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Enéé Evê

tiques, en prétendant que l'Eglife n'eft que chez eux Dans le quatriéme livre,Ratram par le ainfi en répondant aux reproches des Grecs: Il ne s'agit ici que des coutumes des églifes, qui ont toujours été différentes. Il est étonnant que les Grecs nous reprochent le jeûne du famedi, eux qui ne trouvent point mauvais, que par-tout l'Orient on jeûne le mercredi & le ven dredi, quoique ces jeunes ne foient point d'obligation à Conftantinople. Les Grecs qui font les rigides, font fort au-deffous de ceux d'entre les Latins, qui pendant tout le carême ne mangent rien de cuit ou ne vivent que de pain, ou même feulement d'herbes fans pain, ou ne mangent qu'une fois ou deux la femaine. Rafer la barbe ou les cheveux, font des pratiques bien indifférentes,qui ne méritent pas d'être relevées. Le cé libat des prêtres eft bien plus important. Il eft étonnant, dit il, que les Grecs ne comprennent pas, que les Latins ne font dignes que de louan

ge fur cet article. Si c'eft condamner le mariage que de s'en abftenir, il a donc été condamné par tous ceux qui ont gardé le célibat, & par Jefus-Chrift même, qui toute-fois l'a autori fé, en affiftant à des nôces. Les prêtres Latins fuivent le confeil que leur donne faint Paul d'y renoncer, pour être dégagés des foins de la vie, & plus libres pour la priere & pour l'exercice de leur faint miniftere. Ratram prouve enfuite, qu'il n'y a que les Evêques qui doivent faire aux baptifés l'onction du faint Créme fur le front, pour leur donner le Saint-Efprit. Enfin il finit par ce qui regarde la primauté de l'Eglife, que les Grecs prétendoient avoir paffé de Rome à Conftantinople avec l'Empire.

Enée Evêque de Paris écrivit auffi un Traité que de Paris. fur le même fujet.Il eft divifé en fept queftions.

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On trouve dans la fixième, où il établit la primauté du Pape, une chofe fort remarquable, II dit que le Grand Conftantin, avant que de quitter Rome pour fonder Conftantinople, donna à l'Evêque de Rome l'autorité Roiale, & en fit écrire l'acte authentique, qui fut dès-lors répandu par tout le monde. La fauffeté de cette prétendue donation de Constantin a été démontrée dans le fiécle dernier; & avant Enée, on ne voit point d'Auteur qui en ait parlé.

VII

teurs.

Nous avons du Patriarche faint Nicephore: S.Nicephore plufieurs Ecrits: une Hiftoire abrégée d'environ & autres Audeux cens ans, depuis la mort de l'Empereur Maurice jufqu'à Irene & Conftantin; une Chro nologie contenant les catalogues des Patriar ches, des Rois & des Princes, Hébreux, Grecs & Romains, & enfuite les Patriarches des cing grands Siéges de l'Eglife. Il a aufli compofe quelques Ouvrages contre les Iconoclaftes, & on lui attribue dix-fept canons.

Fréculfe Evêque de Lizieux nous a laiffé une Chronique, ou abrégé de l'hiftoire univerfelle divifé en deux parties, dont la premiere ren ferme ce qui s'eft paífé de plus important depuis: la création du monde jufqu'à Jefus-Chrift, &la feconde commence à Jefus Chrift & finit à faint Grégoire..

Nous avons de faint Adon Archevêque de Vienne un Martyrologe, & une Chronique qui commence à la création du monde, & finit au régne de l'Empereur Lothaire & de fes fils.

Flore diacre de l'églife de Lyon, fit des additions au Martyrologe de Bede. Usuard moine de S. Germain-des-Prez, en composa un plus. ample que tous les précédens ; & Genehart fécrétaire de Charlemagne, a écrit la vie de ce

grand Prince, & les Annales qui commencent à l'an 741. & finiffent à l'an 829. Pierre de Sicile a compofé un Traité, qui contient l'hiftoire des Manichéens & les dogmes qu'ils fou

tenoient.

Jonas Evêque d'Orléans a fait un Traité qui a pour titre : Inftitution des Laïques. Il commence par les obligations du baptême. Il recommande aux parens & aux parrains l'inftruc tion des enfans. Il fe plaint qu'on adouciffoit la difcipline de la pénitence, & que quelques pécheurs cherchoient des prêtres ignorans afin d'être traités avec moins de rigueur. Il fe plaint auffi que la plupart des laïques ne communioient qu'aux trois grandes fêtes de l'année. Il recommande la fréquente communion, pourvû que l'on ait les difpofitions néceffaires.

