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commande le général Junot, a conquis le Portugal. La tête du deuxième est déjà à portée de suivre le premier, si les circonstances l'exigent.

Votre Majesté, dont la prévoyance n'est jamais en défaut, a voulu que le corps d'observation de. l'Océan, qu'elle a confié à M. le maréchal Moncey, fût en troisième ligne.

La nécessité de fermer les ports du continent à notre irréconciliable ennemi, et d'avoir sur tous les points d'attaque des moyens considérables, afin de profiter des circonstances heureuses qui se présenteraient pour porter la guerre au sein de l'Angleterre, dè 'Irlande et des Indes, peut rendre nécessaire la levée de la conscription de 1809.

Le parti qui domine à Londres a proclamé le principe de la guerre perpétuelle, et l'expédition de Copenhague a révélé ses intentions criminelles. Quoique l'indignation de toute l'Europe se soit soulevée contre l'Angleterre; quoique dans aucune époque la France n'ait eu des armées aussi nombreuses, ce n'est point assez encore : il faut que l'influence anglaise puisse être attaquée partout où elle existe, jusqu'au moment où l'aspect de tant de dangers portera l'Angleterre à éloigner de ses conseils les oligarques qui les dirigent, et à confier l'administration à des hommes sages et capables de concilier l'amour et l'intérêt de la patrie avec l'intérêt et l'amour du genre humain. Une politique vulgaire aurait pu déterminer V. M. à désarmer; mais cette politique serait un fléau pour la France : elle rendrait imparfaits les grands résultats que vous avez préparés. Oui, Sire, V. M., loin de diminuer ses armées, doit les accroître jusqu'à ce que l'Angleterre ait reconnu l'indépendance de toutes les puissances, et rendu aux mers cette tranquillité que V. M. a assurée au continent. Sans doute V. M. doit souffrir d'exiger de ses peuples de nouveaux sacrifices, de leur imposer de nouvelles obligations; mais elle doit aussi se rendre à ce cri de tous les Français : « Point de » repos jusqu'à ce que les mers soient affranchies, et qu'une paix » équitable ait rétabli la France dans le plus juste, le plus utile et » le plus nécessaire de ses droits. >>

Je suis avec un profond respect,

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CLAUZEL. Lieutenant général au service de la république; baron d'empire; ensuite comte; grand-officier de la légion d'honneur, le 17 juillet 1809; chevalier de

l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, le 1er juin 1814. Il rentré au service de l'empereur, et va prendre le commandement de Bordeaux (avril 1815), qui lui ouvre les portes de la chambre des pairs. (Décret impérial du 4 juin 1815.)

CLÉMENT-DE-RIS. Admis au sénat, le 4 nivose an 8; prêteur dudit sénat; commandant de la légion d'honneur; comte d'empire, titre auquel M. Clément ajouta le nom de Móny; commissaire extraordinaire de S. M. impériale à Tours. (Journal de l'Empire, du 28 avril 1815.) Quel temps qu'il fasse, M. Clément trouve le rare secret d'être en faveur : le sénat est dissous, M. Clément s'en moque, il a la chambre des pairs du roi, où il se fait admettre le 4 juin 1814. Le roi part, M. Clément est toujours sûr qu'il faut un corps représentatif, attend le moment de la création de ce corps. Il se trouve que c'est encore une chambre des pairs'; M. Clément y est admis. (Décret impérial du 4 juin 1814.) Ce décret impérial, comme on voit, est l'anniversaire de l'ordonnance royale,

COCHELET (Adrien). Auditeur au conseil d'état intendant d'une des provinces de l'Illyrie; envoyé ensuite en Pologne. Ce jeune homme, frère de M.elle Cochelet, lectrice de la reine Hortense, comtesse de Saint-Leu, devait tout à l'empereur, ce qui ne l'empêcha pas, le 11 avril 1814, de signer, aux Tuileries, son adhésion aux actes du gouvernement provisoire, pour lequel il travailla, et par conséquent à la déchéance de l'empereur et au rétablissement de nos anciens souverains.

M. Cochelet a trouvé le moyen de se faire réemployer et de se faire nommer préfet de la Meuse par l'empereur. (Avril 1815.)

