DE que bonheur qu'il y a de fervir Dieu que Riquier fe fentit embrâfé d'un ardent défir de renoncer au fiécle, pour ne plus s'occuper que de la grande affaire du falut. Quand il eut long-temps pratiqué la vertu, & qu'il fe fut parfaitement inftruit dans la science des Saints, on l'éleva au Sacerdoce, & on l'envoia prêcher aux autres les mêmes vérités qu'il avoit apprifes. Il fit de grands fruits dans tous les lieux où il annonça la parole de vie. Les pécheurs fe convertiffoient, & les juftes s'affermiffoient dans la juftice: car il n'infpiroit pas de petites dévotions qui ne font qu'amufer les ames, & qui les portent à croire qu'elles font changées, lorfqu'elles n'ont encore l'écorce de la converfion. Il jugeoit des arbres par leurs fruits. Quand on avoit renoncé à foi-même, dompté fes paffions, mortifié fon amour propre, évité toutes les occafions du péché, & que l'amour de Dieu avoit établi fon regne dans le cœur, alors il accordoit le bienfait de la réconciliation. Le Roi Dagobert attiré par l'odeur de fes vertus vint le voir, pour fe recommander à fes priéres & recevoir fes inftructions. Saint Riquier profitant de la confiance que ce Prince lui témoignoit, lui parla avec force de la vanité des grandeurs, & du compte terrible que rendront ceux qui gouvernent. Il lui dit qu'il ne devoit point fe laiffer féduire par les flatteries de fes Courtifans qui ont toujours interêt qu'un Roi ne connoifle point la vérité, de peur qu'il n'exige une reforme qui incommoderoit leur cupidité. Il l'exhorta à prendre la juftice pour la régle de toutes fes actions, & à s'occuper du moment où il paroîtra devant Dieu, pouillé de tout, & n'étant fuivi que * de fés dé œu 1 [$. Jofle. Ste. Gertrude. par vres; d'avoir toujours préfente devant les yeux cette importante vérité, qu'un Roi n'eft gran qu'autant qu'il eft maître de fes paffions, qui aime fon peuple comme fes enfans, & qu fait regner la piété dans fes Etats. Dagobe reçut avec refpect les, inftructions de fais Riquier; mais ce ferviteur de Dieu craigna les honneurs, & l'air empoifonné qu'on refpi auprès des Grands, alla fe cacher dans la litude , pour n'être connu que de Dieu àq feul il vouloit plaire. Ii choifit la forêt de Cre au Diocèse d'Amiens, & il y acheva fa v Il mourut vers l'an 645. Dieu fit connoître. fainteté la multitude & la grandeur de miracles qu'il opéra fur fon tombeau.. Judicael ou Juel Comte de Bretagne, en mourant fes Etats à Giguel fon fils aîné qui prit le premier le titre de Roi de Breta gne; mais peu de temps après il fut touch de Dieu, & renonça à cette Couronne cor ruptible, pour travailler dans la folitude à en acquerir une incorruptible & éternelle. Avant que de fe retirer, il propofa la Couronne à Joffe fon frere cadet. Mais Joffe qui n'avoit pas moins envie que fon aîné d'arriver au ciel, voulut prendre du temps pour y penfer; & le fruit de fes reflexions fut de fuir les grandeurs du fiécle, pour mener une vie pauvre, pénitente & inconnue. Le refte de la vie de faint Joffe répondit à un commencement fi heureux. Il finit fa pénitence par une mort fainte l'an 668. laill Gertrude nâquit de parens illuftres par leur nobleffe, par leurs dignités, & par leur vertu. Pepin fon pere, Maire du Palais, étoit recommandable par fa fageffe & par fon amour -pour la justice. Itte fa mere avoit une piété 1 folide, & l'infpira de bonne heure à fa fille. A oint l'âge de dix ou douze ans Gertrude avoit déja for pris la refolution de confacrer à Jesus-Chrift fa virginité, & de n'avoir point d'autre époux S.De que lui. Elle déclara fa réfolution dans l'oc scafion la plus capable de l'affoiblir; mais la grace qui l'animoit, la rendit fupérieure à la tentation qu'il lui fallut éprouver. Un jour Pepin fon pere aiant prié le Roi Dagobert de lui faire l'honneur de dîner chez lui, lorf que ce Prince fut à table, le fils du Gouverneur d'Auftrafic vint le prier