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DE L'ÉGLISE.

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LIVRE CENT SIXIÈME.

Depuis la persécution élevée en chiNE, VERS 1784, Jusqu'a la PERSÉCUTION Suscitée au tonG-KIN, VERS 1802.

LES troubles de l'Europe, à l'époque où nous arrivons, rendoient de plus en plus difficile la communication avec les missions, et tendoient à les priver entièrement de leurs pasteurs. C'est ce qui décida Pie VI à prendre en leur faveur une mesure extraordinaire. Lors de son enlèvement de Rome, en 1798, retiré à Florence, et songeant du fond de son exil, à ces églises lointaines, il craignit qu'elles ne fussent bientôt dépourvues d'évêques, si les vicaires apostoliques d'alors venoient à mourir avant la fin de la persécution. Il adressa donc à ceux-ci un bref où il leur accordoit le pouvoir de se choisir un coadjuteur, si déjà ils n'en avoient point, de le sacrer, et, au cas où celui-ci viendroit à mourir avant eux, d'en élire un second à sa place. Le bref portoit en outre que les coadjuteurs déjà nommés, et ceux qui seroient élus en premier lieu, succéderoient non-seulement aux vicaires apostoliques dont ils dépendroient, mais pourroient encore se donner un coadjuteur, et le sacres évêque, à condition que ce ne fût que pour une seule fois, et sous le titre qu'auroit eu le vicaire apostolique nouvellement défunt.

Aux Indes et en Chine, les vicaires apostoliques sont obligés de se contenter de visiter quelques chrétientés à peu près comme les simples prêtres; ils ne peuvent faire de visite générale, tant à cause de la dispersion des chrétiens, qu'à cause des dangers des voyages. Pour remédier à cet inconvénient, M. Dufresse, qui étoit, en 1803, vicaire apostolique au Su

Tchuen, résolut de suppléer à ces visites par un synode dans lequel il traceroit aux missionnaires les règles qu'ils avoient à suivre. Il annonça donc la tenue du synode, ordonna des prières, et invita les missionnaires européens qui n'y pouvoient venir à lui envoyer leur avis sur les matières qui devoient y être traitées; mais il convoqua particulièrement tous les prêtres chinois. L'assemblée se trouva composée de quatorze prêtres sur vingt qui étoient dans la mission. Elle eut trois sessions quise tinrent les 2, 5 et 9 septembre, outre les congrégations particulières qui précédoient chaque session pour discuter les matières et préparer les statuts. Chacun à son tour disoit son sentiment, et l'évêque s'attacha surtout à faire comprendre aux prêtres du pays la lettre et l'esprit des règlements qui renfermoient ce qu'il y a de plus nécessaire pour l'administration de ces missions. «Le vénérable évêque de Caradre, ainsi que sa mission, venoit de courir (1793) de grands dangers, par la faute d'un misérable chrétien qui avoit accusé un prêtre chinois. On disoit publiquement que l'évêque étoit rentré dans la province et qu'il demeuroit dans tel district, ce qui étoit vrai. Mais le mandarin ne voulut pas recevoir cette accusation; il exhorta même l'accusateur à la paix: celui-ci reconnut sa faute, et parut sincèrement converti1. >> Ainsi la mission étoit moins inquiétée; on pouvoit exercer le saint ministère, avec toute la liberté qu'il exige. Le gouvernement, ainsi que les particuliers auxquels les prêtres européens étoient inconnus, ou qui connivoient, les laissoit paisiblement habiter ou voyager dans le pays et y exercer toutes les fonctions de ministres de la religion catholique, sans faire aucune recherche, ni les molester en aucune manière. Les mandarins auroient été fâchés qu'on leur dénonçât des Européens, et qu'on les mît dans la nécessité de les poursuivre : ces poursuites, pour l'ordinaire, étoient un obstacle à leur élévation, et les exposoient à de grandes dépenses ou à perdre leurs places. D'ailleurs ils n'aiment pas àpersécuterles chrétiens pour la seule cause de leur religion; parce que ceux-ci sont dans un usage assez constant de ne donner aucun argent pour se rédimer des vexations, de la prison, ou des supplices. Tout cela n'empêche pas qu'il n'y ait des précautions à prendre, et des dangers à éviter. Du reste, dans chaque chrétienté • Nouvelles lettres des missions, Rome, 1808, tome 2.

il y a une ou plusieurs maisons, communément les plus commodes de l'endroit, qui sont dans l'usage de recevoir le prêtre pour y faire l'administration. Ces maisons servent d'église, et les chrétiens s'y rassemblent à cet effet, sans obstacle.

