que

vine fur les Chrétiens, qui s'affoiblifoient toujours de plus en plus. Comme ils fe trouvérent trop refferrés en Espagne dont plufieurs provinces font ftériles, ils fongérent à faire des colonies. Ils abordérent en plufieurs Inles fans trouver aucun vaiffeau qui s'opposât à leur defcente, parce qu'on les avoit tous raffemblés pour la défenfe de Conftantinople, Aiant remarqué le terroir de l'Ile de Crete étoit excellent, ils y revinrent l'année fuivante;& auffi-tôt qu'ils furent débarqués, leur chef fit brûler les vaiffeaux pour les obliger de s'y établit. Ils défirent Photin que l'Empereur avoit envoié condont tre eux, & bâtirent la ville de Candie, toute l'Ile a pris le nom, Ils affujettirent tren te villes, dont une feule conferva la Religion chrétienne. L'Evêque de Gottyne, nommé Cyrille, fouffrir le martyre pour n'avoit pas vou lu renoncer à Jefus-Chrift. D'un autre côté les Mufulmans d'Afrique entrerent en Sicile l'an 820. & prirent Palerme. Etant enfuite devenus maîtres de toute la Sicile, ils firent de fréquentes defcentes en Calabre & en Lombardie. Ce fut pour s'opposer à leurs incurfions, & pour affurer l'embouchure du Tibre, que le Pape Gre goireIV.entreprit de rebâtir la ville d'Oftie tombée en ruine. Il la nomma de fon nom; Gregoriopolis. Aucun de fes prédéceffeurs n'avoit fait un auffi grand ouvrage pour l'utilité publique.

Les Chrétiens Jacobites ou Eutichiens té moignérent du zéle pour s'étendre. Leur Patriarche Jofeph ordonna des Evêques, & les envoia en Afrique. Il paroît affez clairement que les Abiffins, ou peuple d'Ethiopie, étoient en communion avec lui. Le Patriarche Melquite & les Chrétiens qui étoient fous fa conduite, étoient plus odieux aux Mufulmans, parce

qu'ils paffoient pour plus dévoués à l'Empereur Romain, dont ils fuivoient la Religion.

L'hiftoire nous apprend que la plupart des Origine des Princes chefs de la Religion des Mufulmans Turcs. étoient foibles, cruels, debauchés, & gouvernés par leurs officiers. Les Turcs profitérent de la foibleffe desCalifes pour le faire redouter : c'étoit le nom qu'on donnoit aux habitans du Turkeftan frontiére de la Tartarie. Ils curent toute l'autorité fous le Calife Montaz, & ils firent donner le gouvernement d'Egypte à Ahmed dont le pere avoit été efclave Turc. Ik avoit le cœur grand, méprifoit les mœurs groffiéres des Turcs, aimoit à laiffer partout des preuves de fa libéralité & de fa magnificence. Il gouverna en Souverain l'Egypte & la Syrie pendant quinze ans. Les Chrétiens gémiffoient dans l'Empire des Mufulmans fous une dure fervitude. On les accabloit d'impôts, & la plupart étoient réduits à l'aumône.

ARTICLE V.

Schifme de Photius. Huitième Concile général.

I.

près la mort de faint Méthodius, faint

tinople. Il étoit fils de Michel qui céda l'Empire l'an 813. à Leon l'Arménien, & de Précopia fille de l'Empereur Nicephore. Il étoit le dernier de leurs enfans, & s'appelloit d'a

S. Ignace Patriarche de Conftantino

ple.

da

bord Nicetas; mais quand fon pere perdit la Couronne, il fe fit couper les cheveux & prit le nom d'Ignace, comme nous l'avons dit. Il & il donna étoit alors âgé de quatorze ans, dès ce temps-là, des marques de la de la grande fainteté qu'on devoit un jour admirer en lui. Aiant embraffé la vie monaftique, il fit de tels progrès dans la vertu, qu'après la mort de fon Abbé, il fut forcé de prendre fa place. Il éta blit des monaftéres dans les trois Ifles, de Platos, Hyatros, & Térébinthe, que l'on nom moit les Illes du Prince. Il fut ordonné prê tre par Bafile Evêque de Paros dans l'Hellef pont, qui avoit beaucoup fouffert dans la perTécution des Iconoclaftes. Comme ceux qui honoroient les faintes Images ne vouloient point communiquer avec les Iconoclaftes, on menoit de Conftantinople & des villes voifines de Bythinie les enfans au Prêtre Ignace pour les baptifer. Il inftruifoit tous ceux qui s'adreffoient à lui, & les fortifioit contre les artifices & les violences des hérétiques. Il af fiftoit auffi ceux qui étoient perfécutés, emprifonnés, bannis, & dépouillés de leurs biens. Il étoit aidé dans fes bonnes œuvres par fa mere & fa fœur, qui vécurent long-temps qui confacrerent leurs richeffes au foulagela foi. ment de tous ceux qui fouffroient pour Saint Ignace avoit environ quarante-huit ans, quand il fut élevé fur le Siége de Conftantinople, qu'il tint plus de trente ans, en y comprenant le temps de l'ufurpation de Photius.

