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coup d'opiniâtreté à célébrer la pâque le même jour que les Juifs, & laiffoient reparoître avec trop d'indifférence quelques articles du Pélagianifme. Quand on confidére combien la plûpart des chrétiens Anglois étoient foibles dans le temps de leur plus grande force, on eft moins furpris des malheurs dont nous verrons dans la fuite que cette églife fera accablée. Après avoir été emportée par les héréfies des derniers fiécles, elle eft devenue comme le repaire de toutes les fectes, & la fource malheureufe du libertinage de l'efprit & de l'impiété, qui de ce pays eft paffé chez les peuples voifins, avec une rapidité qui doit effrayer ceux que Dieu rend attentifs à un mal fi.contagieux.

VII. Le Pape Honorius donna à l'Eglife un fcanScandale que dale, qui caufa une extrême affliction à fes donne le Pape véritables enfans, & au petit nombre des zélés Honorius en défenfeurs de la foi. Ce Pape fe déclara netfe déclarant tement pour Sergius ; il dir qu'il étoit entiére

pour P'erreur.

ment d'accord avec lui; il traita également l'expreffion de deux opérations ou d'une feule, de nouveautés dangereufes. Honorius n'en vint pas là d'abord. Il avoit commencé par dire que la queftion d'une ou de deux volontés étoit frivole, que c'étoit une difpute de mots, & il erut que la prudence demandoit qu'il imposât filence aux deux partis. Un Pape qui faifoit cette injure à la vérité, de la mettre de ni veau avec l'erreur, méritoit d'être abandonné de Dieu, jufqu'à fe déclarer contre la vérité, & à s'unir avec les partifans de l'erreur. On fe rappelle le mot du grand Boffuet, qui met Honorius au nombre des Papes fous qui l'erreur & l'impiété fe firent une porte large & spacieuse,

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VIII.

Maux de di

dans les diffé

Les maux qui furent la fuite de la domination des Barbares, continuerent d'affliger l'Eglife dans le feptiéme fiécle, comme ils l'a- vers genres voient affligée dans le fixième. Les Rois vouJurent troubler les élections. Nous avons vû rentes parties de l'Eglife combien on s'en plaignoit dans les Conciles. d'Occident. D'un autre côté les Evêques fe méloient trop des affaires temporelles. La fimonie continuoit de ravager l'Eglife. L'ignorance gagnoit par tout les études étoient tombées & avec =elles le bon goût. Les plus grands hommes du =feptiéme fiécle ne fe reffentent que trop de cette décadence. Un Evêque qui occupoit un des premiers Siéges d'Espagne, fut déposé pour avoir commis un crime honteux. Nous avons vú dans ce Royaume un mal nouveau, les Evé. ques mettre en pénitence le Roi Vamba, & fous ce prétexte, dégager fes fujets du ferment de fidélité: une entreprise auffi inouie ne fçauroit être trop remarquée. On commençoit auffiàufer de contrainte à l'égard de la pénitence, & à forcer des idolâtres à recevoir le Baptême. Le Roi Thierri perfécuta faint Colomban, parce qu'il le reprenoit de fes défordres. Dagobert menoit une vie fort déréglée, & il faifoit confifter fa dévotion à enrichir les monaftéres & les églifes. S. Amand fut le feul qui eut le courage de reprendre ce Prince. Ebroin fit de grands maux à l'églife de France; il perfecuta les plus faints Evêques,& fit mourir faint Leger Evêque d'Autun, après l'avoir traité de la maniére la plus indigne. Saint Eloi trouva le Diocèfe dont on le força d'être Evêque, dans un état déplorable. Il eut presque autant à travailler, que s'il fe fût trouvé au milieu des idolâtres. Les fuperftitions dont on fe plaignoit dans les féclos précédens, font

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IX.

encore plus communes dans celui-ci. Les plus faints Evêques gémiffoient de la ftérilité de leur miniftére à l'égard de la multitude de leurs brebis. L'on commença à voir de faints Pafteurs quitter leurs églifes pour se réfugier dans des monaftéres. Cette conduite qui étoit contraire à l'efprit de l'Eglife, fuppofoit un affoibliffement confidérable dans les Chrétiens. Un Evêque plein de piété & de zéle pour le falut de fon troupeau, fêchoit de douleur en voyant le peu de fruit de ses travaux: il étoit porté à s'attribuer ce défaut de fécondité; & T'ennui que lui causoit la vûe de tant de maux aufquels il ne croyoit pas pouvoir remédier, lui rendoit la vie fi amere, que fouvent il quittoit fon troupeau, & fe retiroit dans la folitude. Mais ces bons Evêques dont nous parlons, auroient dû confidérer que la volonté de Dieu & l'ordre de l'Eglife,les attachoient pour toujours à leurs troupeaux, & que Dieu exigeoit d'eux le travail & non pas le fuccès.

