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conservation des viandes du lait, et des sucs des fruits, sans addition de sel ni de sucre. On sent tous les avantages de ec moyen d'évaporation, sur l'évaporatión obtenue par la chaleur qui tend toujours à opérer la décomposition des substances qui y sont soumises.

Il peut donc résulter de toutes ces données, un art nouveau, inté ressant et utile; l'Académie propose pour sujet d'un prix, la solution des questions suivantes :

1o. Développer la théorie de la congélation de l'eau par le vide de lá machine pneumatique et celle de tous les phénomènes qui l'accompagnent.

2o. Déterminer les circonstances les plus favorables pour obtenir la congélation, tant sous le rapport de la matière des vases, de leur ca pacité, de celle des récipiens, que sous celui des enveloppes accessoires dont on peut les entourer.

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30. Rechercher quel est le plus grand abaissement de température qu'on peut obtenir dans le vide, eu égard à la température extérieure, et si cet abaissement peut être porté jusqu'à la congélation du mer

cure.

4o. Déterminer avec précision toutes les applications utiles aux arts économiques que l'on peut faire de cette expérience, soit pour obtenir de la glace dans tous les tems et dans tous les lieux, soit en l'envisageant comme moyen d'évaporation propre à procurer la dessiccation des viandes, du lait, etc., ainsi que la concentration des sucs des fruits; faire connaitre les avantages de ce nouveau mode d'évaporation sur celui où l'on emploie la chaleur.

5o. Donner une idée générale des machines les plus propres à obte nir ces effets en grand et d'une manière économique, et offrir quelques résultats obtenus par ces machines.

Le prix sera une médaille d'or, de la valeur de 300 fr.

Les mémoires doivent être écrits en français ou en latin, et porter en tête une devise ou épigraphe, répété dans un billet cacheté, contenaut les noms, qualités et demeure des auteurs.

Ils doivent être envoyés, francs de port, avant le 30 juin 1812 M. Mollet ou à M. Dumas, secrétaires, ou à tout autre membre de l'Académie. Le prix sera décerné en séance publique, le dernier mardi du mois d'août.

A la même époque. seront distribués les prix d'encouragement, fondés par S. A. S. Mgr. le Prince Lebrun, et destinés aux artistes qui auraient fait connaitre quelque nouveau procédé avantageur pour les manufactures lyonnaises tels que des moyens pour abaisser le prix de la main-d'oeuvre, pour économiser le tems, pour perfecfionner la fabrication, pour introduire de nouvelles branches d'indus

trie, etc.

Les artistes qui veulent concourir, peuvent s'adresser dans tous les tems à M. Mollet ou à M. Dumas, secrétaires, ou à MM. Mayeuvre Caminet, Cochet, Eynard et Picard, composant la commission spé eiale chargée de recueillir les nouvelles inventions et les procédés utiles.

POLITIQUE,

Nous nous gardons, avec un soin constant, de recueillir sur les événemens de la guerre du Danube les nouvelles contradictoires qui se succèdent dans les journaux d'Escla vonie et de Hongrie. Nous ne nous arrêtons qu'aux rela¬ tions officielles des deux partis. Nous avons fait connaître sur le passage du fleuve les rapports officiels russes, il est juste d'en rapprocher ceux publiés à Constantinople le 20 septembre; la comparaison des dates, des lieux cités, et des mouvemens énoncés, peut seule instruire le lecteur et le tenir au courant des évéņemens.

« Le 27 août (8 septembre) il y eut au quartier-général turc un grand conseil de guerre présidé par S. Exc. la grand-visir. Tous les chefs militaires et les ministres assistèrent. Le passage du Danube fut unanimement résolu. Galal-Eddin-Mehemet, pacha do Tschapar Zade, désigné en l'absence du grand-visir à la garde du camp, s'y rendit vers le soir et occupa la tente du Kehaja-Bey, Le grand-visir vint en même tems avec ses principaux officiers et ses troupes à l'endroit choisi pour effectuer le passage, qui est au-dessus du magasin à blé de Rudschuck. Seize canots les attendaient là, dont cinq assez grands pour contenir chacun deux cent cinquante hommes; les autres étaient plus petits. Toutes les mesures préalables étant bien prises, le passage se fit au-dessus du village de Slobodsa, avec si peu de défiance de la part de l'ennemi que les troupes ottomanes eurent encore tout le tems de se retrancher. La garde avancée russe s'étant enfin aperçue de leur passage et de leurs opérations, les signala par deux coups de pistolet et se replia sur les retranchemens voisins. Un petit corps russe parut alors, mais il fut repoussé avec perte. Jusqu'au lendemain matin tout resta tranquille. Le nombre des troupes ottomanes qui avaient passé le Danube dans la nuit, en six différens transports, montait à trois mille hommes et était sous les ordres de Mehmich-Bey-Sipa-Hilar-Agassi, neveu du grand-visir, du pacha Aydie, etc. Le lendemain à la pointe du jour, Jes Russes, partagés en plusieurs corps d'infanterie et de

