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tion, qui nous paraît devoir dissiper toute espèce de doute.

On ne peut disconvenir qu'il ne soit infiniment plus simple de se servir d'un cheval en montant dessus, qu'il ne l'est de se faire traîner par lui en l'attelant à un char, dont la construction et le harnachement nécessitent des calculs géométriques, qui ne peu vent avoir lieu que chez un peuple dont la civilisation est déjà fort avancée; on peut donc affirmer, sans crainte de se tromper, que l'homme, échappé des mains de la nature, a dû employer le cheval comme monture, bien avant de songer à l'atteler. Ce qui se passe chez les Sauvages de l'Amérique du sud en est la preuve irrécusable: incapables de construire une roue, ils n'ont aucune idée d'un chariot, et cependant, depuis plusieurs siècles, ils connaissent les chevaux, qu'ils montent et dirigent avec beaucoup d'adresse.

Les documents que nous avons sur les principes d'équitation employés dans l'antiquité sont très-imparfaits; nous savons cependant que presque tous les peuples anciens employèrent la bride et le mors pour conduire et maîtriser leurs chevaux, mais ne connurent pas l'usage de la selle ni des étriers, ce qui est fait pour exciter l'étonrement, lorsque l'on considère combien il était simple et facile de découvrir l'utilité de ces parties du harnachement, et qu'on se rappelle à quel degré de perfection les Grecs et les Romains portèrent la plupart des arts utiles à la guerre. Mais ce qu'il y a de plus surprenant encore, c'est que l'invention de la selle et des étriers soit due aux peuples barbares qui envahirent l'empire romain.

Aujourd'hui les cavaliers de toutes les nations civilisées se servent de selles, de brides et d'étriers; mais la forme de ces équipages, de même que les principes d'équitation, varient selon les pays. Nous allons donner une analyse succincte des principales méthodes d'équitation pratiquées en Europe; mais, avant que d'examiner l'application particulière que diverses nations font des principes généraux de l'art de monter à cheval, il convient de jeter un coup d'œil, rapide sur ces principes fondamentaux, et d'expliquer par quels moyens l'homme est parvenu à faire connaitre ses volontés au cheval qu'il monte, et à le forcer à les exé

cuter.

Ces moyens, connus en terme de manege

Tome 10.

sous la dénomination d'aides, consistent dans l'emploi que le cavalier fait à propos de ses jambes, des éperons, qui sont attachés aux talons, et de la bride, dont les rênes correspondent au mors placé dans la bouche du cheval. (Quelques nations ajoutent à ces aides le fouet et le son de la voix du cavalier.)

L'emploi des aides s'explique facilement par la conformation du corps du cheval, et les sensations que les aides lui font éprouver. Par exemple, le cavalier placé en selle veut-il passer du repos à l'action? il en prévient son cheval en le pressant un peu avec les jambes et relevant progressivement la main qui tient la bride. Ces deux mouvements, forçant le cheval à relever la tête et mettant son corps en agitation, le préparent à exécuter l'ordre qui va lui être transmis. Cela s'appelle rassembler ou prévenir son cheval. On le prévient de même à chaque changement d'allure qu'on veut exécuter.

Pour marcher en avant, le cavalier baisse la main; dès lors, les rênes cessant de tirer les branches du mors en arrière, celui-ci ne pèse plus sur la bouche du cheval, et l'animal, n'étant plus retenu, se porte tout naturellement devant lui, en se sentant pressé et chassé en avant par les genoux et les jambes du cavalier, qui agissent simultanément avec la main.

Mais si, faute d'instruction, ou par méchanceté ou caprice, le cheval méconnaît ce commandement et refuse d'avancer, alors les jambes du cavalier, se fermant en arrière des sangles, appliquent les éperons sur les flancs de l'animal, qui, pour fuir la douleur, s'empresse de se porter en avant.