de lui donner Gertrude pour époufe dès qu'elle feroit en état d'être mariée. La propofition fut agréée du Roi & de Pepin. On fit venir auffi - tôt Gertrude pour la faire confentir à cette demande. Elle parut devant le Roi, accompa gnée de fa mere. Le Roi lui demanda fi elle ne feroit pas bien aife d'avoir pour époux celui qu'elle voioit devant elle, jeune, bienfait, vêtu de foie & tout brillant d'or. Jefus-Chrift eft mon époux, répondit-elle, je ne veux ni de ce jeune homme, ni d'aucun autre. On admira fa vertu & on ne la força point de prendre un engagement fi contraire à fon inclination. Saint Amand exhorta Itte fa mere à fonder un monaftére où elle pût fe retirer avec fa fille. Elle fit bâtir l'Abbaie de Nivelle en Brabant entre Mons & Bruxelles. Ger > trude la gouverna avec fageffe, & y main tint la ferveur. Elle lifoit fans ceffe l'Écriture obtint de Clotaire III. conçut une fi grande aver fion les vanités du monde, pour qu'elle par fes priéres d'être défigurée, afin d'être hors d'état de plaire au monde qu'elle avoit en horreur, & dont elle redoutoit les faveurs. Elle reçût le voile facré de faint Ouen, & gouverna une nombreuse communauté de vierges & de veuves qui fe mirent fous fa conduite. Elle les édifia pendant trente ans & mourut vers l'an 698. Concile de ARTICLE VII Conciles & Difcipline. Outes les provinces de Gaule étant réu nies fous le Roi Clotaire, il fe tint'à Paris l'an 614. Paris un Concile de foixante & dix-neuf Evêques, le plus nombreux que nous aïons encore vû dans les Gaules. On y fit quinze Canons dont le premier porte, qu'à la place d'un Evêque mort on ordonnera celui qui fera choifi par le Métropolitain avec fes Comprovinciaux, le Clergé, & le peuple de la ville, &" gratuitement. S'il arrive autrement, par la puiffance de quelqu'un, ou par négligence, l'élection fera nulle. Ce Canon tend principa lement à réprimer l'autorité que les Rois s'actribuoient dans l'élection des Evêques. La plûpart des autres Canons regardent les donations faites à l'Eglife, & d'autres affaires temporelles. Le Roi Clotaire modifia ces Canons & II. Concile de en expliqua plufieurs. On tint un Concile à Seville Ran 619. huit Exèques y affiftérent. Le premier étoit faint ueles Ifidore Archevêque de Seville. Le Clergé de la hville y étoit préfent, & deux laïcs portant le qu'elle titre d'Illuftres. Les decrets de ce Concile font es divifés en 13. chapitres felon les matiéres O mais il n'y eut que trois féances. Ce font des réglemens généraux, à l'occafion de diverfes daffairés particulières. La prefcription de 30. ans & aura lieu entre deux Evêques qui difputeront la poffeffion de quelques églifes particuliéres. Aucun Evêque ne peut dépofer un prêtre ou un diacre, que dans un Concile. On réserve aux feuls Evêques plufieurs fonctions, dont I quelques-unes font aujourd'hui communiquées aux prêtres. Il eft défendu aux Evêques d'adminiftrer les biens de l'Eglife, fans avoir un œconome témoin de leur conduite. Il eft marqué que les cleres étoient diftingués des laïcs leur habit. Il eft défendu aux par Evêques de fupprimer aucun monaftére & de les dépouiller de leurs biens. Les monaftéres des filles feront gouvernés par les moines, mais leurs demeures feront éloignées. L'Abbé seul - vifitera le monaftére, mais il ne pourra parler qu'à la Supérieure, encore en préfence de deux ou trois fœurs, enforte que les vifites foient rares & les converfations courtes. pour L'an 625. plus de quarante Evêques de toutes les provinces de France s'affemblérent à Reims & firent vingt-cinq Canons. Il fut ordonné qu'on y obferveroit ceux du Concile de Paris tenu onze ans auparavant, qui eft nommé général. On ne pourra tirer des églifes ceux qui s'y feront refugiés, mais ceux-ci promettront de fe foumettre à la pénitence canonique dûe à leur crime. On n'ordonnera point d'Evêque qui ne foit né dans le lieu ? Concile de Reims. |