Page images
PDF
EPUB

dépêche du 22 septembre, exige que ce qu'on abandonne d'un côté, on ne cherche pas à le ressaisir par un autre côté. Le gouvernement du Roi adhère pleinement à ce principe.

[ocr errors]

En admettant que lord Palmerston n'ait point entendu mettre en avant i recommander le prince Léopold de Cobourg, it reconnaîtra certainement lui-même qu'il ne disait absolument rien qui pût l'écarter ni en décourager le gouvernement espagnol. Or, que serait-il arrivé si la cour de Madrid, se confiant au langage que, d'après la dépêche du 19 juillet, M. Bulwer n'eût certainement pas manqué de tenir, eût persisté dans l'offre qu'elle avait fait faire à ce prince? On aurait dit que c'était là le libre choix, la volonté propre de la reine d'Espagne et de son gouvernement; on aurait pu rappeler, aux termes de la dépêche du 19 jaillet, que le gouvernement anglais, qui ne recherchait point ce choix, avait cependant annoncé d'avance qu'il n'avait aucune objection à y faire; et, sans appui direct, sans coopération active, par un simple acte de laisser ailer, le fait se serait trouvé accompli. Le gouvernement du Roi n'a pu se méprendre sur cette situation. Pour en prévenir les conséquences, il a pris, à Madrid, le moyen le plus direct et le plus légitime; il a fait appel au libre choix, à la volonté indépendante de la reine Isabelle et de son gouvernement. A côté de la combinaison qui se poursuivait évidemment contre sa pólitique, il a placé, ila offert une combinaison différente. Il le pouvait, car il s'en était ouvertement et positivement reserve le droit. Il le devait, car l'hypothèse pour laquelle il avait fait cette réserve et qu'il avait prévue dans ses instructions à Madrid, comme dans ses déclarations à Londres, devenait de plus en plus probable. La reine d'Espagne et son gouvernement ont accepté cette combinaison. Les cortès lui ont donné une approbation presque unanime. Le double mariage de la reine Isabelle avec M. le duc de Cadix, et de l'infante dona Luisa Fernanda avec M. le duc de Montpensier, a été préparé et conclu avec la liberté la plus entière et par les plus pressants motifs.

Aussi, je remplis, monsieur le comte, un devoir impérieux en repoussant énergiquement, et plus énergique

ment encore dans mon âme que dans mes paroles, cette étrange accusation decoercition morale exercée,ditlord Palmerston dans sa dépêche, par l'ambassadeur du Roi à Madrid, et en vertu de ses instructions pour forcer la reine d'Espagne à accepter le duc de Cadix pour époux. Je pourrais me borner à une réponse bien courte, bien simple, et que le monde entier accepterait. Nulle part, dans aucune cour, dans aucune famille, les droits de la liberté du mariage et de la vie domestique ne sout mieux connus et plus scrupuleusement respectés qu'à la cour des Tuileries et au sein de notre famille royale, Les sentiments qui animent et dirigent le Roi à Paris, au milieu de ses enfants, l'animent et le dirigent également dans ses rapports avec la cour de Madrid et ses royales nièces. Et le gouvernement du Roi tient à honneur de témoigner partout et en toute occasion, pour les liens de la vie domestique, ce même respect dont il reçoit de si haut l'exemple. Mais je rappellerai de plus un fait. Comment peut-on nous adresser, à nous, le reproche de coercition morale, lorsqu'on nous demandait, il y a un mois, d'appuyer exclusivement, aupres de la reine Isabelle et comme seul propre à devenir son époux, un prince évidemment atteint de sa défaveur et en intimité avec les plus ardents adversaires de son gouvernement?

C'est en pleine liberté que la reine Isabelle a choisi le duc de Cadix pour son époux; c'est en pleine liberté et après une discussion aussi libre que solennelle que les cortès ont unanimement voté leur adhésion au choix de la reine. Et la tranquillité publique a été aussi complète, pendant cette grande délibération, que la liberté dans l'intérieur du palais des rois et dans les assemblées du pays. Ni les excitations ni les occasions de troubles ne manquent, à coup sûr, dans ce moment, en Espagne. Toutes les prétentions, toutes les ambitions, toutes les conspirations se sont mises en mouvement pour y susciter de nouveau l'insurrection et la guerre civile. Isolées ou coalisées, elles n'ont pas. même, jusqu'à présent, réussi à commencer leurs desseins. Quelle plus éclatante preuve des sentiments de la grande majorité du peuple espagnol et de sa libre adhésion au choix de la reine et au vole de ses représentants,

