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MODERNE,

οι

DICTIONNAIRE ABRÉGÉ

DES HOMMES ET DES CHOSES,

DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS.

(Les Articles biographiques indiqués par ùn ne se trouvent dans aucune autre Édition.)

EMMI

* EMMERY (JEAN-LOUIS-CLAUDE), comte de Grozyeulx, paír de France, né à Metz en 1752, mort le 10 octobre 1823, était, avant la révolution, avocat distingue, et fut élu député du tiers aux états-généraux de 1789. Attaché au parti de La Fayette, et, comme lui, défenseur des droits de la monarchie constitutionnelle, il présida trois fois l'Assemblée constituante. Le souvenir des services qu'il avait rendus au malheureux Louis XVI furent ses titres de proscription en 1793. Rendu à la liberté après le 9 thermidor, il fut élu député de la Seine au conseil des Cinq-Cents; sous les gouvernements consulaire et impérial, il devint successivement membre du conseil d'état et du sénat conservateur, et à la restauration il fit partie de la chambre des Pairs.

EMMET (ROBERT), l'un des chefs des Irlandais insurgés contre le gouvernement de la Grande-Bretagne vers le commencement du 19e siècle, né à Cork, fils d'un médecin, se préparait à suivre la carrière du barreau, lorsque la révolution française fomenta, en Irlande, des troubles auxquels il crut devoir prendre une part active. Il embrassa le parti de l'insurrection avec tout l'enthousiasme de la jeunesse, fit partie du directoire secret des Irlandais-unis (c'était la dénomination prise par les insurgés), fut arrêté à Dublin en 1803, et condamné comme coupable de rébellion le 20 septembre de la même année.

* EMMIUS (UBBO), antiquaire et his

É MO

torien hollandais, né en 1547 dans la Frise orientale, mort en 1626, fut recteur de l'université de Groningue, qu'il porta, par ses soins et ses talents, à cette haute réputation qu'elle a conservée depuis entre toutes les universités des Pays-Bas. On a de lui un grand nombre d'ouvrages sur l'antiquité et sur l'histoire particulière de sa patrie; nous citerons les plus remarquables : Opus chronologicum, Groningue, 1619, in-fol.; Vetus Græcia illustrata, Leyde, 1626, in-8°; Rerum Frisicarum hist., ibid., 1616, in-fol. On peut voir des détails plus étendus sur ce célèbre professeur dans l'ouvrage intitulé: Elogium Ubb. Emmii, id est, de ejus vitá et scriptis narratio brevis ab amico contexta, ibid., 1628, in-4°.

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ÉMO (N.), premier abbé de Werum, ordre des prémontrés, près Groningue, mort en 1237, a laissé une Chronique qui va depuis 1203 jusqu'en 1237; elle a été continuée jusqu'en 1272, par Menko, troisième abbé de Werum, et jusqu'en 1292, par un anonyme. Cette chronique a élé imprimée pour la première fois en 1700 et insérée par Antoine-Matthieu dans le troisième vol. de ses Analectes, et réimprimée avec des notes par l'abbé Hugo dans le premier volume de ses Antiquités sacrées.

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'ÉMO (ANGE), patricien de Venise, naquit dans cette ville en 1732. Après avoir déployé toutes les qualités du citoyen dans les charges les plus éminentes de la république, il prit, en 1784, le commandement

en chef d'une flotte destinée à venger le pavillon de Saint-Marc des insultes des Barbaresques. Il se présenta devant la rade de Tunis, bombarda la ville, et força le bey à signer une trève qui ne tarda pas à être violée. Emo se préparait à punir ces pirates de leur manque de foi, lorsqu'il mourut à Malte en 1792. Le sénat, reconnaissant de ses services, lui fit élever un magnifique mausolée exécuté par Canova, et placé dans les salles de l'arsenal de Venise.

* ÉMONNOT ( J.... B.... ), médecin, mort en 1823, membre honoraire de l'Académie royale de médecine, a laissé, outre plusieurs articles insérés dans les journaux de médecine du temps, une traduction du Traité des fièvres et des inflammations, écrit en latin par Jos. Guarin, Paris, 1800, 2 vol. in-8°.