>>> Les chrétiens usent aussi de beaucoup de liberté, pour les exercices de religion qu'ils font en leur particulier, au su et au vu du gouvernement qui feme les yeux. Ainsi chaque particulier affiche, dans le lieu le plus apparent de la salle principale où se reçoivent les hôtes, une tablette ou grande feuille de papier colorié, qui atteste, en gros caractères, qu'il professe la religion du Souverain maître et créateur du ciel et de la terre'; on voit aussi souvent des croix tracées avec le pinceau sur leurs portes. Ils récitent à haute voix, ou chantent en commun, les dimanches et fêtes, leurs prières du matin et du soir, sans appréhender d'être entendus de leurs voisins païens et des passants; ils laissent même aux premiers qui se trouvent dans la maison, la liberté de les voir prier, soit qu'ils le fassent seuls en famille, soit que des familles du dehors se réunissent à eux, comme il arrive souvent les dimanches et fêtes. Partout ils se montrent chrétiens, gardent les abstinences prescrites par l'Eglise, même dans les festins des païens, et sans se mettre en peine de leurs moqueries. Ils célèbrent leurs funérailles et leurs mariages, avec les prières et les rits de la religion catholique, etnonobstant le concours des païens, qui est souvent considérable; ils accompagnent leurs convois funéraires en forme de procession, et au chant des prières, non-seulement dans les campagnes, mais aussi dans les lieux de marché, et dans les villes. Les missionnaires tâchoient cependant d'empêcher tout éclat, et surtout dans les villes où il n'est capable que d'attirer les persécutions. Mais c'étoient pour l'ordinaire les nouveaux chrétiens, encore sans expérience, qui bravoient le plus ces dangers.

>>La prédication de la religion ne se faisoit pas avec moins de liberté; les chrétiens les plus instruits et les plus zélés l'annoncent, et le plus souvent ils préviennent les païens de venir

1 C'est la définition du nom de Dieu adoptée par la sacrée congrégation de la propagande. Le mot Tien pouvant, comme dans tout le nord de l'Asie, signifier également le ciel matériel.

ments de la petite église, 61. Anticoncordataires en Angleterre, 62. Leur présomption, 63. Protestation des évêques non démissionnaires, ib. Leurs doleances étranges et inconséquentes, 64. Leur ressemblance avec les appelants jansénistes, aigreur et emportement des Réclamations canoniques, 66. Royalisme ridicule de quelques anticoncordataires, 67. Gallicans conséquents et gallicans inconséquents, ib. Commencements de M. de Frayssinous, ib. L'abbé Blanchard redressant l'Eglis et le pape, 68. Ses pamphlets, 69. Legitimisme, 70. Dispositions des évêques angloi par rapport aux schismatiques françois, ib. Extravagances de ceux-ci, 71. Voyage de Pie VII à Paris; vues de Napoléon, 75 et suiv. Déclaration des constitutionnels aux mains du pape, leur duplicité et leurs palinodies, ib. Couronnement de Bonaparte, ib. Sollicitations du saint Père pour les intérêts de l'Eglise, 76. Ses courses pieuses dans Paris, ib. Il y tient un consistoire, ib. et suiv. Départ du pape pour Rome, 79. Ricci se rétracte, 80. Le pape rentre à Rome, ib. Envahissement d'Ancône par Bonaparte, prétexte moqueur qu'il en donne, 81. Sa guerre aux rois, 82. Confédération du Rhin, 83. Suscité de Dieu, ib. Etat des Juifs, 84. Plaintes qu'ils excitent, assemblée de leurs rabbins, 85. Sanhedrin, 86. Ses dispositions, son peu de crédit, 87.

LIVRE CENT HUITIEME.

COUP D'ŒIL rétrospectif sur l'état de la Belgique, 88. Accueil fait aux prêtres émigrés, ib. L'université de Louvain, 89. MM. Devolder, van Gils, Moser, de Lantsheere, van Helmont, l'abbé de Saive, le P. C. Smet, Feller, go. Conversion de l'abbé de Broux, ib. M. de Roquelaure, archevêque de Malines, et l'abbé Berthoud, 91. MM. Klérens, Millé, Verhey lewegen se font connoître, ib. M. Fallot de Beaumont, ib. Travaux et zèle de l'abbé Stevens, 92. Ses brochures, ib. Etat de la Hollande, 93. Le comte van Velde, évêque de Ruremonde, ib. Monseigneur Ciamberlani, ib. Louis Bonaparte protége les catholiques, 94. M. Cramer persécuté par Guillaume, ib. Evêché de Bois-le-Duc, 95. Etat et situation de la Corée, 96 et suiv. Origine de son église, 98. Première persécution, 99 et suiv. Les tabletles des ancêtres y donnent lieu, 101. La persécution devient générale, 102 et suiv. Martyre de Paul Yn et de Jacques Kuan, 104. Murmures du peuple sur ces supplices, 105. Dénonciations d'un apostat, 106. La persécution se rallume, 107. Martyre de Mathias Xu, Sabbas Chi et Paul Yn, ib. Exil de quelques autres, ib. et suiv. Le P. Velloz, 109. Nouvelles persécutions, nouveaux martyrs, 110. Calomnies, 111. Annales de la religion des constitutionnels et leur imprimerielibrairie chrétienne, ib. Leurs rédacteurs, ib. Colère de ces gens provenant des rétractations nombreuses des leurs, 112. Leur mauvaise foi, sur le pieux évêque de Dol en particulier, 113. Leurs aveux, ib. Pontard et son Journal politique, ib. Défections et apostasies reconnues par eux, 114. Massieu, Dumouchel, Devilles, Torné, Rovère, Giret, ib. Il faut y ajouter leur silence sur Gobel, Minée, Savines, Huguet, Porion, Laurent, Joubert, Diot, Molinier, Lefessier, Lalande, 115. Saurine et Vandelaincourt, ib. Bulletin de la semaine, Telegraphe, Journal du citoyen, ib. Héraudin, ib. Erreur de ces feuilles constitutionnelles, ib. Leur triomphe sur la non-existence de la papauté, ib. Le Directoire supprime ces annales, ib. Pétition des réunis, 117. Ils sacrent dix-sept nouveaux évêques intrus, ib. Nouveaux Sacramentaires de ces schismatiques, 118. Liturgie en françois, ib. Division parmi eux à ce sujet, ib. Mémoires pour servir à l'histoire et à la philoso

