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« de 25 wersts, les braves troupes de V. M. I. ont défait deux corps considérables, commandés par des dignitaires de la plus haute distinction, dont l'un a été fait prisonnier, ont enlevé à l'ennemi « deux camps, dont un retranché, toute l'artillerie composée de 31 pièces de canon, toutes les munitions de guerre et de bouche, « 19 drapeaux, et plus de 1,500 prisonniers. »>

Le général russe évaluait la perte des Turcs, dans la seconde bataille, à 2,000, et la sienne à 100 hommes tant tués que blessés. L'empereur répondit à l'envoi du bulletin de son général par une lettre remplie d'éloges, accompagnée des insignes en diamans de l'ordre de St. André.

Le 5 juillet le général Paskewitsch apprit que des troupes, réunies devant Hassan-Khale, et composées des débris de l'armée battue et de soldats qui n'avaient pas encore vu le feu, avaient pris la faite et que le séraskier lui-même s'était retiré à Erzeroum. Il jugea convenable de laisser le gros de son corps d'armée près du village de Keprikkeff, et de marcher sans perdre de temps sur Hassan-Khale avec quatre régimens, un de carabiniers, deux de musulmaus, un de cosaques du Don et 18 pièces de canon. Hassan-Khale, forteresse construite du temps des Romains, regardée comme la clef d'Erzeroum, était encore importante aux Russes, non seulement comme dépôt de provisions, mais encore comme point intermédiaire sur la ligne de communication entre Kars et Bayazid. Elle fut emportée après une canonnade de quelques heures, le même jour à neuf heures du soir. On y trouva 29 canons, un magasin de poudre et du blé en grande quantité.

Le lendemain ( 6 juillet), le général Paskewitsch envoya un ancien aga des janissaires, fait prisonnier à l'affaire du 1er juillet (Mamisch-Aga), porter des paroles de paix aux habitans d'Erzeroum, avec une proclamation dans laquelle il les invitait à n'opposer aucune résistance aux armes russes, en leur promettant le maintien de leur religión, la sécurité de leurs personnes et le res- . pect le plus inviolable pour toutes leurs propriétés.

Cette proclamation et l'éloquence de Mamisch-Aga firent quelque impression sur une partie de la population où se trouvait un tiers.

d'Arméniens du rit grec; mais le reste ne voulait pas se rendre, et le séraskier, tout en feignant de prêter l'oreille à des négociations, préparait des moyens de résistance. Il avait fait élever une petite redoute à une portée de canon d'Erzeroum, sur une montagne appelée Top-Dag qui domine la ville et la citadelle du côté de l'est.

Revenu à son corps d'armée, et ne recevant point de réponse positive, le général russe marcha vers le Top-Dag qui fut emporté en un coup de main, puis sur la ville contre laquelle il fallut ouvrir le feu: on y répondit; mais bientôt après les principaux fonctionnaires, ayant à leur tête le beglier-bey (gouverneur de la place), en vinrent présenter les clefs au général russe. Tout paraissait donc terminé: cependant, telle y était la répugnance du peuple à recevoir les Russes, qu'ils eurent encore quelques petits combats partiels à soutenir, mais de courte durée, et le 9 juillet, anniversaire de la bataille de Pultawa, le drapeau impérial fut planté sur la citadelle, où le séraskier et quatre pachas furent faits prisonniers.

Erzeroum, capitale de la Turcomanie, située à la source de l'Euphrate, n'était pas seulement importante à cause de sa grandeur, de ses richesses, de sa population, mais aussi parce que les Turcs en avaient fait le centre des forces et des ressources qu'ils avaient réunies pour la défense de leurs possessions asiatiques.

En vain le pacha de Van essayait-il, dans ce temps-là même, d'opérer une diversion à la tête de 10 à 12 mille hommes, avec lequels il se proposait dé surprendre Bayazid. Le 2 juillet, arrivé devant cette place, où commandait le général major Popoff, it s'empara d'abord du quartier des Tatars; mais il fut bientôt attaqué à son tour et délogé de ses batteries. Le siége dura pourtant encore pendant cinq à six jours, au bout desque's le pacha, ayant perdu près de deux mille hommes, et apprenant là défaite de Hagki, celle du séraskier, et la prise d'Erzeroum, se retira en toute hâte pour voler à la défense de son propre territoire.

Ici finit tout ce qu'il y a d'important à relever dans cette campagne, dont l'ordre du jour, alors adressé par le général russe à son armée, donne la plus magnifique idée. L'empereur l'en a

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récompensé en lui envoyant l'ordre de St. Georges de la première classe, et le titre de feld-maréchal, avec une lettre ou rescrit peutêtre plus honorable encore que ces hautes faveurs.

En possession d'Erzeroum, où le quartier général russe fut établi, le général en chef jugea nécessaire de garantir ses flancs de toute tentative de l'ennemi par des colonnes mobiles, et d'envoyer deux expéditions, l'une, sous les ordres du colonel Lemann, vers' Kniss, petite place située à 100 wersts sur la route de Mousch; l'autre, commandée par le général major Bourtzoff, sur Beïbourt ou Beibourdi, ville plus considérable et plus fortifiée à 120 wersts sur la route de Trébizonde. Elles eurent du succès.

Les habitans de Kniss invoquèrent d'eux-mêmes la protection du vainqueur, dans la crainte des Kurdes qui s'étaient révoltés contre leur pacha et ravageaient le pays.