me

J'ai dit que Bardas, oncle du jeune Empereur Michel, & qui gouvernoit l'Empire, noit une vie fort déréglée, tandis qu'il tra vailloit à rétablir les études à Conftantinople. Le Patriarche Ignace ne put fouffrir le fcan

&

A

te

dale que ce Prince donnoit à tout l'Empire. Il avertit Bardas en particulier, & le conjura d'avoir pitié de fon ame; mais les charitables avis du faint Pasteur ne fervirent qu'à l'irriter de plus en plus. S'étant préfenté dans l'é glife pour participer aux faints myftéres le jour de l'Epiphanie de l'an 858. le Patriarche lui refufa la Communion; & Bardas en fu teur le menaça de lui paffer fon épée au travers du corps. Saint Ignace de fon côté le menaça de la colére de Dicu. Depuis ce tempsla Bardas ne chercha qu'à rendre le Patriarche fufpect & odieux à f'Empereur Michel, & enfin il le fit exiler dans l'Ifle Térébinthe. A peine y avoit-il été trois jours, qu'on lui envoia les Evêques qui paffoient pour les plus confidérables, afin de l'engager à s'accommo der au temps, & à donner la démiffion de fon Siége. Ces mêmes Evêques avoient promis par écrit & avec le ferment le plus facré, de ne jamais dépofer Ignace. Néanmoins étant venu trouver le faint Patriarche, ils firent tous leurs efforts, & emploiérent les promeffes & les menaces, , pour l'obliger à donner fa dé miffion par écrit. Il demeura inébranlable. Ce pendant plufieurs Evêques fe plaignoient de l'injuftice qu'on faifoit à Ignace, & menaçoient de ne point reconnoître pour Patriarche le fucceffeur qu'on prétendoit lui donner ce qui cauferoit un fchifine. Pour éviter cet inconvénient, Bardas les prit en particulier, & promit à chacun d'eux le Siége de Conftantinople, s'ils vouloient abandonner Ignace. Ces Evêques lâches & ambitieux y confentirent à ce prix. Bardas leur dit que l'Empereur leur tiendroit parole, mais que quand il les feroit Venir pour leur offrir le Siége de Conftanti

nople, ils devoient par modeftie faire fem blant de le refufer. Ils en convinrent: l'Empereur les manda chacun féparément, leur of frit la place d'Ignace, ils refuferent, ils furent pris au mot: ainfi ils firent inutilement une fi indigne baffelle.

La Cour choisir pour Patriarche de Conf tantinople le fameux Photius, dont je ferai bientôt le portrait, Ignace fut enlevé à la folr licitation de Photius, & enfermé dans un étable de chèvres. Il fut enfuite transféré dans un fauxbourg près de Conftantinople, où on le frappa fi cruellement au vifage, qu'on lui fit tomber les dents. On lui mit des entraves aux pieds, & on l'enferma dans une étroite prifon. Tous ces indignes traitemens tendoient à extorquer de lui un acte de démiffion par lequel il parût qu'il avoit quitté volontaire ment fon Siége. Plufieurs Evêques prirent fa défenfe, & anathématiférent Photius. Mais cet ambitieux de fon côté, appuié de l'autorité de l'Empereur, affembla un concile dans l'églife des Apôtres, & prononça une fenten ce de dépofition contre Ignace qui étoit ab fent. Il dépofa auffi quelques Evêques qui eu rent la générofité de lui reprocher fon injuf tice, & les fit mettre dans une prifon du Palais, qui étoit très-infecte, Saint Igna

ce y

étoit avec eux chargé de chaînes, & d'autres étoient dans la prifon du Prétoire. Enfin il fut exilé à Mytilene dans l'Ile de Lesbos. On chaffa de Conftantinople tous ceux qui étoient foupçonnés de lui être attachés: plufieurs fu rent déchirés de coups, & l'un d'eux eut la langue coupée, parce qu'il parloit trop librement. Comme Photius voioit que plufieurs murmuroient d'une procédure fi irrégulière