Anfegife Abbé de Fontenelle a fait un recueil des Capitulaires de Charlemagne, & de Louis fon fils. Ce recueil divifé en quatre livres, a toujours été depuis très-célébre.

Valafride Strabon ami de Gotefcalc embraffa la vie monaftique dès fa premiere jeuneffe. Il étudia à Fulde les faintes Lettres fous le célébre Raban. On a de lui diverses poéfies qui font connoître plufieurs perfonnes confidérables de ce fiécle. Mais fes deux Ouvrages les plus connus font la glofe ordinaire & le Traité des divins Offices. La glofe ordinaire font des notes tres-courtes fur toute la Bible, tirées, principalement des commentaires de Raban. Il n'y a point eu d'explication de l'Ecriturefainte plus célébre pendant plus de fix cens ans. Le Traité des divins Offices fut compofe après l'an 840. L'Auteur parle très-fagement des images. Il blâme ceux qui les rejettent & ceux qui leur rendent un culte fuperftitieux.

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Il dit que chez quelques Scythes on célébroit les divins Offices en langue Tudefque. Valafride mourut l'an 849. âgé de 43. ans.On le furnomma Strabon parce qu'il étoit louche.

S.Aldric Evêque duMans illuftre par son éminente piété,fit pour l'utilité de fes prêtres un recueil de canons, tant des anciens conciles & des décrétales des Papes, que des Ecrits des Peres, des conciles où lui-même avoit affifté,& des Capitulaires des Rois. Il régla dans un Synode du Clergé de fon Diocèfe le nombre des Meffes, & les autres prieres que l'Evêque devoit dire pour fon Clergé, & le Clergé pour fon Evêque tant pendant leur vie qu'après leur mort. Entre plufieurs réglemens qu'il fit pour le fervice divin, celui du luminaire paroît remarquable. Il ordonna que dans fa Cathédrale il y auroit toutes les nuits pendant matines quinze lumieres, dix d'huile & cinq de cire, les Dimanches trente d'huile & cinq de cire, & ainfi à proportion, en augmentant jufqu'aux fêtes les plus folemnelles qui en devoient avoir au moins cent quatre-ving-dix d'huile & dix de cire. On peut juger par cet exemple comment les autres églifes étoient éclairées,& pourquoi dans les fondations & les donations qu'on leur faifoit, il eft tant parlé de luminaire. S.Aldric mourut l'an 856.

Le neuviéme fiécle a été fertile en Commentateurs fur l'Ecriture-fainte. Mais leurs Commentaires ne font que des compilations tirées des Ouvrages des Peres. C'eft ainfi que font compofés les Commentaires de Claude Evêque de Turin, de Raban Archevêque de Mayence, de Pafcafe Ratbert Abbé de Corbie, de Flore diacre de l'églife de Lyon, de Remi moine de S. Germain d'Auxerre, & de plufieurs autres

Bbs

Auteurs du neuviéme fiécle, fur divers livres de des
P'Ecriture-fainte. Nous avons parlé ailleurs des
Ouvrages de faint Théodore Studite & de ceux
du fameux Photius.

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Concile

ARTICLE IX.

Conciles & Difcipline.

U commencement du neuvième fiècle,

A Paulin Patrice d'Aquilée une un con

cile à Altino, d'où il écrivit à Charlemagne, pour le prier de réprimer des violences & des excès qui n'étoient que trop fréquens. Voici ce qui donna lieu à ce concile. Venife étoit alors gouvernée par un Duc & des Tribuns annuels. Le Duc nommé Jean, pour faire fa cour à l'Empereur Nicephore, voulut qu'un Grec fût or donné Evêque d'Olivolo, une des Ifles qui com pofent Venife, & où eft encore la principale Eglife. Les Tribuns prierent Jean Patriarche de le Duc Grade, de ordonner celui que pas ne avoit choifi. Le Patriarche fit plus, car il l'excommunia; ce qui irrita & fort le Duc, qu'il mena une flotte contre Grade, la prit, & pré cipita le Patriarche d'une tour très-haute. Ce fut cette violence qui donna lieu au concile que tint l'Archevêque d'Aquilée.

L'an 803. Charlemagne fit tenir à Aix-laAix-la-Cha Chapelle un grand concile dont il nous refte un pelle de 803. Capitulaire de fept articles. Les plus importans font ceux qui regardent les Corévêques. Il fut réglé qu'ils ne pourroient faire aucune des fonc tions Epifcopales, & qu'ils feroient mis au rang

CO

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