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JOB.

rente nous doit exciter à en rechercher avec plus Chap. de foin l'explication Il eft fans doute que tous 36. ceux qui comme nous font nez dans fa foy, font les membres qui forment fon corps, duquel par une conduite admirable de mifericorde il a bien voulu être la tête. Et ainsi, fi nous en excluons la multitude des reprouvez, il ne fait avec nous qu'une feule & même perfonne. Il est donc vray de

dire, que

nul n'eft monté au Ciel que celuy qui eft lean 3. defcendu du Ciel, fçavoir le fils de l'homme qui eft dans le Ciel. Parce qu'étant maintenant devenus une feule perfonne avec luy, il s'en retourne feul avec nous tous au même lieu dont il eft venu icy feul en luy même : & quoy qu'il foit demeuré toûjours dans le Ciel, il y monte encore tous les jours; d'autant que celuy qui par fa divinité est élevé au deffus de tout,nous attire encore tous les jours au Ciel, comme une partie de foy-même, par la liaison intime de l'humanité qui nous eft commune avec luy,

Si donc la fragilité humaine vient à être tentée du defefpoir d'arriver au Ciel, il faut qu'elle confidere quel eft le fang du Fils unique de Dieu, & qu'elle reconnoiffe par le prix de fa redemption combien elle vaut. Regardons attentivement où a monté avant nous nôtre divin Chef; & fortifions d'autant plus nôtre efperance par fon exemple , que nous nous voyons preffez de bien vivre la feverité de ces preceptes. Ayons confiance d'aller au Ciel, efperons d'arriver à nôtre bienheureufe patrie, fçachons que nous avons été faits compagnons des Anges, & réjouiffons-nous d'eftre élevez mefme au deffus d'eux dans la perfonne de nôtre Chef. De forte que c'est avec grande raifon que l'Ecriture dit icy, en parlant

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Jos. de cette lumiere de l'eternelle patrie: Il dit en par Chap. Lant d'elle à fon ami,que c'est fon heritage, & qu'il y peut monter pour la poffeder.

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Certes ces chofes font admirables,elles font terribles : Qu'un homme qui vient de la terre, & qui a mérité par fes pechez d'eftre banni fi loin de la celefte patrie, foit non feulement rappellé à l'eftat de fa premiere condition; mais même élevé à une plus grande gloire qu'il n'avoit jamais pretendu : Qu'aprés avoir perdu le Paradis terreftre, il foit receu dans le Ciel: Que bien loin de demeurer embarraffé dans fon crime, il foit aprés sa faute comblé de dons plus excellens : Que cet homme qui meprifoit Dieu, & avoit imité le diable, montre lors qu'il revient à la penitence, jufqu'à cet état fi relevé, de contempler la lumiere interieure & eternelle. Quel eft le cœur qui ne foit point tranfporté d'admiration dans la veuë d'un fi grand excés de mifericorde ? Quelle eft l'ame fi affoupie, qui ne fe réveille & ne s'épouvante à la confideration d'une merveille fi prodigieufe? Auffi eft-ce dans cette pensée que l'Écriture dit encore enfuite par la bouche du jeune Heliu:

Fin du Troifiéme Tome

SUITE

DE LA TABLE

DES

CHAPITRES

- De la Troifiéme Partie des Morales de
faint Gregoire Pape.

CHAP. I.

UE la plupart des difcours de Job font al-
legoriques & myfterieux: Et que 1 s ju-
ftes n'ont pas moins befoin de fageffe,
pour refifter aux injeres & calomnies des méchans,
de patience pour fouffrir la violence de leurs cruelles per-

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fecations.
CHAP. II Qencore que ces menfonges officieux dont quel-
ques uns ie font fervis pour fauver a vie à
autruy, foient
tres pardonnables, ce font neanmoins des pechez que les
juftes doivent éviter : Du menforge des fages femmes d'E-
gypte dont parle l'ancien Teftament et que comme l'on
ne doit
dire du mal des bons, l'on ne doit pas auffi
pas
dire du bien des méchans.
CHAP III Que la bonne vie doit être infeparable de la prie-
re, & la priere de la bonne vie. Qu'encore que les juftes
ne puiffent éviter durant cette vie les pechez legers de pen-
fée, ils peuvent neanmoins dire avec confiance que leur
confcience ne leur reproche rien, quand ils ne confen-
tent point au peché : Et que l'Egiile confidere comme en-
nemis & comme infidelles, ceux qui ne menent pas une
vie conforme à la foy dont ils font profeffion.
CHAP. IV. Q'au lieu que les hypocrites affectent de faire
paroître des vertus qu'ils ne poffedent pas en effet, les
Cain's affectent au contraire de cacher celles qu'ils poffe-
dent. Que fi à l'exemple de faint Paul, ils font quelque-
fois obligez d'en découvrir une partie, ce n'eft jamais que
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pour l'édification de leur prochain. Et que d'ordinaire Dieu n'écoute point les prieres de ceux, qui aprés avoir méprifé fa loy durant leur vie, n'ont recours à luy qu'à la mort; mais qu'il les punit en l'autre monde avec une effroyable rigueur.

