274 génie et que homme Il ne serait pas bon que l'un des amis fût un homme de l'autre n'eût de commun avec lui que d'être de bien ; il ne serait point convenable que l'un se soumit pour ainsi dire à l'autre et le vénérât comme son supérieur: mais il faut que tous d'eux s'estiment parfaitement, et restent toujours égaux; oul ne pouvant être ni le disciple, ni l'imitateur, le confident ou le complaisant de a dit, nous n'aurons plus qu'une intention et Si les amis que je suppose n'étaienl pas des hommes sages, je dirais que la fortune aussi doit être à-peu-près égale entre ellx, du moins dans le tems ou l'union se forme. Celui qui sept le prix de la sagesse, compte le reste pour si grands que même si c'est lui qui n'a rien, il I choisit n'ait rien, et i soit presque indifférent que celui sur qui il jète les yeux ait de grands biens : mais pour les amitiés qui sont imparfaites quoique louables encore , et parmi les hommes estimables dont l'ame manque d'une certaine élévation, il faut supposer une fortune åpeu-près égale. L’un peut bien dire à l'autre : j'ai plus, celui qui a qu'une vie. 2 à même force , mais d'une différente espèce ; des opinions opposées', des principes semblables ; des haines et des amours diverses, mais • au fond la même sensibilité ; des humeurs tranchantes et pourtant des goûts pareils ; en un mot, de grands contrastes de caractère et de grandes harmonies de coeur... Comme il est très difficile qu'avec des principes semblables les opinions soient opposées, quand on a l'esprit étendu , impartial et juste, M. de C. ne parle sans doute que du commun des hommes ; d'ailleurs il faut croire que ces haines, etc. qu'il leur suppose en sont une preuve, malgré le mot parfait. Epicure recommande de choisir un ami d'un caractère gai et complaisant : mais ces liaisons prudentes conviennent à des gens d'esprit dont la première idée est de ne pas se voir éclipsés. On ne choisit point ainsi un ami, mais simplement une sorte de client qui partage avec nous les habitudes de la vie , un second qui nous aide fidel. Iement dans nos entreprises. (4) Sois le chien fidèle , le cheval officieux de ton ami , n'en sois jamais le singe. le a ; ne sois l'esclave de personne, pas même de ton ami, Lois de Pythagore , 2° 2934 , et n° 89. Ne sois a ainsi tout sera commun entre nous ; mais celui qui a moins ne se présentera pas pour ami, et même il n'acceplerait point cette communauté de toutes choses sans laquelle l'amitié n'est guères qu'un fantôme, ou n'a que des momens d'existence. Pour l'accepter il faudrait absolument regarder comme un homme peu ordinaire celui qui, malgré les avantages plus grands qu'il tient du sort , veut être noire ami : il faudrait être entièrement convaincu que cet ami, incapable de toute défiance, de toute fipesse, de toute pensée secrète, méprise et méprisera toujours cette vaine pénétration qui, prétendant connaître le cœur humain, le connaît si mal qu'elle ne sait pas faire les exceptions les plus justes aux tristes lois générales qu'elle a imaginées ou exagérées. L'indépendance de ceux que ce lien doit unir est une des conditions, non pas indispensables, mais favorables, que j'ai indiquées, et puisque d'ailleurs l'argent dans des mains prudentes peut opérer tant de bien, il est évidemment préférable que les amis possèdent quelque chose mais quand ces amis sont tels que je veux les supposer; il est indifférent que les biens viennent de tous deux ou d'uă seul, et si même un âge avancé ou d'autres circonstances particulières ne les asservissaient point, il n'importerait pas essentiellement que moyens se bornassent aux res sources que tout homme en santé doit trouver dans son travail. La fortune peut nous être contraire en tant de manières que souvent nous ne saurions vivre avec l'ami que nous nous sommes fait, et que même quelquefois nous ne trou. von's point l'occasion de former des liaisons étroites, ou nous ne pouvons convenablement nous attacher à rendre plus intimes d'anciennes relations. Les hommes à qui le sort d'a point permis de sortir du cours ordinaire des choses, quelle que soit l'élégation de leur ame, n'en peuvent conserver toute l'indépendance. Si une longue adversité les atteint, et que leurs amis ne changent point à leur égard, c'est eux-mêmes qui changeront. Il laut une vie différente de la nôtre pour conserver, quand on n'a rien, cette manière d'être qui semblerait dire à l'ami opulent, ce que tu possèdes n'est-il pas à nous ? Frappé par le malheur, on se sépare un peu de ses amis pour leur éviter le soin de s'éłoigner eux-mêmes. Parmi nous, il faut renoncer à tout lorsqu on n'a pas cet argent qu'un homme scrupuleux peut conserver, maia qu'il n'acquiert point. Ces Sa 276 pas ré trogades sont pépibles, mais on souffrirait davantago en les voyant faire par celui que l'on aimait. S'il doit arria l'un ou l'autre se retire jusqu'à un certain point; celui qui peut le faire sans honte doit y songer le premier, afin que leur amitié, en perdant sa force et sa beauté , ne entière et sûre qu'entre deux sages ; autrement l'effort de Il faut le répéier, puisque tout le confirme, l'amitié n'est celui qui en a rêvé la plénitude n'est qu'un nouveau témoi misères de notre destinée. On cite Dubreuil et Pechméja : il est vrai que celui-ci a dit : j'ai peu de chose , au milieu de nous; mais comment de deux amis, l'un est. il riche sans que l'autre le soit? Je sais un homme qui, voyant sa fortune renversée, s'est dit : je ne veux plus être ami. Dubreuil et Pechméja paraissent des modèles d'amitié, mais d'une amitié encore