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mais

rain de Du Bartas qui ne valait guère mieux,
qui
croyait aux revenans et craignait les comètes! Ce dernier
publia fort malencontreusement pour ceux qui, dans ce
tems, étaient obligés de tout lire, la Semaine de la Créa-
tion, en sept livres. Christophle de Gamon, trouvant que
ce sujet n'était pas bien traité, et voulant disputer la palme
à Du Bartas, fit paraître, en 1609, la Semaine, ou Création
du monde, contre celle de Du Bartas. C'est de cette der-
nière
vais extraire un morceau sur les comètes.
que je

« C'est se rendre complice à l'erreur monstrueux
De donner du présage à l'astre aux longs cheveux;
» Plus encor de penser que son crain porte-flâme
» Par son branle incertain doive ébranler notre ame,
» Causer perte aux pasteurs, etc.

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1

Que si, depuis que l'astre, à tort nommé funeste » A commencé briller sous l'arcade céleste,'

> Tandis qu'il rougissait, quelqu'accident nouveau

Se trouve être arrivé, qu'en peut mais ce flambeau ?
> Puis, où voit-on que Dieu nous ait prescrit cet astre
» Pour prédire aux humains quelqu'inhumain désastre?
» Veut-il que nous lisions dans les airs agités,

> Non dans les saints feuillets, ses saintes volontés?

» Combien voit-on de fois que le Tout-Puissant jète

» Les comètes sans maux et les maux sans comète ? (1)

L'on voit par cette citation qu'il y a plus de deux siècles les comètes étaient impunément affrontées et que nous que n'avons pas la gloire de les avoir bravées pour la première. fois. Il est vrai de dire qu'elles inspiraient à d'autres personnes une grande terreur, et Du Bartas, tout ambassadeur qu'il était du brave Henri, en est un exemple. Mais il n'est pas moins vrai d'assurer que beaucoup de gens ont encore. peur de la comète, et j'en viens à la preuve.

Etant derniérement à quatre lieues de Paris, je regardais comme les autres ce faisceau de rayons qui décrivaient dans le ciel une légère courbe. L'impression que produisait son éclat sur les spectateurs était différente. Quelques individus donnaient des marques de frayeur interrogés sur le motif de leurs craintes, ils répondirent avec la suasion du mal que pouvait faire la comète. Aucun raisonnement ne fut capable de calmer leurs alarmes. Tous

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(1) La Semaine, par C. de Gamon, page 47, édition de 1709.

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sa

paraissaient redouter des effets semblables à ceux du ton
nerre. L'un assurait que l'astre pouvait tomber sur
maison, et l'autre entrer par sa cheminée. Un mauvais
plaisant conseilla au premier de faire construire, sur son
toit, un para-comète, et au second de faire du bouillon
de comète si l'astre tombait dans sa marmite. Il fit pru-
demment de s'éclipser. Il lui serait arrivé quelque mésa-
venture, ce qui ne nous eût pas empêché de dire qu'en
peut mais ce flambeau ?
VERAX.

Aux Rédacteurs du Mercure de France.

MESSIEURS, je crois devoir, à plus d'un titre, vous adresser une remarque utile aux lettres. Votre journal, sous le rapport littéraire, doit survivre à toutes les feuilles périodiques dans lesquelles se trouvent insérés un grand nombre d'articles incohérens et sans rapports entre eux, qu'on ne consulte guère une fois lus. Le Mercure, au contraire, est considéré, en général, comme un monument qui s'édifie pour l'usage d'un grand nombre de gens de lettres qu'il intéressera constamment. Tout ce qui peut concerner la littérature semble devoir donc y être consigné, pour servir de matériaux à ce vaste édifice. Je m'étonne chaque jour, Messieurs, que, dans un siècle que l'on dit éclairé, où les éditions de la majeure partie des ouvrages utiles se renouvellent rapidement, après avoir été soigneusement revues, corrigées et considérablement augmentées, il se trouve, dans ces mêmes ouvrages, des citations pleines d'erreurs grossières qui protestent contre, ces annotations pompeuses de messieurs les éditeurs.