COIFFIER (Henri-Louis de), né le 16 novembre

1770.

Avez-vous vécu sous l'ancien régime Impérial? Vous avez dû rencontrer parmi les conseillers ordinaires et inspecteurs généraux de l'université impériale, M. de Coif

fier. (Almanachs impériaux.) Avez-vous vécu sous le dernier régime royal? Vous avez dû nécessairement rencontrer encore parmi les inspecteurs généraux de l'université royale de France, M. le baron de Coiffier. (Almanach royal de 1814 et 1815, page 338.) Vivez-vous depuis le retour de l'empereur? Vous rencontrerez, sans contredit, parmi les conseillers ordinaires de l'université impériale le sieur Coiffier. (Décret impérial du 31 mars 1815.) Il a publié un Tableau historique et politique de l'année 1806, in-8°, imprimé en 1807.

COLAUD. La république et le roi ont récompensé les travaux militaires de M. Colaud, en lui donnant, l'une des grades dans l'armée, et l'autre la croix de Saint-Louis, le 27 juin 1814. Il fut nommé, par l'empereur, sénateur le 24 pluviose an 9; comte d'empire; grand-officier de la légion d'honneur; et enfin par le roi, membre de la chambre des pairs, le 4 juin 1814.

COLCHEN (Victor), né en novembre 1752. D'abord premier secrétaire et subdélégué général de l'intendance de Pau et d'Auch; chef de division aux relations extérieures ; commissaire des relations extérieures; membre de la première commission chargée de négocier la paix avec l'Angleterre; préfet ; comte d'empire; membre de la légion d'honneur; secrétaire du sénat, dont il avait été nommé membre le 12 pluviose an 13; commissaire extraordinaire dans la quatrième division militaire à Nancy, le 26 décembre 1813; pair de France, nommé par le roi et par l'empereur, (le 4 juin 1814 et 1815.) Comme on voit, M. Colchen sera toujours sûr d'être pair, quoi qu'il advienne.

COMPANS. Général de division; comte d'empire; grand - officier de la légion d'honneur; et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

COMPTES (COUR DES). Nous appliquerons à cette cour, essentiellement girouette, les mêmes réflexions qu'à la cour de cassation. La liste de ses membres est un peu trop longue pour être insérée içi dans son entier; rous renvoyons le lecteur à l'Almanach royal, ainsi que pour

la cour impériale-royale-impériale, où, sauf trois ou quatre personnes, tous les membres qui la composent n'ont pas cessé de varier, suivant les temps et les circonstances. Nous nous apercevons d'ailleurs que le nombre des personnes dignes de figurer dans notre société, devient effroyable. Nous sommes obligés, pour ne pas faire deux volumes aussi gros que ceux du Dictionnaire de l'Académie, de ne citer que des noms marquans ou connus dans les lettres par la bizarrerie de leurs écrits; nous disons bizarrerie pour prendre le langage du vulgaire; il appelle un homme bizarre, celui qui ne voit pas comme lui; c'est-à-dire qui prête une douzaine de sermens différens, ou qui chante à la fois Arimane, Oromaze, le Soleil, la Nuit, Mahomet, le Christ et le grand Halled.

CONSTANT DE REBECQUE (Benjamin). Auteur d'une foule de brochures politiques. Voici quelques échantillons du style de M. Benjamin-Constant.