Veut-on passer du pas au trot ou du trot au galop? la main baissée, qui amène la diminution de l'effet du mors, tandis que les jambes du cavalier se fermant annoncent l'éperon, avant-coureur de la douleur, indiquent.au cheval qu'il doit prendre une allure plus vive.

S'agit-il, au contraire, de ralentir ou d'arréter la course? après avoir prévenu son cheval, le cavalier rapproche de la ceinture la main qui tient les rênes; ce qui, ramenant en arrière les branches du mors, imprime à celui-ci un mouvement de pression qui fait éprouver à la bouche du cheval une sensation douloureuse; l'animal, voulant s'y soustraire, diminue la rapidité de sa marche, ou s'arrête entièrement si la pression du mors continue. Mais comme, dans

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ce mouvement, le cheval pourrait placer son corps de travers, le cavalier le maintient en tenant les jambes près du ventre de sa monture, qui, de crainte des éperons, n'ose jeter ses hanches ni à droite ni à gauche.

Faut-il faire un à droite ? le cavalier porte la main de ce côté, ce qui, par l'effet que produisent les rênes sur le mors, y dirige forcément la tête et les épaules du cheval, dont l'arrière-train est en même temps ployé et arrondi dans cette direction par la jambe droite du cavalier, qui, se fermant sur le ventre de l'animal, le contraint de céder à l'impulsion de la bride, et détermine le mouvement de tout son corps vers la droite.

Les à gauche, les demi-tours, les marches obliques et en cercle, s'exécutent par l'emploi des mêmes moyens, modifiés selon le besoin, en mettant toujours un accord parfait entre le mouvement des jambes et ceux de la main.

On recule en tirant progressivement les rênes à soi et opérant ainsi, par l'action continue du mors, une pression soutenue sur la bouche du cheval, ce qu'il cherche à éviter, en se portant en arrière dans le sens opposé à l'action du mors.

Nous ne pousserons pas plus loin cette explication. Ce que nous venons de dire étant suffisant pour donner une idée de l'effet des aides et des principes généraux, passons à l'examen de l'emploi que diverses nations font de ces principes.

De nombreuses observations ont démontré que les peuples qui habitent l'Europe se divisent en plusieurs races ou grandes familles, dont les trois principales

sont :

to. La race latine, composée des nations française, espagnole et italienne qui, habitant les pays que les Romains occupèrent le plus long-temps et où ils fondérent de nombreuses colonies, parlent un langage évidemment dérivé du latin.

2o. La race germanique, qui comprend les Allemands, les Suédois, les Danois, les Hollandais et les Anglais : peuples d'une origine commune, dont les divers langages viennent de la même source qui est le deuch, ou tudesque.

30. La race slave, dont font partie les Russes, les Polonais, les Hongrois, etc. : peuples dont les différents dialectes ne sont qu'un dérivé de la langue slavonne.

Les nations qui composent chacune de ces trois races ont, non-seulement une grande affinité entre elles pour l'origine, le langage, les goûts et les habitudes; mais chacune d'elles a aussi une manière particulière de monter à cheval. Nous allons examiner quels sont les avantages de ces diverses méthodes, en bornant cependant nos observations aux temps modernes.

Dans le quinzième siècle, il s'éleva à Padoue une Académie, qui devint particulièrement célèbre pour l'enseignement de l'art de monter à cheval. Les nombreux élèves que la France, l'Espagne et l'Italie envoyèrent à cette école, propagèrent bientôt, dans les États du midi de l'Europe, les principes d'équitation enseignés par les écuyers padouans; ces principes, connus aujourd'hui sous la dénomination d'école franco-italienne, sont ceux que l'on montre dans les manéges français.