* EMPECINADO (don JUAN MARTIN, dit el), général espagnol, se signala d'abord comme chef de guérillas pendant l'invasion de la péninsule par les Français (1808-13), et eut le bonheur d'échapper aux proscriptions qui, en 1814, suivirent immédiatement le rétablissement de Ferdinand VII sur le trône ce monarque lui conserva même son grade de maréchal-de-camp, et lui accorda quelques marques d'estime. Cependant, lorsque l'excès des vexations exercées contre les agents du gouvernement populaire, auquel le roi devait seul la conservation de son trône, eurent provoqué les troubles qui se manifestèrent en 1820, l'Em pecinado, attaché au parti dit libéral, employa, pour appuyer l'insurrection de ce parti, tout le crédit que lui donnaient sa réputation militaire et ses anciens services; et, après avoir vaillamment défendu la cause des cortès pendant la mémorable campagne de 1823, il tomba entre les mains des vainqueurs, fut jeté dans les prisons d'état, et n'en sortit, après une détention de plus de deux années, que pour être traîné au supplice. Il fut pendu à Rueda le 19 août 1825, non sans s'être long-temps débattu contre ses bourreaux.

* EMPEDOCLES, philosophe pythagoricien, disciple de Telauges, né à Agrigente en Sicile vers l'an 444 avant JésusChrist, se concilia, par ses talents et sa haute naissance, l'estime et la vénération de ses concitoyens, refusa la souveraineté que ceux-ci lui offrirent, et finit par établir Je gouvernement populaire dans sa patrie, auparavant gouvernée par un sénat. Empé

docles cultiva avec un égal succès la philosophie, la médecine et la physique ; mais il dut surtout sa célébrité à un poème qu'il avait composé sur le système de Pythagore. Les circonstances de sa mort sont diversement racontées; mais tous les récits auxquels elle a donné lieu ont cela de commun qu'ils ressemblent fort à des fables. Il nous reste quelques fragments des différents écrits d'Empedocles; ils ont été réunis par M. Fred.-Guill. Sturz, et publiés à Leipsig de 1805 à 1816, in-8°.

* EMPEREUR (CONSTANTIN L'), orientaliste hollandais, mort en 1648 à Leyde, où il professait depuis 21 ans avec un égal succès la théologie et l'hébreu, a laissé plusieurs traductions de livres judaïques et talmudiques généralement estimées; les principaux sont: Talmudis Babylonici codex middoth, sive de mensuris templi, hebr. cum vers. et comment., Leyde, 1630, in-40; Clavis talmudica, hebræa et latina, ibid., 1634, in-40; Commentarii ad Bertramum de repub. Hebræorum, ibid., 1641, in-8°.Jacques L'EMPEREUR, jésuite, né en 1656 à Épernay (Champagne), mort à Pont-àMousson en 1724, a laissé, entre autres écrits, des Dissertations historiques sur divers sujets d'antiquités, Paris, 1706, in-12. EMPIRE D'ALLEMAGNE. Voyez CONFÉDÉRATION GERMANIQUE.

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* EMPOLI (JEAN d'), Florentin, facteur de la marine du roi de Portugal, a écrit en italien la relation du premier voyage d'Alphonse d'Albuquerque aux Indes, sous ce titre Navigation des Indes, sous la charge du seigneur Alphonse d'Albuquerque, insérée dans le premier volume de Ramusio, Venise, 1563, in-8°, et traduite en français dans le deuxième volume du recueil du Temporal. On ignore également la date de la naissance et celle de la mort d'Empoli. - EMPOLI (Jacopo CHIMENTI da), peintre de l'école florentine, né en 1554, mort en 1640, était élève de Tommaso da SanFriano, et se perfectionna par l'étude des ouvrages d'Andrea del Sarto. Le Musée royal possède de lui un tableau représentant la Vierge et l'enfant Jésus accompagnés de deux anges, etc.

* EMPORAGRIUS (ÉRIC), théologien suédois, mort en 1674, évêque de Strengnes, se fit remarquer par l'opposition qu'il apporta à la réunion des communions luthériennes et de la confession d'Augsbourg, et par un discours sur la mort de Gustave

Adolphe, intitulé : Oratio in quả tyrannidem pontificiam, quæ divum Gustavum de medio sustulit, et martyrio coronavit, est piè detestatus, etc., Upsal, 1656, in-fol.

* EMPORIŲS, rhéteur du 6 siècle, a composé plusieurs traités, dont deux seuls nous sont parvenus: de Ethopoiá ac loco communi; Demonstrativæ materiæ præcepta, insérés dans les recueils intitulés : Veterum de arte rhetoricá traditiones, Bâle, 1521, in-4° ; et Rhetorum latinorum scripta, Paris, 1599, in-4°.