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MERCURE DE FRANCE, NOVEMBRE 1811, 281 cavalerie, se mirent en mouvement et s'avancèrent jusqu'aux retranchemens turcs; l'artillerie joua des deux côtés.

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Des petits corps russes détachés firent une attaque vive et régulière; l'action fut opiniâtre; le nombre des tués et des blessés de part et d'autre fut considérable, mais enfin les Russes furent obligés à la retraite. Deux autres corps qui arrivaient pour les appuyer, eurent le même sort. Toutes les troupes qui se présentèrent jusqu'à midi furent repoussées avec la même valeur, et l'ennemi se vit enfin forcé de se retirer, tant par la bravoure des troupes ottomanes que par la perte qu'il éprouvait soit de notre résistance, soit des batteries placées sur la droite du fleuve. Cependant le feu avait pris à un magasin à poudre de nos retranchemens; le dommage qu'il causa, et l'impossibilité de recevoir des secours, firent croire à l'ennemi que notre position était très-critique. Il envoya un parlementaire pour engager nos troupes à prendre en considération notre situation qui fui paraissait désespérée, et à accepter l'offre du général-commandant, qui leur permettait de repasser le Danube sans être inquiétées; mais nos braves troupes répondirent qu'eles mourraient plutôt que de se soumettre. à des conditions humiliantes. Le parlementaire ayant rapporté cette réponse aux Russes, ils renouvelèrent une cinquième attaque sur nos retranchemens; elle fut vive, mais notre défense le fut aussi; de manière que les Russes, après avoir essuyé une perte considérable en tués et blessés, se retirèrent au plus vite. Ils furent poursuivis par nos troupes, qui s'emparèrent d'un canon. A l'entrée de la nuit les Russes amenèrent les canons qu'ils avaient sur la gauche du Danube, soit pour nous forcer à repasser, soit pour nous empêcher de recevoir des renforts, et les conduisirent au-delà de nos retranchemens. Ces différens combats durèrent depuis le matin jusqu'au soir. On se battit avec acharnement de part et d'autre, et le résultat fut à l'avantage des Turcs, qui se distinguèrent par une valeur inouie. Les Russes ont eu, 700 tués, beaucoup de blessés, et nous ont laissé quelques prisonniers. De notre côté, le pacha Aydie a été grièvement blessé; SilibtarAga a reçu une légère blessure; Agalar-Agasir-Halil-Usta est resté sur la place.

Le grand-visir avait le projet d'envoyer des secours dans la nuit; mais craignant de les exposer à cause de l'obscurité, il différa jusqu'au lendemain. De vingtinq chaloupes russes qui se trouvaient sur la gauche du

Danube, au-dessous de Giurgewo, douze furent remor quées dans la nuit jusqu'à l'endroit où les Turcs avaient effectué leur passage; ceux-ci, qui s'en aperçurent à minuit, commencèrent à tirer dessus, le feu dura jusqu'au matin, et les força de s'éloigner; les Russes perdirent une chaloupe qui fut coulée. Cinq d'entr'elles étaient arrivées devant Rudschuck et y avaient déjà jeté l'ancre. Les sept autres voulaient descendre le fleuve et se retirer; mais quatre seulement ont pu arriver sans dommage considérable, les trois autres ont été très-maltraitées, et ont dérivé sur la gauche pour débarquer les soldats. Les chaloupes qui étaient devant Rudschuck, se seront pro bablement retirées en même tems d'après l'ordre qu'elles en auront reçu par les signaux. S. Exc. le grand-visir, qui vit que les tentatives des chaloupes canonnières russes avaient été non-seulement sans succès, mais que l'ennemi avait encore quitté les bords du Danube, s'empressa d'envoyer ce jour-là et le jour suivant aux braves troupes qui avaient passé le fleuve, des munitions, des vivres et des renforts. "