D'après les préceptes admis pour les adhérents de cette école, le corps du cavalier, placé en selle, se divise en trois parties, dont deux mobiles et une immobile. Celle-ci comprend depuis les hanches jusques au dessous des genoux; les deux parties mobiles sont le haut du corps et les jambes. Le cavalier doit avoir la tête droite, les épaules bien effacées et tombantes, les coudes près du corps, le buste droit et penchant plutôt en arrière qu'en avant, les cuisses tournées en dedans et posées à plat sur la selle, les genoux aussi en dedans, les jambes tombantes, les étriers longs et n'y chaussant le pied que jusqu'à la racine du pouce, la pointe des pieds tournée en dedans dans la direction de l'épaule du cheval. A toutes les allures, même au grand trot et au galop, le cavalier doit conserver cette position.

Quant à la manière de conduire les chevaux et de se servir des aides, l'école franco-italienne prescrit constamment l'emploi des moyens les plus doux; l'usage des éperons n'y est admis que comme châtiment, et permis seulement après qu'on aura essayé de faire obéir le cheval par la pression des jambes et des genoux. La plupart des maîtres de cette école défendent l'usage du fouet et de la voix du cavalier, employés comme aides.

On ne peut disconvenir que les écuyers de l'école franco-italienne ne soient, incontestablement, ceux qui ont le plus de noblesse et d'élégance, surtout lorsqu'ils

montent un cheval bien dressé; et, sous ce rapport, les adhérents des autres écoles n'osent le leur disputer.

Mais, si les principes de l'équitation italienne sont les plus favorables au développement des grâces, offrent-ils le même avantage sous le rapport de la solidité, si nécessaire au cavalier, et lui donnent-ils tout l'empire possible sur son cheval? C'est ce que nient les sectateurs des autres écoles, qui prétendent que l'écuyer franco-italien, portant les étriers trop longs et ayant les pieds en dedans, ne peut se cramponner des jarrets, et n'a d'appui que le plat du genou et du gras de jambes, ce qui fait qu'un rien dérange l'équilibre de son corps, qui roule sur la selle comme un château branlant; position qui ne laisse au cavalier que de très-faibles moyens de réduire le cheval qui se défend : c'est ce qui explique la lenteur avec laquelle l'éducation des chevaux se pratique en Italie, en France et en Espagne, ainsi que la difficulté qu'on éprouve de trouver, dans ces divers pays, un coursier parfaitement dressé.

Les peuples de race germanique, lors, qu'ils montent à cheval, portent les étriers courts, ce qui place les jambes du cavalier plus en avant et ses cuisses plus en arrière que dans l'école italienne. Le cavalier germain ayant les pieds plus fortement appuyés, le haut de son corps est entièrement libre, et il penche ordinairement en avant, soit qu'il trotte ou qu'il galope, afin de se lier davantage au cheval, d'aider ses mouvements en les suivant, et d'en ressentir bien moins les contre-coups.

Les cavaliers de cette école disent, avec raison, que l'homme a beaucoup plus de force dans les jarrets que dans le plat des genoux et des jambes; en conséquence, au lieu d'avoir, comme l'écuyer franco-italien, la pointe du pied en dedans, ils l'ont de quelques pouces en dehors, ce qui leur donne l'immense avantage de se tenir et d'agir avec les jarrets et le charnu du gras de jambes, méthode qui nuit, il est vrai, à la bonne grâce du cavalier, mais accroît infiniment sa solidité et ses moyens d'action sur le cheval.

Cela est si vrai que, lorsqu'un écuyer franco-italien veut dompter un jeune cheval ou monter un sauteur de manége, il est forcé d'abandonner momentanément les principes de son école, pour se cramponner des jarrets, en tournant les pieds un

peu en dehors; sans quoi on le voit s'attacher à la main (aux rênes), perdre son équilibre, et très-souvent tomber aux premiers sauts de mouton que fait le cheval qu'il monte.

Les hommes qui, tels que les courriers, postillons, maquignons, habitants de la France et de l'Italie, montent fréquemment et hardiment à cheval sans avoir jamais été au manége, conduisent tous leurs chevaux avec les jarrets, ainsi que le prescrivent les écuyers germains, ce qui fait dire à ceux-ci que les principes de leur école sont plus naturels que ceux de l'école franco-italienne.