imparfaite. L'un d'eux a dit en mourant : pourquoi laisse-t-on entrer tant de monde ici? ma maladie est contagieuse, il ne devrait y avoir que toi. Ce mot est beau, mais il est de Dubreuil; s'il avait été dit par Pechméja, je les mettrais au nombre des vrais amis. Quand on découvre que l'on s'était trompé, quand on aperçoit de la faiblesse ou même de l'égoïsme et quelqne duplicité dans celui dont on avait cru se faire un ami, c'est un mauvais choix que l'on en doit accuser, et il faut se garder de prétendre alors que l'amitié soit une chimère. Ces sentences du dépit n'appartiennent qu'à des gens d'un esprit faible, qui étant incapables d'idées générales, ne sanraient juger des choses que par ce qui leur arrive de per Si vous ne rencontrez pas un ami parfait, liez-vous jusqu'à un certain point avec quelqu'un d'estimable : si vous ne pouvez être un ami réel, soyez un ami vulgaire, mais généreux, afin que parmi les hommes il y ait quelqu'un qui soit content par la volonté d'un autre. Serait-ce même un si grand mal d'être un peu dupe en ceci, pourvu que ce fût volontairement? la plus faible des habitudes intimes est encore une douce habitude. y a dans le malheur d'innombrables combinaisons, e nul ne saurait affirmer que rien ne l'empêchera de jouir de toute l'étendue de l'amitié. Qui oserait marquer des bornes à l'infortune , et sonder les abîmes de la détresse humaine? Ce serait même une témérité de se dire : rien ne pourra m'arrêter dans la pratique de la sagesse. Vous avez en vain tout ce qui fait l'homme, si le sort le veut, tout sera inutile; DE SEN... INSTITUT DE FRANCE. la récep- M. Lacretelle a lu le premier son discours de réception. Le style de ce discours a paru noble sans enflure , simple sans trivialité, élégant sans affectation, comme la muse de l'histoire à qui Ñ. Lacretelle doit ses succès. M. de Ségur, en répondant au récipiendaire, a observé, comme lui, dans son style , toutes les convenances que commandait son sujet. I y a semé en outre un grand nombre de ces réflexions fines , judicieuses, et souvent brillantes , qui caractérisent son talent. M. Etienne remplaçait M. Laujon. Il avait à parler des ouvrages agréables de cet homme de lettres, et de la comédie en général, et il a cru devoir donner à son discours la physionomie de la muse comique, au culte de laquelle il s'est consacré. Il a été tour-d-tour gracieux , piquant, sálirique, et toujours spirituel. M. de Fontanes, dans sa réponse à laquelle on ne peut reprocher que sa brièveté, a parlé de la comédie et de M. Etienne , en orateur qui depuis long-tems a une opinion faite sur les hommes de lettres et sur leurs ouvrages. La séance a été terminée par quelques fables de M. Arnault, qu'on a écoutées avec un vif intérêt , quoique cette séance se fût prolongée bien au-delà du terme ordinaire. On a remarqué dans l'attitude du public à cette solennité a 278 les témoignages d'approbation qu'il a données, une intégrité d'opinion et une justesse de jugement bien en pour les vrais amis des lettres. a et dans courageante France ? » pour objet la question suivante : SOCIÉTÉS SAVANTES. Programme des prix proposés par l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon. L'ACADÉMIE avait proposé deux prix pour l'année 1811; L'un de 300 francs , sur cette question : L'inconstance de la mode depuis François Ter jusqu'à nos jours 2 a-t-elle été utile ou nuisible à la prospérité des manufactures do L'autre prix, consistanten une médaille d'or de 1,200 francs, avait « Quel serait le moyen le plus sûr et le moins dispendieux, d'amea ner dans l'intérieur de la ville de Lyon, des eaux abondantes et salubres, qui puissent procurer : 9. 10. Des fontaines jaillissantes, dont les courans nettoieraient les s rues, et suppléeraient à l'insuffisance des pompes. 20. Des distributions' journalières pour les usages domestiques » et manufacturiers. • 3. Des réservoirs ou des prises d'eau pour les incendies. » Aucun mémoire n'ayant été envoyé sur ces deux questions, propasées la seconde fois , les sujets ont été retirés. Le prix d'encouragement, fondé par S.A.S. le prince archi-trésorier de l'Empire, a été décerné à M. Etienne Jaillet, membre du conseil des prud'homines de Lyon, qui a inventé un métier pour la fabrication d'étoffes de grande dimension , sans lisage préparatoire. Le sujet du prix proposé pour l'année 1812 est relatif à la congélation de l'eau. L'expérience de la congélation de l'eau, produite dans le vide pneymatique, par la présence d'un corps absorbant, nonaseulement est intéressante sous le rapport de la science; mais elle peut être encore d'une application utile dans les arts économiques. Déjà MM. Desorme et Clément, dans une Notice insérée au no 233 des Annales de Chimie, ont présenté un aperçu de ces diverses applications. Elles ne se bornent pas aux moyens de se procurer de la glace artificielle dans les dans les tems et dans les circonstances où l'on ne peut en pays, apoir de naturelle. Mais comme on n'obtient la congélation de l'eau que par une évaporation très-rapide , cest connune moyen d'évaporation que l'expérience de Leslie peut présenter des avantages plus grands et plus nombreux. L'illustre Montgolfer avait proposé un appareil évaporatoire mécanique sans le secours du feu et à la seule d'évaporation sous le récipient de la machine température de l'atmosphère. Il était aussi parvenu à obtenir des effets manquait que l'adjonction d'un arriver plus brillans résultats. Il avait pour but d'obtenir la dessiccation et la corps absorbant, pneumatique; il ne lui aux pour |