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RADET (J.-B.). Membre du fécond et mobile triumvirat qui a régné long-temps sur le Vaudeville. Voyez Barré.

RAMPON. Général républicain qui n'a pas balancé à entrer dans le sénat. Le 8 nivose an 9, la feuille des bénéfices de cette flagorneuse assemblée lui adjugea la sénatorerie de Rouen. M. Rampon se vit successivement grandofficier de la légion d'honneur; comte d'empire, etc. Le roi le nomma pair de France, le 4 juin 1814; et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, le 27 juin suivant. M. Rampon, qui heureusement ne sait ce que c'est que de rester fidèle à un parti, accepta la pairie que Napoléon lui offrit le 4 juin 1815.

RAPP (Jean), né en Alsace. C'est sous le régime révolutionnaire qu'il commença à se faire connaître. Il était aide-de-camp du général Desaix, et partit avec lui pour l'Égypte. Depuis il devint général de division; comte d'empire, grand-officier de la légion d'honneur. Fait prisonnier en Russie, il adressa au roi la lettre suivante :

« Sire,

» Les généraux des troupes françaises du 10e corps, qui se trouvent en Russie comme prisonniers de guerre. de la garnison de Dantzick, ayant eu connaissance des événemens qui ont ramené V. M. sur le trône de ses pères, s'empressent de lui adresser le témoignage de leur profonde soumission, et du vif désir qu'ils éprouvent d'être bientôt à même de lui donner des preuves de leur entier dévouement et de leur inviolable fidélité.

» L'excellent esprit des troupes du Joe corps nous autorise à être garans que les mêmes sentimens animent tous les militaires qui le composent, et qui sont dispersés dans divers gouvernemens de la Russie.

>> Nous attendons avec impatience, pour aller renouveler l'expression de ces sentimens au pied du trône, l'heureux effet des démarches paternelles de V. M., qui doivent accélérer la rentrée en France des prisonniers de guerre.

>> Nous sommes, avec le plus profond respect,

» SIRE,

>> De Votre Majesté,

Les très-humbles, très-obéissan's serviteurs et fidèles sujets, » Signé, le général en chef comte RAPP. »

Le roi donna à M. Rapp le grand-cordon de la légion d'honneur (23 août 1814); et l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, le 13 août précédent. S. M. eut même tant de confiance dans ce général, qu'elle lui donna le commandement du premier corps de l'armée commandée par S. A. R. le duc de Berry. (Ordre du jour du 15 mars 1815.) Qu'advint-il de tout cela? Que M. Rapp fut nommé par Napoléon pair de France, le 4 juin suivant; et commandant de la 5e division militaire.

RAUP DE BAPTESTIN DE MOULIÈRES. Inspecteur de la librairie sous l'empereur, et censeur royal honoraire, le 24 octobre 1814. Pourvu que M. Raup de Baptestin de Moulières tienne à la librairie, il est content.

RAUZAN (l'abbé). M. l'abbé Rauzan a juré d'être chapelain du souverain qui régnerait en France. En conséquence, il ne connaît que le ciel et le titre de chapelain. De temps immémorial il était chapelain de la maison de S. M. l'empereur; et, comme les affaires politiques sont aussi indifférentes à M. l'abbé que les affaires de l'église, il n'en a pas moins prié pour Napoléon pendant que ce dernier était en guerre ouverte avec S. S. Les prières He M. l'abbé doivent (nous osons l'espérer) avoir changé l'objet, puisqu'il s'est fait nommer chapelain par quartier He la chapelle du roi de France et de Navarre. Nous l'avons entendu prêcher devant S. M. le 1er novembre 1814, comme prédicateur de l'avent; et nous pouvons assurer que M. l'abbé Rauzan, pour l'art de retourner les phrases suivant les circonstances, vaut un sénateur.

REYNEVAL. Chevalier de la légion d'honneur, nommé par l'empereur; premier secrétaire d'ambassade à SaintPétersbourg; maître des requêtes honoraire au conseil lu roi. (4 juillet 1814.)