«Maintenant donc, rassurés sur toutes nos inquiétudes, heureux et fiers de la dignité, du courage, de la sincérité de notre monarque, redoublons d'efforts contre l'ennemi de la France, contre l'ennemi de l'humanité. Louis XVIII, par une confiance digne d'un roi de France envers des Français, loin de s'entourer de précautions ombrageuses, saisit le moment du danger pour rendre plus libérale encore la constitution qui nous régit. Appuyé sur cette base inébranlable, la seule qui de nos jours puisse donner aux gouvernemens de la force et de la durée, il se repose sur notre zèle, sur notre patriotisme, et sur ce courage éprouvé par l'Europe, et qui fera éternellement son admiration. Il s'agit de tous nos intérêts, de nos femmes, de nos enfans, de nos propriétés, de la liberté, de notre industrie, de nos opinions, de nos paroles et de nos pensées. L'homme qui nous menace avait tout envahi. Il enlevait les bras à l'agriculture, il faisait croître l'herbe dans nos cités commerçantes, il traînait aux extrémités du monde l'élite de la nation, pour l'abandonner ensuite aux horreurs de la famine et aux rigueurs des frimas; par sa volonté, douze cent mille braves ont péri sur la terre étrangère, sans secours, sans alimens, sans consolation, désertés par lui après l'avoir défendu de leurs mains mourantes. Ils revient aujourd'hui, pauvre et avide, pour nous arracher ce qui nous reste encore. Les richesses de l'univers ne sont plus à lui, ce sont les nôtres qu'il veut dévorer. Son apparition, qui est pour nous le renouvellement de tous les malheurs, est pour l'Europe un signal de guerre. Les peuples s'inquiètent, les puissances

s'étonnent. Les souverains, devenus nos alliés par son abdication, sentent avec douleur la nécessité de redevenir nos ennemis. Aurune nation ne peut se fier à sa parole; aucune, s'il nous gouverne, ne peat rester en paix avec nous.

» Du côté du roi est la liberté constitutionnelle, la sûreté, la paix; du côté de Buonaparte, la servitude, l'antichie et la guerre. Nous jouissons, sous Louis XVIII, d'un gouvernement représentatif, nous nous gouvernons nous-mêmes. Nous subirous sous Buonaparte un gouvernement de Mameloucks; son glaive seul nous gouvernerait. » Et qu'il me soit permis de relever une erreur qui sans doute n'affoiblirait pas les cœurs intrépides et les résolutions courageuses, mais qui pourrait ébranler les esprits incertains et les âmes vulgaires. On a, dans nos journaux, parlé de la clémence que promettait Buonaparte, et l'on s'est indigné de cette clémence. Mais cette promesse n'existe pas. J'ai lu ces proclamations d'un tyran décla qui veut ressaisir le sceptre. Les mots de clémence ou d'amnistie ne s'y trouvent pas plus que ceux de constitution ou de liberté. Quelques paroles, jetées dédaigneusement sur les écrits qui ont paru depuis le 31 mars, semblent, il est vrai, offrir à ceux qui ont attaqué la tyrannie renversée, la garantie du mépris ; mais ces paroles ne contiennent ancan engagement: elle laissent le champ libre à toutes les vengeances,

» Les proclamations de Buonaparte ne sont point celles d'an prince qui se croit des droits au tróne; elles ne sont pas même celles d'un factieux qui s'efforce de tenter le peuple par l'appât de la liberté: ce sont les proclamations d'un chef armé qui fait briller sont sabre pour exciter l'avidité de ses satellites, et les lancer sur les citoyens comme sur une proie. C'est Attila, c'est Gengis-Kan, plus terrible et plus odieux, parce que les ressources de la civilisation sont à son usage; on voit qu'il les prépare pour régulariser le massacre et pour administrer le pillage. Il ne déguise pas ses projets; il nous méprise trop pour daigner nous séduire.

Et quel peuple en effet serait plus digne que nous d'être méprisé, si nous tendions nos bras à ses fers! Après avoir été la terreur de l'Europe, nous en deviendrions la risée ; nous reprendrions un maitre que nous avons nous-mêmes couvert d'opprobre. Il y a un an, nous pouvions nous dire entraînés par l'enthousiasme ou trompés par la ruse. Aujourd'hui, nous avons proclamé que nos yeux étaient ouverts, que nous détestions le joug de cet homme. C'est contre notre veu connu, déclaré, répété mille fois, que nous reprendrions ce jung effroyable; nous nous reconnaitrions nous-mêmes pour une vation d'esclaves; notre esclavage n'aurait plus d'excuse, notre abjection plus de bornes.

» Et, du sein de cette abjection profonde, qu'osericas-nous dire à ce roi que nous aurions pu ne pas rappeler? car les puissanres voulaient respecter l'indépendance du vœu national; à ce roi que

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