:1 pour l'Anglais bannit sans ressource ceux qui l'ont servi, et le Monarque français, à juste titre nommé le père des peuples alliés à sa cause, excuse une erreur coupable , et pardonne à des hommes qui se sont armés contre lui : il les reçoit, leur donne des secours , les rend à leurs familles. Hommes de toutes les nations; qui vous êtes voués au métier de la guerre, et qui n'y voyant trop souvent qu'un métier, oubliez qu'il n'est honorable que quand on sert sa patrie , vous que de différens drapeaux ont souvent vus armés les défendre, apprenez au moins, par de tels exemples, ceux dont il faut vous défier; vous aviez calculé le prix du sacrifice, vous aviez cru vendre vos bras et votre sang, voyez au moins le prix que l'Angleterre en donne et connaissez la valeur des promesses de ses agens (1). Les craintes sur une tentative de la part des Français se sont renouvelées; sur toute la côte les précautions ont été prises avec plus de sévérité qne jamais; les corsaires français, par une audace qui rappelle les faits d'armes des aven, turiers les plus déterminés, entrent jusque dans les ports de la Grande-Bretagne, et sous le canon même des forts enlèvent', au grand étonnement des Anglais, les navires qui se croyaient le plus en sûreté ; le fait est arrivé à Douvres, le 5 novembre, en plein midi. L'escadre anglaise a été forcée de quitter les parages de Cherbourg; on sait que dans la rade de Brest il règne une très-grande activité, plusieurs vaisseaux sont dans la rade entièrement prêts à mettre en mer. La flotte entière de la Baltique revient; comme expédition commerciale , il faudra compter l'énormité de la dépense et la balancer avec les produits , calculer les pertes, les avaries, les prises essuyées, et probablement I'on sera forcé de reconnaître que de telles expéditions sont ruipeuses; comme expédition militaire, on sait que (1) On peut citer à cette occasion un procès singulier intenté à un journaliste qui avait fait un parallèle entre l'armée française toute nationale et celle anglaise : les soldats de Napoléon ( disait ce journaliste déjà en prisou , et qui de cette prison éloignée dirige son journal) sont mieux traités que les nôtres. Ils peuvent recevoir l'étoile que porte leur souverain, le chemin des honneurs leur est ouvert; aussi dans l'armée française il règne une noble émulation, un véritable: esprit militaire. Notre armée, au contraire, est avilie , découragée... Le journaliste aurait pu citer l'article des réformes dont nous venons de parler : il a été acquitté par le jury de cette nouvelle accusation, a a les corsaires danois en ont eu toute la gloire ; comme expédition politique, le renvoi des munitions, de ces dangereux présens que le continent a refusés, répond assez sur ce point. Voici d'ailleurs. l'extrait d'une lettre de Pétersbourg, publiée par les Anglais. « On s'attend ici, dit celle leltre, à des mesures vigoureuses contre les productions coloniales et les manufactures anglaises ; le ministère a convaincu l'Empereur que le gouvernement anglais continue d'accorder des licences malgré son exclusion. Les. bâtimens de transport arrives à Revel ont produit l'effet le plus malheureur, et ont donné lieu à beaucoup de propos: cette démarche aussi évidemment notoire est devenue le sujet de l'étonnement et de la dérision., D'autres pouvelles du continent ont également dû -donner quelque dépit au ministère anglais. Il apprend d'Héligoland qu'un immense dépôt de bois de construction accu-. mulé à Hambourg avant l'occupation par les Français, été pris, et qu'il est transporté sur les chantiers d'Anvers. Il apprend d'Hambourg que de nombreux convois de blé embarqués sur l'Elbe, vont être transportés au sud, en prenant le même chemin que le bois de construction. Il apprend aussi d'Héligoland que ce qu'on appelle productions de retour, c'est-à-dire , n'ayant pas trouvé d'acheteur, composent la presque-totalité des bâtimens qui reviennent en Angleterre. Il apprend sur-tout, que pour un grand nombre d'articles de matière première nécessaire aux ateliers de Londres, il est dans la déplorable nécessité d'épuiser les objets d'échange qu'il voudrait le moins donner, les gninées, par exemple, et, selon l'Alfred, tout doit lui prouver la fausseté des calculs politiques auxquels on s'est livré depuis dix ans. Les nouvelles transmises d'Elvas à Londres , en date du 9 octobre , annoncent qu'on n'y a point eu de nouvelles de la marche du maréchal duc de Raguse sur ce point; que la gar: nison de Badajoz a fait dernièrement une sortie, et a réuni. des vivres considérables; mais, à la date du 20, on écrivait de Lisbonne que le même maréchal s'avançait