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fuite, de concert avec faint Ignace, à remédier aux grands maux qu'avoit fait Photius. Nous verrons par quelles voies Photius rentra en faveur. Ce fut fous le régne de Bafile que fe tint le huitiéme Concile général, & qu'anivérent d'autres grands événemens que rapporterons. Bafile eut foin de bien orner les églifes; & l'on en compte jufqu'à quarantedeux, qu'il fit bâtir ou réparer à Conftantinople & aux environs. La plus magnifique étoit celle qu'il fit en l'honneur de Jefus-Christ, de l'Ange Gabriel, du Prophéte Elie, de la fainte Vierge & de faint Nicolas. Le toit étoit couvert de cuivre ; les murailles en dedans, revêtues de marbre; les tables d'autel & les baluftres, d'argent doré; le pavé, de marbre de piéces de rapport. Devant la principale porte au couchant, étoit une grande. cour. Il y avoit deux fontaines magnifiquement ornées. A la porte du Septentrion étoit une gallerie couverte, fur le platfond de laquelle on avoit peint les glorieux combats des Martyrs. Au midi, entre l'églife & le Palais, étoit une grande place, où l'Empereur jouoit à la paulme à cheval. Derriére l'églife, étoit un jardin. Ainfi on gardoit encore l'ancien ufage de mettre de grands efpaces entre les églifes & les autres bâtimens. On peut prendre une idée des peintures de ce temps-là, par un manufcrit des Œuvres de faint Gregoire de Nazianze, que l'on garde à la bibliothèque du Roi. Peut-être quelques-uns regardoient-ils comme un effet du zéle de l'Empereur Bafile. pour la Religion, les cruautés qu'il exerça. contre les Infidéles. Car l'Empereur Conftantin fon petit-fils, qui a écrit fon éloge, marque qu'aiant pris plufieurs Mufülmans de

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Pie de Crete, il leur fit fouffrir divers fupplices. Il y en eut qu'il fit écorcher entiérement, fur-tout ceux qui avoient renoncé à la foi chrétienne. A d'autres il faifoit feulement enlever des laniéres de la peau depuis la tête jufqu'aux talons. Il en faifoit élever plufieurs avec des poulies, pour les plonger dans des chaudières de poix, difant qu'ils étoient dignes d'un tel baptême.

Leon VI. fuccéda à fon pere Bafile, & re- Regne de gna vingt-cinq ans. Son amour pour les lettres Leon le Phile fit furnommer le fage, ou le Philofophe. Il lofophe. chaffa Photius du Siége de Conftantinople & l'envoia en éxil, où il ne vêcut pas long-temps. Etienne, frere de l'Empereur, fut choifi pour remplir ce Siége. Il s'acquita de tous les devoirs d'un bon Pafteur, & mourut l'an 895. n'aiant gouverné l'églife de Conftantinople que fix ans. C'eft à lui que font adreffées toutes les Novelles de l'Empereur Leon fon frere, touchant les matiéres eccléfiaftiques. Ces Novelles tendent la plupart à abroger les nouveautés introduites par Juftinien. Mais l'Empereur Leon fit un Ouvrage beaucoup plus confidérabe fur le Droit Romain. Car trouvant imparfaite la compilation de Juftinien, en ce qu'elle étoit encore divifée en plufieurs corps, le Digefte, le Code, & les Inftitutes, fans compter les Novelles compofées de=puis; il fit refondre, pour ainfi dire, & rédi=ger en un feul corps, toutes les loix contenues dans ces livres, & divifa ce nouveau recueil en fix parties & en foixante livres. On les nomma les Bafiliques, foit parceque l'Empereur Bafile avoit commencé cet Ouvrage, foit pour dire les Conftitutions Impériales, le nom de Bafile en grec, fignifiant Roi & Empereur.

Etat de l'Empire des Mufulmans,

vile.

C'eft ce droit que les Grecs ont toujours fuivi depuis. Il fut compofé en grec, au lieu que les livres de Juftinien étoient en latin. Mais comme on ne le parloit plus à Conftantinople dès le temps de Juftinien, ils avoient été presque auffi-tôt traduits en grec.

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ARTICLE IV.

Empire des Mufulmans.

