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pour son intérêt, il vaudrait mieux que l'art de guérir fát, plutôt que la conversation, l'objet de sa circonspection.

-On répète aux Français une pièce nouvelle intitulée. l'Auteur et le Critique. On soupçonne que le premier fait faire patte de velours au second.

-Dans un nouveau recueil de mélanges, M. Kotzebue fait un parallèle entre plusieurs personnages célèbres qui n'avaient qu'un œil. On en aurait encore trop si l'on était obligé de tout lire.

L'apparition de la comète vient de faire reparaître au grand jour une brochure qui fut publiée en 1785, et dura moins qu'elle. Elle est intitulée: Théorie des Comètes, pour servir de système de l'électricité, suivie d'une lettre critique sur l'Attraction. Notre comète s'éclipsera avant que l'on connaisse la théorie qui la concerne et les lois auxquelles elle est assujétie. Cependant l'astronome qui le premier l'a signalée au monde savant, M. Flaugergues vient de publier des observations d'après lesquelles, dans 510 ans, les arrière-petits-neveux de nos petits-neveux auront l'espoir, si Dieu leur prête vie, de voir cet astre que nous devons regreter, puisqu'il n'est pas douteux que nous lui devons la douce température du mois d'octobre. Il est juste de rappeler les observations de M. Flaugergues :

«La comète, dit-il, que j'ai découverte le 25 mars der nier dans le Navire que j'ai observé jusqu'au 29 mai, revue le 18 août dans la constellation du petit lion, et qui dans le moment actuel excite si vivement la curiosité da public, me paraît être la même qui parut au mois de septembre 1301; du moins les élémens que j'ai trouvés pour la comète de cette année représentent parfaitement les observations faites par les astronomes chinois en 1301, el qui sont rapportées dans le manuscrit du père Gaubil. It est heureux que nous avons ces observations, car on në peut rien conclure des notices que les historiens européens nous ont laissées sur cette comète; elles sont obscures et contradictoires, et dans ce siècle où brillaient tant de docteurs en toutes facultés, angéliques, subtils, irréfragables, etc. etc., il ne s'en est pas trouvé un seul qui ait nous tracer, même grossiérement, la route de cette comète.

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» Suivant cette observation qui me paraît bien fondée La révolution de cette comète serait d'environ 510 ans, en sorte qu'elle pourrait reparaître vers l'an 2321. Son orbite est une ellipse dont le grand axe est de 127,5, et le petit axe 22,8, etc. »

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SPECTACLES. Théâtre de l'Impératrice. Je voudrais bien m'expliquer un phénomène dont j'ai été cinq fois de suite le témoin. Comment se fait-il que la troupe italienne dans laquelle on trouve tant de lalens recommandable exécute l'opéra de Don Juan avec moins d'ensemble que ne le fait une troupe d'Italie ou d'Allemagne du cif

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ordre?

Un de nos critiques, qui, pour se faire remarque'a rait pas besoin d'affecter autant d'originalité dans se opi-5. nions, a assuré ses lecteurs, en rendant compte don ouvrage, que Gluck était sur son déclin, et que ΜΟΔΑΝΕΙΣ perdrait beaucoup de sa réputation, parce que la première représentation de Don Juan n'avait pas tout-à-fait répondu à l'attente du public. Que le critique se rassure, la répu tation de Mozart est établie sur des bases trop solides pour souffrir la moindre atteinte de la faible exécution d'un de ses nombreux chefs-d'œuvre. La réputation de Mozart est universelle comme son génie; il a composé dans tous les genres, et dans tous il s'est montré supérieur. Il faut S'abstenir de toutes réflexions sur le poëme, quoique le fond soit calqué sur le Don Juan français, mais les embellissemens qu'on a cru devoir y ajouter, l'ont rendu méconnaissable dans l'opéra italien, Je ne citerai qu'un seul des nombreux changemens qui ont été faits on a retranché le rôle du père; dans la pièce française ce qui condamne Don Juan, ce sont les paroles affreuses qu'il adresse à son père: Mourez quand vous voudrez. Sans cette horrible ingratitude envers l'auteur de ses jours, le reste de sa conduite, qui n'est pas cependant trop régulière, ne mériterait pourtant pas que le ciel, pour le punir, permît le renversement des lois de la nature; et si le feu du ciel consumait tous ceux qui trahissent ou multiplient leurs sermens,

Jupiter exiguo tempore inermis erit.

