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que prononçoit une bénédiction à plufieurs reprifes, telle que nos Evêques en difent encore aux fêtes les plus folennelles. Tout le monde venoit enfuite recevoir la Communion à l'Autel, même les femmes. On donnoit aux hommes l'Euchariftie dans la main, & ils la portoient eux-mêmes à leur bouche. Les dia cres donnoient la Communion du calice. Ceux qui ne recevoient pas l'Euchariftie, recevoient des Eulogies ou pains bénis, pour montrer qu'ils ne laifoient pas d'être dans la communion de l'Eglife....

Tout cela fe connoît par l'ancien Lectionnaire publié en 1685. & par trois anciens Miffels ou Sacramentaires publiés en 1680. L'Antiphonier n'a pas encore été retrouvé. Les principales différences d'avec la Liturgie Romaine, font la premiére. Préface, la leçon de l'ancien Teftament avant l'Epitre, les trois Oraifons, après la lecture des Dyptiques, après la paix, & après la confécration, la brièveté du Canon & la bénédiction folemnelle avant la communion. Les Auteurs de la Liturgie Gallicane étoient, à ce que l'on croit, faint Hilaire qui outre le Livre des Hymnes, en avoit > fait un des Myftéres: Mufée prêtre de Marfeille, qui par ordre de l'Evêque Venerius, tira de l'Ecriture fainte les leçons pour les fêtes de toute l'année, avec les répons & les capitules convenables. Il compofa ensuite un Livre des Sacremens, qui outre les priéres & les Préfaces, contenoit auffi les Pfeaumes que fon devoit chanter felon les leçons. Il mourut peu après le milieu du cinquiéme fiécle. Sidonius avoit auffi compofe un Livre de Meffes, auquel faint Gregoire de Tours fit une Préfaceup

Origine de Mahomet.

ARTICLE IX.

Mahomet. Progrès étonnant de cet Im pofteur. Etendue de l'Empire des Mufulmans.

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Ans l'Arabic Petrée qui borde la Mer rouge, eft La Mecque, ville ancienne, où habitoit alors entre autres une tribu d'Arabes nommés les Corifiens, qui fe difoient defcendas d'Ifinaël par Cedar fon fils aîné. De cette tribu étoit la famille d'Hafehem, de la quelle vint Mahomet, ou plutôt Mahomed; car c'eft ainfi que les Arabes prononcent fon nom, qui fignifie défiré. Il n'âquit l'an 568. Il perdit fon Pere Abdalla à l'âge de deux ans, & Aboutalib un de fes oncles paternels fe chargea de fon éducation. Ille fit entrer dans le com inerce, qui étoit l'occupation des habitans de La Mecque à caufe de la ftérilité du país; & à cette occafion Mahomet voiagea fort jeune en Syrie jufqu'à Damas. 11 y époufa une riche veuve dont il eut des enfans, efitre autres une fille nommée Phatima. A l'âge de quarante ans, & l'an de Jesus-Chrift 608. Mahomet commença à fe déclarer Prophète & infpiré de Dieu pour rétablirla Religion. 11 le perfuada d'abord à fa femme, à fon efclave, a fon coufin Ali fils d'Aboutalib, & à Aboubeere homme fort diftingué par fon mérite & par les richeffes. Il gagna encore cinq autres perfonnes, neuf en tout, & quatre ans après il fit le prophéte & prêcha fa. Religion. Il ne prétendoit pas qu'elle fut nou

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velle, mais il fe vantoit de rétablir dans fa pu-
reté celle d'Abraham & d'Ifmael, plus ancien-
ne, difoit-il, que celle des Juifs & des Chré
tiens.

Voici l'abregé de fa doctrine. Il n'y a qu'un Sa Doctrine. Dieu fouverainement parfait & créateur de l'univers. Il a envoié en divers temps des Prophétes pour inftruire les hommes, fçavoir Noé, Abraham, Moyfe, & les autres que les Juifs reconnoiflent, aufquels il ajoutoit quelques Arabes felon la tradition de fon païs. Le plus grand de tous les Prophêtes, ajoûtoit-il, a été Jefus fils de Marie, né d'elle, quoique Evierge, par miracle. C'eft le Meffie, le Verbe, l'Efprit de Dieu. Les Juifs le voulurent faire mourir par envie, mais Dieu le fauva par miracle. Jean fils de. Zacharie, les Apôtres de Jefus & les Martyrs font auffi des faints, La loi de Moyfe & l'Evangile font des Livres divins. Mais les hommes ont toujours abufé des graces de Dieu. Les Juifs & les Chrétiens ont altéré la vérité & corrompu les faintes Ecri pour tures. C'eft pourquoi Dieu m'a envoié inftruire les Arabes. Il faut donc renoncer à l'idolâtrie, n'adorer qu'un feul Dieu, fans luž attribuer rien qui foit indigne de lui, ni perfonne qui partage avec lui l'hommeur qui lui. eft du: il faut reconnoître Mahomet pour fon Prophéte, croire la réfurrection, le jugement univerfel, l'enfer soù les méchans bruleront éternellement, & le paradis qui eft un jardin délicieux artofé de plufieurs fleuves, où les bons jouiront éternellement de toutes fortes de plaifirs fenfuels. Mahomet ordonnoit de renoncer à l'idolâtrie, parce qu'elle regnoit encore dans fón païs, A l'égard des pratiques extérieures de Ja Religion, il ordonne la prière cing fois le

