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L'empereur de Russie repartit le 14 pour Warsovie; mais il laissait l'impératrice, dont le séjour fut une série de fêtes entre lesquelles on a remarqué celle du 13 juillet, donnée pour célébrer l'anniversaire de la naissance de S. M. impériale, dans laquelle tous les princes de la famille royale firent les honneurs d'un carrousel donné à la manière des anciens tournois. (Voyez la Chronique, art. 13 juillet.)

Cette entrevue des deux souverains et le séjour de l'impératrice, fille chérie du Roi, semblèrent encore resserrer l'intimité de leur alliance. On a remarqué que c'est à la suite, ou peu de temps après, que le lieutenant-général prussien de Muffling a été envoyé à Constantinople, où l'on verra qu'il eut beaucoup de part à la conclusion de la paix, mission importante, au retour de laquelle il fut nommé gouverneur-général de la province de Westphalie.

Les sessions des états provinciaux de la monarchie prussienne, n'offrent guère que des affaires locales. Cependant il n'est pas sans intérêt de rapporter quelques résultats de la troisième, tenue à Berlin à la fin de cette année. Les états avaient été appelés à délibérer, entre autres objets, sur le morcellement des propriétés rurales, sur l'impôt de la mouture et sur la division territoriale des communes. Il ne paraît pas (d'après le rescrit publié le 9 janvier suivant) que la délibération des états ait donné au gouvernement des informations suffisantes pour opérer encore les changemens réclamés.

Entre les demandes faites par les états à la couronne, étaient celles d'une diminution sur l'impôt du sel, et sur la révision de la législation générale. Le gouvernement n'a pas accordé la première; mais il fait observer dans son rescrit que près de 1,600 tonneaux de sel ont été distribués en 1829 à la classe indigente. Quant à la demande des états relativement à la révision de la législation générale, le gouvernement a jugé qu'elle était prématurée, d'après la loi du 5 juin 1823, sur les limites dans lesquelles se renfermait le concours des états; mais il leur annonçait néanmoins qu'il s'occupait avec le plus grand soin de la révision de la législation criminelle.

L'administration municipale aussi avait motivé quelques représentations des états; mais le gouvernement a jugé que l'ordre équestre devait continuer à jouir du privilége de lui présenter seul la liste des candidats aux places de conseillers municipaux. Ces listes, aux termes d'une ordonnance du 22 août 1826, doivent être soumises aux représentans des villes et communes, et transmises au gouvernement revêtues de leurs observations sur les candidats : « de cette façon, dit le rescrit royal dont il s'agit, l'intérêt « des communes et des villes est plus complètement assuré que si « elles avaient immédiatement part à l'élection des candidats; car « alors l'ordre équestre, par le nombre de ses membres, y aurait « toujours la majorité. »

Le gouvernement d'ailleurs préparait une loi qui devait admettre tous les possesseurs de terres libres à choisir les conseillers communaux et les députés des cercles, et il se proposait de communiquer aux états, lors de leur prochaine réunion, le résultat de tout ce qu'il aurait fait dans l'intervalle sur les objetst signalés à son attention.

Quoique la monarchie prussienne n'ait pas encore ses états-généraux, le Roi a voulu rendre une sorte d'hommage, ou satisfaire au premier devoir d'un gouvernement représentatif, en faisant publier un aperçu ou budget des recettes et dépenses de l'état, que nous avons donné l'année dernière. (Voyez Ann. Hist. pour 1828, p. 317.) Les dépenses de 1829 y étaient portées pour 51,000,000 th. (189,210,000 fr.), quoique les recettes de 1828 n'eussent été évaluées qu'à 50,000,00 th. (185,500,000 fr.); mais les produits de 1829 paraissent avoir excédé la dépense, et l'accroissement a porté principalement sur les impôts indirects ou taxes de consommation, résultats regardés comme un indice certain d'une amélioration progressive dans la condition des individus ainsi que dans la fortune publique.

On a parlé, en traitant des affaires de la France, de la conclusion d'un traité de limites signé à Saarbruck, le 25 octobre, avec la Prusse. Il a terminé, à la satisfaction des deux puissances des difficultés qui existaient depuis le congrès de Vienne, en leur don

nant uue ligne de frontières plus favorable à leur défense ainsi qu'à leurs intérêts de commerce et d'administration. (V. l'Appendice, pag. 282.)

BAVIERE.

L'histoire de la Bavière n'offre, après le traité de commerce avec la Prusse dont nous venons de parler, que des circonstances ou des événemens particuliers à la famille royale.

