SEINE Bingraphie. Car il ne faut pas s'y tromper, cette occu- des auteurs dont on se fait l'historien LA MPIO ' ni avec qu'il préfère l'Arioste au Tasse , tort qui est encore celui de beaucoup d'Italiens ; elle blâme M. Suard de ce qu'il a parlé d'Addisson autrement qu'elle-même n'en pense. Elle chicane l'un et l'autre sur quelques phrases louches ou embarrassées qui ont pu leur échapper dans la promptituda du travail ; elle leur reproche à tous deux d'avoir raconté des anecdotes qu'elle aurait supprimées, et d'en avoir supprimé d'autres qu'elle aurait voulu raconler; elle accuse M. Suard d'avoir rapporté des impiétés dans certains articles où il n'a d'autre but que de censurer la superstition et l'intolérance. Ses attaques contre M. Auger sont du même genre; selon M" de Genlis ce littérateur n'a point parlé avec assez de respect du concile de Trente, assez d'horreur de l'accusation intentée contre d'Assouci. M. Michaud n'est ni plus ni moins coupable. Il n'a pas écrit les articles d'Attila et d'Alexandre du ton qu'aurait voulu Mme de Genlis; et M. Lacroix a eu le malheur de ne pas juger les ouvrages littéraires de d'Alembert comme ils l'auraient été par cette dame. Vous me direz peut-être, Messieurs, que dans tout cela vous ne voyez encore rien de bien grave; qu'on peut exciiser quelques fautes de style dans un long ouvrage ; qu'il est permis de plaisanter sur d'Assouci , après Chapelle et Bachaamont, et qu'à la rigueur, on peut pardonner à des Littérateurs du premier ordre, à des membres distingués de l'Institut, d'avoir en littérature et en philosophie d'autres opinions que Mme de Genlis. Vous me direz que ce n'est pas ainsi qu'il fallait attaquer la Biographie, mais en y . relevant des omissions ou des erreurs. Vous me demanderez ce que Mme de Genlis a découvert dans ce genre.; le voici : 1° Alberti , très-grand compositeur de musique, a été oublié dans le Nouveau Dictionnaire ; 2° la famille Talon n'est point éteinte, comme le dit un anonyme qui signe K; 3° le célèbre abbé Andrès n'est pas mort, quoi qu'en dise M. Bourgoing , dont cependant' Mne de Genlis loue en général les articles. Cette dernière erreur, direz-! vous, méritait d'être relevée ; mais sont-ce là toutes celles qu'a rectifiées M" de Genlis? - Toules (1). _ Et des : pe (1) En relisant la brochure de Mme de Genlis , je trouve qu'elle a rectifié une erreur de plus dans la Biographie. On y lit que le jardin de feu M. d'Albon, à Franconville , était d'une grande beauté ; Mma de Genlis nous apprend qu'il n'y a jamais eu de jardin plus mesquin, plus pauyre, et plus ridicule. 1 quatre-vingts collaborateurs de MM. Michaud, ce sont-là les seuls qu'elle ait critiqués ?- Les seuls; et même elle en loue un beaucoup plus grand nombre. - Et de quoi donc a-t-elle rempli sa brochure ?-Du beau projet dont je vous ai parlé d'abord, d'une déclamation en trois pages à l'honneur du Tasse , de deux autres à la louange de Bossuet et de Vertot; de quelques plaisanteries bien fades qui-sembleraient prouver qu'elle ne connaît ni la géographie ni une des locutions les plus en usage en français. Mais enfin, que vous a-t-elle appris dans sa brochure? Que l'abbé Andrès n'est point mort, — Cela yalait-il la peine de l'écrire ? -J'en doule.--Et pourquoi donc l'a-t-elle écrite ?... ---Ah! vous m'en demandez trop. Interrogez Mme de Gen. lis elle-même, elle vous répondra que c'est pour l'utilité des jeunes littérateurs; si cette raison ne vous suffit pas remarquez que ses censures tombent principalement sur le choix des rédacteurs de la Biographie Universelle, sur M. Auger, auteur du Discours préliminaire, sur M. Michaud, l'un des entrepreneurs; sur M. Ginguené.qui rédige les articles de littérature italienne ; sur M. Suard, par qui elle se plaint d'avoir été censurée pendant beaucoup d'années dans le Publiciste et dans le Journal de Paris, et en réfléchissant sur les effets', peut être remonterez-vous aux causes. Au reste, quelles que puissent avoir été les inten tions de Mm de Genlis en publiant cette brochure, et quoiqu'elle en promette une autre où elle donnera un article qui a besoin, dit-elle, d'être refait, je crois que MM. Michaud ne peuvent que se féliciter de ce qu'elle s'est jetée dans cette entreprise. Ils ne pouvaient rien désirer de mieux pour le succès de leur Biographie, qu'une attaque aussi couverte , aussi animée, et