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ne mit dans ses paroles plus d'onction persuasive, une argumentation plus séduisante, plus entraînante. C'était bien véritablement le cœur sur la main que l'orateur parla à ses jeunes amis, comme il eût pu faire à de vieux philosophes chrétiens. Et tout cela avec une naïveté biblique à laquelle, je le répète, on trouverait peu de précédents.

Je me disais qu'élevée et guidée par de tels hommes, la jeunesse devra forcément progresser vers le bien, les idées saines, la sagesse et la raison. Progrès lent dans sa marche, empêché qu'il est par l'injuste et le faux, mais toutefois appréciable.

Au nom de Cochin se rattachent les plus honorables souvenirs. Pour eux, le présent ne dément point le passé. Cette famille s'est imposée à la reconnaissance publique ; ce furent et ce sont les bienfaiteurs de l'humanité. L'un des auteurs de M. Cochin fonda, à ses frais, l'hospice qui porte son nom. Son père a honoré sa vie et laissé une mémoire durable d'intelligence, de bonté, de sagesse, de désintéressement à son passage trop court, par l'édilité de l'ancien douzième arrondissement, et aujourd'hui le cinquième.

Le fils est le digne héritier de ses vertus, de ses talents, de sa bonté; c'est aussi et surtout par le cœur qu'il tient à lui ressembler.

M. Cochin figurait, en première ligne, dans le Conseil municipal, qui est le Conseil général de la Seine.

A la suite d'un article qu'il publia dans un journal politique et religieux, article qui respirait, on n'en saurait douter, une piété douce, des sentiments religieux et moraux les plus purs, ledit journal se vit averti pour la troisième fois, et conséquemment supprimé.

Y eut-il solidarité ou seulement coïncidence entre la lettre signée Cochin et la suppression du journal?

Quoi qu'il en soit, M. Cochin crut devoir donner sa démission des fonctions de membre du Conseil général.

Eh bien, je dis qu'il est infiniment regrettable de voir un homme de cette importance s'éloigner des affaires, déshériter la Ville de tout le bien qu'il y faisait, et de celui qu'il méditait pour le présent et pour l'avenir.

Je dis que le Gouvernement de Votre Majesté doit mettre en œuvre tous les moyens de séduction compatibles avec la dignité réciproque dont ne peut jamais se départir le pouvoir, non plus que l'homme de cœur avec qui le pouvoir veut traiter; afin de rappeler et de retenir dans ses liens un collaborateur de si rare mérite, et que l'on aurait peine, sans doute, à remplacer.

Je n'ai pas l'honneur d'être connu de M. Cochin, je ne l'ai vu que cette fois, et, selon toute apparence, je ne le reverrai de ma vie.

J'ai cru devoir, en passant, lui rendre cet hommage, qui est justice, dans le double intérêt profondément senti de Votre Majesté et de sa dynastie.

A mon sens, ces deux intérêts qui se confondent en un seul, ne seront positivement assis et irrévocablement fixés, qu'après que Votre Majesté sera parvenue à rallier autour d'elle tous les honnêtes geus, ou du moins la grande majorité des honnêtes gens qui sont et seront, à toutes les époques, les plus fermes colonnes des sociétés et des princes qui les gouvernent.

CONCLUSION.

Votre Majesté est et demeure, à tout jamais, adoptée par la France, dont elle a fermé les plaies et relevé, à la hauteur qui lui appartient légitimement, c'est-à-dire la première entre ses pareilles, l'importance politique, dans l'opinion de l'Europe et du monde civilisé; la France à qui les malheureux traités de 1815, véritables Fourches-Caudines, avaient fait monter au front le rouge de la colère et de la honte.

En les déchirant avec la pointe de son épée, non de son initiative, mais provoquée par une injuste agression, Votre Majesté a bien mérité de la patrie.

Appuyée sur le suffrage universel et sur les immenses bienfaits dont elle a comblé et comblera la France, Votre Majesté a fondé et perpétuera sa dynastie; c'est son droit et son devoir.

Parmi les moyens appropriés à cette grande œuvre, il en est un qui prime tous les autres : la restauration complète du pouvoir temporel du Saint-Siége.

Entre ce moyen d'action et ceux qui seraient tirés de l'arsenal des forces humaines, il y a toute la distance qui sépare de la matière le spiritualisme le plus épuré.

La force matérielle recevra, en tout état de cause, le plus énergique appui de la force qui vient d'en haut. L'expérience des siècles, si riche en moralités logiques autant que surnaturelles, est là pour le constater.

Votre Majesté accomplira donc cette œuvre de sagesse, de raison, de bon sens exquis et de haute piété; piété filiale, on ne saurait trop le redire, puisque Votre Majesté est et sera constamment, à l'instar des rois ses devanciers, le Fils aîné de l'Église catholique.

Votre Majesté tiendra à honneur et à gloire de ressusciter, après mille ans, l'empereur Charlemagne, moins les cruautés reprochées, à tort ou à droit, au fondateur de la dynastie carlovingienne.

Je suis avec le plus profond respect,

Sire,

de Votre Majesté,

Le très-humble et très-dévoué serviteur et fidèle sujet,

Signé: B. REY,

Ancien membre du Conseil général du Cher, — ancien maire

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de la ville de Saint-Amand et de la commune de Coust,· docteur en médecine de la Faculté de Paris, chevalier de la Légion d'honneur.

Paris, 4 juin 1860.

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RAPPORT

DU

GÉNÉRAL DE LA MORICIÈRE

A MONSEIGNEUR DE MÉRODE

MINISTRE DES ARMES DE SA SAINTETÉ PIE IX

Sur les opérations de l'armée pontificale, contre l'invasion piémontaise dans les Marches et l'Ombrie

ACCOMPAGNÉ DE TROIS CARTES

FOURNIES PAR L'ÉTAT-MAJOR DU GÉNÉRAL

CKD

PARIS

CHARLES DOUNIOL, LIBRAIRE-ÉDITEUR,

Rue de Tournon, 29.

Tous droits réservés.

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