaire tout à coup sa pensée d'une de ces illuminations soudaines dont parle Bossuet. C'est une bataille d'Egypte, dit-il à ses troupes, une bonne infanterie, soutenue par de l'artillerie, doit savoir se suffire. L'histoire recueillera ce résultat mémorable d'une combinaison que le génie militaire a suggérée, et qui pouvait seul assurer la victoire,

» On est transporté d'admiration, N. T. C. F., devant l'homme extraordinaire qui éleve notre empire à un si prodigieux degré de puissance et de gloire. Sa destinée et ses officieux ennemis le placent sans cesse dans toutes les situations les plus propres à nous découvrir tout l'horizon de son génie. Il est l'âme de son gouvernement comme de son armée. On ne conçoit pas qu'un mortel puisse surmonter tant d'obstacles, et suffire à tant de devoirs, allier tant d'activité à tant de prévoyance, tant de sagesse à tant d'impétuosité, tant d'étendue dans les conceptions, à tant de vigilance dans les détails; et que chaque partie de son immense administration soit toujours surveillée par la perspicacité de ses regards, comme s'il n'avait aucune autre sollicitude sur le trône.

» C'est la religion seule, N. T. C. F., qui, en ralliant tous les intérêts des souverains et des sujets, des riches et des pauvres, assure la véritable pompe des fêtes nationales, et donne à l'expres sion de la joie commune un caractère auguste et sacré que l'enthousiasme universel rend encore plus touchant et plus magnifique. Sans elle, rien n'est solennel, rien n'est vraiment populaire, rien ne réunit la multitude en une seule famille. Le monde a des divertissemens, le christianisme seul a de véritables fêtes. Les hommes ne sont jamais en parfaite communauté de sentimens et d'intérêts que dans les temples. C'est en se prosternant eux-mêmes devant Dieu, que les princes apprennent aux peuples à les respecter comme ses vivantes images. C'est en se rassemblant autour des autels, qu'on se sent fier d'être Français, et que chacun croit s'associer à la gloire de l'armée, en la célébrant avec tant d'allégresse et de majesté dans nos sanctuaires. Dieu étant ici au milieu de nous, et sensiblement près de nous, selon l'expression de l'apôtre saint Paul, semble aussi se déclarer pour nous. L'image du souverain s'y retrace dans tons les cœurs. Les accamations d'un peuple entier répètent son nom chéri avec des transports unanimes de reconnaissance; mais sa renommée nous a tellement accoutumés aux prodiges, qu'il ne peut plus y avoir désormais de surprise pour notre admiration. Oh! com

bien sa grande âme jomiraît avec délices de notre amour, s'il pouvait être en ce moment le témoin de tous les sentimens qu'il inspire!

» Mais quels regrets avons-nous donc à exprimer? Notre monarque ne sera-t-il donc pas présent par sa pensée à cette sainte solennité, pour jouir des bénédictions universelles qui vont environner sa compagne chérie au moment où un grand et touchant rapport religieus vient l'offrir, pour la première fois depuis sa régence, dans la plus magnifique pompe du trône, aux hommages de la nation? La fête qui nous réunit dans le premier de nos temples, tout resplendissant de ses bienfaits et de ses victoires, acquiert encore un plus grand intérêt et un plus beau lustre par la présence de l'auguste souveraine qui vient présider à cette piense cérémonie, en s'y montrant parée de toute la gloire de son époux.

> Eh! quel touchant spectacle de voir dars notre sanctuaire l'épouse révérée du souverain, la mère de l'héritier du trône, la régente de l'empire, remercier Dieu solennellement de la gloire du grand homme dont elle vient proclamer le triomphe, en déclarant aux Français que sa conservation est aussi nécessaire au bonheur de l'empire qu'au bien de l'Europe, à la religion qu'il a relevée, qu'il est appelé à raffermir, et dont il est le protecteur le plus sincère! (1) Quel spectacle de contempler une âme si pure se prosternant devant nos autels, implorant le Tout-Puissant en faveur du béros qui est l'objet continuel de sa pensée, dont sa tendresse suit tous les pas, et dont elle ne cesse de s'entretenir au milieu de sa cour avec la plus vive émotion! Dieu exaucera ces prières, ces vœux, ces actions de grâces qu'il inspire; et la félicité de notre souveraine va s'augmenter encore de toute l'allégresse publique, dont elle sera l'heureuse interprète auprès de celui qu'elle représente avec autant de grâce que de dignité.