Calife Aa Aaron Rachid vivoit encore an commencement du neuviéme fiécle. Il régna vingt-trois ans, & en vêcut quarantehuit. C'eft un des plus illuftres Califes. Il étoit fi dévot Musulman, qu'il fit huit fois le pé lerinage de la Mecque étant Calife. Il fut le dernier qui le fit en perfonne. Quand il ne pouvoit y aller, il entretenoit trois cens pèlerins à fes dépens. il donnoit tous les jours aux pauvres des fommes confidérables & faifoit cent génufléxions. Il aimoit & honoroit les fçavans; Guerre ci- & il étoit libéral jufqu'à la magnificence. Avant fa mort il partagea les Etats à trois de fes fils, qui fe firent une guerre cruelle après la mort. Cette guerre civile caufa de grands défordres tiens perfécu- en Syrie, en Egypte, & en Afrique: on ne voioit par tout que meurtres & que pillages. A Jérufalem, les églifes de la Réfurrection, du Calvaire, & toutes les autres furent profanées & abandonnées ; & dans les déferts, les deux grandes Laures de faint Cariton & de faint Sabas, & les autres monaftéres de faint Eutyme & de faint Théodore, furent aufli abandonnés. L'an 812. plufieurs Chrétiens moines & laïques s'enfuirent de Paleftine &

Les Chré

de toute la Syrie, ne pouvant fouffrir les violences des Mufulmans pendant cette anarchie. Ce n'étoit par tout que meurtres & que brigandages. On étoit expofé à toutes fortes d'infamies. Un affez grand nombre fouffrit le martyre. Plufieurs fe réfugiérent dans l'Ile de Chypre, & de là à Conftantinople, où l'Empereur Michel le Begue & le Patriarche Nicéphore les reçurent avec beaucoup d'humanité. Le Patriarche donna un monaftére confidérable à ceux qui vinrent à Conftantinople, & envoia à ceux qui demeurérent en Chypre un talent d'or, qui monte à foixante & quatre mille livres de notre monnoie.

Politien Patriarche Melquite d'Alexandrie, qui avoit envoié des députés au feptiéme Concile, tint ce Siége quarante-fix ans, & mourut au commencement du neuviéme fiécle. Comme il étoit habile médecin, & qu'il avoit guéri par fes remédes une perfonne que le Calife aimoit, il obtint des lettres pour rentrer dans toutes les églifes que les Jacobites avoient ufurpées fur les Melquites, ce qui fut exécuté. Pendant la guerre civile qui fuivit lat mort du Calife Aaron, Alexandrie fut prife. & pillée, & les monaftéres voifins furent brû→ lés. Almamon qui avoit fuccédé à Aaron dans la dignité de Calife, aimoit fort les Lettres & les Sçavans;& ce fut principalement fous fon regne, que les Mufulmans commencérent Les Mufuls'appliquer à l'étude. Ils n'avoient d'abord mans voulu étudier que leur loi, leur langue, & un peu de médecine, & ils demeurerent en cet état fous les Califes Ommiades. Almanfor fecond des Abbafides, étudia de plus la Philofophie & l'Aftronomie ; mais Almamon fon petit fils pouffa ces études beaucoup plus loin.

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mencent à étudier.

Il fit des dépenfes extraordinaires, pour amal fer les livres les plus curieux écrits en fyriaque & en grec, afin de puifer la fcience dans les fources, & il pria les Empereurs Grecs de lui envoier ce qu'ils en avoient. Il fit enfuite chercher les meilleurs interprétes, & les chargea de les traduire en Arabe. Il excita fes fuà les étudier & à faire des conférences aufquelles il affiftoit. Il favorifoit les Sçavans de quelque Religion qu'ils fuffent. Il recevoit avec reconnoiffance les préfens qu'ils lui faifoient de leurs ouvrages. En peu de temps il chez eut tout ce qu'il y avoit de plus rare les Chrétiens Orientaux de toutes les fectes.

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Il s'appliqua fur tout à l'Aftronomie, & laiffa des tables du mouvement des aftres qu'il avoit faites lui – même : auffi eut-il à fa Cour plufieurs Aftronomes célébres. Mais ils pouffoient cette étude jufqu'à l'Aftrologie judiciaire; & cette fuperftition fi ancienne & fi ridicule, fit depuis ce temps de nouveaux progrès. Almamon embraffa la doctrine des Motazales, efpèce d'hérétiques parmi les Mufulmans, qui mêEtudes des loient à la Religion, une philofophie très fubMufulmans. tile, prétendant qu'on ne devoit en aucune forte diftinguer les attributs de Dieu de fon effence, ni dire que Dieu fçait par fa fçience, ou qu'il juge par fa juftice, mais par fon effence. Depuis ce temps-la les Mufulmans continuerent de cultiver les fciences. Ils ont eu un

nombre incroiable de gens habiles, furtout des Arabes & des Perfans, & ils ont écrit de quoi remplir de grandes bibliotéques. Ils étudiérent avec ardeur les traditions qu'ils attribuoient à Mahomet & à fes premiers difciples, les vies de leurs prétendus faints, les cas de confcience fur leurs pratiques de Religion, comme la priè

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