qui produit d'aussi minces résultats. Permettez-moi, Messieurs, de termiper ici ma lettre, quoique j'eusse encore bien des choses à dire, et quoique la brochure de Mme de Genlis débute par une huitaine de pages dont je n'ai rien dit. Elle y revient encore sur sa querelle avec M. T. du Journal de l'Empire ; il n'est que ; glorieux, pour ce journaliste, d'être confondu par elle dans ses anathêmes contre Fénélon. Mme de Genlis, qui sait si bien que le publie a reçu la Biographie Universelle avec une espèce de désapprobation, est-elle aussi exactement informée de l'effet qu’a produit sur ce même public son atlaque plus qu'étrange contre le vertueux archevêque de Cambrai ? J'aime à froire qu'elle est égalernent trompée sur ces deux points, car, si la vérité lui était connue , elle ne s'obstinerait sûrement pas dans une lutte où elle ne que honte et confusion., J'ai l'honneur, etc. peut recueillir VARIÉTÉS. SPECTACLES.- Théâtre du Vaudeville. -Première représentation de l'Exil de Rochester, ou la Taverne, vaudeville en un acle. L'Exil de Rochester! Sur ce titre, je m'attendais à voir ce trait si connu : «Rochester exilé par le roi se cacha dans , la cité, où déguisé en directeur de marionnettes , il eut n tant de vogue, que le bruit de sa renommée passa bientôt n de la cité jusqu'au palais de St.-James: plusieurs seigneurs vinrent voir les marionnettes; Rochester qui les faisait # parler , amusait les habilans de Londres du récit des avan tures scandaleuses de la cour; enfin, les choses furent » poussées si loin, que le roi lui-même s'y rendit., C'est dans les mémoires du chevalier de Grammont qu'il faut lire cette anecdote racontée avec tant de graces et de gaîle par Hamilton: je crois que y eût cousu une intrigue Ainoureuse, elle aurait pu fournir le sujet d'un joli vaudea ville; mais ce n'est pas là le fond de la pièce nouvelle: Rochester, exilé de même par le roi, se fait maître de taverne, et Dorset, son ami, passe pour son associé'; le constable du quartier vient visiter les nouveaux venus qui se débarrassent de lui avec du punch. Quelques momens après, Charles II vient lui-même souper dans celle taverne. Le constable qui a reçu l'ordre de s'emparer de Rochester, se trompe et veui arrêter le roi à sa place; celui-ci, pour être libre , sans être obligé de se nommier, présente au constable un ordre signé du roi qui accorde la grace de Rochester et de Dorset : Rochester, présent à cette scène , s'empare prudemment de l'ordre, et tombe aux genoux du roi pour implorer son pardon qui lui est accordé. . Ce n'est pas tout de faire un ouvrage, il faut encore en: distribuer avantageusement les rôles. Henry représente Rochester; ce rôle me semblerait devoir appartenir à Julien, et Henry aurait été placé dans celui de Dorset mieux que l'acteur qui le remplit, et qui a un air bien sévère et une voix bien graye pour le compagnon de joyeuses débau, 5 ches. Le rôle du constable est une copie du commissaire de Piron avec ses amis ; Edouard le joue avec trop de charge; il imite servilement la caricature de Tiercelin. Le reproche le mieux fondé qu'on puisse faire à l'Exil de Rochester, c'est une ressemblance trop exacte avec la jolie comédie de M. Alexandre Duval, la Jeunesse d'Henri V; cependant l'ouvrage a réussi et il méritait d'être applaudi : il unit des avantages: qui deviennent plus rares tous les jours; il est bien écrit, ei les auteurs, MM. Moreau et Dumolard, ont mis de la vivacité dans le dialogue et de l'esprit dans les couplets : il faudrait être bien mal disposé pour ne pas se contenter de la réunion de ces deux qualités dans un petit acte au Vaudeville. B.S. On a donné à ce même théâtre la reprise des Deux Edmon; cette jolie pièce a été revue avec beaucoup de plaisir : c'est un des ouvrages qui fait le plus d'honneur au talent aimable et fécond de MM. Barré, Radet et Desfontaines, ce triunvirat qui conserve la bonne tradition da vaudeville franc, spirituel, et même un peu malin. L'ouvrage est bien joué par Hepri, Joli, Saint-Léger et Mme Hervey La troupe italienne vient enfin de satisfaire à l'impatience des amateurs; elle a représenté l'opéra de Don Juan; l'exécutiou des trois premières représentations a été si faible , que nous croyons rendre service à la troupe entière de renvoyer à notre premier numéro le compte détaillé que nous nous proposons de rendre de cet opéra, |