Le gouvernement de S. M. britannique se félicite, dit lord Palmerston, dans sa dépêche du 22 septembre, de 'avoir pris aucune part à l'arrangement de ce mariage. Le gouvernement du Roi ne voit, au contraire, pour l'Espagne, pour ses alliés, pour l'Europe, que des raisons de s'en féliciter. Le duc de Cadix est en même temps un prince issu de Philippe V et un prince espagnol de naissance et de sentiment. Il s'est constamment montré plein de respect pour le régime constitutionnel et pour les principes de la monarchie. L'Espagne et l'Europe, les libertés de Ja Peninsule et les intérêts de l'ordre européen trouvent, dans son union avec la reine Isabelle, toutes les garanties qu'une politique prévoyante peut désirer.

Malgré cette désapprobation clairement exprimée du mariage de la reine Isabelle avec M. le duc de Cadix, c'est principalement le mariage de M. le duc de Montpensier avec l'infante qui, selon la dépêche du 22 septembre, a rendu nécessaire, aux yeux du gouvernement anglais, la communication qu'il vient de nous faire, et l'a déterminé à nous adresser ses représentations et ses protestations.

Le gouvernement du Roi se fait toujours un devoir d'accueillir et de discuter, dans un esprit de sincère équité, les représentations qu'un autre gouvernement, et, à plus forte raison, un gouvernement ami, croit devoir lui adresser au nom de ses intérêts et de sa politique. Mais des protestations doivent se fonder sur des droits. On n'est pas admis à protester contre un fait par ce seul motif qu'il ne vous convient pas. Toute proiestation doit se rattacher à un droit antérieur.

Aussi le gouvernement anglais invoque-t-il, comme fondement de sa protestation, le traité d'Utrecht et les règles qu'il a instituées pour la succession à la couronne d'Espagne, dans l'intérêt de la paix et de l'équilibre européen.

Le gouvernement du Roi pense que le traité d'Utrecht n'autorise, en aucune façon, une prétention semblable. Après la longue et sanglante guerre de la succession, et pour rétablir enfin la paix de l'Europe, le double but hautement reconnu et proclamé de ce traité, fut:

1o D'assurer la couronne d'Espagne

à Philippe V et à ses descendants; 2o D'empêcher que l'union des couronnes de France et d'Espagne sur la même tête fût jamais possible.

Il suffit de se rappeler les négociations qui ont amené le traité d'Utrecht et d'en lire le texte même (art. vn), pour demeurer convaincu que tels en sont réellement la pensée et le sens.

Par le mariage de l'infante avec M. le duc de Montpensier, la couronne d'Espagne est assurée de ne point sortir de la inaison de Bourbon et des descendants de Philippe V; et, en même temps, les empêchements établis contre toute union possible des deux couronnes de France et d'Espagne demeurent en pleine vigueur. La double intention du traité d'Utrecht est donc toujours accomplie.

li serait étrange qu'on prétendit invoquer contre nous celles des dispositions de ce traité qui tendent à empêcher l'union des deux couronnes, et qu'on écartât celles qui assurent la couronne d'Espagne à Philippe V et à ses descendants.

Tel serait cependant le résultat de l'interprétation que, dans sa dépêche du 22 septembre, lord Palmerston voudrait donner de ce traité.

Jamais une telle interprétation n'a été jusqu'à ce jour, je ne dirai pas admise, mais seulement conçue et présentée. Les faits la repoussent aussi hautement que les textes.

Jamais le traité d'Utrecht n'a été considéré ni invoqué comme faisant obstacle aux mariages entre les diverses branches de la maison des Bourbons de France et les diverses branches de la maison des Bourbons d'Espagne.

Les exemples de ces mariages abondent. Je n'en citerai, en ce moment, que trois, les plus voisins de l'époque même où le traité d'Utrecht fut conclu.

1o Louis ler, roi d'Espagne, fils atné de Philippe V, a épousé, le 20 janvier 1721, Louise-Elisabeth d'Orléans, mademoiselle de Montpensier, quatrième fille du duc d'Orléans, régent;

2o L'infant don Philippe, duc de Parme, fils de Philippe V, a épousé le 25 août 1739, Louise-Elisabeth de France, fille aînée de Louis XV;

5o Le dauphin, fils de Louis XV, a épousé, le 23 février 1745, Marie

Thérèse-Antoinette, infante d'Espagne, fille de Philippe V.