Le Don Juan de Mozart, regardé comme l'un de ses meilleurs ouvrages, jouit depuis long-tems de l'estime qu'il mérite. On ne sait ce qu'il faut admirer le plus dans cette belle production, ou de la pureté et de la mélodie du chant, ou de l'expression forte et dramatique des morceaux d'ensemble, ou des savantes combinaisons des instrumens qui produisent des effets si pittoresques dans l'or

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chestre; et que l'on ne croie pas que cette partie, quoique écrite d'une manière harmonieuse et détaillée, nuise jamais au chant principal; ce faisceau d'harmonie qui s'élève de l'orchestre, soutient le chant de l'acteur et ne le couvre jamais. Mozart me paraît, en un mot, avoir résolu dans cet ouvrage le problême si difficile de l'union de l'harmonie. avec la mélodie.

Tachinardi a un talent trop vrai pour être déplacé dans aucun rôle; cependant celui de Don Juan me paraît peu lui convenir; je n'ai pas retrouvé dans l'expression qu'il y met, cette facilité, cette pureté de sons que l'on admire dans l'opéra de la destruction de Jérusalem.

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Dona Elvire est une femme outragée et abandonnée par Don Juan, et Mlle Néri représente ce personnage avec calme je rends justice au talent de cette cantatrice, mais elle devrait animer son chant, et faire ensorte que les paroles de son rôle ne soient pas en opposition parfaite avec son expression. Mme Barilli a mérité, aux premières représentations, les mêmes reproches que Me Néri, mais à présent elle rend avec vigueur le rôle de Dona Anna. Barilli représente bien Leporello. Me Festa est charmante dans le rôle de Zerline; la nature de son talent l'appelle particuliérement à chanter la musique gracieuse et expressive.

Angrisani représente le commandeur avant et après sa mort; avant d'être tué par Don Juan, il ne paraît que pour se battre avec lui et expirer sous ses coups; mais après sa mort son rôle devient important; il agit bien plus; il a à chanter plusieurs morceaux qui, par leur couleur particulière, exigent une voix aussi belle que celle de cet acteur. Porto joue et chante le rôle de Mazetto de manière à faire regretter qu'on ne l'entende pas plus souvent.

Je ne conçois pas pourquoi l'administration a confié le rôle de Don Octavio à Benelli; je ne veux pas lui refuser le mérite de tenir tant bien que mal sa partie dans un morceau d'ensemble ou dans un choeur; mais il me paraît manquer des qualités nécessaires pour remplir d'une manière satisfaisante un rôle qui, sans être le premier de l'ouvrage, occupe aussi souvent la scène. J'ai admiré encore. à cette occasion l'indulgence de notre public de Paris pour les étrangers je mets en fait que si un acteur français se hasardait sur la scène de l'Opéra ou sur celle de Feydeau avec aussi peu de moyens que Benelli, on le recevrait de manière à lui ôter toute envie de reparaître une seconde fois.

Procès-verbal de la séance publique de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, tenue à Châlons, le 18 août 1811.

LE 18 août 1811, la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne a tenu sa séance publique dans le grand salon de l'Hôtel-de-Ville de Châlons, sous la présidence de M. le préfet, baron de Jessaint, officier de la Légion-d'Honneur, et en présence d'un grand nombre de citoyens.

