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nulé les améliorations faites pendant la durée de la régence à la constitution du pays; 2o à faire à son oncle et ancien tuteur, le Roi de la Grande-Bretagne et d'Hanovre, offensé principalement dans la personne de son ministre, le comte de Munster, la réparation des griefs allégués par S. M. Le conclusum arrêté par la diète accordait au duc un délai de trois mois (la commission n'avait demandé que quatre semaines) pour se soumettre à la décision fédérale; mais il portait aussi que, ce terme expiré, il serait pris des moyens coërcitifs pour l'y forcer, et que la Saxe royale et la Hesse électorale, seraient chargées de faire occuper le duché de Brunswick avec un corps de cinq mille hommes jusqu'à parfaite exécution de la décision fédérale... D'ailleurs, la diète, empressée de faire cesser le scandale de cette querelle, considérant que la publication de plusieurs écrits conçus dans des termes très offensans avait ajouté encore aux dangers des suites pénibles de ce différent, résolut aussi de ne plus permettre l'impression, ni la vente des écrits qui y avaient rapport, et de veiller, maintenant que ce différent était terminé, dans les voies légales de la confédération, à ce qu'il ne fût publié dans les journaux rien qui pût le faire renaître, ou en empêcher l'oubli...

Cete affaire, cependant, n'en demeura point là... Le duc de Brunswick voulait faire déclarer par son représentant ou fondé de pouvoir à la diète (le comte de Marschall, ministre de Nassau), qu'il considérait la sentence rendue contre lui comme injuste et attentatoire à la dignité de souverain, et qu'il aimait mieux s'exposer aux chances de la guerre que de se soumettre à la sentence; et sur le refus que ce ministre fit de présenter sa protestation à la diète, il lui retira ses pouvoirs...

Malgré le positif de l'arrêt fédéral et l'impuissance réelle où le duc était d'y opposer une résistance matérielle (1), on doutait qu'il fût mis à exécution. On prétendait qu'une cour (la Prusse) alliée à la maison de Brunswick, dont elle avait reçu de grands services,

(1) Le duché de Brunswick a une population d'environ 200,000 hommes, et pouvait à peine opposer 4,105 hommes sur pied de guerre.

s'intéressait vivement auprès de S. M. H., pour faire adoucir les termes de la réparation exigée de manière à ce qu'elle fût suffisante, mais compatible avec la dignité souveraine.

En résultat, le terme assigné pour donner ces réparations, et l'année même s'écoula sans que les deux états (la Saxe royale et la Hesse électorale), chargés de l'exécution de la sentence fédérale, eussent réuni leur armée (1).

Le terme assigné à la durée des fonctions du gouverneur général de la forteresse germanique de Mayence étant expiré au 20 juillet, le prince Guillaume de Prusse a été remplacé dans ce gouver nement par le duc Ferdinand de Wurtemberg.

Des négociations ouvertes depuis le congrès de Vienne, pour la navigation du Rhin, paraissent avoir été poussées cette année avec une activité nouvelle, et on est parvenu à poser les bases d'un arrangement final entre les états riverains; mais les résultats n'en ont point été rendus publics...

AUTRICHE.

On a remarqué comme un fait important dans l'histoire de cet empire que le prince impérial Ferdinand, héritier présomptif de la couronne, éloigné jusqu'ici des affaires, avait été élevé cette année, , par une décision impériale rendue vers la fin de mars, à la dignité d'Alter Ego (lieutenant-général de l'empereur), à la suite de sa réconciliation avec le prince de Metternich, et qu'il avait présidé le conseil aulique de guerre, auquel furent appelés tous les gé

(1) Nous ajonterons, pour n'être plus obligés de revenir sur cette affaire, que le jeune dac, menacé de l'occupation des troupes de Saxe et de Hesse, et tonjours en querelle avec les états de son duché au sujet des griefs présentés à la diète, a subitement quitté sa résidence au mois de janvier, et s'est rendu à Paris, où il a passé plusieurs mois dans une espèce d'incognito. Il y était encore lorsqu'il a été publié à Brunswick, sous la date du 30 avril 1830, une ordonnance qui en abrogeait plusieurs comme incompatibles entre elles, et notamment celle du 10 mai 1827, grief principal dont la réparation n'a pourtant pas encore mis fin à ce différent.

ΙΟ

néraux en chef commandant les troupes dans les principales provinces de la monarchie autrichienne.

Le but ostensible de ce conseil était d'aviser aux moyens d'effectuer des économies dans l'administration militaire; mais l'importance des événemens qui se préparaient, c'est-à-dire la prolongation de la guerre entre la Russie et la Turquie, ont donné lieu de croire qu'il s'y traita des questions d'une nature tout opposée; car les troupes autrichiennes réunies sur les frontières du théâtre de la guerre recurent encore des renforts. Mais la promptiude des mouvemens, les succès décisifs de l'armée russe, et l'heureuse issue des négociations d'Andrinople, mirent fin aux inquiétudes et aux combinaisons que cette guerre pouvait avoir fait naître dans le gouvernement autrichien, et il put se livrer sans réserve aux projets d'amélioration intérieure qu'il avait conçus... En même temps qu'il supprimait un des impôts les plus onéreux, dit de personnes et de classes, il ouvrait deux emprunts, l'un en Autriche de 20,000,000 de florins, l'autre en Italie, de 36,000,000 de fr. dans le but de réduire les obligations de la dette publique ou papier d'état à l'intérêt de 4 pour cent. Ces emprunts, contractés avec les premières maisons de banque des deux pays, furent eontractés à un taux avantageux.

