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NAPODEON Ier. Le Grand. V. DYNASTIE NOUVELLE, NAISSANTE et ACTUELLE.

NAPOLÉON le Grand est un héros achevé. Il n'est besoin de figures ni d'ornemens pour louer ce grand Prince. Un simple crayon de ses vertus est un éloge, et ses actions sont aulant de bouches, que la renommée emploie en toutes les parties du monde. Tous les jours de Napoléon sont des jours de gloire et de triomphe.

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Un ancien orateur dit qu'il est toujours bon de louer un grand Prince Bonum est laudare bonum Principem, sic enim non quid princeps facere debeat præscribitur, sed quid bene faciant posteri, sic docentur.

Mais où trouver des génies assez forts pour suivre Napoléon dans la rapidité de ses victoires? Quelle imagination assez étendue pour concevoir toute la grandeur de ses actions? Quel esprit ne seroit ébloui de l'éclat de ses vertus? Enfin, quelle mémoire assez heureuse pour raconter fidèlement tant de conquêtes?

De tous les Princes que l'histoire nous vante, il n'y en a point eu qui aient porté le surnom de Grand, avec tant de justice que Napoléon 1er., puisqu'il est vrai de dire qu'il a toutes les vertus dans un plus haut degré de perfection qu'il ne les ont eues, et sans aucuns de leurs défauts; en un mot, il est grand par excellence.

Le surnom de Grand est, pour ainsi dire, l'abrégé des qualités héroïques et royales. Il comprend tous les titres d'honneurs et toutes les louanges. Il fait lui seul l'éloge d'un héros. Il étoit autrefois le titre le plus considérable que les payens donnoient à Jupiter, le 1er. des Dieux de l'antiquité. Il est aussi l'un des principaux attributs de la divinité.

Napoléon Ier. n'entreprend rien qu'avec prudence, et ne fait rien qu'avec succès. Ni la rigueur des saisons ni la difficulté des passages, ni la force des villes, ni l'éloignement, ni le nombre des ennemis, ni la rapidité des fleuves, ni l'élévation de montagnes très-escarpées, n'ar◄ rêtent pas un moment ce héros ; plus l'entreprise est grande, plus elle lui paroît digne de la grandeur de son courage! il ne court pas, il vole comme l'aigle!

Napoléon renonceroit volontiers au titre de Grand, nous n'en doutons pas, s'il étoit incompatible avec celui de Père de la Patrie. Voici la preuve

La France, attaquée par toutes les puissances, a été défendue par le seul bras de Napoléon.

La France, menacée par nombre de Princes unis ensemble, a été heureusement soutenue par son génie.

La France, malgré les troubles du dedans, et les attaques du dehors, s'est agrandie et élevée par la prudence de Napoléon, au plus haut point de sa gloire. Cette puissance est devenue l'arbitre de l'Europe: titre qu'elle préfère à celui d'être nommée la maîtresse du monde.

La France, qui avoit perdu la religion de ses pères, la recouvra par la prudence et les soins de Napoléon Ier. Napoléon Ier. fait des lois : un Code civil admiré des peuples, et qui devient presque général.

Napoléon Ier, délibère avec ses Ministres, et examine leurs moindres travaux ; il ne se fait rien qui ne passe à son creuset, sous ses yeux, bien plus pénétráns que ceux du fabuleux Argus. Rien ne s'exécute que par ses ordres; semblable à ce Briarée que l'antiquité à tant vanté.

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A voir Napoléon Ier., on diroit qu'il a cent bras pour agir, en 100 différens lieux en même temps. Non, ne peut lui ravir la gloire des grandes actions de son règne, dont il partage tout le péril!

Napoléon le Grand a usé de modération et a mis des bornes à ses conquêtes. Il a jugé qu'il étoit plus héroïque d'imposer des lois, de créer de nouveaux royaumes, de les faire reconnoître, et de donner la paix aux autres Princes, que de soumettre une infinité de peuples, quand il les trouvoit hors d'état de résister. Dans ces rencontres, notre héros a fait agir sa clémence et sa bonté naturelle. La paix lui tient titre de la plus belle victoire, et l'invincible Napoléon Ier., après avoir vaincu les autres, ne songe plus qu'à se vaincre lui-même.

Napoléon Ier. a trouvé le secret de rendre inséparables de sa personne la justice, la fortune et la gloire. Son grand cœur le rend juste en tous temps; sa prudence, fortuné en tous lieux ; et son discernement dans les moyens de finir ce qu'il a commencé, ne manque jamais de le combler de gloire.

Il faut confesser hautement une vérité si constante, après tant d'expériences; celle que Napoléon le Grand est juste, heureux et glorieux.

Napoléon le Grand ne s'est jamais démenti de sa grandeur. Il est toujours le même. Cependant il joint admirablement des choses contraires et impossibles à tout autre qu'à lui; puisqu'il accorde parfaitement la justice avec les armes, les Muses avec Bellone, les plaisirs avec les vertus, la politique avec la religion, et l'art avec la nature.

Donnons une devise à Napoléon le Grand. Le corps doit être ce vers : L'on voit sous ce soleil mille choses nouvelles; et l'ame, l'éloge que le Seigneur a fait de Saint-Jean-Baptiste ; ces paroles divines:

Non surrexit major.

ERRATU M.

TOME II, DEUXIÈME PARTI E.

Page 456, dernière ligne, lisez: pendant sa minorité il y a un Régent de l'Empire.

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