Ce dernier exemple est bien remarquable, car c'est l'héritier immédiat de la couronne de France qui épouse l'une des héritières de la couronne d'Espagne.

Et l'on ne peut pas dire que la loi proclamée en 1713, par Philippe V, pour changer, en Espagne, l'ordre de succession au trône, ent privé l'infante Marie-Thérèse-Antoinette de ses droits éventuels, car cette loi n'est qu'une demi-loi salique qui n'admet, il est vrai, la succession des femmes qu'après l'épuisement des héritiers mâles, mais qui l'admet pleinement dans ce cas. Les infantes apportaient donc dans les mariages que je viens de citer et dans tous les autres mariages analogues un droit éventuel, mais positif, à la couronne d'Espagne.

Personne, en Europe, n'a pensé à en faire, contre ces mariages, une objection, ni à demander que de nouvelles stipulations fussent ajoutées au traité d'Utrecht pour en prévenir les effets.

Il n'y a maintenant, à propos du mariage de l'infante dona Luisa-Fernanda avec M. le duc de Montpensier, absolument aucune raison de penser ni d'agir autrement, et les stipulations du traité d'Utrecht suffiraient, dans l'avenir, aux intérêts de la paix et de l'équilibre européen, comme elles y ont suffi jusqu'à présent.

On ne saurait donc, en droit, fonder sur ce traité, ni sur son texte, ni sur ses conséquences, ni sur son interprétation d'après les faits, aucune protestation légitime.

A l'appui de sa représentation, lord Palmerston ne se borne pas à invoquer le traité d'Utrecht. Le mariage de M. le duc de Montpensier avec l'infante tend, selon lui, à lier, pour les affaires extérieures des deux pays, la politique de l'Espagne à celle de la France, d'une manière dangereuse pour l'indépendance de l'Espagne, pour l'équilibre européen et pour les intérêts des autres Etats.

Elle le ferait d'autant mieux qu'elle est maintenant en possession d'un régime libre et constitutionnel; régime peu favorable à l'esprit d'agression et de conquête, mais très-favorable au maintien de l'indépendance des nations et à l'annulation des influences étrangères.

De son côté, le gouvernement du Roi a prouvé que rien n'était plus loin de sa pensée que de vouloir porter atteinte à l'indépendance de l'Espagne et intervenir dans ses affaires. Les faits qui ont manifesté, à cet égard, notre ferme résolution, sont récents et éclatants, et il y a peut-être encore quelque manque de mémoire et de justice à ne pas nous en tenir compte.

Mais en même temps, et nous n'hésitons pas à le déclarer, le gouvernement du Roi désire et recherche, entre la France et l'Espagne, une vraie et solide amitié. La position géographique des deux Etats, leurs traditions, leurs mœurs, leur religion, tous leurs intérêts essentiels, moraux et matériels, rendent cette amitié naturelle et nécessaire. Nécessaire, nullement dans une politique d'agression et d'extension, soit de l'un des deux Etats aux dépens de l'autre, soit de tous deux ensemble aux dépens d'autres Etats, mais dans une politique de sûreté et de paix, au profit de tous les deux et de l'Europe entière.

Placé à côté du mariage de la reine Isabelle avec M. le duc de Cadix, le mariage de M. le duc de Montpensier avec l'infante est, à la fois, un témoignage de la disposition des deux pays å resserrer les liens de cette amitié et un gage de sa durée. Il n'altérera ni l'indépendance de l'Espagne et de son gouvernement, ni les grandes et justes conditions de l'équilibre européen; mais il contribuera à garantir, entre la France et l'Espagne, ces bonnes et intimes relations qui tourneront au bien des deux peuples et au repos de l'Europe. Il nous semble que partout une politique élevée et prévoyante doit se féliciter de ce résultat.

