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introduire le mot attendre, comme, par exemple, d'attendre qu'on se soit approché d'une tour pour voir de près ce qu'elle

est.

Outre les sens et les anticipations, Épicure admet aussi, comme moyen de connaître la vérité, les passions ou affections auxquelles tous les êtres animés sont sujets, savoir, le plaisir et la douleur : l'une de ces deux passions nous est naturelle; l'autre nous est étrangère; elles servent à nous determiner sur ce que nous devons choisir ou éviter.

II. Dans l'étude de la physique ou physiologie, qui comprend aussi la théologie naturelle et la psychologie, Épicure se propose de faire connaître les causes générales des phénomènes de la nature, afin que, garantis de toutes vaines terreurs, nous nous livrions sans remords à nos penchants raisonnables, et qu'après avoir goûté les douceurs de la vie, nous n'ayons aucun regret de la quitter. Quoiqu'Épicure ne reconnût pas un Être-Suprême, créateur et régulateur du monde, il admettait cependant des dieux d'une nature plus parfaite que la nôtre, étant formés d'atomes plus déliés que ceux des autres êtres. Il a été accusé d'avoir cru qu'ils ne méritent pas le culte, les respects et les hommages des hommes: cette accusation n'est rien moins que bien fondée ; car il a professé ouvertement le contraire, ayant écrit plusieurs livres sur le culte qu'on devait aux divinités, qu'il honorait à cause de l'excellence de leur nature, quoiqu'il n'en attendit aucun bien et qu'il ne craignît aucun mal de leur part; néanmoins on ne se trompait peutêtre pas en l'accusant de n'agir ainsi que par prudence, afin d'éviter la punition qu'il eût subie en se déclarant contre le culte des dieux. Mais, selon l'équité, on ne doit juger des hommes que d'après leurs actions et leurs paroles, et non d'après les intentions qu'on leur suppose. Dieu seul est juge de nos pensées.

Quant à la doctrine de notre philosophe sur l'âme, qu'il composait aussi d'atomes, il la croyait matérielle comme le corps: dans son opinion, elle commence avec lui; elle n'existait pas avant lui; elle ne lui survit pas quand il meurt. Si l'âme meut le corps, elle doit le toucher, et par conséquent être de nature matérielle; son accroissement et son décroissement suivent ceux du corps: si celui-ci a de la force ou de la

faiblesse, l'âme a également l'une ou l'autre; le sentiment et la pensée cessent au moment où le corps pērd son organisation; par conséquent, si l'âme a la même essence que le corps, comme lui elle est soumise aux lois de la dissolution, c'est-à-dire que les atomes, qui composaient l'un et l'autre, prenaient une autre forme.

Il établit, pour fondement de sa doctrine, que rien ne se fait de rien ; que l'univers a toujours été et sera toujours. En s'attachant au système de Leucippe et de Démocrite (voyez l'article ÉLÉATISME), il admet le vide et les atomes comme principes de toutes choses. Le monde, selon Épicure, est l'ouvrage du hasard; il inférait de là qu'il avait été produit, sans l'intervention d'une force divine, par le mouvement des atomes dans le vide, et que la Providence n'est pas nécessaire à sa conservation, puisque le concours de la nature et du hasard règle et décide tout. Il prouvait la possibilité d'un hasard, dans la duction, par des observations sur la génération des êtres : par exemple, disait-il, des plantes sont sorties de la terre sans avoir été semées, et des animaux de toute espèce se sont développés dans le limon, après la pluie ou par l'effet de la chaleur du soleil. Il les regardait comme des produits du hasard: l'homme même n'était pas excepté.