Les cavaliers germains trouvent que notre méthode d'employer les aides et de dresser les chevaux est beaucoup trop douce et trop longue. Chez eux, le cheval fortement embouché, et pressé entre les Jarrets vigoureux d'un cavalier affermi sur des étriers fort courts, apprend à connaître l'éperon en même temps que la jambe; voyant toute résistance inutile, il cède et devient, en très-peu de temps, d'une docilité et d'une souplesse extrêmes. Aussi trouve-t-on facilement, en Allemagne et en Angleterre, un grand nombre de chevaux parfaitement dressés.

On dira que cette méthode de conduire les chevaux doit les user beaucoup plus que les moyens indiqués par l'école franco-italienne: cela est incontestable; mais, soit que les cavaliers de race germanique, dont l'attachement pour les chevaux est généralement connu, donnent à ces animaux, lorsqu'ils sont à l'écurie, des soins infinis, qui établissent une compensation suffisante au surcroît de fatigue que leur fait éprouver la manière dont on les monte, ou soit, ce qui est fort probable, que ceux-ci s'habituent promptement, ainsi que nos chevaux de poste, à être conduits durement, leur physique n'en souffre pas, et ils durent tout autant et même plus que les chevaux constamment menés avec toute la délicatesse prescrite par l'école franco-italienne.

L'école germanique admet, dans quelque cas, au rang des aides, la voix du cavalier, principalement pour le saut du fosse ou de la barrière.

Les peuples de race slave habitant les contrées voisines de la Turquie, leur équipement de cheval (sur lequel nous avons copié la selle à la hussarde) se rapproche beaucoup de l'équipement des Orientaux.

Il en est de même de leurs principes d'équitation, qui sont encore plus durs et plus puissants que ceux des Germains.

Assis sur une selle, dont les deux arcades élevées l'éloignent trop du corps de son cheval pour qu'il puisse le presser avec les cuisses et les genoux, le cavalier slave s'attache beaucoup aux rênes et a presque toujours les talons sur le ventre de son coursier, qu'il conduit avec une main de fer. Sans daigner le prévenir, il l'enlève de force avec la bride et les éperons, le fait partir de pied ferme au galop, le lance en carrière, le retourne brusquement dans tous les sens, et, sans marquer de temps d'arrêt ni le soutenir avec les jambes, il l'arrête sur cul au milieu de la course la plus rapide, en tirant violemment les rênes et jetant le coursier sur les jarrets. Enchâssé entre le pommeau et la palette de la selle, qui s'élèvent d'un demi-pied en avant et en arrière de son buste, le cavalier slave, qui porte d'ailleurs les étriers fort courts, se trouve dans une assiette tellement solide, qu'il est rare qu'il soit désarçonné, à moins que son cheval ne s'abatte.

Le trot étant considéré, par les Slaves, comme une allure fausse et non naturelle, la plupart des cavaliers de cette race ne font usage que du pas et du grand ou petit galop. Pour habituer le cheval à cette dernière allure, ils le mettent sur les hanches, c'est-à-dire qu'ils le retiennent avec la bride tandis qu'ils emploient l'éperon pour le faire galoper, ce qui force l'animal à raccourcir son train en s'asseyant sur ses jarrets. Par ces violents moyens, les Slaves domp. tent en peu de jours leurs coursiers, qui deviennent infiniment plus souples et plus soumis que ceux que dressent, avec bien plus de temps et de peine, les écuyers des autres écoles, surtout ceux de l'école francoitalienne.

Il est vrai que la méthode slave use les meilleurs chevaux en très-peu de temps; mais le nombre infini qu'en nourrissent les steppes de 'Ukraine, de Russie et de Hongrie, permettent de les remplacer avec une facilité inconnue dans les autres pays.