REDON. Membre des états généraux en 1789; admis au énat le 7 février 1810; comte d'empire; commandant de a légion d'honneur; pair de France, nommé par le roi, e 4 juin 1814; anobli le 6 septembre suivant. Mort le 6 Février 1815.

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REDON fils. Auditeur de première classe, service ordinaire près les ministres, section de la marine; maître des requêtes nommé par l'empereur, le 14 avril 1813; et maître des requêtes honoraire nommé par le roi, le 4 juillet 1814.

RÉGNAULT (Michel-Louis-Étienne), né en 1762. Ancien avocat à Saint-Jean-d'Angély. La vie de M. Régnault, que nous offrons comme un modèle d'édification à notre société, prouve jusqu'où l'on peut parvenir avec le talent de la parole en variations. Simple avocat, il part de sa ville natale, et vient siéger aux états généraux. Il passe naturellement de cette assemblée dans celle qu'on appela depuis constituante. Il jura là, que le gouvernement français ne serait jamais républicain (Moniteur du 5 août 1789, motion faite par Adrien Duport); ensuite il prêta serment de maintenir la république et de haïr la royauté; conséquences naturelles de la première opinion. Il abjura la république pour prêter serment de fidélité à l'empereur, ce qui est encore tout naturel; grand-aigle de la légion d'honneur ; ministre d'état ; président du conseil d'état, section de l'intérieur; procureur général près la haute-cour impériale; secrétaire d'état de la famille impériale; membre de l'institut, etc. C'est lui qui, sous le nom d'orateur du gouvernement, était dépêché par Napoléon au sénat, pour préparer les esprits et dire, en style bien pompeux et bien boursoufflé, Napoléon, messieurs, veut que vous signiez cela. Voici une preuve de ce que nous avançons, prise dans mille de cette force.

Motifs du sénatus-consulte qui met 300,000 hommes à la disposition du ministre de la guerre.

<< Monseigneur,

» Sénateurs,

» Elle vous est présente encore cette séance mémorable où remplissant à la fois les devoirs augustes de régente, d'épouse, de mère et de française, l'impératrice est venue vous exposer les besoins de la France. Les sentimens qu'elle a excités dans cette enceinte, se sont communiqués rapidement aux extrémités de l'empire, et vivent encore dans tous les cœurs. Tout ce qui est Français a senti que dans

la situation actuelle de l'Europe, la nation ne pouvait espérer de conserver son rang, de maintenir sa dignité, de pourvoir à sa sûreté, de défendre son territoire, qu'en proportionnant ses efforts pour vaincre, aux efforts tentés pour l'asservir; qu'en élevant la puissance de ses armées, l'étendue de ses ressources au-dessus de la puissance, au-dessus des ressources des états coalisés contre elle.

>> Mais à cette époque, Messieurs, la défection de la Bavière n'était pas consommée; la loyauté française s'honorait en refusant d'y ajouter foi. Alors encore, vous ignoriez comment les Saxons avaient, au milieu du combat, déserté leurs rángs dans nos armées, pour occuper ceux qui étaient réservés d'avance dans les armées de nos ennemis ; comment l'artillerie fournie, pourvue par nos arsenaux, avait été tournée contre nos bataillons, inopinément foudroyés par les batteries destinées à les protéger. Ces événemens dont on ne retrouve des exemples que dans l'antique histoire des rois de l'Asie barbare; ces événemens dont l'Europe civilisée n'avait pas encore à rougir pour ses cabinets, à s'affliger pour ses peuples, ont eu des conséquences qui ne pouvaient, il y a quelques semaines, se présenter à votre pensée.

>> Cependant, Messieurs, et nos ennemis eux-mêmes l'avouent, en comptant leurs défaites et leurs pertes, les armées françaises ont soutenu leur antique et leur impérissable renommée, malgré tous ces événemens.

>> Mais par la force des circonstances, des victoires glorieuses sont devenues stériles, des triomphes réitérés sont devenus insuffisans; et l'événement imprévu et déplorable du pont de Leipsick a ajouté aux avantages de l'ennemi, heureux encore une fois d'obtenir un triomphe sans combat, des trophées sans danger, et des succès sans gloire.