Le gouvernement du Roi ne trouve L'Espagne a prouvé qu'elle savait donc, aux représentatious qui lui sont maintenir son indépendance et jouer adressées par le gouvernement de son rôle dans la cause de l'équilibre S. M. Britannique, aucun fondement européen. Il y a peut-être quelque grave et légitime. il ne saurait donc manque de mémoire et de justice à lui les admettre ni les prendre pour rédire qu'elle ne saurait pas le faire au-gle de sa conduite. Nous regrettons ce jourd'hui, dissentiment. Mais, appelés nécessaire

ment à nous décider et à agir, nous avons fait, avec le libre concours du gouvernement espagnol, ce qui était conforme à nos droits, à nos intérêts légitimes, à la politique naturelle et pacifique de notre pays; nous n'avons rien fait qui porte atteinte aux droits, aux intérêts légitimes, à la paix des autres Etats. Nous sommes convaincus que la France pense, à ce sujet, comme son gouvernement. Tout atteste que la grande majorité du peuple espagnol partage les sentiments du sien. Nous avons la confiance que le bon jugement et l'esprit d'équité du gouvernement et de la nation britannique les porteront à reconnaître que les puissants et généreux motifs qui ont si heureusement établi, entre la France, l'Angleterre et l'Espagne, la bonne intelligence et l'amitié, s'élèvent fort au-dessus de ce dissentiment particulier et ne doivent en recevoir aucune altération.

Je vous invite à remettre une copie de cette dépêche à lord Palmerston, après lui en avoir donné lecture.

Recevez, monsieur le comte, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

ANNEXES

GUIZOT.

de lord Aberdeen, la candidature du comte de Trapani, que parce que entre les descendants de Philippe V, il était alors le plus possible, presque le seul possible. La reine Christine le voulait. Cette idée avait valu à la reine d'Espagne la reconnaissance de la cour de Naples. Nous devious la soutenir en disant toujours, comme nous l'avons fait, que tout autre descendant de Philippe V nous agréerait aussi.

Maintenant, le comte de Trapani paraît rencontrer, dans le sentiment populaire espagnol, beaucoup de résistance. La reine Christine paraît n'en plus vouloir et se défend presque d'y avoir pensé. Les infants, fils de don Carlos, et spécialement le comte de Montemolin, sont dans l'esprit et sur les lèvres de bien des gens considérables. en Espagne et hors d'Espagne. Ils apporteraient à la reine d'Espagne la reconnaissance des cours du Nord. Pour notre compte, et toujours fidèles à notre principe, nous n'y objecterions pas. Mais les hommes même les plus favorables à cette combinaison déclarent qu'elle ne serait possible (et même à ce prix, ils la regardent comme très-difficile) qu'autant que le comte de Montemolin renoncerait à ses prétentions, reconnaîtrait la reine Isabelle, reprendrait

A LA DÉPÊCHE ADressée par m. gul- auprès d'elle son rang d'infant d'Es

ZOT A M. LE COMTE DE JARNAC, LE 5 OCTOBRE 1846.

Annexe A.

M. Guizot à M. le comte de Jarnac.

Val-Richer, 20 juillet 1846.

Le mariage de la reine d'Espagne est aujourd'hui, entre Londres et nous, la seule question qui soit grosse et qui puisse devenir embarrassante. Coupons court à cet embarras. Vous avez eu toute raison d'affirmer que les fils de don François de Paule nous convenaient. Ils sont dans notre principe, Bourbons, descendants de Philippe V, princes espagnols, avantage réel. Nous n'avons, et n'avons jamais fait contre eux aucune objection. Nous ne les avons laissés de côté que parce que la reine Christine, la jeune reine et son gouvernement, déclaraient qu'ils n'en voulaient pas. Nous n'avons appuyé, de l'aveu et sur la suggestion première

pagne, et se présenterait à ce titre pour l'épouser. Or, le comte de Montemolin n'a fait et ne parai disposé à faire rien de semblable. Cette combinaison-là non plus n'est donc, quant à présent, pas possible. De Madrid, on nous reparlé toujours du duc de Montpensier. On a fait des ouvertures au prince Leopold de Cobourg. Nous écartons l'une et l'autre idée, comme nous l'avons fait dès le premier moment Notre politique est parfaitement franche, constante et conséquente. Nous ne voulons ni placer un prince français sur le trône d'Espagne, ni y voir monter un prince étranger à la maison de Bourbon. Ces difficultés, ces impossibilités, successivement manifestées et senties, remettent à flot les fils de don François de Paule, La reine Christine et le cabinet de Madrid semblent un peu moins décidés contre eux. Ils conviement à l'Angleterre comme à nous. Entrons ensemble, l'Angleterre et nous, dans cette voie qui se rouvre. Ordonnons à nos