>>> Nous pouvons le publier hautement, sur la foi des hommes supérieurs appelés à son conseil, le gouvernement qui lui est confié développe en elle, chaque jour, une âme pleine de douceur et de bonté, un caractère de haute sagesse dans ses actions comme dans ses discours, un goût de l'application, un amour de l'ordre, une habitude d'attention et d'intérêt, une exactitude de mémoire et de suites dans les affaires, une justesse d'esprit, une maturité de jugement, une solidité de réflexions, qui, en lui conciliant tous les suffrages, lui garantissent l'approbation la plus précieuse à son cœur. Tant de qualités brillantes sont encore embellies sous le diadème, par une piété aussi exemplaire que mesurée, et par l'attrait de ces douces vertus, d'autant plus propres à faire aimer ses principes religieux, qu'elles invitent à l'imitation, sans forcer à l'hypocrisie.

(1) Lettre de S. M. l'impératrice aux évêques de France.

On voit jusqu'à présent que S. E. n'est pas avare de louanges, et qu'elle a une fécondité rare pour varier les formes délicates de cette louange qui, depuis Satan qui l'employa pour séduire Eve, jusqu'à S. E., qui en fit un si honteux usage, a besoin d'un grand talent pour paraître avoir le sens commun aux yeux de ceux qu'on loue.

Jusqu'à présent, nous passons sous silence les temps orageux qui avaient précédé le consulat, temps où S, E. avait déployé un caractère bien différent ; mais ce que nous ne savions pas, et ce que S. E, nous apprend elle-même, c'est qu'elle a toujours été fidèle et dévouée au roi. (Bro chure in-8°. de 30 pages; prix 75 centimes, 12 mai 1814; intitulée Mémoire pour le cardinal Maury); et que le roi, avant que S. E. Fût nommée archevêque de Paris, l'avait nommée son ambassadeur. (Même brochure.)

Au moment où S. E. fut révoquée par le chapitre diocésain de Paris (Journal des Débats, du 11 avril 1814), nous eûmes connaissance d'une petite lettre de S. S. le pape Pie VII, en date du 5 novembre 1810, et qu'on nous avait cachée jusqu'alors.

Lettre du souverain pontife Pie VII, au cardinal Maury, en date du 5 novembre 1810.

■ Vénérable frère, salut et bénédiction apostolique.

» Il y a cinq jours que nous avons reçu la lettre par laquelle vous nous apprenez votre nomination à l'archevêché de Paris, et vot installation dans le gouvernement de ce diocèse. Cette nouvelle a mis le comble à nos autres afflictions, et nous pénètre d'un sentiment de douleur que nous avons peine à contenir, et qu'il est impossible de vous exprimer. Vous étiez parfaitement instruit de notre lettre au cardinal Caprara. (1), pour lors archevêque de Milan, dans laquelle nous avons exposé les motifs puissans qui nous faisaient un devoir, dans l'etat présent des choses, de refuser l'institution canonique aux évêques nommés par l'empereur. Vous n'ignoriez pas que non seulement les circonstances sont les mêmes, mais qu'elles sont devenues et deviennent de jour en jour plus alarmantes par le souverain mépris qu'on affecte pour l'autorité de l'église; puisqu'en Italie on a porté

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Faudare et la témérité jusqu'à dérmire généralement toutes les communautes religieuses de l'un et de l'autre sexe, supprimer des påraisses, des eviches, les reunir, les amalgamer, leur donner de nouvelles démarcations, maas en excepter les sièges suburbicaires; et tout cela s'est fait en vertu de la seule autorité impériale et civile (car nous ne parions pas de ce qu'a éprouvé le clergé de l'église romaine, la mère et la maitresse des autres églises, ni de tant d'autres attentats). Vous n'ignories pas, avons-nous dit, et vous connaissiez, dans le plus grand detail, tous ces événemens; et d'après cela nous n'aurious jamais cru que vous eussiez pu recevoir de l'empereur la nomination dont nous avons parlé, et que votre joie, en nous l'anonçant, füt telle que si elle était pour vous la chose la plus agréable et la plus conforme à VUS VIRI.