On connaît le goût particulier du roi Louis pour les beaux-arts. Il s'était déja montré, par sa munificence envers les artistes, par ses libéralités envers les Grecs, par ses fréquens voyages en Italie, par les édifices qu'il avait fait ou faisait élever à Munich (musées de sculpture et de peinture). Mais il s'est manifesté cette année par un monument plus remarquable, par la publication d'un recueil de poésies, faite sous son nom royal, dans sa capitale, par le fameux libraire Cotta, élevé depuis au rang de conseiller et de baron. Ce recueil, fruit des travaux de la jeunesse du prince ou des loisirs du monarque, composé de cantates, de dithyrambes, de sonnets, d'élégies, dont les événemens les plus remarquables de l'époque ont fourni les sujets, a fait en Allemagne une vive sensation. Le produit de la vente, destiné à la maison d'éducation établie à Freysing pour les enfans aveugles, a été considérable. Tous les journaux allemands en ont fait un pompeux éloge ; ils y ont trouvé le goût de l'antique et l'enthousiasme de l'école moderne. En France, où ces poésies n'ont guère été lues qu'à travers une traduction pâle et sans doute infidèle, et où la susceptibilité nationale pouvait être blessée de divers traits du poète royal, et germanique, elles ont été jugées plus sévèrement; mais on y a reconnu, comme en Allemagne, des sentimens d'une philosophie saine, d'une morale pure et d'une religion éclairée. D'ailleurs, l'histoire contemporaine, qui a des égards pour les vivans, en doit surtout aux souverains; et, quel que soit le rang que la postérité doive assigner à ces poésies, quand on ne les regarderait que comme un nouvel hommage rendu par l'orgueil du trône à l'empire du génie, leur publication n'en était pas moins un fait historique bien digne d'être recueilli dans nos annales.

Le roi Louis, qui se trouvait à cette époque, sous le nom de comte d'Ausbourg, à Rome, où il a été témoin de la mort de Léon XII et de l'élection de son successeur, en est parti le 29 avril, après avoir présenté ses félicitations au nouveau souverain pontife Pie VIII, et il est rentré peu de jours après dans ses états.

La maison de Bavière, qui voyait déja une de ses princesses assise sur le trône de l'Autriche, et une autre destinée à porter la couronne de Suède, a reçu, au mois de juin, l'honneur d'en voir une troisième appelée à partager le sceptre impérial du Brésil.

L'empereur Don Pedro, veuf depuis le 10 décembre 1826 de la princesse Leopoldine-Caroline-Josèphe d'Autriche, quoi qu'on eût dit de sa résolution de ne point s'engager dans les liens d'un nouveau mariage, surtout avec une princessé d'Europe, avait pourtant fait demander la main de la princesse Amélie-AugustaEugénie-Napoléon, née le 31 juillet 1812, du mariage du prince Eugène-Napoléon, duc de Leuchtenberg, avec la princesse Amélie, sœur du roi Louis. Cette demande, faite au mois de juin, par le marquis de Barbacena, était appuyée, dit-on, par l'impératrice d'Autriche, tante de la future, et par l'empereur François, qui voyait dans cette princesse une nouvelle mère pour ses petits-enfans (le prince impérial et la reine Dona Maria). Elle ne pouvait manquer d'être agréée. Les fiançailles eurent lieu le 30 juin, et la célébration du mariage le 2 août, dans le palais de Leuchtenberg, en présence de la reine douairière. Le prince Charles, frère du roi, était chargé de la procuration de l'empereur Don Pedro, et l'union a été bénie par le nonce du Pape, en l'absence de l'archevêque de Munich. Des présens magnifiques, entre autres un collier de perles estimé 200,000 florins, et des dotations en faveur de quelques filles pauvres, ont signalé à cette occasion la générosité de l'impérial époux.

Deux jours après, le 4 août, la nouvelle impératrice est partie incognito sous le nom de duchesse de Santa-Crux, accompagnée de son frère le prince Auguste, qui devait aller jusqu'à Rio, des gentilshommes brésiliens qui avaient assisté au mariage, et d'une suite peu nombreuse. Elle s'est dirigée sur Manheim, où elle devait voir sa tante, l'ex-reine de Hollande, et de là sur les Pays-Bas, en lon

geant les frontières de France (1). Arrivée à Ostende, elle s'est embarquée pour Plymouth, d'où elle a fait voile pour le Brésil le 30 août, avec la jeune reine Dona Maria. La suite de ce voyage appartient à l'histoire du Brésil.

Il nous reste à remarquer, pour finir celle de la Bavière, que l'institution des conseils provinciaux, qui n'étaient encore établis que dans le cercle du Rhin, a été étendue cette année à tous les cercles du royaume.

WURTEMBERG,

Le traité de commerce avec la Prusse (voir ci-dessus page 296) et la nomination d'un nouveau ministre de la guerre, M. le lieutenant-général de Hugel, en remplacement de M. le comte de Franquemont, dont les longs services et la mauvaise santé rendaient la retraite nécessaire, sont les seuls actes à recueillir pour l'histoire de ce royaume. On y attendait avec intérêt l'ouverture des états, convoqués pour le 15 janvier 1830 (ordonnance du 20 octobre).

HESSE-DARMSTADT.

Là aussi on était à la veille de cette réunion si intéressanté pour les peuples soumis au régime constitutionnel, lorsque vint à mourir S. A. R. la grande-duchesse régnante, Louise-Caroline-Henriette de Hesse, décédée le 28 octobre, en son château d'Awersbach. Elle était née le 15 février 1761, à Darmstadt, et avait épousé (19 février 1777) son cousin le prince Louis, grand-duc actuel. Les regrets que son auguste époux lui donna en ouvrant la sessiou des états du grand-duché (le 3 novembre) étaient dans le cœur de tous ses sujets. (V. l'Appendice.)

Ce discours mérite d'attirer l'attention de l'histoire sous d'autres

(1) Il a été dit, dans le temps, que le passage de la France avait été interdit à cette princesse à cause de sa parenté avec Napoléon. Un journal bavarois, la Gazette d'Augsbourg, a démenti cette assertion dix mois après, à l'occasion du retour du duc de Leuchtenberg, qui passa en effet par la France en revenant du Brésil.

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