Un corps de cinq mille Turcs avait été rassemblé pour défendre la seconde place (Beïbourt); mais il se débanda à l'approche des Russes, qui s'emparèrent d'abord d'une riche usine de cuivre, située à deux lieues de la ville; puis de la ville elle-même, que ses habitans rendirent (le 19 juillet), ainsi que la forteresse, aux mêmes conditions qu'Erzeroum avait obtenues.

Les Russes venaient de prendre sans peine deux positions importantes à leur sécurité, mais dont la conservation leur coûta plus cher que la conquête. Toute la population musulmane de l'Arménie ne cessa d'être en révolte, de tenir la campagne et d'inquiéter les garnisons russes, surtout la place de Beïbourt. Le 30 juillet, le général major Bourtzoff, apprenant qu'il était menacé par un corps turc, sortit à sa rencontre avec un détachement, dans le dessein de le prévenir. Il le trouva plus considérable qu'il ne croyait, près du village de Kart, au nombre, suivant le bulletin russe, de 10 à 12,000 hommes. Il n'en fit pas moins charger ces masses avec vigueur; mais, dans la chaleur du combat, il fut atteint d'une balle dans la poitrine, et son détachement, écrasé par des forces supérieures, fut obligé de rentrer dans Beïbourt, où ce brave officier est mort quelques jours après ( 4 août) de sa blessure.

Informé de cette affaire (2 août), le général Pakewitsch donna

ordre à la colonne du général major Mouravieff de se porter à marches forcées sur Beibourt, et partit le lendemain pour la diriger

en personne.

Il trouva l'ennemi qui occupait huit villages autour de cette place, dans un rayon de deux à trois heures de marche, et dont toutes les forces, commandées par Osman, l'ancien pacha d'Anapa, étaient prêtes à se concentrer sur le premier de ces villages où se dirigerait l'attaque des Russes.

Elle commença (8 août) par celui de Khart, théâtre de l'affaire du 31 juillet, qui avait été entouré d'abatis d'arbres et de retranchemens, où s'étaient retranchés deux mille Lazes, qui avaient juré de s'y défendre jusqu'à la mort. Ils se battirent, en effet, longtemps avec la fureur du désespoir; mais, foudroyés par l'artillerie russe et forcés dans leurs retranchemens à la bayonnette, ils se décidèrent à prendre la fuite à la faveur de la nuit. Les autres corps turcs, attaqués le lendemain (9 août) dans les villages environnans, firent moins de résistance. Osman-Pacha, dont le camp était placé dans un défilé défendu par des rochers escarpés, soutiat encore avec environ trois mille hommes un combat sanglant; mais il fut forcé de céder, comme ses autres détachemens, à la supériorité de l'artillerie russe, abandonnaut son camp, ses bagages, presque toutes ses munitions, après avoir perdu près de 300 hommes tués dans ces divers combats.

Malgré ces avantages, les Russes ne restèrent pas en paisible possession de leurs conquêtes, et l'ennemi, tant de fois dispersé et vaincu, mais non découragé, ne cessa de les inquiéter. Leurs bulletins parlent légèrement d'une tentative sans succès qu'ils firent sur Trébisonde et de l'évacuation de Beïbourt, qu'ils ne reprirent qu'à la fin de la campagne.

On reviendra sur ces événemens, beaucoup moins décisifs que ceux qui se passaient alors en Bulgarie.

Ann. hist. pour 1829.

25

CHAPITRE V.

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Suite des opérations militaires en Bulgarie.- Passage de la Kamtschick et du Balkan. - Prise d'Aïdos. — Àrrivée de l'amiral Greigh dans le golfe de Messevrie ou Mesembria. - ·Combats entre Aïdos et Karnabat. — Bataille de Slivno. Prise du camp tarc.-Proclamation du général russe en eutrant dans la Romélie.. Marche sur Andrinople, et reddition de cette ville. Occupation de plusieurs places sur les côtes de la mer Noire et d'Énos sur la Méditerranée. Négociations ouvertes, et conclusion du traité de paix. — Conventions séparées. Opérations militaires en Asie, et mesures prises pour assurer l'exécution des traités et le maintien de la paix. —Situation des parties belligérantes à la fin de la campagne. Affaires de Russie. Satisfaction donnée par la Perse. Mission de Khosrew-Mirza à Pétersbourg. Actes d'administration. — Progrès de l'industrie, du commerce et de la marine russes. - Relations extérieures.-Maladie de l'Empereur.

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L'armée russe, victorieuse à Kulewtscha, s'était portée devant Schoumla, comme pour en faire le siége et reprendre le plan et les opérations de l'année dernière. C'est dans cette supposition que le grand-visir s'y était retranché plus fortement et y avait réuni l'élite de l'armée musulmane, qui pouvait être encore alors de 40 mille hommes de troupes régulières et de 15 à 20 mille hommes d'infanterie, en y comprenant le corps de Hussein-Pacha, détaché du côté de Routschouk. Mais le plan du général Diebitsch était tout autre que celui sur lequel le grand-visir avait organisé sa défense : c'était de franchir le Balkan par les défilés voisins de la mer Noire, tandis que l'amiral Greigh, dont la flotte était déja maîtresse de cette mer et de plusieurs points importans sur la côte, y jetterait des troupes de débarquement et concourrait de tous ses moyens au succès des opérations.

Dès que la reddition de Silistrie eut rendu disponibles les troupes employées au siége, le général Diebitsch résolut de franchir le Balkan avec la majeure partie de ses forces, et fit ses dispositions en conséquence.

Quelques renforts furent envoyés au général Kisseleff, qui devait assiéger ou observer Giurgewo et Routchouck, et au général

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