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l'Alcoran.

jour à certaines heures, & la pureté du corps comme une difpofition néceffaire à la priere: Il ordonna encore l'abftinence du vin, du fang, de la chair de porc, le jeûne en certain temps, & la fanctification du Vendredi. Il recommanda le pélerinage à La Mecque, pour y vifiter un temple qui étoit en grande vénération chez les Arabes, qui en attribuoient la fondation à Abraham. Il infifta fur la néceffité de faire l'aumône & de paier la dixme. Il exhortoit à prendre les armes pour la défense de la Reli gion, affurant le paradis à ceux qui mouroient dans ces combats. Il commandoit d'exterminer les idolâtres, & de faire mourir ceux qui abandonnoient fa Religion après l'avoir embrassée: Il prêchoit fur-tout l'abandon à la volonté de Dieu, fe fondant fur la prédeftination qu'il entendoit mal, & qu'il regardoit comme une deftinée fatale. Du verbe falama qui fignific s'abandonner à la volonté de Dieu, eft vena le nom d'Ilam qui eft le propre nom de la Religion de Mahomet, & celui de Moflemin qui fignifie ceux qui la profeffent. Nous l'exprimons par celui de Mufulmans, & nous les nommerons toujours ainfi.

Il faifoit écrire à mefure les inftructions qu'il donnoit à fes difciples, & nommoit ces.. Ecrits d'un nom général Al-coran ; c'est-a-di re, la lecture, où, comme nous dirions, l'Ecriture. Il difoit que ces Ecrits lui étoient en voiés du Ciel par le miniftere de l'Ange Gabriel, avec lequel il prétendoit avoir de fré quentes conférences. On dit même qu'il tomboit dans un état convulfif, & que pour confoler fa femme qui en étoit affligée, il lui per fuada que fes convulfions étoient des extafes pendant lefquelles il s'entretenoit avec l'An

ge. Les difcours de l'Alcoran font fans-raifonnemens, fans fuite & fans liaison, mais ils ane font pas fans deffein. Ils tendent à autorifer la prétendue miffion de Mahomet, en affurant avec une hardieffe extrême qu'il parle de la part de Dieu, & rapportant les exemples de Moyfe, des autres Prophétes, de Jefus Chrift même, qui ont toujours trouvé de la réfiftance de la part des hommes. Il raconte quantité d'hiftoires de l'ancien & du nouveau Teftament, mais prefque toutes altérées, & mêlées de fables. Il y a des ignorances grof fieres, comme quand il confond Marie fœur de Moyfe avec la Vierge mere de Jefus. Il y a des contradictions manifeftes & une infinité de redites. Cependant il donne de temps en temps des préceptes de morale, prefcrit des cé rémonies de Religion, ou des loix pour le : commerce de la vie, mais le tout fans au- cun ordre. Quelquefois il fait fon apologies, s'efforçant de répondre aux reproches qu'on lui faifoit: quelquefois il encourage les fiens abbattus par une défaite ou par quelque autre accident ; & par tout il répand de grands lieux communs fur la majefté de Dieu, fa puif fance, & fa bonté, fur l'ingratitude des hommes, für les peines & les récompenfes de l'autre vie, s'efforçant d'imiter par un ftile pompeux & figuré l'éloquence fublime des vrais Prophétes.

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La doctrine qu'il enfeignoit, & les prati Etat des ques qu'il propofoit, n'étoient pas nouvelles à Arabes, la plupart des Arabes. Car quoi qu'il y eût parmi eux un grand nombre d'idolâtres, il y avoit auffi beaucoup de Juifs & de Chrétiens. De quelque Religion que fuffent les Arabes, ils étoient communément fort ignorans furtout

furtout

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