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POLITIQUE.

On a lu avec intérêt dans les gazettes allemandes une note qui, datée de Vienne, avait un caractère demi-officiel. Les lettres et les voyageurs, y est-il dit, arrivés récemment de Presbourg assurent que le meilleur accord règne à la diète : la nation hongroise est disposée à tous les sacrifices nécessaires pour prouver son attachement et sa fidélité à son roi. Toutes les propositions soumises à la discussion sont dictées par l'amour de la patrie; les séances sont paisibles; tout s'y passe avec ordre et dignité. Les premiers résultats des délibérations relatives aux finances ne peuvent tarder à être connus officiellement, déjà ce qu'on croit savoir de ces délibérations a produit un effet excellent. Les améliorations qu'on espérait ont eu lieu; le cours s'est singuliérement bonifié; on espère qu'il s'élèvera encore, et le gouvernement a reçu des démonstrations de diverses natures qui attestent l'afferinissement de son crédit. Les négocians qui sont en relation avec le Levant, ont surtout donné des preuves de confiance dans le choix des valeurs qu'ils acceptent.

Des lettres de Constantinople, en date du 25 août, donnent, comme officielle, la nouvelle que le 5 de ce mois Ismail Bey a effectué avec 15,000 hommes le passage du Danube, et a pris une position retranchée sur la rive gauche; le grand-visir fait travailler à un pont sur le fleuve près de Rudschuck; lorsque ce pont sera terminé, l'armée entière passera le Danube et forinera 60,000 hommes. Les nouvelles de Bucharest vont plus loin; elles annoncent que les Turcs se sont avancés vers cette ville contre des opérations de l'armée russe, et qu'ils n'en sont plus éloignés que d'une petite distance. Déjà, dit-on, une grande partie des habitans s'est éloignée; les relations officielles, à cet égard, sont attendues avec une vive impatience.

Le roi de Saxe continue son voyage dans le duché de Varsovie; les diétines ont été convoquées pour élire les députés à la diète générale qui doit se rassembler, à ce qu'on présume, dans le mois de décembre. A Cassel, les grandes manœuvres sont terminées, et les troupes sont

MERCURE DE FRANCE, OCTOBRE 1811. 135 rentrées dans leurs garnisons respectives; les limites du royaume de Westphalie et de l'Empire Français, détermi nées par le traité de Paris du.

vont être

établies par deux commissaires, l'un français, l'autre westphalien, nommés à cet effet; leurs opérations sont déjà commencées. La diète suisse s'occupe toujours des moyens d'accomplir les divers engagemens pris par elle dans ses capitulations militaires. La mission de M. Rénhard à Paris, pour cet objet, est terminée, et la diète lui a exprimé sa satisfaction pour la manière dont il a rempli cette mis

sion.

Les grandes foires d'Allemagne sont terminées : on lira peut-être avec intérêt une note détaillée et substantielle sur les affaires qui se sont faites à Francfort. Quand de tels relevés sont exacts, et émanent d'une source authentique, ils appellent au plus haut degré l'attention du commerce, et lui indiquent, pour l'année suivante, la partie faible ou la partie forte des spéculations auxquelles il peut se livrer. C'est à ce titre que nous publions les détails suivans, extraits du

Moniteur.

de

Il s'est fait, pendant la foire actuelle de Francfort, peu de grandes opérations cambistes; les denrées coloniales, inclinant à la baisse, sont restées sans demande ni mouvement. La vente en gros de tous les genres fabrications en soie, en coton et laine, n'a pas fait la moindre sensation; celle en détail a, en échange, été très-animée pendant la deuxième semaine seulement.

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Les draps de France, de Bohême et de Saxe, et les laines d'Allemagne, se sont vendus à 30 pour 100 audessous des prix de l'année dernière.

» Les tissus superfins, similaires de ceux de l'Angleterre, fabriqués en France, en Saxe, dans le Voigtland, etc., tels que les mousselines, percales, cambiks, calicols, etc., ont eu beaucoup de vogue.