EMPRUNTS. (Économie politique.) Capitaux que les gouvernements se procurent au moyen du crédit, dont ils paient l'intérêt au moyen de l'impôt, qu'ils remboursent au moyen de l'amortissement, et qui constituent ce qu'on appelle dette publique. (Voyez ces divers articles.)

La loi civile a donné à l'emprunt le titre de prét; c'est aussi le prêteur qui était l'unique objet de sa sollicitude, et qu'elle a entouré de toutes les garanties désirables. Hypothèque, cautionnement, contrainte par corps, plusieurs espèces de saisies d'immeubles, plusieurs sortes de saisies mobilières, elle a tout sanctionné pour la sécurité du prêteur, pour la sûreté de la somme prêtée, et tout ce qui pouvait faire courir quelque risque s'interprétait contre l'emprunteur : la loi était juste; elle jugeait entre des citoyens.

La loi financière jugeait entre des citoyens qui prêtent et le pouvoir qui emprunte: l'intérêt de la puissance captivait tellement son attention, que le prêt a pris le titre d'emprunt. C'est, en effet, l'emprunteur que la loi fiscale a voulu favoriser : défaut complet d'hypothèque et de nantissement, impossibilité de contraindre le pouvoir à exécuter ses promesses, voilà la position de celui qui prête ; arbitraire dans la manière de fixer l'intérêt et d'en suspendre le paiement; possibilité de faire hausser ou baisser le taux du capital; droit de l'attermoyer, de le réduire, de le rembourser en assignats, de se placer en état de faillite, ou de proclamer frauduleusement une banqueroute non frauduleuse, voilà la situation de l'emprunteur.

Depuis qu'elles existent, toutes les monarchies ont emprunté; depuis qu'elles empruntent, toutes les monarchies ont fait banqueroute. Le système d'emprunt a souvent varié, le résultat des emprunts est toujours le même. Les banques nationales,

provinciales, les hôtels-de-ville, les capitalistes, les banquiers qui ont asservi leur crédit privé aux variations du crédit public, ont, comme lui, fini par des faillites. Un seul État, une seule fois, a remboursé ses emprunts, c'est la république des ÉtatsUnis; une seule banque publique a une seule fois, satisfait à ses engagements, c'est encore celle de la république des États-Unis.

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Faut-il donc proscrire les emprunts? Non, sans doute. Lorsque l'impôt ne saurait être augmenté, ils peuvent seuls combler le déficit existant. Mais, dans les mains d'un mauvais gouvernement, l'emprunt est un levier terrible, toujours en jeu contre les libertés publiques et la richesse générale. Les premiers emprunts anglais furent faits au profit du despotisme contre la liberté ; la seconde époque du crédit britannique eut pour objet de combattre l'indépendance des provinces américaines, dans l'intérêt de la tyrannie rapace de la métropole ; la troisième époque de la dette anglaise eut pour but unique d'empêcher les lumières, nées de la révolution française, de porter au delà des mers, des Alpes et des Pyrénées, les premiers rayons de la civilisation moderne; l'or anglais vint, après trente ans, en éteindre le foyer au milieu de Paris, livré à tous les barbares de l'Europe du dix-neuvième siècle. Nous ne dirons rien des causes qui ont créé la dette française; la vérité qui se voile est un mensonge, et il est des temps où la vérité ne peut paraître toute nue. La Russie, l'Autriche, Naples, l'Espagne ont emprunté; et chacun sait si ces emprunts eurent lieu dans l'intérêt de la liberté, comme disent les politiques, ou en faveur de la reproduction, pour parler le langage des économistes.

Sans doute, dans un État bien constitué, le crédit augmenterait la dignité extérieure et la prospérité de l'intérieur; mais où ont été, où sont, où seront les États bien constitués? La partie exuberante des impôts ne sert qu'à des dilapidations actuelles ; le but des emprunts est de couvrir les déficits nés des dilapidations passées; le crédit favorise la corruption des citoyens en soldant leur vénalité, et, comme tout se vend quand le pouvoir veut tout acheter, la liberté publique est toujours mise aux enchères par les hommes que le peuple a choisis pour ses tuteurs. Le crédit est le grand instrument de toutes les guerres injustes : depuis son introduction, ces guerres sont plus faciles,

plus longues, plus souvent répétées; les princes n'ont que des soldats à se procurer pour défendre leurs caprices ou leur vanité, et le sang humain se prodigue avec tant de facilité dans les États grandement peuplés, que les armées ne manquent jamais où l'or abonde.

