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Armijo, ancien gouverneur de ce département, s'est enfui. Le soussigné a pris possession du Nouveau-Mexique sans brûler une amorce, sans verser une goutte de sang; il s'en réjouit de tout son cœur. C'est le soussigné qui devra, jusqu'à nouvel ordre, être regardé comme gouverneur du territoire.

a

Donné à Santa-Fé, capitale du territoire du Nouveau-Mexique, le 22 août 1846, et dans la soixante et onzième année de l'indépendance des ÉtatsUuis.

«Par le gouvernement :

S. W. KEARNEY, brigadier général. »

Cette annexion, par voie de conquête, de l'immense province du Nouveau-Mexique, donnait aux États-Unis la possession d'une grande ligne commerciale, traversant le continent américain de l'Atlantique au Pacifique. En effet, le Nouveau-Mexique sépare le Texas de la Californie, et cette dernière province avait été récemment annexée à l'Union par le commodore J. Sloat, commandant l'escadre américaine sur la côte de l'océan Pacifique, après qu'il eut pris possession de Monterey, le port principal. Le 6 juillet, il avait adressé à cet effet la proclamation suivante à la Californie:

«Le gouvernement central du Mexique ayant commencé ses hostilités contre les États-Unis d'Amérique en envahissant leur territoire et en attaquant leurs troupes sur la rive septentrionale de Rio-Grande, avec une force de 7,000 hommes aux ordres du général Arista, cette armée a été anéantie; ses bagages, son artillerie, etc., tout est tombé au pouvoir d'un corps de 2,000 hommes, commandé par le général Taylor. La ville de Matamoras a été prise et occupée par les forces des États-Unis. Les deux nations étant positivement en état de guerre par suite de cet événement, j'arborerai immédiatement le drapeau des États-Unis à Monterey, et je le ferai flotter successivement sur tout le reste de la Californie. Je déclare aux habitants de cette contrée que, bien que je vienne au milieu d'eux en armes et avec des forces imposantes, je ne me présente pas en ennemi de la Californie; je suis au contraire le meilleur ami des Californiens.

« La Californie fera désormais partie des États-Unis, et ses habitants paisibles jouiront de tous les droits et priviléges assurés aux citoyens de cette nation, indépendamment de ceux dont ils jouissent déjà et qui leur sont garantis. Ils choisiront leurs propres magistrats et tous les fonctionnaires, c'est-à-dire qu'ils ne seront soumis qu'à une juridiction de leur choix, et il leur sera assuré la même protection qu'aux habitants de tout autre État de 'Union. Ils jouiront, en outre, d'un gouvernement stable sous lequel seront Igarantis la sécurité des personnes et des propriétés, l'exercice des droits constitutionnels et la liberté d'adorer le Créateur, chacun selon les inspirations

de sa conscience, droits précieux que malheureusement le gouvernement central du Mexique ne peut leur assurer, les ressources de ce pays étant détruites par les factions et par des fonctionnaires corrompus, qui font naitre de continuelles révolutions pour s'élever aux dépens du peuple.

»A l'ombre du pavillon des Etats-Unis, la Californie sera libre de tous ces désordres, de toutes les charges qui en résultent. Le pays pourra donc développer rapidement son commerce et son agriculture, car les lois de douane seront, bien entendu, les mêmes dans la Californie que dans tous les autres États de l'Union américaine, c'est-à-dire que la Californie recevra tous les produits, tous les articles manufacturés des États-Unis en franchise entière de droits, et tous les produits étrangers moyennant un droit qui sera à peine le quart de celui que les Californiens payent aujourd'hui.