D'autres rapports font connaître que la flotte du capitan pacha a enfin mis à la voile le 16 septembre, mais que, tourmentée par les vents contraires, elle a dû rentrer. La flotte russe était également rentrée à Sébastopol. Le grand seigneur a ordonné une nouvelle expédition contre les rebelles d'Héraclée; le capitan pacha lui-même doit la com mander. Une autre expédition formidable se prépare au Caire contre les Wahabis dont le fanatisme indestructible réalise la fable de l'hydre; Jussum pacha, fils du pacha d'Egypte, doit la commander. Des moyens de transport et de passage par la mer rouge sont assurés. On craint tou tefois que le schérif de la Mecque ne se tourne du côté des nouveaux sectaires, dans la crainte d'éprouver un traitement semblable à celui dont au Caire les derniers mamelucks ont été les victimes.

L'Empereur d'Autriche a appelé auprès de lui ses ministres à Presbourg. Le 23 octobre il a tenu un grand conseil d'état, et le lendemain la diète de Hongrie a tenu une séance générale. Les objets en discussion paraissent d'une haute importance, mais il est impossible non moins qu'il serait indiscret de les préciser, et de dire avec exactitude jusqu'à quel point les propositions royales éprouvent de contradiction, jusqu'à quel point aussi la diète persiste dans ses anciennes réclamations. Le cours autrichien s'est

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bonifié. Les gens de finance ont donné de nouvelles preuves de zèle et de bonne volonté qui ont signalé de plus en plus l'affermissement du crédit, et ont ainsi fait disparaître les préventions qu'une conduite différente avait élevés contre eux. En Prusse, le change a baissé ; les troupes qui garnissaient les côtes de la Baltique vont rentrer dans leurs garnisons, les Anglais sont obligés de quitter la Baltique. M. de Krusemarck a quitté Berlin pour revenir à son poste à Paris. Le roi de Saxe continue son voyage dans le grand duché de Varsovie. En Russie, le change qui avait éprouvé quelque hausse a tombé de nouveau; à la date du 15 octobre le change du rouble sur Paris était à 103 centimes. Le ministère de la guerre russe a mis à l'ordre du jour un extrait de la gazette de la cour qui annonce la prise sur les côtes de l'Esthonie d'un bâtiment anglais capturé d'une manière singulière. Ce bâtiment faisait naufrage, ou en paraissait menace. Le commandant russe sur la côte a envoyé à son secours; les Anglais reçoivent les Russes à main armée, blessent et tuent des matelots et des paysans. Le commandant russe réunit alors quelques détachemens de hullans, les jette dans des barques, et abordent le bâtiment anglais, malgré un feu à mitraille que la vivacité de l'attaque rendit sans effet: le bâtiment anglais fut forcé de baisser pavillon. Sa prise est estimée, avec le corps du navire, à 295 mille roubles. L'Empereur a élevé le capitaine auteur de cette action à un grade supérieur, et a ordonné la distribution de la valeur de la prise à ses capteurs.

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M. Thorton, ce ministre anglais dont on annonce le départ pour la Baltique, aura pour premier renseignement à prendre, le compte rendu de cette capture: il part pour la Russie, disent les papiers anglais ministériels, afin de s'assurer d'une manière plus positive des dispositions du cabinet de Pétersbourg, et de presser ce gouvernement d'adopter enfin une ligne de conduite plus conforme à sa dignité et à ses véritables intérêts ; il doit être aussi chargé d'offrir la médiation du gouvernement anglais pour mettre fin à cette guerre contre les Turcs dans laquelle la Russie épuise ses ressources.

A cette attention bienveillante, à cette offre amicale, à ce généreux procédé, il faudrait joindre, si l'on en croyait les papiers anglais non ministériels, cités par le Moniteur, l'envoi dans la Baltique d'un train d'artillerie considérable, et l'embarquement de 1,500,000 cartouches destinées aux gouvernemens russe et prussien. Nos ministres, dit à cet

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