Comme toutes les croyances nouvelles, le crédit a ses miracles : ils ne peuvent séduire que la crédulité. La théorie en est admirable; la pratique détruit toujours les espérances que fait naître la théorie. Le plus bel éloge qu'on ait fait du crédit politique est de l'assimiler au crédit privé. Cependant on n'a pas vu que les suspensions de paiements, les faillites et les banqueroutes devaient être communes à l'un et à l'autre; on n'a pas vu que le citoyen emprunte pour produire, l'État pour dépenser ; que le prêteur peut contraindre l'emprunteur au remboursement, lorsque son crédit baisse ou s'éteint, et qu'il est impossible de contrain. dre un gouvernement; que l'emprunteur ne peut dénaturer, sans se perdre, les hypothèques réelles ou morales qu'il présente, et que l'amortissement, seule hypothèque qu'offre un État, peut être dilapidé comme en Angleterre, ou détourné comme France; que l'emprunteur qui refuse de payer perd toujours son crédit et souvent son honneur, et que l'État n'a aucun intérêt réel et durable à tenir ses engagements, parce qu'il trouve sans cesse des capitaux à emprunter.

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Toutefois, l'emprunt est momentanément utile l'impôt tuerait la production actuelle; l'emprunt la gêne, la diminue, mais ne l'accable pas. Encore, dans cette hypothèse, faudrait-il qu'un emprunt volontaire fût substitué à un impôt possible, tandis qu'on n'a recours au crédit que lorsque la somme des subsides .est tellement accablante, qu'il est impossible d'en accroî tre le fardeau. Alors ce n'est plus un mal léger remplaçant un mai plus grave, mais une blessure nouvelle faite à un corps déjà blessé.

Si les États n'empruntaient que pour produire, pour protéger la production établie, pour créer une production nouvelle, pour étendre, multiplier les produits, favoriser leur circulation, accroître la consommation, défendre les arts producteurs menacés par l'étranger, l'emprunt serait aussi utile que la production même. Mais le crédit, ouvrant au pouvoir une mine long

temps inépuisable et de facile exploitation, est moins une source de richesses qu'un moyen de dilapidation. Les princes le préfèrent à l'impôt, parce que subsides et doléances vont toujours de compagnie, et que l'autorité, contrainte de satisfaire aux vœux a'un peuple dont elle pressure la fortune, paie en liberté l'argent qu'on lui donne. Mais, si par l'impôt on arrive à la liberté, par le crédit on parvient aux révolutions. Tout déficit, lorsqu'il ne peut être facilement comblé, est l'avant-coureur des craintes, des murmures, des révoltes toute dette insolvable place un État sur le bord d'un abîme. Les rois concédaient jadis quelques franchises pour quelques tailles ; mais les dettes publiques ont d'autres exigences: leur unique remède est le temps et l'économie. Or, le temps n'est pas à la merci des rois, et l'économie ne saurait être une vertu à leur usage. Aussi, dès que la dette est énorme, la forme du gouvernement change par la seule force des emprunts. Les rois du Nord l'ont bien senti, et ils ont emprunté le moins possible. La plus puissante des garanties pour les Français est dans les six milliards de leur dette; le seul espoir des radicaux anglais est dans l'insolvabilité d'une oligarchie placée en présence d'une dette de 19 milliards.

Les emprunts ne sont pas seulement un instrument de liberté, ils sont encore un moyen d'ordre et de paix ; dociles en présence du besoin, ils fuient à l'aspect du danger. Une guerre les rend presque impossibles; devant le péril, la confiance cesse et les capitaux se retirent. L'exemple contraire de la Grande-Bretagne et des ÉtatsUnis sont sans force pour les peuples du continent; les pays entourés de mers ont peu à craindre. Les princes qui empruntent s'imposent la nécessité de la paix ; sous ce rapport, les emprunts sont un bien : mais une guerre indépendante de leur volonté peut aussi les atteindre; alors les emprunts sont un mal. Les fonds baissent, les vieux prêteurs craignent et murmurent, l'esprit public se décourage, l'argent se cache et disparaît, et un emprunt nouveau devient impossible, au seul moment peut-être où l'État eût un besoin réel d'emprunter.

On attribue à l'emprunt bien des mira. cles; mais, dans ce siècle incrédule, les mer. veilles, même financières, n'éblouissent pas les yeux désintéressés. La théorie du crédit est aujourd'hui à la portée des esprits

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