Les cavaliers slaves sont ceux qui emploient le plus la voix comme aide; ils s'en servent souvent pour lancer le cheval, et toujours pour l'arrêter. Le fouet est aussi un aide employé beaucoup plus dans cette école que dans les deux autres.

En résumé, pour briller dans un carrousel, monter avec grâce et dresser un cheval de manége ou de parade, on doit adopter les principes de l'école franco-italienne. Pour dresser un cheval de guerre et se lancer avec avantage dans une mêlée, la méthode employée par l'école slave est la plus prompte et la plus puissante. Mais, comme terme moyen et comme réunissant une partie des avantages des écoles italienne et slave, sans en avoir les graves inconvénients, on doit, selon nous, préférer le système de l'équitation germanique, qui est infiniment plus solide que celui de l'école italienne, sans être aussi barbare et aussi destructive des chevaux que la méthode slave:

Il est à remarquer que les seigneurs polonais et hongrois, qui ont voyagé et reçu une éducation soignée, renoncent à l'équitation slave, pour adopter les principes de l'école germanique.

La démonstration des principes de l'art de monter à cheval exigerait des détails infinis qui ne peuvent, faute d'espace, trouver place dans ce recueil; mais les lecteurs, qui désireraient avoir des notions plus positives, les trouveront, pour ce qui concerne l'école italienne, dans les ouvrages de MM. de Laguérinière, Melfolt, Cha. telain, et surtout dans celui de Bohan. Il faut consulter Müller pour ce qui est relatif à l'école germanique. C1. M. M.

*

ÉRACLIUS, peintre romain du 10e ou Ie siècle, a écrit un ouvrage, partie en vers, partie en prose, intitulé: De artibus Romanorum, imprimé pour la première fois à Londres, en 1781, dans l'ouvrage de M. Raspe qui a pour titre : A critical essay on oil Painting. Les exemplaires manuscrits sont trèsrares; et celui qui a servi à la publication de M. Raspe est moins complet que l'exemplaire conservé à la bibliothèque royale de Paris.

* ÉRARD (CLAUDE), avocat au parlement de Paris, mort en 1700, eut une grande réputation de son temps. On a de lui un recueil de plaidoyers, Paris 1696, in-8°, et réimprimé, ibid., 1734, in-8°.

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ÉRARIC, roi des Ostrogoths, était le chef des Rugiens, peuple du nord qui avait accompagné Théodoric en Italie. Il fut élevé par eux sur le trône après la mort d'Ildebald, qui fut assassiné dans un repas. ric, voyant la domination des Ostrogoths en Italie fortement ébranlée par les conquêtes de Belisaire, traita avec l'empereur

Éra

Justinien pour lui livrer le reste de ses provinces; mais il fut tué par ses soldats avant la fin de la négociation, et remplacé par Totila.

