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De ce monarque radieux,
Et semble précéder ses pas victorieux,
Comme l'aurore printanière

Vient, par ses doux rayons, accoutumer nos yeux
A soutenir du jour l'éclatante lumière?

La terre, avec orgueil, l'offre aux regards des cieux.
Ses vertus cachent une reine;

Son port trahit la grandeur souveraine.
Je te salue, o reine des Français !

Pour sceptre elle tient une rose,
Et le joug qu'elle impose
Est un joug d'amour et de paix.

Le lis éclos pendant l'orage,

Le lis, que d'une eau vive abreuve la fraîcheur,
Que de toutes les fleurs environne l'hommage,
Et qui voudrait cacher sa royale blancheur
Dans un vallon voilé d'ombrage,

Peint l'éclat de Marie au printemps de son âge,
Et l'innocence de son cœur.

Telle que de deux beaux et riches oliviers,
Symbole de paix, d'abondance,
La terre de Jessé voit fleurir l'espérance
Dans d'innombrables héritiers;

Ou telle que la vigne étroitement unie
Au cèdre pompeux du Liban,

Sans craindre désormais l'aquilon ni l'autan,
Toute pleine d'amour, toute pleine de vie,
Presse des plus doux nœuds son époux enchanté,

Et l'entoure des fruits de sa fertilité;

Telle, de votre tige adorée et féconde,
Une auguste postérité

S'élève, pour remplir tous les trônes du monde.

Réjouis-toi, France chrétienne!

Que n'a

pas fait pour

toi le premier de tes fils?

Ta foi sera toujours la sienne,

Et son Dieu, le Dieu de Clovis.

Pleine de confiance en ta grande promesse,
L'église, à qui ta main prodigua ses bienfaits,
Demande encor ces mœurs et cet esprit de paix
Qui signalerent sa jeunesse ;

Et, belle de ces seuls attraits,

De cette primitive et solide richesse,

Elle ne périra jamais.

Elle a pour boulevard la parole éternelle

Du Dieu qui l'a fondée et qui veille sur elle,

De ce grand Dieu, dont l'œil est exempt de sommeil,
Dont le trône est assis sur le front du soleil,

Qui promène, suspend les fleuves sur nos têtes,
Et dans leur vol de feu maîtrise les tempêtes.

LA NAISSANCE DU ROI DE ROME.

Ode.

« La poésie est plus sérieuse et plus utile que ne le croit le vulgaire. »

FENELON. (Lettre à l'Académie française sur l'éloquence.)

TELLES On voit briller ces sphères vagabondes

Qui, frappant de terreur les peuples et les mondes,
D'un vol précipité s'éloignent de nos yeux;

Des arrêts du destin prophétiques ministres,
Dont le front toujours pale, armé de feux sinistres,
Semble menacer l'ordre établi dans les cieux :

Tels passent, énivrés de sanglantes chimères,
Ces fougueux conquérans, puissances éphémères
Produites pour détruire ou punir les états;
La haine, après leur mort, s'attache à leur mémoire :
Que reste-t-il d'eux ? rien : tous leurs titres de gloire
Sont dans de grands malheurs et de grands attentats.

Mais quand l'esprit d'erreur, la faiblesse et le crime
Ont, par degrés, conduit sur les bords de l'abîme
Un empire déjà ravagé par le temps,

S'il s'élève aussitôt un souverain génie

Qui verse dans son sein de longs torrens de vie,
Et l'arrête, affermi sur ses vieux fondemens:

Si sa main en saisit les rênes délaissées,
Si, le succès toujours couronnant ses pensées,
Il fixe l'harmonie où régnait le chaos;
S'il enchaîne le cours des publiques misères,
Et qu'il sache, à son gré, des factions contraires
Émouvoir, aplanir et balancer les flots :

Si, dans l'art des combats, sans rival et sans maîtres,
On voit, à son nom seul, s'enfuir et disparaîtie
Les peuples contre lui soulevés par leurs rois;
S'il est moins un héros sur le char de la guerre,
Qu'un grand législateur qui visite la terre
Pour en renouveler lès trônes et les lois :

Qui ne révère en lui l'envoyé de Dieu même ?
Sur quel front glorieux le sacré diadème
Réunit-il jamais cette vive splendeur?

Qui ne voit que sa race, en monarques féconde,
Seule peut enfanter et garantir au monde
Des siècles florissans de paix et de grandeur?

O toi, que si long-temps tourmenta l'espérance,
France, réjouis-toi! triomphe, heureuse France!
Vois du Très-Haut sur toi les desseins s'accomplir.
Et toi, divin enfant, qu'appelaient nos hommages,
Sois grand, surtout sois bon ! ces vœux sont des présages
Que le ciel me révèle et que tu dois remplir.

Que toutes les vertus l'ombragent de leurs ailes!
Chantons en son honneur, sur nos lyres fidèles,
L'amour qui pour leurs rois transportait nos aïeux :
De cet antique amour, leur plus beau caractère,
Rallumons à l'énvi la flamme héréditaire;
Et que nos souverains redeviennent nos dieux !