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III. Le but principal d'Épicure, dans l'étude de la philosophie, étant la morale ou l'art de rendre l'homme heureux autant qu'il peut l'être en cette vie, il rejette toutes les subtilités de la logique comme inutiles pour parvenir au bonheur, et pose en principe que les sensations seules, exprimant la vérité, sont l'unique moyen de reconnaître ce qui procure le souverain bien, qu'il fait consister en ce que l'esprit soit satisfait et le corps exempt de douleur; mais il ne pretend pas que l'homme doive embrasser le plaisir en tout et partout, sans choix et sans discernement, comme si tous les plaisirs indistinctement pouvaient rendre heureux ceux qui en jouissent. Il basait sa morale sur un principe peu ou presque pas différent de celui de la secte cyrénaïque, savoir: Comporte-toi de manière que le plaisir soit le but de toutes' tes actions.

Épicure ne conseillait la volupté qu'autant qu'elle n'était pas empoisonnée par ses suites ; il prescrivait, à cet égard, une sage modération; c'est ce qu'il recommandait à

un de ses disciples, dans cette lettre qui contient l'abrégé de sa morale:

Épicure a MénécÉE. « On ne doit point négliger dans la jeunesse de s'attacher à la philosophie, ni dans la vieillesse de s'y consacrer, puisqu'il n'est point d'âge où l'on ne doive faire tout son possible pour se procurer la santé de l'âme dire qu'il n'est pas encore temps de se livrer à cette étude, ou qu'il n'en est plus temps, c'est dire qu'il est ou trop tôt ou trop tard pour se rendre heureux. C'est donc un devoir pour le vieillard, comme pour le jeune homme, de s'attacher à la philosophie : celui-ci, afin qu'en avançant en âge il se for tifie dans la pratique des vertus par le souvenir de sa conduite antérieure ; l'autre, pour qu'approchant du terme de ses jours il voie sans crainte l'avenir. Il faut donc méditer sur ce qui peut nous conduire au bonheur, puisque, si on y parvient, on n'a plus rien à désirer, et que, dans le cas contraire, on fait tout pour y arriver. Suivez donc les avis que je vous ai souvent répétés, et regardez-les comme la règle d'une vie heureuse.

» D'abord, croyez qu'un Dieu est un être animé, immortel et heureux, sentiment qui est conforme à l'opinion commune; ne lui donnez aucun attribut contraire à son immortalité et à sa félicité, auxquelles vos pensées ne doivent point porter atteinte. » Oui, il existe des dieux; la connaissance en est certaine; mais ils ne sont pas tels que le vulgaire les imagine... Ce'lui-là n'est point un impie qui nie l'existence des dieux de la multitude; c'est celui qui leur attribue ce que le vulgaire leur attribue. Les idées qu'on s'en forme en général ne sont que l'effet des préjugés...

>> Faites-vous donc une habitude de penser que la mort n'est rien pour nous; car le bien et le mal dépendent du sentiment, et la mort est la privation du sentiment. L'assurance où l'on est que la mort n'est rien pour nous, fait que nous jouissons tranquillement de cette vie mortelle, sans songer à une autre qui doit suivre, ni sans désirer l'immortalité. Il n'y a rien de malheureux pour celui qui est persuadé que la privation de la vie n'est pas un mal; c'est donc à tort que l'on dit craindre la mort, non parce que sa présence doit alarmer, mais parce que, dans l'attente de son arrivée, on est accablé de tristesse. Si la présence d'une chose ne peut tourmenter, sa per

spective ne doit pas inquiéter: ainsi la mort, qu'on regarde comme le plus grand des maux, ne nous touche point, puisque, tant que nous existons, elle n'est point présente, et que, lorsqu'elle arrive, nous ne sommes plus ; ainsi elle n'est rien ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu'elle n'est pas encore avec les uns, et que les autres ne sont plus... Comme ce n'est pas la quantité, mais la qualité des aliments qui en fait la bonté, de même ce n'est point le nombre des années, mais les douceurs de la vie qui font le bonheur.... Le but de toutes nos actions est d'être exempts de douleur et d'inquiétude. Quand nous sommes une fois parvenus à ce point, l'esprit est délivré de toute agitation; nous n'avons plus rien à rechercher pour compléter les jouissances de l'âme et du corps.

