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la correction de tout le monde. Je ne regarde comme mes véritables amis, que ceux qui contribuent à me faire prévenir par leurs charitables avis, le jugement du Juge ter

rible.

L'Empereur Maurice avoit défendu par une loi, à ceux qui auroient exercé des Charges publiques, d'entrer dans le Clergé, ni dans les monaftéres, & à tous ceux qui étoient marqués à la main comme foldats enrollés, d'embraffer la vie monaftique. Saint Grégoire écrività l'Empereur une lettre qui commence ainf: C'eft fe rendre coupable devant Dieu, que dire la vérité aux Princes. Il loue

de

ne pas

la premiére partie de la loi, qui exclut de la clericature les Officiers publics. Car, dit-il, ces gens veulent plûtôt changer d'emploi, que renoncer fincérement au fiécle. Mais la défen

fe

que la loi fait aux foldats d'embraffer la vie monaftique, m'épouvente pour vous. C'eft fermer à plufieurs le chemin du Ciel: car quoique l'on puiffe vivre faintement dans le monde, ly a néanmoins beaucoup de perfonnes, qui l'afyle d'un monaftére eft néceffaire. Moi qui parle ainfi à mes maîtres, continuë faint Grégoire, qui fuis-je, finon un ver de terre ? Je ne puis cependant m'empêcher de parler, volant que cette loi eft contraire à la volonté de Dieu. Car la puiffance vous a été donnée d'en haut fur tous les hommes pour faire le bien, & pour emploier votre autorité à aider les hommes à fe fauver. Et cependant la loi fur laquelle je fais mes remontrances, porte que celui qui fe fera engagé au fervice de la terre, ne pourra plus fe confacrer au service. de Jefus-Chrift, avant que fon temps foit expiré, ou qu'il n'ait reçu fon congé comme inva

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lide. Voici ce que Jefus-Chrift vous répond à cela par ma bauche de Sécrétaire je vous ai fait Capitaine des gardes, enfuite Céfar, & enfin Empereur & pere d'Empereurs. J'ai foumis mes Prêtres à votre puiffance, & vous retirez vos foldats de mon service. Répondez, je vous prie, Seigneur, à votre ferviteur que répondrez-vous à votre maître, quand il viendra vous juger & vous parler ainfi? Je vous conjure par ce Juge terrible de ne pas rendre inutiles devant Dieu, tant de larmes que vous répandez, tant de prières, de jeûnes ́, & d'aumônes que vous faites, mais d'adoucir ou de changer cette loi. Saint Grégoire adressa cette lettre au médecin de l'Empereur qui avoit un grand crédit, dont il ne faifoit ufage que pour le bien public. Si le motif de cette foi, lui dit le faint Pape, eft que les converfions des foldats diminuent les armées, pereur doit confidérer, que c'eft moins par la force de fes troupes, que par celle de fes priéres, qu'il a vaincu les Perfes. Or il est étonnant qu'il détourne fes foldats du service de celui qui l'a rendu le maître non-feulement des foldats, mais des Evêques. Je vous prie de préfenter ma remontrance à l'Empereur en fecret & dans un temps favorable. Servezvous de l'amitié dont il vous honore, pour lui parler librement de l'intérêt de fa confcience au milieu de tant d'occupations, qui peuvent empêcher qu'il ne s'en occupe affez. Si vous êtes écouté, vous procurerez le bien de fón ame & de la vôtre; fi vous ne l'êtes point, Dieu ne laiffera pas de récompenfer les efforts que vous aurez faits. L'Empereur eut égard aux remontrances de faint Grégoire : la loi fut modérée; il fut permis aux foldats d'entrer

l'Em

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poddans des monaftéres, à condition qu'on les éprouveroit pendant trois ans, & qu'on examineroit férieufement les motifs de leur retraite.

