Page images
PDF
EPUB

itam 266.)

tonomie. Chaque canton est resté maître de son systême constitutionnel, de sa législation civile, commerciale, criminelle; chaque canton a été, comme par le passé, également représenté dans une assemblée unique, la Diète fédérale; et grâce à l'harmonie qui n'a pas cessé d'exister entre son principe fédératif et la libre administration de ses cantons et de ses communes, la Suisse est restée, sauf quelques exceptions regrettables, un modèle de paix, de liberté et d'indépendance.

L'Italie est-elle prête pour une évolution de ce genre? Est-ce de l'unité politique qu'elle doit d'abord se préoccuper ? N'a-t-elle pas à résoudre préalablement un autre problème, celui de l'affranchissement de ses municipes encore courbés sous des gouvernements absolus et sous la domination étrangère? L'idée d'une fédération permanente entre les États de l'Italie n'a été réalisée à aucune époque de son histoire.

Dans les grandes associations de ses municipes primitifs, tous les membres conservaient intacte leur propre souveraineté, et l'exercaient pleinement dans leur propre territoire; ils concouraient, il est vrai, par leurs conseils et leur assistance aux choses d'un intérêt général, mais ils ne relevaient d'aucun état, d'aucun corps souverain.

L'Italie du moyen âge, comme celle de l'antiquité, n'a vécu en quelque sorte que de la vie municipale, et l'esprit d'indépendance individuelle y a étouffé l'esprit d'association, qui, audelà des monts, en Angleterre par exemple, a opéré tant de prodiges. De là l'impuissance des fédérations et la durée éphémèr des ligues lombarde et véronaise.

La ligue lombarde obtint d'abord des succès rapides, qui lui procurèrent chaque jour de nouveaux associés. Venise, Vérone, Vicence, Padoue, Trévise, Ferrare, Brescia, Bergame, Crémone, Milan, Lodi, Plaisance, Parme, Modène, Bologne, prêtèrent le serment de la confédération (1), et forcèrent l'empereur, par leur attitude énergique, de quitter secrètement l'Italie et de retourner en Allemagne.

(1) Muratori, Dissert. XVIII, t. IV, p. 261. rapporte le serment des confederes.

Le moment était opportun pour transformer une ligue passagère en une fédération permanente. Les villes sortaient de leurs ruines et se relevaient florissantes. L'empereur, chassé de l'Italie, ne les menaçait que de loin. Le danger d'une invasion nouvelle n'était cependant pas conjuré; il fallait le prévenir en créant un lien, un centre d'action entre ces petits États trop faibles pour résister isolément. Une république fédérative pouvait naître en Italie de la ligue lombarde, comme elle naquit plus tard en Suisse, dans les Pays-Bas et en Amérique, des ligues contre le duc d'Autriche, Philippe d'Espagne et Georges III. Soit défaut de lumières, soit égoïsme local peut-être, les villes d'Italie ne surent pas s'élever à la pensée de restreindre leur indépendance particulière au profit des libertés générales, en confiant à un congrès la gestion des intérêts collectifs, et surtout des relations étrangères des États confédérés. Elles crurent avoir assez fait en s'obligeant par serment à ne faire ni paix, ni trève, avec l'empereur, et à le poursuivre par les armes s'il rentrait en Italie (1). Les consuls et les podestats des villes délibéraient en commun sous le titre de recteurs des sociétés des vilies, mais leurs résolutions n'étaient pas définitives, et ils les soumettaient au retour dans leur patrie aux délibérations du peuple de chaque cité (2); on ne songea pas même à l'établissement d'une diète permanente autorisée à fixer d'une manière souveraine le contingent des divers États, en armes et en contributions, et à protéger l'Italie contre les dissensions intestines et contre le péril de l'invasion étrangère.

Le même phénomène s'est reproduit de nos jours durant la crise de cinq ans qui fut terminée par la bataille de Marengo. Les municipes de l'Italie avaient alors la pleine liberté de s'organiser à leur gré, caressés comme ils l'étaient des deux parties contendantes; et si l'esprit provincial y avait été quelque peu vivace, ils auraient saisi l'occasion propice de se réunir en fé

(1) Neque pacem, neque treagam, neque guerram recruditam cum imperatore faciam. (MURatori, Dissert. XLVIII, p. 265, 266.) (2) MURATORI, Ant. Ital. XLVIII, p. 269.

tonomie. Chaque canton est resté maître de son systême constitutionnel, de sa législation civile, commerciale, criminelle; chaque canton a été, comme par le passé, également représenté dans une assemblée unique, la Diète fédérale; et grâce à l'harmonie qui n'a pas cessé d'exister entre son principe fédératif et la libre administration de ses cantons et de ses communes, la Suisse est restée, sauf quelques exceptions regrettables, un modèle de paix, de liberté et d'indépendance.