» Nous n'éprouvons le besoin du plaisir que lorsque sa privation nous cause de la douleur; et, quand nous n'en éprouvons plus, nous n'avons plus besoin de plaisir. C'est pour cette raison que nous regardons la volupté comme le principe et la fin de la vie heureuse : c'est le premier bien vers lequel nous sommes portés en naissant; la volupté nous fait choisir ou éviter tel objet; c'est elle qui nous fait discerner tout avantage quelconque. Comme elle nous est naturelle, et que c'est le premier des biens, c'est la raison pour laquelle nous ne choisissons pas toutes sortes de plaisirs ; il en est plusieurs que nous rejetons quand il en résulte de grandes peines; et de même nous préfèrerons de grandes peines aux plaisirs, quand leur longue souffrance doit être suivie de plus grands plaisirs ainsi, quoiqu'ils soient tous un bien, parce qu'ils sont dans notre nature, cependant il ne faut pas les embrasser indistinctement. De même, quoique toute douleur soit un mal, cependant il ne faut pas rejeter toutes sortes de peines. Il convient donc, à cet égard, de bien examiner ce qui peut nous être utile ou nuisible. »

Épicure, regardant la modération comme un grand bien, recommande ensuite la sobriété et la frugalité. « Les aliments les plus simples, dit-il, procurent autant de plaisir que les mets les plus recherchés, parce qu'ils délivrent de la douleur causée par le besoin. Du pain et de l'eau satisfont agréablement, quand on est pressé par la faim et la soif. »

Lorsque nous prétendons, continue-t-il,

que la volupté est la fin d'une vie heureuse, il ne faut pas croire qu'il s'agit des plaisirs qui consistent dans les jouissances du luxe et de la mollesse, comme quelques ignorants et les adversaires de nos principes ont voulu le faire entendre par une interprétation maligne de nos sentiments. Notre volupté n'est autre chose que d'avoir l'esprit tranquille et le corps exempt de douleur. »

Après avoir recommandé la frugalité et la tranquillité de l'âme comme le seul moyen qui rende la vie agréable, il insiste sur la prudence, qu'il regarde comme un bien très-excellent et d'où découlent toutes les vertus, qui nous enseignent que nous ne pouvons vivre agréablement si l'honnêteté, la sagesse et la justice ne dirigent nos actions. «Quel homme, ajoute-t-il, est préférable, selon vous, à celui dont les sentiments à l'égard des dieux sont remplis de piété ; qui ne craint jamais la mort, et la regarde comme la fin où nous tendons tous par les lois de la nature; qui croit facile l'acquisition du souverain bien; qui est persuadé que les plus grands maux doivent finir; que le destin n'a point, comme le prétendent quelques philosophes, un empire absolu sur notre sort...? Il vaut mieux être malheureux sans avoir manqué de pru. dence, que d'être au comble de ses désirs par une conduite imprudente.... Réfléchissez donc bien sur ces choses jour et nuit, seul et avec un ami qui vous ressemble, et vous jouirez toujours d'une grande tranquillité; en un mot, vous vivrez comme un dieu parmi les hommes; car celui-là n'a rien de commun avec les mortels, qui, durant sa vie, jouit d'un bonheur divin. »

C'est ainsi qu'Épicure traçait à un de ses disciples la route qui conduit à une vie heureuse.