Une de ces négligences, au sujet de la bataille de Marathon, brave A le lecteur confiant et débonnaire, dans huit éditions du Dictionnaire. historique de MM. Chaudon et Delandine, dont la neuvième édition est sur le point d'être complettée.

On lit dans la table chronologique de cet ouvrage :

An 490, avant J.-C., combat de Marathon où Miltiade, général » des Athéniens, est vainqueur de Mardonius, général des Perses.» A la vérité, avant MM. Chaudon et Delandine, Bossuet a dit, dans son discours sur l'Histoire universelle :

« Mardonius, après avoir traversé l'Asie, croyait accabler les » Grecs par le nombre de ses soldats, mais Miltiade défit çette armée › immense dans la plaine de Marathon, avec dix mille hommes. » M.A. Serieys, dans ses tables chronologiques, première et deuxième éditions, nous offre le même texte.

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Il faudrait donc en conclure, par rapport à Mardonius, qu'il cut l'honneur de combattre à Marathon à la tête des Perses.

On lit cependant, soit dans Hérodote, soit dans les nombreux historiens qui ont écrit sur ce sujet d'après ce père de l'histoire :

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« Darius envoya Mardonius pour le venger des insultes qu'il pré> tendait avoir reçues des Grecs; mais ce général et ses troupes, tra» versés par une tempête qu'ils essuyèrent sur mer ne purent exécuter cette commission dont Datis et Artapherne fils furent chargés. > Mardonius se trouvant hors d'état de rien entreprendre de considé»rable, retourna en Asie. »

Mardonius n'eut donc aucune part à la bataille de Marathon. Ce général, depuis son retour en Asie, que je viens de citer, ne reparut sur la scène politique de la Grèce qu'après la mort de Darius, et pour la grande et malheureuse expédition de Xerxès.

Un fait historique aussi important, m'a semblé exiger l'observation que je vous adresse. Il me mettrait en droit d'ajouter, que les deux Artapherne ne figurent dans aucune des neuf éditions de MM. Chaudon et Delandine; qu'ils ont également été oubliés par MM. les Rédacteurs de la Biographie Universelle, dont il n'a paru encore que deux volumes: mais je dois mettre un terme à cette digression déjà trop longue, et garder même le silence sur le genre d'étonnement que doivent causer ces sortes d'omissions.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Rouen, le

29 septembre 1811.

C. V.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

Description de la fête décennale de la Société d'Agriculture et de Commerce de Caen, célébrée le 1er août 1811.

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C'EST un usage des membres de la Société de se rassembler tous les ans, et de se trouver à une séance extraordinaire, suivie d'un banquet pour se délasser ensemble de leurs travaux. La Société avait cette fois à célébrer la fête décennale de son rétablissement.

Sur les trois heures de l'après-midi, M. le baron Méchain, préfet du département, a ouvert la séance dans la salle ordinaire des assemblées.

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Le secrétaire a donné communication d'un arrêt du Conseil d'Etat du Roi, en date du 25 juillet 1762, qui ordonne l'établissement d'une Société d'Agriculture dans la généralité de Caen. Cet arrêt retrouvé par les soins de M. de Magneville, comprend aussi les noms des

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soixante-seize fondateurs. L'assemblée en a entendu la lecture avec un vif intérêt, et ordonné l'insertion entière sur ses registres. secrétaire a rappelé que la Société a été rétablie en 1891, sous le titre de Société d'Agriculture et de Commerce de Caen.

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Plusieurs objets d'arts relatifs à l'agriculture et à l'industrie du dé partement, avaient été recueillis pour être soumis à l'examen d

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l'assemblée.

On a d'abord présenté des échantillons de laine mérinos et renda compte de l'état des béliers de race espagnole, donnés par M. Sanguin de Livry, et confiés à des cultivateurs de l'arrondissemen de Caen. M. d'Aubigny, présent à la séance, a renouvelé l'offre deux béliers de race qui seraient pris, au choix de la Société, dans beau troupeau qu'il possède près de Falaise.

M. de Magneville a présenté des betteraves rouges, jaunes et blanches, récoltées dans sa terre de Lébisey. Quoique ces betteraves ne paraissent point encore parvenues à leur dernier degré de maturité, elles sont déjà très-sucrées, particuliérement la betterave blanche, destinée à faire du sucre.