agents, à Madrid, d'agir en commun au prost de cette combinaison. Que la reine d'Espagne épouse celui des deux infants qu'elle préférera. Que la reine sa mère et ses ministres dirigent, comme ils le voudront, son choix sur l'un ou sur l'autre; l'un et l'autre seront bien venus à Paris et à Londres. Cette grande question serait ainsi bientôt résolue; et sa solution définitive, et la bonne intelligence de la France et de l'Angleterre dans cette solution, auraient pour le repos de l'Espagne et pour l'affermissement de la monarchie constitutionnelle infiniment plus d'avantages que ne pourrait lui en offrir telle ou telle autre combinaison, maintenant impossible, et qu'il faudrait longtemps attendre, sans certitude d'y arriver jamais.

Si le cabinet anglais approuve et adopte cette politique, nous sommes prêts à agir de concert avec lui pour la mettre efficacement en pratique. Je n'entre aujourd'hui dans aucun détail. Une fois d'accord sur le principe, nous nous entendrons aisément sur le mode d'action.

Annexe B.

1o M. Guizol à M. le comte de Flahaut. (Particulière.-Extrait.)

Auteuil, 4 juillet 1842.

Les deux infants, fils de don François de Paule, ont été ramenés en Espagne. On n'a pas voulu qu'ils pris sent la route naturelle, celle de la France. On nous dit beaucoup qu'aucune idée de mariage n'est entrée pour rien dans leur retour en Espagne, et je crois en effet que, pour le moinent, toute idée d'un mariage quelConque est indéfiniment ajournée par le gouvernement espagnol. Mais évidemment on n'a fait revenir les infants en Espagne que pour les avoir sous la main en cas de besoin. C'est une solution toujours possible, peutêtre probable, et à laquelle nous n'avous, au nom de l'intérêt français, aucune objection à faire.

2o M. Guizot à M. le duc de Glucksberg. (Particulière. — Extrait.)

Paris, 11 novembre 1843. Sans nul doute, la combinaison napolitaine nous convient à merveille,

et nous ne négligerons rien de ce qui pourra contribuer à son succès. Mais ce succès même exige, vous le savez mieux que personne, qu'elle paraisse naître naturellement du sol même de l'Espagne, au lieu d'y arriver comme une importation étrangère. Nous avons beaucoup agi pour décider le roi de Naples à la reconnaissance, parce que nous désirions que cette combinaison-là aussi fût possible, avec dignité pour la reine et la nation espagnole, et qu'une plus grande latitude fût ainsi offerte à leur choix. Nous sommes charmés d'avoir réussi. Mais c'est à l'Espagne seule à apprécier quel est, entre les descendants de Philippe V, celui qui lui convient le mieux, et nous ne quitterons point ce terrain, sur lequel nous nous sommes placés dès l'abord. Réglez donc toujours sur ceci votre langage.

Nous ne voulons point d'ailleurs nous montrer hostiles au mariage de la reine avec le duc de Cadix ou le duc de Séville, ni prendre, envers cette combinaison-là, une attitude telle que son succès fût pour nous un échec. Elle est contenue dans notre principe. Elle a bien des chances en sa faveur. Les intérêts français n'ont rien à redouter. Il faut donc, tout en faisant valoir les avantages, pour l'Espague elle-même, de la combinaison napolitaine, et en aidant à ses moyens naturels de succès, témoigner que lá combinaison des fils de don François de Paule nous trouvera toujours, nonseulement sans objection, mais bienveillants.

30 M. Guizot à M. le comte de Sainte-Aulaire. ( Particulière. Extrait.)

Paris, 13 novembre 1843.

[ocr errors]

En causant, il y a quelque temps, avec M. Chabot de la combinaison matrimoniale napolitaine, lord Aberdeen s'est montré un peu préoccupé de l'opposition du prince de Metternich, et a témoigné quelque désir qu'à mérite égal, nous préférassions la combinaison qui ne rencontrerait pas cet obstacle. Dites, je vous prie, à ford Aberdeen que, bien loin de ne travailler qu'en faveur de la combinaison napolitaine, j'ai fait et je fais en même temps, avec le même soin, tout ce qui peut rendre

« PreviousContinue »