On peut donc raisonnablement espérer que la valeur des propriétés et des produits de la Californie ne tardera pas à s'accroître d'une manière notable. Grâce aux sympathies qu'à ma connaissance le gouvernement et le peuple des États-Unis éprouvent pour les citoyens de la Californie, ce pays doit faire des progrès plus rapides que n'importe quelle autre partie du continent d'Amérique. Les habitants de la Californie, indigènes ou étrangers, qui ne seraient pas disposés à accepter la naturalisation avec les droits civils et politiques qui en découlent (citizenship) et à vivre paisiblement sous le gouvernement libre des États-Unis, auront tout le temps nécessaire pour disposer de leurs propriétés et s'éloigner du pays; si bon leur semble, ils pourront même y rester, pourvu qu'ils observent la plus stricte neutralité. Avec pleine confiance dans l'honneur et l'intégrité des habitants du pays, j'invite les juges, les alcades, et autres officiers civils, à garder leurs emplois et à remplir leurs fonctions comme par le passé, afin que la tranquilité publique ne soit pas troublée, au moins jusqu'à ce que le gouvernement de ce territoire ait été définitivement organisé. Toutes les personnes qui ont des titres de propriété, ou auxquelles la possession paisible tient lieu de droit, verront ces titres ou droits garantis. Toutes les églises, tout ce qui appartient au clergé de la Californie, sera scrupuleusement respecté. Toutes les provisions, tous les objets quelconques fournis par les habitants pour l'usage des ÉtatsUnis, pour leurs vaisseaux ou pour leurs troupes, seront payés à un bon prix (fair rales), et aucune propriété particulière ne sera appliquée à un usage public sans une juste et immédiate indemnité.

«Signé, John D. SLOAT,

« Commandant en chef les forces navales des États-Unis dans l'océan Pacifique.

A bord du Savannah, port de Monterey, 6 juillet 1846. »

Atteinte à ces deux points extrêmes de son vaste territoire, la république mexicaine était menacée plus près de son centre par l'armée américaine dite de l'Est, forte de 7,000 hommes, et

placée sous les ordres du général Taylor. Ce général s'avançait sur Monterey, capitale de la province du Nouveau-Léon.

Il y était attendu par le général mexicain don Pedro de Ampudia, à la tête de 8,000 hommes.

Ampudia, qui remplissait les fonctions de général en second sous Arista, le vaincu du Rio-Bravo, et qui lui avait succédé dans le commandement de l'armée de défense, dite du Nord, paraissait vouloir opposer à l'ennemi une résistance vigoureuse. Mais, malgré ses proclamations aux troupes et aux habitants des départements limitrophes du Texas, inspirées par la forfanterie mexicaine, le général Taylor entra dans Monterey.

Le Mexique demeurait donc sous le coup d'une invasion dans le centre de ses plus riches provinces. Le commodore Sloat était maître de Monterey, le port de la Californie; le général Kearney commandait à Santa-Fé et dans la province du NouveauMexique; le général Taylor s'emparait de Monterey, la capitale du Nouveau-Léon; le général Jesop se préparait à pénétrer par Tampico; enfin, l'escadre américaine du golfe du Mexique menaçait Vera-Cruz.

Mais enfin, Santa-Anna sortait de son inaction. Laissant au général Salas la possession temporaire de la présidence, et la capitale à la garde des habitants, il partit pour San-Luis-de-Potosi avec 3,000 hommes qu'il avait réussi à rassembler.

Là devait s'opérer la concentration de toutes les troupes disponibles. Tampico devait être évacué avant l'arrivée des Américains, et le vide devait être fait devant l'ennemi. Cette nouvelle tactique indiquait l'intention d'une résistance sérieuse conforme aux habitudes et aux nécessités du pays.

La guerre avec le Mexique rendit nécessaire un accroissement de revenu qui ne pouvait être atteint que par l'extension de la consommation, c'est-à-dire par la diminution des droits. Le déficit était estimé, pour la prochaine année fiscale, à 19,620,000 dollars, que diverses recettes devaient réduire à 12 millions. Pour augmenter les revenus, il fallait donc adopter un tarif plus

libéral. Voici quelles en furent les bases: on n'admettait qu'un seul principe de taxe, celui des droits ad valorem, ou calculés d'après la valeur déclarée des articles importés. Le droit le plus élevé serait de 30 pour 100, et le tarif s'abaisserait à 5 pour 100, en laissant francs de droits plusieurs articles, tels que le thé, le café et le sel.

Le message porté par le président à l'ouverture de la session législative (8 décembre) justifiait longuement la guerre du Mexique. Nous aurons à revenir, l'an prochain, sur ce point.

M. Polk y donnait des détails sur la convention par laquelle avait été réglé le différend avec la Grande-Bretagne relativement à l'Orégon. Voici les articles du traité conclu à ce sujet :

Art. 1er. La limite territoriale entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, à l'ouest des montagnes Rocheuses, est fixée à la ligne de la 49o pa ́rallèle, jusqu'au détroit de la Reine-Charlotte, et de lå elle va par le détroit de Fuca à l'Océan, ce qui donne l'ile de Vancouver à la Grande-Bretagne.