M. Turpin, juge au tribunal civil, président annuel, a ouvert la séance par un discours à l'honneur des guerriers français morts en défendant la patrie, Après avoir développé les avantages de la force publique, il a parlé des vertus qu'exige la profession militaire; il n'a pas dissimulé les privations et les dangers qui l'accompagnent, mais il a montré à côté les honneurs et la gloire qui en sont le prix ; il a raconté plusieurs traits qui attestent le courage, la patience et le dévouement du-soldat français, et qui prouvent que le sentiment de l'honneur où ils ont pris leur source est inhérent au caractère national, et ne peut qu'être exalté par l'institution de cette Légion composée de tant de héros. - Parmi les guerriers morts aux champs de la victoire, il a nommé un grand nombre de ceux qui appartiennent au département de la Marne; il a cité plusieurs actions par lesquelles ils se sont illustrés, et a félicité leurs parens d'avoir donné le jour à des citoyens aussi recommandables, dont l'exemple doit enflammer les jeunes gens qui veulent se distinguer dans la carrière brillante des armes. Enfin l'orateur a évoqué les ombres des guerriers morts en défendant la patrie, et leur a montré la récompense de leur dévouement dans le bonheur et la gloire de l'Empire français.

M. Dupuis, secrétaire, a présenté le compte sommaire des travaux de la Société pendant le cours de cette année. Au nombre de ces travaux, on doit placer l'examen auquel elle a soumis une nouvelle charrue-semoir qui lui a été adressée par M. Goret, propriétaire à Dormans, et les essais répétés qu'elle a faits de cette charrue comparativement avec la manière ordinaire de semer; lesquels essais ont donné un résultat avantageux.

Le secrétaire a parlé des expériences de la Société relativement aux plantes fourragères propres à former de bonnes prairies maturelles et artificielles, ainsi que par rapport aux différens engrais. I a cité le Mémoire d'un associé correspondant sur la découverte d'une terre sulfureuse qui est de nature à servir d'engrais, et les tentatives d'un autre associé correspondant, pour la destruction des

insectes ennemis de la vigne,

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Il a présenté le tableau rapide des plantations exécutées dans plusieurs parties du département par des membres de la Société.

Il a parlé successivement de la fabrication du sucre de raisin par un membre de la Société, des expériences qu'elle a faites pour s'assurer de la nature et des propriétés de divers sirops de raisin fabriqués dans le département; des soins qu'elle a donnés et qu'elle continuera de donner à la culture du pastel et de la betterave; d'une machine à cylindre destinée à nétoyer le blé carié, et de fourneaux économiques qui ont mérité l'attention de la Société.

Il a donné l'analyse de quelques Mémoires de membres titulaires et d'associés correspondans, sur différens objets d'économie rurale, de commerce, de sciences et de littérature.

M. Vanzut a lu des Réflexions sur les progrès des sciences et des arts. Il a représenté l'homme renfermant en lui le germe de tous les talens et le désir de les étendre sans cesse; près d'atteindre à la perfection, et soudain précipité de cette hauteur par quelque grande catastrophe; tour-à-tour fier de ses progrès et honteux de sa dégradation morale, mais faisant bientôt de nouveaux efforts pour agrandir la sphère de ses connaissances.

C'est aux troubles politiques que l'auteur attribue la décadence des sciences et des arts à certaines époques. Par la raison des contraires, il prédit, à ces nobles objets de l'étude de l'homme, les progrès les plus étendus sous un gouvernement juste, appréciateur des talens et des connaissances, et dont la main ferme et puissante saura étouffer les semences des discordes civiles, et conquérir une paix extérieure, solide et durable.

Après avoir rendu hoinmage aux vertus du chef de l'Empire, il parle de l'heureuse naissance du roi de Rome, qui a comble de joie tous les coeurs français, et qui, consolidant les fondemens d'un trône appuyé sur la justice et les lumières, présage à la France les plus belles destinées, et aux sciences et aux arts une éclatante protection, source des plus heureux efforts.

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Dans une notice sur M. De Juigné, chanoine du chapitre impérial de Saint-Denis, ancien évêque de Châlons-sur-Marne, et président de l'Académie de cette ville, ancien archevêque de Paris M. Perin a retracé les vertus publiques et privées de ce prélat, qui a laissé de son zèle pour l'instruction de la jeunesse, de sa piété édifiante, de son active charité, de l'aimable simplicité de ses mœurs, un souvenir qui ne s'effacera jamais.

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M. Leblanc a lu un rapport sur les travaux agricoles de Mme la comtesse d'Harville, à Arzillières, tels que l'établissement d'une ferme expérimentale, le desséchement de marais et leur changement

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