:

Ce philosophe a eu des partisans et des ennemis, tant chez les anciens que chez les modernes les stoïciens calomnièrent ses mœurs, en tirant des conséquences fausses de sa doctrine, et en donnant au mot volupté une signification odieuse. Sa secte fut même regardée comme une école du vice. Pour répondre à cette grave accusation, il suffit de citer le passage suivant de Seneque, stoïcien, qui, d'après les principes du Portique, devait être un ennemi acharné d'Épicure: Non dico, quod plerique nossectam Epicuri flagitiorum magistram esse; sed illud dico: malè audit, inTome 10.

trorum,

D

famis est ; et immeritò........ Frons ipsa dat locum fabulæ, et ad malam spem invitat. (De beatá vitá, cap. 13.) C'est-à-dire : « Je » ne pense pas comme la plupart de nos » stoïciens, qui prétendent que la secte d'Épicure est l'école du vice; moi, je dis qu'elle a une mauvaise réputation et qu'elle ne la mérite point... C'est l'apparence qui donne la mauvaise idée qu'on » en conçoit. » Gassendi a vengé victorieu sement ce philosophe des calomnies dirigées contre lui.

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Nous ne nous étendrons pas davantage sur la doctrine épicurienne le lecteur, curieux de la connaître dans de plus grands détails, peut consulter Diogène Laërce(qui a consacré à ce philosophe le dixième livre tout entier de son ouvrage sur les vies des philosophes); Lucrèce, Brucker, Bayle; Degérando, Histoire comparée des systèmes de philosophie. M....

ÉPIDÉMIE. Substantif féminin qui vient des mots grecs i'ni et Muos, dont le premier signifie sur, et le second peuple. Cette définition, simple et grammaticale, n'empêche pas que le mot épidémie ne soit défini très-diversement par les anciens et les modernes. Fernel, l'un des beaux génies de la médecine, au seizième siècle, définissait les épidémies des maladies répandues sur un peuple, et provenant des changements de l'atmosphère ou de l'influence des astres; et il donne aux unes le nom d'épidémies simples, aux autres celui d'épidémies pestilentielles, ce qui entraîne l'idée de contagion. Les endémies étaient pour lui des maladies également répandues sur une population, mais provenant de changements locaux spécialement, et des propriétés locales de l'air. Castelli, dans son Sénèque médical, a dit, avec plus de précision et d'exactitude: Epidemios est epitheton morborum ex genere communium, id est, populanter grassans, à communi, sed tamen insolitá, et minùs familiari causá ortus. Boerhaave emploie comme synonymes les expressions morbus epidemicus, popularis, universalis. L'usage a fait prévaloir ces dénominations dans le langage ordinaire ; mais il faut aux médecins plus d'exactitude. Nous adoptons la définition suivante, proposée récemment par de sages médecins : Une épidémie est une maladie qui sévit accidentellement sur un grand nombre de personnes, par l'effet de causes étrangères à la contrée qu'elles habitent, ou par un

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surcroît momentané d'activité dans les causes nuisibles ou morbifiques que cette contrée peut recéler. On a dit que les maladies intercurrentes ou qui ne sont pas la même chose que l'épidémie, mais qui paraissent en même temps, en prennent le caractère cette proposition est sujette à beaucoup d'exceptions; nous en avons produit, dans notre Histoire médicale de l'armée d'Orient, des exemples nombreux tirés de la dyssenterie et des fièvres de divers types.

Commençons par énumérer les principales épidémies dont le souvenir nous a été conservé avec plus ou moins d'exactitude ou de détails.

Époques qui ont précédé l'ère chrétienne.

En 2443, une peste ravagea les villes de l'Égypte et de l'Éthiopie, comme on peut le voir dans les Chroniques d'Eusèbe.

Sous le règne d'Égée, en 2500, il régna dans la Grèce une peste dont on trouve une description dans le VIIe livre des Métamorphoses d'Ovide.

La cinquième plaie dont Moïse frappa l'Égypte, en 2543, fut une peste orien

tale.

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Les Philistins en souffrirent également en 2940, comme on le voit au chapitre 5 du livre des Rois.

Ce fut en 3017 que, sous le règne de David, la peste ravagea la Judée, comme on le lit au livre II des Rois, chapitre 24.

On lit dans Plutarque et Denys d'Halicarnasse qu'en 3317, Romulus ayant fait avec succès la guerre contre les Camériens, ses troupes furent soudain frappées d'une maladie dont on mourait sans indisposition préalable.