Nous avons vû à peine quelques fignes de L'Afrique vie en Afrique. Cette illuftre églife fi fertile enlevée à l'Een grands hommes, fi féconde en Martyrs,

glife.

que Dieu avoit enrichie de fes plus précieux dons, où il avoit répandu fa lumière avec le plus d'abondance, difparoît tout d'un coup â nos yeux, en forte que nous n'en parlerons prefque plus. Les Mufulmans qui s'emparérent vers la fin du feptiéme fiécle de l'Afrique, & qui l'ont toujours poffédée depuis, y ont infenfiblement éteint le Chriftianifme. Quelle perte pour l'Eglife! Quel avertissement pour tous les particuliers qui font dans fon fein, en voyant que Dieu exerce un jugement fi terrible fur une nation qui lui avoit été fi chére! Paffons de ces triftes objets à d'autres plus confolans.

1

X Biens de

l'Eglife.

extraordinai

re.

L'Eglife d'Orient poffédoit des hommes d'une fainteté éminente & d'un zéle admira→ ble pour la défense de la foi. Saint Sophrone Saints défert avoit toutes les qualités que l'on peut défirer feurs de la dans un Evêque. Chargé par état de la confer- foi en Orient. vation du facré dépôt, il s'appliquoit avec Solitaires an foin infatigable à le tranfmettre tel qu'il d'une vertu l'avoit reçû. La lâcheté des uns, l'indifférenece des autres, la prévarication du plus grand nombre, rien ne fut capable de le décourager. L'extrême péril où il vit la Foi, ne fit qu'enflammer davantage fon zéle. La vérité quoique contredite & combattue par ceux-mêmes qui auroient dû la défendre, ne perdit rien à fes yeux de fon prix & de fon excellence. Dieu ne permit pas que ce grand Evêque fût témoin des excès aufquels fe portérent les Monothélites. Saint Maxime qui entra dans les travaux de faint Sophrone, & qui éclaira tout l'Orient par fa doctrine & l'édifia par fes ver→ tus, eut la gloire d'arrofer de fon fang la foi qu'il avoit défendue. L'obfcurciffement où avoit été la vérité fut enfin diffipé. Elle fut ti→ rée d'oppreffion, & triompha d'une maniére éclatante dans le fixiéme Concile général tenu à Conftantinople. Qui fe feroit attendu qu'il y eût encore affez de force en Orient, pour produire un fi heureux changement?

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Saint Theodore Siceote & faint Jean l'Aumônier étoient des hommes merveilleux, qui rendoient le Chriftianifme refpectable, l'un, par fes auftérités & par fes miracles; l'aupar fa charité & par fes aumônes. Il y avoit encore en Thebaide des folitaires dont la vie étoit toute célefte. Les uns demeuroient dans des cavernes, les autres dans des cellules.

tre

X I. Biens en Italie.

Il y en avoit près d'Alexandrie, qui vivoient dans une extrême pauvreté & dans la pratique de toutes les vertus chrétiennes. On trouvoit auffi dans le défert de Sceté des hommes dont les mortifications étoient incroyables. En lifant la relation des voyages de Jean Mofch & de faint Sophrone, on voit avec admiration qu'il y avoit encore en Egypte, de précieux reftes des merveilles que Caffien y avoit découvertes deux cens ans auparavant.

V I.

A Rome, nous avons vû au commencement du feptiéme fiécle, le Pape S. Grégoire faire des biens fans nombre, étendre les foins à toute l'Eglife, inftruire tous les Pasteurs, édifier tous les fidéles, & confacrer fa vie & fes talens au fervice de fon peuple. Quel bonheur pour un fiécle, de pofféder un fi faint Pape! Plus on étudiera la vie & les Ecrits de faint Grégoire, plus on fe convaincra qu'il eft audeffus de tout éloge. Ce grand homme a sçû conferver au milieu de toute forte d'affaires & dans une vie très-agitée, une piété tendre & Befprit de prière; & dans le rang fuprême où il étoit élevé, on a toujours admiré en lui f'humilité la plus profonde. Nous avons vu en la perfonne de S. Martin, un autre Pape qui a procuré au S. Siége une gloire d'autant plus grande, qu'il femble qu'on devoit moins l'ef pérer. Ce généreux Pontife leva le scandale qu'avoit donné Honorius. Bien loin de fe faire un point d'honneur de foutenir ce qu'avoit fait fon prédéceffeur, il ne fongea qu'à réparer fa faute, & qu'à laver fon Siége de l'opprobre dont Honorius l'avoit couvert. Il s'oppofa à P'erreur, comme un mur d'airain, fouffrit pour

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