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Le même zéle de faint Grégoire paroît dans Ré le grand different qu'il eut avec Jean Patriarche de Conftantinople. Jean envoia à S. Gréregoire les actes d'un jugement qu'il avoit rendu contre un prêtre accufé d'héréfie, dans lefquels il prenoit prefque à chaque ligne le titre d'Evê... que univerfel. Saint Grégoire, pour garder l'ordre de la correction fraternelle, lui en fit parler deux fois par fon Nonce, & enfuite il lui en écrivit ainfi : Vous fçavez quelle paix vous avez trouvé dans les églifes; & je ne fçais par quel motif vous prétendez yous attribuer un nom capable de fcandalifer tous vos freres. Je vous prie, je vous conjure, je vous exhorte avec toute la mo dération poffible, de réfifter à ceux qui vous flattent, & qui vous donnent ce nom plein d'extravagance & d'orgueil. Ne fçavez vous pas que le Concile de Calcédoine offrit cet honneur aux Evêques de Rome? Mais aucun n'a voulu le recevoir, de peur qu'il ne pa rût s'attribuer à lui feul l'Epifcopat & l'ôter tous fes freres. Saint Grégoire écrivit en même temps à fon Nonce, & lui découvrit l'artifice de Jean, qui faifoit écrire l'Empeeur pour lui. Il efpere, dit-il, autorifer fa vaine prétention, fi j'écoute l'Empereur ; ou l'irriter contre moi, fi je ne l'écoute pas. Mais je marche dans la droiture, ne craignant en cette affaire que Dieu feut. Mépriféz auffi tout ce qui paroît grand en ce monde. Ils ne peuvent nous défendre des épées de nos ennemis : ils nous ont fait perdre nos biens

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2.

pour fauver l'Etat ; & ils voudroient encore après cela nous faire perdre la Foi, en nous faifant confentir à ce titre criminel. Saint Grégoire traite cette conteftation de question de foi, parce que la Foi ne permet pas de ne reconnoître qu'un feul Evêque dont les autres ne fuffent que les Vicaires, & il prévoioit les fuites funeftes de l'ambition des Evêques de Conftantinople, qui n'a que trop éclaté dans les fiécles fuivans. C'eft ce qui l'obligea de répondre ainfi à la lettre de l'Empereur en faveur du Patriarche. Il ne faut, dit-il, attribuer les calamités publiques qu'à l'ambition des Evêques. Nous détruifons par nos exemples ce que nous établissons par nos paroles. Nos os font confumés de jeunes, & notre efprit eft enflé d'orgueil : Nous avons le cœur élevé fous des habits méprifables quoique nous couchions fur la cendre, nous ne laiffons pas d'afpirer à ce qu'il y a de plus grand. Tout ceci regarde l'extérieur mortifié de Jean qui fut furnommé le Jeûneur. La primauté, continue faint Grégoire, a été donnée à faint Pierre, & néanmoins on ne l'appelle pas Apôtre univerfel, Toute l'Europe eft livrée aux Barbares, les villes font détruites, les fortereffes ruinées, les provinces ravagées, les terres incultes ; & les Evêques qui devroient pleurer, & s'humilier, cherchent de nouveaux titres pour contenter leur vanité. Eft ce ma cause particuliére que je défens ? N'eft-ce celle de pas Dieu & de l'Eglife universelle ? Plufieurs Evêques de Conftantinople ont été hérétiques & même héréfiarques, comme Neftorius & Macédonius: fi donc celui qui remplit ce Siége étoit Evêque univerfel, toute l'Eglife

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enco tomberoit avec lui. Pour moi je fuis le ferviteur de tous les Evêques, tant qu'ils viSain vent en Evêques ; mais fi quelqu'un éleve fa tête contre Dieu, j'efpére qu'il n'abaiffera pas la mienne, même avec le glaive. Saint Grégoire écrivit à l'Imperatrice fur le même fujet. Il eft trifte, dit-il, que l'Empereur fouffre celui, qui veut être appellé feul Evêque au mépris de tous les autres. Il est vrai que les péchés de Grégoire le méritent: Em mais faint Pierre n'a point fait de péchés qui doivent lui attirer un tel traitement de votre temps.

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ARTICLE II.

Suite des Travaux de faint Grégoire,
Ses Ouvrages.

I.

Omme la réformation de l'Office de l'é

Cglife de Rome eft une des plus célébres Réformatic

de l'Office, actions du Pontificat de faint Grégoire, il eft

à propos de nous y arrêter un peu. Nous avons

parlé du facramentaire du Pape Gelafe. Saint Grégoire en retrancha plufieurs chofes, en changea quelques unes, & en ajouta d'autres. Il recueillit le tout en un volume qui eft fon Sacramentaire. C'est le nom qu'on donnoit autrefois au livre, qui contenoit les priéres que le prêtre devoit dire dans l'adminiftration des Sacremens, & fur-tout dans la célébration du faint Sacrifice. Nous avons parlé du Lectionnaire, de l'Antiphonaire & du Pfeautier. Pour

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