En 3347, qui était la huitième année du règne de Numa, la peste frappa l'Italie et

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Rome; et l'on voit dans la Vie de ce prince, par Plutarque, qu'il s'occupa de travaux relatifs à la salubrité de sa capitale.

En 3413, la peste ravagea aussi Rome sur la fin du règne de Tullus Hostilius, au rapport de Tite-Live, décade Ire, livre Ier, Jérusalem eut le même sort en 3446, sur la fin du siége entrepris par Nabuchodonosor. (Voyez Jérémie, chapitre 52.)

A Delphes, il se développa, en 3492, après la mort d'Ésope, une maladie contagieuse que l'on attribua à la corruption de l'air.

En 3522, et de la fondation de Rome 221, sous le règne de Tarquin-le- Superbe, il éclata, dans cette ville, une peste qui frappait de mort les hommes, les enfants et les femmes enceintes avec leur fruit, dans les rues et les places publiques. (Voyez Denys d'Halicarnasse, livre IV.)

L'an 3564, et de Rome 262, les Romains, qui étaient en guerre avec les Volsques, furent frappés de la peste. (Voyez TiteLive, décade Ire, livre II.)

En 3583, et de la fondation de Rome 282, sous le consulat de Pinarius Rufus Mamercinus et de L. Furius, il régna une peste qui fut surnommée muliébule, parce qu'on l'attribua à l'inconstance d'une vestale qui avait violé ses vœux ou ses serments. (Voyez Eusèbe, Chronique 7, an II.)

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On lit, dans le Traité des Épidémies d'Hippocrate, qu'en 3590 la ville de Cranom éprouva une maladie contagieuse due souffle pernicieux des vents. Rome éprouva le même sort en 3592, de la fondation de la ville 291, sous le consulat de Servilius Priscus et L. Ébutius Elva. (Voyez Tite-Live, décade Ire, livre Ier.)

Nous voyons le même malheur se renouveler en 3602, de Rome 301, sous le consulat de P. Curiatius et de Sextus Quintilius (voyez Tite-Live, décade Ire, livre IV);

L'an 3619, de Rome 318, sous le consulat de M. Cornélius Maluginensis et de L. Pap. Crassus (voyez Tite-Live, ibid.);

L'an 3622, de Rome 320, sous la seconde magistrature de C. Julius et de L., Virginius Tricostus. (Voyez Tite-Live, ibid.)

En 3624, un vent impétueux, soufflant de l'Éthiopie et de l'Égypte, produisit dans Athènes, au rapport de Thucydide, livre II, et de Plutarque, dans la Vie de Périclès, une peste qui reparut trois ans de suite.

En 3627, de Rome 326, et sous le consulat d'A. Cornélius Cossus et de Servilius

Structus Ahala, cette ville éprouva une peste, que l'on crut produite par une grande sécheresse. (Voyez Tite-Live, ibid.) La peste régna encore à Rome l'an 3643, et de sa fondation 342, sous le consulat de Q. Fabius Ambustus et de C. Furius Pacilius. (Voyez Tite-Live, ibid.)

En 3656, de Rome 355, une épizootie très-grande frappa tous les bestiaux dans le territoire romain, et ce fut dans cette occasion que l'on employa, dit-on, pour la première fois des lectisternes, quoique Valère-Maxime, livre II, chapitre 4; nous dise que cette cérémonie religieuse, pratiquée chez les anciens Romains, dans des temps de calamités publiques, pour en obtenir la cessation, avait déjà été mise en usage sous le consulat de Brutus et de Valérius Publicola. Pendant cette cérémonie, on descendait les statues des dieux de leurs niches; on les couchait sur des lits autour de tables dressées dans leurs temples; on leur servait alors pendant huit jours, aux dépens de la république, des repas magnifiques, comme s'ils eussent pu en profiter. Les citoyens, chacun suivant ses facultés, tenaient table ouverte. Ils y invitaient indifféremment amis et ennemis; les étrangers surtout y étaient admis. On mettait en liberté les prisonniers, et on se serait fait un scrupule de les faire arrêter de nouveau, après que la fête était finie. Le soin et l'ordonnance de ces cérémonies furent confiés aux duumvirs sibyllins, jusqu'en 558 de Rome, qu'on créa les épulons, que l'on chargea de tous les festins publics. TiteLive, qui nous a donné ces détails (décade Ire, liv. V), ne dit pas si ce lectisterne produisit l'effet qu'on en attendait.