Les fabrications de toiles peintes ou imprimées au cylindre se sont bien vendues. On a enlevé, la première semaine de la foire, à d'assez bons prix, toutes les nou veautés de ce genre, en robes, schalls, mouchoirs: elles étaient aussi remarquables par la belle exécution des dessins à la mode que par l'éclat et la solidité des couleurs. Quant aux autres indiennes de la Suisse, de la Saxe du Voigtland et de quelques contrées de la Confédération du Rhin, elles ont perdu 30 à 35 pour 100 sur les toiles de coton imprimées en 1809 et 1810.

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» Les linons, gazes et batistes de France ont trouvé da débit. Il en a été de même des marchandises de mode en général.

* La mercerie a eu du débit dans le détail. Les toiles et nappages de l'Allemagne n'ont pas trouvé autant d'ache teurs que pendant l'année dernière.

» Il s'est fait peu de chose en joaillerie, bijouterie, orfévrerie, bronzes, plaqués, lustrés et papiers peints. Le commerce de la librairie a été nul.

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» Les cuirs tannés de toutes les espèces ont une trèsgrande vogue pendant la foire de Francfort. Les fabricans du département de l'Ourte sont en possession depuis des siècles de tenir le haut bout dans ce genre de commerce passant à juste titre pour des négocians immédiats. Ils ont vendu tout ce que renferment leurs immenses magasins, et à des prix beaucoup plus élevés que pendant les foires précédentes.

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Les extraits de papiers anglais termineront cet aperçu. Ils contiennent quelques notions intéressantes sur les affaires d'Espagne. Il y est question que le maréchal duc de Raguse a reçu des renforts considérables, que plusieurs corps français ont franchi les Pyrénées, et se sont répandus dans la Péninsule en suivant plusieurs direction. L'armée anglaise a aussi reçu quelques transports, mais ils sont jugés insuffisans. On demande de nouveaux secours. Les Anglais croient à une affaire générale prochaine. Le blocus de Ciudad-Rodrigo continue. Le duc de Raguse a ses forces concentrées à Placentia. Les troupes ne souffrent pas beaucoup du climat et de la saison.

Le résultat des délibérations du conseil de la reine sur l'état de la santé de S. M. a été moins favorable qu'on ne l'espérait. Le voici, en date du 5 octobre 1811:

L'état de la santé de S. M., depuis la date de notre dernier rapport, ne s'est point amélioré au point de permettre à S. M. de reprendre l'exercice personnel de l'autorité royale, et quoique la santé corporelle du roi n'ait point subi d'altération depuis notre dernier rapport, néanmoins ses facultés mentales ont été, dans cet intervalle considérablement affaiblies; et les médecins de S. M. pensent tous, excepté un seul, qu'il n'y a pas de probabilité qu'elle puisse jamais être rétablie, et la majorité dé ́sespère même entièrement du rétablisseinent de S. M. »

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Cependant, il n'est pas encore question d'une régence illimitée; dans ces circonstances, le parlement, qui devait

se' réunir au 12 novembre, ne se rassemblera vers
que
Noël; on ne sait plus jusqu'où les ministres porteront la
crainte du rassemblement du parlement, et ajourneront le
compte qu'ils ont à rendre de l'état dans lequel ils ont mis
la nation.

Les mêmes feuilles donnent des détails assez étendus sur les affaires de l'Amérique méridionale.

On a reçu des lettres de Buenos-Ayres, qui vont jusqu'au 17 juillet. L'armée des provinces-unies de la Plata avait bombardé Monte-Video; une petite escadre, partie de ce port, s'était rendue devant Buenos-Ayres le 13, et avait essayé, dès le 15, d'y jeter quelques bombes et obus. Les deux partis ne paraissaient pas avancer leurs affaires. Le général Elio a proposé à la junte une convention d'après laquelle il abdiquerait sa dignité de vice-roi, et resterait gouverneur de Monte-Video, en attendant que la junte se soit réconciliée avec les cortès d'Espagne; mais la junte a répondu en exigeant que les habitans de Monte-Video eussent liberté entière de se joindre au peuple des provincesunies de la Plata. En attendant l'issue de ces négociations, une armée portugaise de 6 à 7000 hommes s'approche de Monte-Video, dans l'intention d'en prendre possession. L'amiral de Courcy, avec la flotte anglaise, s'est aussi approché de cette place, et un dénouement est attendu d'un jour à l'autre.