Ah! si la poésie enfantait les merveilles
Qui de ses favoris signalèrent les veilles,
Quand la terre admirait leurs chants législateurs;
Et si le ciel, propice à l'ardeur qui m'entraîne,
Ajoutait à ma voix cette voix souveraine
Qui sait, en les frappant, renouveler les cœurs :

Je dirais aux humains qu'un pouvoir sans partage
De l'immortel pouvoir est l'immortelle image,
Leur garant le plus sûr de salut et de paix;
Que le joug paternel, le seul joug monarchique,
Pour le maintien sacré de l'ordre politique,
Convient à chaque peuple et surtout aux Français.

Je saurais surveiller, sentinelle aguerrie,
Les esprits novateurs, fléau de la patrie,
Prêt à lancer contr'eux les foudres de ma voix,

A prouver qu'une impie et rebelle doctrine,
Du trône et de l'autel préparant la ruine,

Les ennemis de Dieu sont ennemis des rois,

Combien douze ans chargés de malheurs et de crimes,
Qui d'un oubli fatal ont vengé ces maximes,
En renouvelleraient l'utile souvenir!

Je ferais de ces temps revivre les images,
Salutaires fanaux qui de ces grands naufrages
Iraient, en l'éclairant, préserver l'avenir.

Ainsi la poésie, art trop souvent futile,
Art plus souvent encor dangereux et servile,
Serait, comme jadis, le langage des dieux ;
Et, laissant dans les cours ramper la flatterie,
Ma muse citoyenne, en servant la patrie,
Servirait le monarque et la cause des cieux.

Et quel besoin a-t-il que, rivaux de bassesse,
Des essaims de flatteurs le poursuivent sans cesse
Pour brûler à ses pieds un mercenaire encens?
La gloire de remplir ce grave ministère
Appartient à des voix qui ne peuvent se taire,
Et dont il ne peut fuir ni blâmer les accens.

Ces superbes canaux que son génie immense,
Rival du Créateur, prépare à l'opulence,
Par ces heureux liens vingt fleuves réunis,
Ces chemins inconnus ouverts à la victoire,
Que cet aigle intrépide, en volant à la gloire,
Trace en sillons de feu sur le front du Cénis :

Le malheur consolé recouvrant ses hospices,
L'humble religion, ses pompeux édifices,
Tous les arts à la fois pleins d'un esprit nouveau
Ces siéges renommés, ces savantes batailles,
De trois peuples rivaux célèbres funérailles,
Dans les champs d'Jéna, de Wagram et d'Eylau

Voilà de quelles voix il estime l'hommage;
Les voilà ces amis dont le noble langage
Lui fait, en le louant, sentir la vérité :

Éloquens orateurs, simples et grands comme elle,
Ils forment le cortège imposant et fidèle
Qui le mène en triomphe à l'immortalité.

Fils de Napoléon, ô prince en qui la France
Voit fleurir sa plus chère et plus haute espérance,
Sois digne du monarque à qui tu dois le jour ;
Sois digne des vertus de ton heureuse mère;
Sois digne des Français: que ton règue prospère
S'écoule plein de gloire et de paix et d'amour !

Mais j'aperçois déjà la muse de l'histoire

Qui, des faits les plus beaux remplissant ta mémoire,
Allume par degrés ta généreuse ardeur;

Et, nourrisson des rois, des héros et des sages,
Tu peux, fortifié par leurs vives images,

De l'astre paternel soutenir la splendeur.

Vois à ses pieds vainqueurs tomber tous les obstacles,
Et vois se prolonger la chaîne des miracles
Qui l'ont des potentats rendu le souverain :

Apprends l'art, successeur et fils du plus grand homme,
De porter, comme lui, dans Paris et dans Rome,
Deux sceptres, si légers pour sa puissante main.

Quels devoirs te prescrit sa vaste renommée !
Avec quel tendre orgueil ta jeunesse enflammée
Se plaît à contempler ses immenses travaux!
Mais tu crains, je le vois à tes brûlantes larmes,
Que l'univers, soumis par ses lois et ses armes
Ne condamne tes jours au tourment du repos.

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N'entends-tu pas ton nom retentir sous le chaume?
Les pauvres dispersés dans ton double royaume
De ta naissance auguste adorent le bienfait :
Cesse donc d'envier la gloire de tou père;
Même gloire t'attend: son cœur te laisse à faire
Tout le bien qu'il médite et qu'il n'aura point fait.

Ah! permets, dans ce jour rayonnant d'allégresse,
Que je vienne à tes pieds, conduit par la sagesse,
Apporter en tribut un si touchant tableau;
Que l'infortune en toi trouve un dieu tutélaire,
Et que, dans les palais trop souvent étrangère,
La pitié suppliante embrasse ton berceau.

J'ai vu, j'ai parcouru la montagne aux deux cimės:
L'une s'enorgueillit de ces chantres sublimes
Qui savent des héros consacrér la valeur;

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