2. La navigation de la Colombie jusqu'au point où le fleuve rencontre la ligne de la 49 parallèle sera ouverte à la compagnie de la baie d'Hudson jusqu'à l'expiration de la charte de ladite compagnie.

«3. Les fleuves, ports et havres au nord du 49° degré seront ouverts au cominerce des deux nations.

4. Il sera accordé une indemnité pour les forts et les stations commerciales de la baie d'Hudson situés au sud de la 49e parallèle, et pour ceux des États-Unis au nord de cette même ligne, s'il en existe.

5. Il sera accordé une indemnité pour les propriétés privées des sujets de la Grande-Bretagne ou des citoyens américains situés au sud ou au nord du 49e degré, si les citoyens ou sujets préfèrent se retirer sur le territoire appartenant à leur nation. Ainsi la Grande-Bretagne conservera la libre navigation de la Colombie jusqu'à l'expiration de la charte de la compagnie de la baie d'Hudson, ce qui aura lieu en 1863. Le droit de passage à travers le détroit de Fuca sera commun aux deux pays. »

BRÉSIL.

Les deux chambres se réunirent le 3 mai au palais du sénat, et S. M. l'empereur fit l'ouverture de la session législative par le discours suivant :

«Augustes représentants de la nation,

«C'est avec le sentiment de la plus vive satisfaction que je vois réunis autour de moi les représentants de la nation.

Cette époque, toujours attendue avec une juste confiance par les Brésiliens, offre chaque année à votre zèle et à votre dévouement pour le pays les moyens de développer son bien-être et sa prospérité.

J'ai cherché à maintenir des relations amicales avec tous les gouvernements de l'Europe et de l'Amérique.

« La cessation des mesures convenues entre le Brésil et la Grande-Bretagne, dans le but de réprimer le trafic d'esclaves, a été notifiée en temps opportun par mon gouvernement à celui de S. M. Britannique. Après cette notification, le parlement britannique a voté une loi soumettant à la juridiction des tribunaux anglais les navires brésiliens suspectés de participation à ce trafic.

« Mon gouvernement a protesté contre cet acte, donnant connaissance de cette protestation à toutes les puissances amies. Fidèle à l'engagement contracté de mettre un terme au trafic des Africains, mon gouvernement n'en veillera pas moins à défendre les prérogatives de ma couronne et les droits nationaux. Pour un si juste objet, je compte sur votre assistance loyale et patriotique.

« Les républiques de Rio de la Plata sont encore malheureusement en proie aux luttes qui les divisent et à la guerre qui dure toujours; je fais des vœux ardents pour le rétablissement de la paix et de l'ordre chez les peuples voisins, et, d'accord avec les intérêts du pays et les principes de neutralité que mon gouvernement a pris pour règle de sa conduite, j'appelle de tous mes désirs le terme d'un état de choses si affligeant pour l'humanité.

«Le budget des recettes et dépenses vous sera présenté. Vous y verrez l'augmentation des recettes et les efforts qu'a faits mon gouvernement pour établir, au moyen de réductions judicieuses, l'équilibre indispensable entre les revenus et les dépenses de l'État sans imposer de nouvelles charges aux contribuables.

« Les rapports qui vous seront soumis par les différents ministères vous feront connaître l'état de chacun d'eux et les mesures qu'il convient d'adopter dans l'intérêt de la nation.

Augustes représentants de la nation, vous avez, avec une sollicitude patriotique, prêté constamment à mon gouvernement votre loyal appui et le concours de vos lumières. Je vous remercie d'une coopération si importante, espérant qu'elle continuera, et que vous contribuerez ainsi à élever le pays au degré de prospérité et de gloire auquel il est appelé par la Providence. La session est ouverte. »

RÉPUBLIQUE ARGENTINE.

On a vu que, l'année dernière, la diplomatie européenne, forcée de s'immiscer dans le différend des deux républiques de la Plata, avait dù recourir aux moyens extrêmes, l'ouverture du Parana par les forces combinées de la France et de l'Angle

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