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Concile Général. 7. fiécle.

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vantes. Le Concile
prononça dans la treizić-
me le jugement qu'il avoit promis. Aiant vû,
dit-il, les lettres de Sergius de Conftantino-
mple à Cyrus, & les réponfes d'Honorius à
Sergius & les trouvant contraires à la doc-
Contrine des Apôtres, des décrets des Conciles

ie, &

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atic & des fentimens de tous les Peres, & au conilny traire conformes à la fauffe doctrine des héré- Þ. 944. dantiques, nous les rejettons entiérement, & les déteftons comme propres à corrompre les ames. En rejettant leurs dogmes impies, nous croions auffi que leurs noms doivent être bannis de l'Eglife, fçavoir de Sergius de Conftantinople, de Cyrus d'Alexandrie, de Pyrthus, de Paul & de Pierre aufli Evêques de Conftantinople, de Théodore Evêque de Pharan. Nous les déclarons tous frappés d'anathême. Avec eux nous croions devoir chasser de l'Eglife & anathematifer Honorius, jadis Pape de l'ancienne Rome; parceque nous avons trouvé dans fa lettre à Sergius, qu'il fuit en tout fon erreur, & autorife fa doctrine impie. Nous avons auffi examiné la lettre Synodique de Sophrone d'heureufe mémoire; nous l'avons trouvée conforme à la vraie foi, à la doctrine des Apôtres & des Peres, & nous avons ordonné que fon nom fera mis dans les Dyptiques.

Dans la quatriéme feffion on vérifia quelques Ecrits qui avoient été falfifiés, & fur-tout le cinquiéme Concile dont les Monothélites avoient corrompu & alteré plufieurs endroits. Dans la quinziéme on fit entrer un fameux Monothélite nommé Polychrone, qui s'offroit à prouver fa doctrine par un miracle. Il confentità paffer pour un impofteur, s'il ne reffufcitoit point un mort pour preuve de la bonTome III.

E

1040.

P. 1948.

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té de fa doctrine. L'épreuve fe fit en public,
afin que le peuple fut défabufé au fujet de ce
fanatique. Le mort fut expofé fur un lit ma
gnifique. Polychrone mit fur ce corps fa con
feffion de foi, lui parla bas pendant plufieurs
heures, & dit enfin; Il m'eft impoffible de
reffusciter le mort, Le peuple s'écria: Anathê,
me au nouveau Simon. Comme il perfista dans
fon erreur
le Concile le condamna comme
hérétique, & comme aiant voulu tenter le
Saint Efprit, & il fut dépofé du Sacerdoce,
L'Empereur affifta à la derniére feffion à la
quelle il y eut plus de cent foixante Evêques,
On y lut la définition de foi du Concile, où
il déclare qu'il adhére aux cinq Conciles pré-
cédens & rapporte le Symbole de Nicée & de
Conftantinople. Enfuite il nomme les auteurs
de l'erreur & les condamne, fçavoir: Sergius,
Pyrrhus, Paul & Pierre de Conftantinople,
Théodore de Pharan, Cyrus d'Alexandrie
le Pape Honorius, & Macaire d'Antioche.
Enfin il explique le myftére de l'Incarnation,
prouve & décide qu'il y a en Jefus-Chrift deux
volontés & deux opérations naturelles, & dé-
fend d'enfeigner autre chofe, fous peine de
dépofition pour les clercs, & d'anatheme pour
les laïcs. Enfuite font les foufcriptions des Lé-
gats & de cent foixante-cinq Evêques. Le Con-
cile confirma encore cette definition de foi par
plufieurs acclamations, & réitera les anathê,
mes contre les hérétiques, entre lefquels le Pape
Honorius ne fut pas oublié.

Le Pape Agathon mourut peu après le Concile, & il cut pour fucceffeur Leon II. qui écrivit à l'Empereur une lettre dans laquelle il parle ainfi des actes du Concile. Aiant exa miné avec foin les Actes du VI. Concile,

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Concile Général. 7. fiècle. nous les avons trouvés conformes à ce que les fujet Légats nous ont rapportés, & nous avons vu que ce fixième Concile a fuivi exactement les cinq précédens. C'eft pourquoi nous le recevons comme les cinq autres. Nous anathemapolitifons les inventeurs de la nouvelle erreur, SerAgius de Conftantinople, Cyrus d'Alexandrie, erliftad &c. & encore Honorius, qui au lieu de puna con rifier cette églife Apoftolique par la Doctrine des Apôtres, a penfé renverfer la foi par une Sace trahifon profane.