fois

*ÉRASISTRATE, célèbre médecin grec, petit-fils d'Aristote par sa mère, né dans l'ile de Céos, fut d'abord attaché à la cour de Seleucus Nicanor, roi de Syrie, et y acquit un grand crédit par une cure extraordinaire, dont plusieurs auteurs ont rapporté les détails. Le prince Antiochus était tombé dans un état de langueur très-inquiétant et dont on ne pouvait découvrir la cause. Érasistrate observa que, toutes les que la reine Stratonice, seconde femme de Séleucus, entrait dans la chambre du prince son beau-fils, celui-ci éprouvait un très-grand trouble intérieur qui se manifestait par la rougeur du visage, l'expression plus animée des yeux, le tremblement des membres et de violentes palpitations de cœur. L'habile médecin en conclut que l'état de maladie d'Antiochus provenait de sa passion secrète pour sa belle-mère. Il en aver tit Seleucus avec précaution, et ne lui cacha point que la cession de Stratonice au prince était l'unique moyen de lui sauver la vie. Seleucus, qui aimait tendrement son fils, n'hésita point à lui donner Stratonice en mariage, quoiqu'il en eût déjà lui-même un enfant. Antiochus guerit parfaitement, et le médecin reçut de magnifiques récompenses. Plus tard, Érasistrate quitta la cour de Syrie, se retira à Alexandrie, et consacra ses loisirs aux spéculations théoriques, surtout à l'étude de l'anatomie. Il fut le chef d'une école long-temps célèbre, établie principalement à Smyrne, et dont les nombreux disciples, sous le nom d'Erasistratéens, se sutcédèrent jusqu'au temps de Galien, c'est-à-dire pendant plus de 400 ans. ÉRASME (DIDIER), savant illustre, né à Roterdam en 1467, fut placé de trèsbonne heure en qualité d'enfant de chœur, à la cathédrale d'Utrecht, où il resta jusqu'à l'âge de 9 ans, et entra ensuite à l'école de Deventer, où ses progrès furent tres-rapides. Ayant perdu ses parents quelques années après, il fut forcé par ses tuteurs de prendre l'habit de chanoine régulier de Saint-Augustin. L'état monastique convenait peu à l'indépendance de caractère et à la faiblesse de tempérament du jeune Érasme; mais il chercha dans l'étude et la culture des arts une diversion aux peines d'une profession embrassée par contrainte.

Un heureux événement vint le tirer de sa réclusion sur la réputation de son savoir, l'évêque de Cambrai, Henri de Bergue, l'appela auprès de lui dans l'intention de le mener à Rome. Le voyage ayant manqué, Érasme obtint du prélat la permission d'aller perfectionner ses études à Paris, où il entra comme boursier au collège de Montaigu. Bientôt il donna des leçons particulières et surveilla les études de plusieurs jeunes seigneurs. Un d'eux, lord Montjoye, l'ayant attiré en Angleterre, il se lia avec les premiers savants du pays, et s'y fit des amis distingués. Il passa ensuite en Italie, sejourna à Bologne et y prit, en 1506, le bonnet de docteur en théologie. Il se trouvait dans cette ville lorsque Jules II y fit son entrée, et il obtint de ce pontife la dispense de ses vœux. De Bologne il alla à Venise, où il demeura chez le célèbre Aide Manuce (voyez ce nom), qui imprimait alors ses ouvrages, entre autres ses Adages. Il se rendit ensuite à Padoue pour y diriger les études d'Alexandre, archevêque de Saint-André, fils naturel de Jacques IV, roi d'Écosse. Sa vie ne fut qu'une suite de voyages continuels jusqu'en 1521. A cette époque il alla se fixer à Bâle, afin d'être plus à portée de surveiller l'impression de ses ouvrages, entreprise par Froben (voyez ce nom), son ami. Ce fut dans cette ville qu'Erasme publia, en 1516, sa première édition du Nouveau-Testament en grec. Les travaux d'Érasme restaient depuis longtemps sans récompense, lorsque Charles d'Autriche, souverain des Pays-Bas, depuis empereur sous le nom de Charles - Quint, et dont il avait été sur le point d'être précepteur, le fit son conseiller et lui donna une pension annuelle de 200 florins. Ces faveurs réveillèrent l'attention de plusieurs souverains, entre autres du roi de France François Ier, qui essayèrent en vain d'attirer Érasme à leur cour. A cette époque commençait la réforme religieuse : Érasme temoigna quelque penchant pour la doctrine de Luther; mais bientôt il ne put approuver les emportements des réformateurs. Ami de la paix, il n'aimait pas, disait-il, même la verité séditieuse, et ne pensait pas qu'on dût procéder par des troubles et des émeutes à la reformation de l'église. « Érasme, dit M. Noël, eut le sort qu'ont presque toujours les gens modérés dans les temps de troubles, celui de déplaire également aux deux partis, et les moines ne furent pas moins animés contre lui que les luthériens. » Ceux-ci,

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