phie, ib. Chute du Directoire, ib. Injures et colère du journal de Lecoz et de Grappin, 119. Fouché les protége, ib. Leurs protestations contre un concordat, 120, Mauviel et son étrange mission à Saint-Domingue, 121. MM. Mignot et Agier amis de Grégoire, 121. Chronique religieuse, ib. Bonaparte supprime définitivement les annales, 122. Vénalité de Grégoire, Condorcet, Brissot et autres, ib. Esprit des Annales des constitutionnels, 123.

LIVRE CENT NEUVIÈME.

CANONISATION de S. Angèle de Mérici, 125. Abrégé de sa vie, 126. Sainte Ilyacinthe Mariscotti, crayon de ses vertus, 127 et suiv. Saint François Caraccioli, quelques traits de sa vie, 130 et suiv. Sainte Colette, béguines, esprit de cet admirable institut, 133. Saint Benoit de Philadelphie ou le saint noir, 134. Pie IV supprime l'institut où il étoit entré, ib. Il se fait minorite, solennité de ces canonisations, 135. Université de Bonaparte, 136. Origine et marche de cette création bizarre, ib. Projets d'enseignement et d'éducation de Condorcet, 137. De Merlin, de Fourcroy, de Barrère, 138. Autres buveurs de sang législateurs de la science, 139. Ecole de Mars, Lakanal et les écoles normales, ecoles primaires, projets de Dupuis, 140. Nullité des écoles centrales, leur absurde impiété 141. Décret pour l'Université impériale, ib. Retribution universitaire et correspondance exclusivement fiscale de ce corps, 143. Manière dont Napoléon envisage la religion, ib. Quelques moments lucides à son égard, ib. Création de succursales nouvelles, bourses fondées dans les séminaires, rétablissement des sœurs de la charité, 144. Il encou rage les sœurs du refuge et quelques autres congrégations; frères des écoles chrétiennes, les lazaristes, les missions étrangères, 145. Guerre aux sulpiciens, ib. Les troupes françoises à Rome, envahissement d'Ancône, 146. Pie VII s'oppose à ces envahissements et refuse de sacrer le roi usurpateur de Naples, 147. Enlèvement des cardinaux, 148. Grossièreté du langage de Miollis, ib. Invasion traîtresse de l'Espague, trahison de Godoy, scandales affreux de la reine, 149. Invasion de l'Espagne, 150. Insurrection, ib. Abdication et protestation de Charles IV, le roi Joseph également méprisé et haï, 151. Guérillas, zèle des religieux, 152. Associa→ tions de dames espagnoles pour soulager les blessés, 153. Bonaparte à Madrid, ib. Cortès, juntes et régence, 154. Funeste influence de la race de Louis XIV en Espagne, 155. Allocution de Pie VII aux cardinaux sur les violences de Bonaparte, ib. Fermeté du pape, 156. Déportation de divers prélats romains, et autres vexations, 157. Décret de Vienne, et prétention ridicule de continuer l'empire de Charlemagne, 158. Inquisition sur les prêtres, 159. Progrès de la religion en Amérique, ib. Petit séminaire à Beardstown, M. Dubourg, 160. Beatification de Madame Clotilde, esquisse de sa vie, 162. Mademoiselle Clara Stoupe, 163. La vénérable sœur Agnès de Jésus, 164.

LIVRE CENT DIXIÈME.

PROTESTATION de Pie VII, 165. Persécution universelle et totale en Italic, 166. Enlèvement du saint Père, ib. et suiv. Le pape à Savone, offres séduisantes du Corse et dignité du saint captif, 169. Enlèvement et exil des cardinaux, ib. Insultes soldatesques et plates de Bonaparte, 170. Nécessité des appels et des causes

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