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C'eft ainfi que Dieu fit triompher fa caufe avec un merveilleux éclat, après avoir perncilmis qu'elle fût combattue par des adverfaires cipuiffans & artificieux. Un changement f prompt & fi grand dans les affaires de l'Eglife, paroît d'abord étonnant. Mais il faut fe Sergipeller ce que nous avons dit, à l'occasion du rapcalme qui fuivit la violente tempête de l'ATianifme. Les défenfeurs de l'unité de volonté en Jefus-Chrift ne faifoient point un corps d'hommes toujours fubfiftans, & fe tranfmet

tant

tà titre de fucceffion & d'héritage le venin de leur doctrine ; c'étoit une troupe de factieux qui étoient fans fuite & fans fucceffeurs. Ils obtinrent une lettre du Pape Hono rius qui leur étoit favorable. Mais les fuccef(e feurs de ce Pape, ne fe crurent point obligés de fuivre le malheureux engagement qu'il avoit pris. Nous venons d'entendre le Pape Leon II lui dite Anathême avec autant de force qu'à Sergius & à Cyrus. L'Empereur Pogonat ne fit pas difficulté de révoquer les Edits: de les prédéceffeurs ; & quand l'erreur n'eut plus l'appui de l'autorité impériale, elle ne fut plus en état de fubfifter. Il n'étoit queAtion que d'un feul dogme, A la vérité cel

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dogme étoit capital; mais la plupart de ceux qui le combattoient, nioient les conféquences qui le rendoient fi précieux. La vérité con tredite étoit purement fpéculative, & n'étoit point combattue par le penchant & les paffions de l'homme. L'erreur n'avoit pas jetté de profondes racines : les fidéles n'en étoient point imbus: la nouveauté n'avoit point péné tré en Occident: toutes ces confidérations contribuent à montrer comment, après l'Empereur Heraclius, le changement de gouver, nement a pû ramener le calme & la tranquillité dans l'Eglife, fous le pontificat d'un Pape auffi bien intentionné qu'Agathon.

6. Colomban.

ARTICLE VI.

Plufieurs Saints illuftres du feptième
Siécle.

S

I.

Aint Colomban étoit né en Irlande vers l'an 560. dans la province de Leinster. Il apprit des fa jeuneffe les Arts libéraux, la Grammaire, la Rhétorique, la Géométrie, Mais comme il avoit toutes les qualités de l'efprit & du corps, qui peuvent rendre un jeune homme aimable, il craignit les dangers dy monde & les attraits de la volupté. Il quitta donc fon païs, malgré l'oppofition de fa mere, & paffa dans une autre province d'Irlande, il fe mit fous la conduite d'un homme ref pectable nommé Silene. Sous un fi habile maî

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les p

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detre, Colomban fit de fi grands progrès dans les faintes lettres, qu'il compofa, étant encore jeune, un Traité fur les Pfeaumes, & quel ques autres ouvrages. Il entra enfuite dans le monaftére de Bancor le plus célébre d'Irlande, & y paffa plufieurs années, menant une vie très-auftére. Pour fe détacher du monde de plus en plus, il réfolut de paffer dans une éterre étrangère à l'exemple d'Abraham. Il com muniqua fon deffein à l'Abbé, qui eut beaucoup de peine à fe priver d'un tel fecours 3 mais enfin il y confentit croiant que c'étoit la volonté de Dieu. Saint Colomban aiant reçu fa bénédiction, fortit de Bancor avec douze autres moines, étant âgé de trente ans. Ils pafférent dans la Grande Bretagne, & delà dans les Gaules. La foi y étoit entiére, mais la difcipline fort déchue, foit par les incurfions des Barbares, foit par la négligence des pafteurs. On négligeoit les pratiques de pénitence, & le relâchement devenoit chaque jour plus senfible.

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pa

Colomban prêchoit par-tout où il paffoit, & fes vertus donnoient beaucoup de poids à fes inftructions. Il étoit fi humble, qu'il vouloit avoir le dernier rang parmi fes compagnons. Ils n'avoient tous qu'un cœur, & qu'une ame. Leur modeftie, leur douceur tience leur attiroient l'eftime & la confiance de tout le monde. Si quelqu'un faifoit une faute, tous s'appliquoient à le corriger. Perfonne n'avoit rien en propre. En quelque endroit qu'ils s'arrêtaffent, ils infpiroient la piété à tout le monde. La réputation de faint Colomban s'étendit jufqu'à la Cour de Gontran Roi de Bourgogne, qui l'aiant entendu parler, le pria de s'arrêter dans fes Etats, & lui

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