Les affaires de Sicile appellent, d'une manière plus directe, l'attention du ministère; l'orgueil national y est

intéressé.

Le 6 de ce mois, dit le Morning-Cronicle, une surprise et une anxiété générale se sont répandues dans le public par suite du retour inopiné de Sicile de lord William Bentinck, qui est arrivé hier à Londres, et a eu aussitôt une entrevue avec les ministres. Sa seigneurie, comme on se le rappelle, a fait voile il n'y a que peu de tems pour aller prendre le commandement de notre amée dans cette île, et pour y exercer en même tems les fonctions de ministre d'Angleterre près la cour de Sicile. A peine cependant a-t-il débarqué, qu'il juge à propos de revenir en Angleterre. Quelle peut être la cause d'une démarche aussi extraordinaire et aussi imprévue? c'est sur quoi le public est encore dans une entière ignorance. Le bruit s'est répandu qu'une insurrection générale avait éclaté en Sicile et d'après la connaissance que l'on a de l'état des affaires dans ce royaume, cet événement ne

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doit paraître nullement improbable. Toutefois le Sun d'hier soir nous dit que ce qui prouve qu'un tel événement n'a pas eu lieu, c'est que sa seigneurie a laissé en Sicile sa femme et ses enfans. » Il eût été beaucoup plus satisfaisant pour le public de voir contredits, d'une manière moins equivoque, les bruits désagréables qui circulent sur ce pays. Bien loin que les vœux du public aient été satisfaits, un voile de mystère a été jeté par les ministres sur toutes les circonstances de cette affaire, et ils gardent soigneu sement le secret sur les avis qui leur sont parvenus. Ce mystère étudié a fait prendre du crédit au bruit d'une insurrection générale qui aurait éclaté dans cette île. Il est bien évident, en effet, qu'il faut qu'il soit arrivé quelque grand changement dans l'état des affaires en Sicile pour justifier le retour inopiné de lord William Bentinck venu, dit-on, pour chercher des instructions. Il n'y a qu'une communication officielle qui puisse calmer les esprits, et mettre fin à l'extrême inquiétude qui doit naître naturellement, lorsqu'on considère dans quelle situation il est possible que se trouve notre brave armée en Sicile. Nous avons depuis long-tems appelé l'attention du public sur l'état des affaires en Sicile, et prédit le résultat certain du déplorable système que l'on suit à l'égard de ce pays, si quelque prompt changement n'avait lieu, et si nos ministres ne se décidaient pas enfin à prendre un ton plus ferme et plus décisif à l'égard de la cour sicilienne; les sacrifices nous faisons que Sicile, nous donnent pleinement le droit de prendre. Il nous fut dit, il y a quelque tems, que lord William Bentinck était chargé d'instructions fermes et positives pour exiger certaines mesures de la cour de Sicile. Quelle qu'ait pu être la nature de ces instructions, il paraît qu'elles étaient insuffisantes ou qu'elles sont venues trop tard; il est néanmoins bien extraordinaire que les ministres n'aient pas prévu dans leurs instructions une crise dont l'approche frappait tous les yeux. Eh quoi! c'est au moment où cette crise éclate, que Le ministre de l'Angleterre et le commandant de nos forces en Sicile se croit obligé de mettre à la voile pour venir chercher en Angleterre de nouvelles instructions! Nous souhaitons que. le gouvernement donne une explication satisfaisante sur ces différens points; elle est due au public, elle est due particulièrement aux parens des braves compatriotes que nous avons en Sicile : le mysdère dont s'est enveloppé le gouvernement dans cette cir

ton que

pour

la défense de la

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