L'Italie est-elle prête pour une évolution de ce genre? Est-ce de l'unité politique qu'elle doit d'abord se préoccuper ? N'a-t-elle pas à résoudre préalablement un autre problème, celui de l'affranchissement de ses municipes encore courbés sous des gouvernements absolus et sous la domination étrangère? L'idée d'une fédération permanente entre les États de l'Italie n'a été réalisée à aucune époque de son histoire.

Dans les grandes associations de ses municipes primitifs, tous les membres conservaient intacte leur propre souveraineté, et l'exercaient pleinement dans leur propre territoire; ils concouraient, il est vrai, par leurs conseils et leur assistance aux choses d'un intérêt général, mais ils ne relevaient d'aucun état, d'aucun corps souverain.

L'Italie du moyen âge, comme celle de l'antiquité, n'a vécu en quelque sorte que de la vie municipale, et l'esprit d'indépendance individuelle y a étouffé l'esprit d'association, qui, audelà des monts, en Angleterre par exemple, a opéré tant de prodiges. De là l'impuissance des fédérations et la durée éphémèr des ligues lombarde et véronaise.

La ligue lombarde obtint d'abord des succès rapides, qui lui procurèrent chaque jour de nouveaux associés. Venise, Vérone, Vicence, Padoue, Trévise, Ferrare, Brescia, Bergame, Crémone, Milan, Lodi, Plaisance, Parme, Modène, Bologne, prêtèrent le serment de la confédération (1), et forcèrent l'empereur, par leur attitude énergique, de quitter secrètement l'Italie et de retourner en Allemagne.

(1) MURATORI, Dissert. XLVIII, t. IV, p. 261, rapporte le serment des confédérés.

Le moment était opportun pour transformer une ligue passagère en une fédération permanente. Les villes sortaient de leurs ruines et se relevaient florissantes. L'empereur, chassé de l'Italie, ne les menaçait que de loin. Le danger d'une invasion nouvelle n'était cependant pas conjuré; il fallait le prévenir en créant un lien, un centre d'action entre ces petits États trop faibles pour résister isolément. Une république fédérative pouvait naître en Italie de la ligue lombarde, comme elle naquit plus tard en Suisse, dans les Pays-Bas et en Amérique, des ligues contre le duc d'Autriche, Philippe d'Espagne et Georges III. Soit défaut de lumières, soit égoïsme local peut-être, les villes d'Italie ne surent pas s'élever à la pensée de restreindre leur indépendance particulière au profit des libertés générales, en confiant à un congrès la gestion des intérêts collectifs, et surtout des relations étrangères des États confédérés. Elles crurent avoir assez fait en s'obligeant par serment à ne faire ni paix, ni trève, avec l'empereur, et à le poursuivre par les armes s'il rentrait en Italie (1). Les consuls et les podestats des villes délibéraient en commun sous le titre de recteurs des sociétés des vilies, mais leurs résolutions n'étaient pas définitives, et ils les soumettaient au retour dans leur patrie aux délibérations du peuple de chaque cité (2); on ne songea pas même à l'établissement d'une diète permanente autorisée à fixer d'une manière souveraine le contingent des divers États, en armes et en contributions, et à protéger l'Italie contre les dissensions intestines et contre le péril de l'invasion étrangère.

Le même phénomène s'est reproduit de nos jours durant la crise de cinq ans qui fut terminée par la bataille de Marengo. Les municipes de l'Italie avaient alors la pleine liberté de s'organiser à leur gré, caressés comme ils l'étaient des deux parties contendantes; et si l'esprit provincial y avait été quelque peu vivace, ils auraient saisi l'occasion propice de se réunir en fé

(1) Neque pacem, neque treagam, neque guerram recruditam cum imperatore faciam. (MURATORI, Dissert. XLVIII, p. 265, 266.) (2) MURATORI, Ant. Ital. XLVIII, p. 269.

« PreviousContinue »