» Est-ce done ainsi qu'après avoir si courageusement et si éloquemment plaidé la cause de l'église catholique dans les temps les plus orageux de la révolution française, vous abandonnez cette même église, aujourd'hui que vous êtes comblé de ses dignités et de ses bienfaits, et lié si éternellement à elle par la religion du serment? Vous ne rougissez pas de prendre parti contre nous dans un procès que nous ne soutenons que pour défendre la dignité de l'église ? Estce ainsi que vous faites assez peu de cas de notre autorité pour oser en quelque sorte, par cet acte public, prononcer contre nous à qui vous deviez obéissance et fidélité? Mais ce qui nous afflige encore davantage, c'est de voir qu'après avoir mendié près d'un chapitre Padministration d'an archevêché, vous vous soyez de votre propre autorité, et sans nous consulter, chargé du gouvernement d'une autre église, bien loin d'imiter le bel exemple du cardinal Joseph Fesch, archevêque de Lyon, lequel, ayant été nommé avant vous au même archevêché de Paris, a cru si sagement devoir absolument s'interdire toute administration spirituelle de cette église, malgré l'invitation du chapitre.

» Nous ne rappelons pas qu'il est inouï, dans les annales ecclésias tiques, qu'un prêtre nommé à un évêché quelconque, ait été engagé par les vœux du chapitre à prendre le gouvernement du diocèse avant d'avoir reçu l'institution canonique; nous n'examinons pas (et personne ne sait mieux que vous ce qu'il en est) si le vicaire capitulaire élu avant vous a donné librement et de plein gré démission de ses fonctions, et s'il n'a pas cédé aux menaces, à la crainte ou aux promesses, et par conséquent si votre élection a été libre, unanime et régulière : nous ne voulons pas non plus nous informer s'il n'y avait pas dans le sein du chapitre quelqu'un en état de remplir 'des fonctions aussi importantes; car enfin, où veut-on en venir? Oa veut introduire dans l'église un usage aussi nouveau que dangereux, eu moyen duquel la puissance civile puisse insensiblement parvenir L'établir pour l'administration des siéges vacans, que des person

nes qui lui seront entièrement vendues : et qui ne voit évidemment que c'est non seulement nuire à la liberté de l'église, mais encore ouvrir la porte au schisme et aux élections invalides? Mais, d'ailleurs, qui vous a dégagé de ce lien spirituel qui vous unit à l'église de Montefiascone? Ou qui est-ce qui vous a donné des dispenses pour être élu par un chapitre, et vous charger de l'administration d'un autre diocèse? Quittez donc sur-le-champ cette administration; non seulement nous vous l'ordonnons, mais nous vous en prions, nous, vous en conjurons, pressés par la charité paternelle que nous avons pour vous, afin que nous ne soyons pas forcé de procéder malgré nous, et avec le plus grand regret, conformément aux statuts des SS. Canons ; et personne n'ignore tes peines qu'ils prononcent contre ceux qui, préposés à une église, prennent en main le gouvernement d'une autre église, avant d'être dégagés des premiers liens. Nous espérons que vous vous rendrez volontiers à nos vœux, si vous faites bien attention au tort qu'un tel exemple de votre part ferait à l'égliso et à la dignité dont vous êtes, revêtu. Nous vous écrivons avec toute la liberté qu'exige notre ministère; et si vous recevez notre lettre avec les mêmes sentimens qui l'ont dictée, vous verrez qu'elle est un témoignage éclatant de notre tendresse pour vous.

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» En attendant, nous ne cesserons d'adresser au Dieu bon Dieu tout-puissant, de ferventes prières pour qu'il daigne apaiser par une seule parole les vents et les tempêtes déchaînés avec tant de fureur contre la barque de Pierre ; et qu'il nous conduise e«^ rivage si désiré où nous pourrons librement exercer les fonons de notre ministère. Nous vous donnons de tout notre cœur notre béné diction apostolique.

» Donné à Savonne, le 5 novembre 1810, la onzième année de notre pontificat. »

PIE VII, pape.

M. B. Signature de M. Boutard dans le Journal de l'Empire. Voyez BOUTARD,

MÉCHIN. Baron d'empire, ancien préfet de la Roër, ancien préfet de l'Aisne, ancien préfet du Calvados. C'est dans ce dernier département qu'il reçut la visite de M. le duc de Berry, lors de son entrée en France, Rien n'est honorable comme la manière aimable et empressée avec laquelle M. le baron Méchin fut au-devant de S. A, qui eut meme la bonté de l'admettre au diner que lui donnait M. le préfet. Nous renvoyons, pour cette relation, le lecteur au Moniteur d'avril 1814.

M. Méchin, qui ne se fatigue pas d'être préfet, vient en

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