» A ce nouveau malheur, chacun de vous l'a pu voir, Messieurs, un sentiment universel de dévouement, de générosité, s'est manifesté de toutes parts. Au milieu de la douleur publique, et même des douleurs privées, les cœurs français se sont soulevés d'indignation, à la seule pensée de l'espoir conçu par l'ennemi, de triompher de la France, de dévaster son territoire, de lui imposer des lois. Le cri d'alarme et de secours, jeté par nos enfans, par nos frères encore en armes, encore combattans avec gloire au bord du Rhin, a retenti sur les bords de la Seine et du Rhône, du Doubs et de la Gironde, de la Moselle et de la Loire, sur les montagnes du Jura et des Vosges, des Alpes et des Pyrénées. Tous les vieux Français ont été, par leurs vœux, au-devant des besoins de la patrie, au-devant des dangers et des sacrifices qui doivent prévenir des dangers et des sacrifices bien autrement effrayans, et par leur étendue, et par l'humiliation dont ils seraient accompagnés.

Quelle serait, en effet, Messieurs, notre situation, si les enne

mis, qui sont déjà sur quelques points de nos frontières, et qui les menacent d'un autre côté, pénétraient sur notre territoire? Quelle paix nous resterait-il à espérer, que la paix de l'esclavage, ou la paix des tombeaux? Par quelles insolentes et avilissantes conditions, les puissances que leurs intérêts divisent, et qui ne sont unies que par leurs ressentimens, se vengeraient-elles de l'éclat de nos succès, de l'humiliation de leurs defaites, de la nécessité qui leur a fait souscrire les traités qu'elles ont violés, et même de la générosité qui les a consentis? Jugez-en; que la France en juge avec vous, Messieurs, par ce que nos ennemis ont osé à Dresde, devant nos armées réunies, menaçantes, victorieuses. Ce congrès, espoir du monde, provoqué, désiré par l'empereur, qui, comme celui de Westphalie en 1648, pouvait seul balancer et régler les intérêts de l'Europe, a été rejeté malgré les instances persévérantes du cabinet français. Ses apparans préparatifs n'étaient que le moyen décevant sous lequel on cachait les apprêts effectifs d'une confédération générale. Les prétendus plénipotentiaires n'étaient en effet que des agens chargés d'arrêter le plan de la campagne déjà résolue, et non des ambassadeurs préparant les projets d'une paix désirée; des hommes passionnés qui en appelaient aux armes et à la force, au lieu d'en appeler à la justice et à la raison; des hommes décidés d'avance à ne rien discuter, et prétendant à dicter une capitulation au lieu de débattre un traité. Ils comptaient dès lors sur les défections, que nous laissons à l'équitable postérité, à l'histoire impartiale, le soin de qualifier; ils se reposaient sur ces violations de traités que l'or de l'Angleterre avait payées d'avance, que les menaces avaient préparées, que la crainte avait promises, que la faiblesse laissait espérer. Ils n'étaient pas encore arrivés devant les murs de Dresde, où ils ont peu après éprouvé de si éclatans revers, et déjà ils voulaient dicter des lois.

>> Que feraient-ils s'ils avaient franchi le Rhin ou l'Escaut, les Alpes ou les Pyrénées ! Je ne demande pas quelle justice, je demande quel ménagement la France en pourrait attendre; quel repos l'Europe en pourrait espérer. La réponse, Messieurs, est dans les documens de l'histoire. A la fin du règne de Louis XV, l'Europe croyait avoir une balance, les couronnes une garantie, la civilisation un boulevard, le trône de Pologne existait. Une coalition impie se forma. Un triumvirat de rois osa se confier son ambition, en désigner la victime, marquer chaque part dans la proie commune ; et la Pologne, d'abord démembrée, disparut entièrement, quelques lustres après, du nombre des couronnes européennes. Quels amers regrets n'a pas éprouvés, quels honteux reproches n'a pas essuyés la France, dont la faiblesse souffrit cet attentat politique qui a amené depuis des résultats si grands, si remarquables! Eh bien! Messieurs, ma question est répondue par ces reproches, par ces regrets. La Pologne avilie, partagée, détruite, opprimée, est une leçon terrible et vi

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