CHAP. V. Que l'amour de Dieu & l'amour du monde ne pouvant compatir ensemble dans un mefine cœur, ceux qui font poffedez du monde ne peuvent trouver leur joye en Dieu Et qu'au lieu que les Saints reconnoiffent que tout ce qu'ils fçavent vient de luy, les reprouvez au con. traire l'attribuant à leur efprit propre & à leur étude,toute leur fcience ne fert qu'à leur attirer une plus fevere damnation, en ce qu'ils ne fuivent pas par leurs actions, les lumieres que Dieu leur envoye.

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CHAP. VI. Que les heretiques, de mefme que tous ceux qui n'étudient que par efprit de curiofité, ne peuvent jamais le fatisfaire l'efprit: Que les fidelles profitent fouvent de leur étude, en se servant pour les confondre des mesmes autoritez de l'Ecriture, qu'ils apportent pour la 'défente de leurs dogmes: Et que les heretiques font fort bien comparez aux épreux de l'Evangile, en ce que leur doctrine eft entremeflée d'erreur & de verité. CHAP. VII. Qu'on ne peut conferver les biens periffables de ce monde, qu'en, les donnant icy-bas aux pauvres: Que la poffeffion de ces richeffes, n'eft que comme un fonge agreable, dont l'ame réprouvée fe réveillant au .moinent de la mort, reconnoiftra trop tard le neant: Et de la jufte punition du mauvais riche de l'Evangile. CHAP. VIII. Que les reprouvez le trouvent toûjours furpris par leur derniere heure, au moment de laquelle les demons les font paffer des feux de leurs convoitises, à ceux de l'enfer: Et que dans les élûs la grace tempere l'ardeur

des vices. 36 CHAP. IX. Que les chaftimens que Dieu envoye aux élûs, contribuent à leur falut, en leur faifant changer de vie; au lieu que ceux dont la divine juftice frape les reprouvez en ce monde, ne font que les commencemens des maux qu'ils doivent fouffrir dans l'éternité: Et que cette effroyable punition des pecheurs, ouvre les yeux à quelques uns qui y font reflexion, & les porte à fe convertir. CHAP. X. Que les Predicateurs de la verité doivent fonder tout ce qu'ils avancent fur l'autorité de l'Ecriture, & les témoignages des anciens Peres: Que toutes les

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fouffrances, & mefme le martyre, que les heretiques ou les fchifmatiques endurent hors de l'Eglife, leur font inutiles Et qu'il y a des perfonnes que le fouvenir de leurs cheutes paffées rend plus fervens dans la pieté. CHAP. XI. Que l'on ne doit jamais mépriser personne pour les pechez qu'il a commis, lors qu'il eft converti: Des effets merveilleux de la grace qui amollit les cœurs les plus durs : Et de la prefcience de Dieu. CHAP. XII, Que les juftes confiderant la terre comme un lieu d'exil, fouhaitent d'en fortir pour aller au Ciel; mais que les amateurs du monde font incapables de ce defir De la feparation effroyable qui fe fera à la fin du monde des élûs & des reprouvez : Et du paffage de l'Evangile, des Iuifs aux Gentils. 56 CHAP. XIII. Comment la Iudée après avoir brillé d'un grand éclat dans fes Patriarches & fes Prophetes, eft décheuë de fon ancienne fplendeur, par fon aveuglement & fon infidelité pour IESUS-CHRIST. CHAP. XIV. Comment l'Eglife ayant efté rejettée des Iuifs a paffé aux Gentils; & des effets merveilleux de la grace dans la converfion des cours. CHAP. XV. Que Dieu fe plaifant à choisir les humbles, on eft d'autant plus grand devant les yeux, qu'on s'eftime moindre & plus méprifable: Et que les Docteurs de l'Eglife ont penetré dans les paroles myfterieufes des anciens Prophetes, dont le vray fens avoit esté caché aux Juifs. CHAP. XVI. Que la grace de Iesus-CHRIST nous eft donnée, fans que nous l'ayons meritée auparavant par de bonnes œuvres ; & que de nous-mesmes nous ne meritions que la damnation éternelle. CHAP. XVII. Du prodigieux effet de la grace dans la promte converfion du bon Larron & que ceux qui paffent leur vie dans les plaifirs de la terre font tres- - éloignez de la vraye fageffe; qui confifte à gemir fans cele dans le fentiment des miferes de cet exil, & à mettre toute la joye dans la pensée & dans l'efperance des biens du Ciel. CHAP. XVIII. Que les efprits inquiets & agitez des gens du monde, font incapables de jouir de la fageffe, qui ne peut habiter que dans une ame tranquille, & dégagée des foins de la terre: Qu'il s'eft neanmoins trouvé des

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