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L'attention du gouvernement s'est portée principalement sur les intérêts du commerce. On peut citer entre autres preuves de sa sollicitude à cet égard la résolution impériale rendue au mois de février, qui a déclaré le port de Venise franc (1); l'accord fait avec les États-Unis pour l'abolition de toute différence de droits de tonnage et de tarifs de douanes entre les navires ou denrées des deux pays (2), de manière que les sujets ou citoyens de l'un et de l'autre fussent traités dans leurs ports sur le pied de la plus stricte égalité; et surtout le traité de commerce entre S. M. l'empereur d'Autriche et S. M. B., signé à Londres le 21 décembre 1829, sur les bases de la réciprocité la plus entière (3).

(1) Il n'a été ouvert que le 1er février 1830, délai occasionné, dit-on, parce qu'on exigeait, en compensation du privilége, une contribution annuelle de 140,000 sequins.

(2) Voyez l'Appendice. (3) Ibid.

La marine autrichienne, qui a fait depuis peu des progrès prodigieux par la nécessité d'établir des croisières dans le Levant, s'est trouvée engagée dès le commencement de l'année dans la première guerre qu'elle ait eu à soutenir, par une de ces avanies auxquelles les puissances maritimes sont exposées de la part des Barbaresques.

Un navive autrichien ayant été enlevé par des Marocains, le gouvernement, résolu d'obtenir réparation ou vengeance de cet outrage, fit équiper une petite escadre, composée de deux corvettes et un brick, sous les ordres du commodore Bandiera. Les négociations ouvertes d'abord avec le pacha de Tanger, n'ayaut point eu le résultat désiré, l'escadrille autrichienne se porta sur la côte de Larasch à l'embouchure de la rivière de ce nom, dans le dessein de prendre ou détruire deux bricks marocains qui s'y trouvaient au mouillage. Cette attaque qui eut lieu le 3 juin, ne fut pas heureuse: un détachement de. 135 hommes débarqua sur la langue de terre au sud de la ville, tandis que le brick et quelques canots chargés d'artillerie entraient dans la rivière en faisant un feu très vif sur les deux bricks barbaresques, dont l'un prit feu, et sur la batterie qui défend la ville de ce côté. Los Maures, qui ne s'attendaient pas à être attaqués, en furent d'abord épouvantés. Mais bientôt, voyant le peu d'ennemis auxquels ils avaient affaire, ils revinrent en grand nombre, surtout en cavalerie, reprirent l'offensive, enveloppèrent les Autrichiens, qui n'eurent d'autre parti à prendre que de se sauver sur les canots de la flotille. La mer étant devenue très grosse, plusieurs se noyèrent, d'autres furent passés au fil de l'épée ; le reste parvint à grand'peine à regagner les canots à la nage, et l'escadrille se hâta de gagner Gibraltar pour y faire panser ses blessés et se réparer. Le commodore Bandiera reprit encore la mer: mais ses opérations se réduisirent à une croisière active et à quelques attaques sur les places de la côte occidentale de Larasch et de Salé; hostilités sans résultats sérieux, mais qui décidèrent l'empereur de Maroc à traiter de la paix et à rendre le bâtiment dont la capture avait amené la guerre, et les prisonniers faits dans l'affaire du 3 juin, moyennant quoi les Autrichiens out renoncé, de leur côté, à toute autre réclamation ou in

demnité pour soustraction ou perte d'effets et marchandises, soit avant, soit après la rupture.

PRUSSE.

Ce royaume, devenu l'un des états prépondérans dans le système politique actuel de l'Europe, par ses acquisitions récentes, et surtout par l'intimité de son alliance avec la Russie, souffrait pourtant dans son intérieur, par la rareté des capitaux, par l'avilissement du prix des terres, par le grand nombre de substitutions, et par la difficulté de concilier les intérêts de l'industrie avec ceux de l'agriculture et du commerce.

Le gouvernement, sérieusement occupé de porter remède à des inconvéniens résultant en partie de sa circonscription territoriale, a conclu, cette année, avec plusieurs de ses voisins, des traités de commerce entre lesquels il faut distinguer celui de Berlin, signé le 27 mars, pour douze ans, à partir du 1er janvier 1830, entre S. M. le roi de Prusse et S. A. R. le grand duc de Hesse, d'une part, et LL. MM. les rois de Bavière et de Wurtemberg, de l'autre part.

Cette transaction, la plus importante de ce genre qui ait été passée entre les états germaniques, admet en principe, 1o la liberté de l'importation réciproque des produits indigènes naturels, de l'industrie et de l'art, mis dans le commerce pour la consommation des pays contractans, avec franchise de tous droits d'entrée, mais avec des exceptions qui restreignent de beaucoup les bienfaits. attendus par le commerce; 2° la liberté du transit, sauf le paiement des droits de chaussées ou péages qui seront réglés et réduits de la manière lu plus équitable; 3° et l'établissement prochain d'un système uniforme de monnaies, poids et mesures dans les états des hautes parties contractantes. On ne donne ici qu'une idée générale de ce traité, dont il faut voir les détails pour en juger l'esprit et les effets. (Voyez l'Appendice.)

Le 8 juin, quelques jours après la conclusion de ce traité, arrivèrent à Berlin l'empereur et l'impératrice de Russie, qui assistèrent à la célébration du mariage du prince Guillaume de Prusse avec S. A. R. la princeese Augusta de Saxe-Weimar, qui eut lieu le 11 juin.

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