En 3663, et de Rome 363, sous le consulat de L. Valérius Potitus et M. Manlius Capitolinus, une chaleur et une sécheresse produisirent la peste dans le territoire romain.

En 3666, de Rome 365, les Gaulois, après leur irruption en Italie et leur victoire sur les Romains, aux bords de l'Allia, furent attaqués de la peste. (Voyez TiteLive, ibid.)

L'an 3671, et de Rome 370, une peste de courte durée suivit de près la mort de M. Manlius. (Voyez Tite-Live, décade Ire, liv. VI.)

En 3689, de Rome 388, il y eut dans cette ville une peste très-meurtrière, sous le consulat de L. Génutius Aventinensis et de

Q. Servilius Ahala, dont mourut M. Furius Camillus, regardé comme un second Romulus. (Voyez Tite-Live, ibid., liv. VII, et Plutarque, dans la Vie de Camille.)

L'an 3691, et de Rome 390, sous le consulat de C. Génutius et de L. Émilius Mamercus, il éclata une peste que le dictateur fit cesser, dit-on, en attachant un clou au temple de Jupiter (voyez Tite-Live, ibid.). On célébra aussi pour la première fois des jeux comiques, sans doute dans l'intention de remercier les dieux, et de faire succéder la joie à la tristesse.

En 3706, de Rome 405, sous le consulat de M. Valérius Corvinus et M. Popilius Léna, cette ville fut attaquée de la peste. (Voyez Tite-Live, ibid.)

Elle le fut encore en 3720, et de Rome 419, sous le consulat de Tiberius Calvinus et de Sp. Posthumius Albinus. (Voyez TiteLive, ibid., ́liv. VIII.)

Il en fut de même en 3723, de Rome 422, sous le consulat de M. Claudius Marcellus et de C. Valérius Potitus Flaccus.

En 3729, l'armée d'Alexandre, vainqueur dans les Indes, éprouva à son retour une maladie pestilentielle produite par la disette et la qualité des aliments. (Voyez Plutarque dans la Vie d'Alexandre, et Quinte-Curce vers la fin de son IXe livre.)

L'an 3762, et de Rome 461, la peste ravagea cette ville sous le consulat de Q. Fabius Gurgès et de D. Junius Brutus.

En 3842, de Rome 541, les troupes carthaginoises, qui étaient en Sicile, sous les ordres d'Himilcon, y furent attaquées par la peste. (Voyez Tite-Live, décade 3, livre V.)

En 3849, de Rome 548, les armées carthaginoise et romaine, qui couvraient les Abruzzes, furent frappées de la peste. (Voyez Tite-Live, ibid., livre VIII.)

En 3873, et de Rome 572, une peste trèsmeurtrière frappa la capitale partout où les citoyens se rassemblèrent, et elle atteignit les campagnes voisines, sous le consulat de P. Cornélius Lentulus et de Bébius Tamphilus. (Voyez Tite - Live, décade 4, livre X.)

La peste régna aussi à Rome l'an 3880, et 579 de la fondation de cette ville, sous le consulat de Spurius Posthumius Albinus Paulus et de Q. Mutius Scévola. (Voyez Tite-Live, décade 5, livre Ier.)

En 3887, l'Illyrie fut frappée d'une maladie pestilentielle que l'on attribua à la pré

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