On a goûté de la cassonade et du sucre de betterave de la fabrique de Cormelles, qui n'a point semblé différer de la cassonade et du sucre de canne.

L'eau-de-vie provenant des résidus de la betterave, a paru délicate et avoir le goût de l'eau-de-vie de cerise.

La Société s'est beaucoup occupée, cette année, de la culture du pastel. S. Exc. le ministre de l'intérieur en avait envoyé de la graine récoltée du côté de Turin, et M. le préfet avait chargé la Société de la distribuer. Le secrétaire a fait un rapport sur cette distribution. II en résulte que 200 kilogrammes de graines ont été répartis entre plug de soixante personnes de l'arrondissement de Caen, et entre beaucoup d'autres cultivateurs, par MM. les sous-préfets dans leurs différens arrondissemens. La récolte qui se fait en ce moment est trèsabondante. D'après, l'invitation de M. le préfet, une commission prise dans le sein de la Société, se livre avec beaucoup de zèle à des expériences sur la manière la plus simple de tirer parti du pastel et d'en extraire un indigo national.

On a revu, avec un nouvel intérêt, des échantillons de bonneterie de la fabrique de M. Bellamy. Tous les membres ont été étonnés de la régularité du tissu, de la finesse, presque imperceptible, de la maille, et du bon goût de la broderie.

M. Bellamy avait obtenu l'avantage sur ses concurrens, et remporté une médaille à la seconde exposition publique des productions

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des arts du département. Cette fois il s'est surpassé lui-même : ;) faisait alors le no 30 fin, il fait à présent le no 42. Notre collègue s'occupe aussi de donner à la bonnéterie en fil le même degré de per

fection.

Si dans cette circonstance il n'a point paru de dentelles, quoique la fabrique ait fait de grands progrès depuis quelque tems, c'est que les plus belles ont été achetées par S. M. l'Impératrice. M. Bonnaire est en ce moment chargé d'exécuter un manteau en dentelles pour la cour. Ce sera un des ouvrages remarquables sortis de son établis

sement.

on

Parmi plusieurs produits de la manufacture de M. Désétables, à distingué une feuille de papier de 42 pouces de longueur et de 34 de largeur; le papier de cette dimension n'avait pas de nom dans le commerce. Notre collègue l'a désigné sous celui de papier grand empire.

Une jolie console d'acajou roncé, sortie de l'atelier de MM. Lunel, a rappelé le souvenir du secrétaire en bois d'orme du pays, fait par les mêmes artistes, et mis à la troisième exposition publique du Calvados, qui a été honorée de la présence de LL. MM. pendant le séjour qu'elles ont fait à Caen dans le mois de mai dernier. La Société a exprimé le désir que les frères Lunel exerçant leur talent sur d'autres expèces de bois français, nous affranchissent du tribut que nous payons en ce genre à l'étranger. Ils trouveraient, dans notre département même, des bois précieux dont ils pourraient tirer parti,` ́tels que l'orme tortillard, le hêtre, l'érable, que l'on semble dédaiguer parce qu'ils sont communs.

M. Guérin, élève de M. Huet, a présenté un forté-piano de sa composition. M. Guérin est de Litteau, près de Lingèvres, lieu de la naissance de M. le Breton, dont la Société entendit, il y a quelques années, avec tant de plaisir, un piano à six octaves, dans une de ces réunions qu'elle consacre quelquefois à ses délassemens. M. le Breton habite en ce moment la ville de Rouen, où il jouit d'une réputation méritée, comme facteur d'orgues.

Un ouvrage de M. le Prêtre, sur le jaugeage, et des observations sur l'acier, par M. Damamme, ont été renvoyées à l'examen de MM. Nicolas et Prud'homme.

M. de Roussel, professeur d'histoire naturelle au jardin des plantes de Caen, a présenté six feuilles d'un tableau météorologique comprenant les six premiers mois de l'année 1810. Il est relatif à des observations particulières sur le baromètre, le thermomètre et l'hygrometre. M. de Roussel continue son travail sur ce sujet important

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