de nouveau sur Badajoz , qu'on préparait des pontons et autres équipages dans le voisinage de cette forteresse, comme pour se porter dans l'Alentejo du côté de Gibraltar. Ballasteros s'est retiré, après son'engagement avec le général Godinot, sous les ouvrages de cette place; il ne peut y rester ; on croit qu'il se dispose à s'embarquer pour Tarifa , où il doit être joint par 3000 Espagnols et 1500 Anglais venus de . Cadix : il tenterait alors un nouvel effort. Ce mouvement est indiqué par l'Alfred, dans un paragraphe qui mérite d'être lu. - Les Français sont évidemment postés entre le corps de Ballesteros et les troupes anglaises débarquées à Tarifa, et comme la force de l'ennemi est évaluée à 10,000 hommes, il est impossible de partager l'espoir que Ballesteros paraît avoir conçu. En effet, il serait possible que vos troupes se rembarquassent à Tarifa , si l'arrivée de la division espagnole éprouvait un plus long délai. Le mouvement de Marmont dans la direction de l'Alentejo , contredit l'opinion que la saisou des opérations actives est terminée , et nous verrons peut-être', avant la fin de l'hiver , les généraux français entreprendre de mettre à exécution le plan de Berthier, pian dont la nalure est actuellement inconnue, même par conjecture. Nous craignons que le succès de l'entreprise de Suchet ne soit pas douteux, malgré la confiance avec laquelle on parle déjà des mesures vigoureuses de défense adoptées dans le royaume de Valence. » Si Ballesteros est acculé sous la protection du canon de Gibraltar, nous craignons beaucoup que la vigoureuse résistance de Valence n'existe plus en paroles qu'en substance. On ne peut gnères compter sur les nouvelles que nous avons extraites des journaux de Lisbonne, ces feuilles ayant jusqu'ici constamment suivi le pernicieux système de flatter le public par des rapports mensongers sur la situation de l'endemi.n Quant à la situation de l'armée anglaise, les lettres de Lisbonne, à la même date, portent le nombre des malades à quelques milliers de moins que dans les rapports précédens; l'armée est en cantonnement; le nombre des troupes anglaises s'élève à 35,000 hommes, mais il n'y en a pas plus de 18,000 sous les armes. L'officier qui donne ces détails porte à 30,000 hommes les Français réunis à Salamanque , et pe doute pas que vers le mois de décembre les Français ne reportent de nouveait leurs opérations siir Elyas et Badajoz. Visitons acluellement une antre partie du théâtre de la grierre', et continuons de suivre les monvemens de l'armée d'Arrayon sous les ordres du Inaréchal comle Suchet. ll; vient de remporter une nouvelle victoire sous les niurs de Sagonte, et la défaile de Blacke , qui avait réuni toutes ses forces", a entraîné la chule de la place. Voici l'analyse du rapport du maréchal au prince vice connetable : il est daté du camp de Murviedro, le 26 octobre. « Après vingt jours de peines et de fatigues devant Sagonte, y est-il dit , on était parvenu à rendre la brèche praticable ; mais pendant ce tems , Blacke avait eu celui ; d'attirer à lui le général en chef de l'armée de Murcie, Mahy, avec ce que les insurgés avaient de disponible, montant à 6000 hommes. La division dite d’Albuera , aux ordres de Lardizabal et Zayas , jointe aux divisions de Villacampo et d'Obizpo, commandées par Odonnel et Miranda , qui font l'armée de Valence réunie aux Guerillas , formait un corps de plus de 20,000 hommes d'infanterie et de 3000 chevaux. Le 24 octobre, ce corps vint s'établir sur les hauteurs de Puch , appuyant sa droite à la mer, flanqué par une flotte anglaise , et sa gauche du côté de Livia. Blacke voyant que Sagonte était sur le point de succomber, et que la batterie de huit pièces de 24 que j'avais fail établir allait en décider, marcha à moi pour me livrer bataille , et m'obliger à faire lever le siége. » Le 25, à sept heures du matin, je reconnus l'ennemi. Les hauteurs del Puch et celles qui couvrentla route de Betera étaient garnies d'artillerie et d'infanterie. A huit heures mes tirailleurs furent brusquement ramenés, et je fus convaincu dès-lors que j'avais affaire à d'autres troupes qu'à des troupes valenciennes. De fortes colonnes me débordaient par ma gauche sous la protection de quelques bordées anglaises ; les troupes de l'ennemi remplissaient le village de Puzol, que je venais de quitter: six mille hommes attaquèrent ma droite qui se trouvait à une grande lieue de moi. Me trouvant ainsi débordé par - mes deux flancs, je résolus d'enfoncer le centre de l'ennemi. A peine je quittais une hauteur que j'avais reconnue propre à favoriser mon altaque, que mille hommes de cavalerie, six mille d'infanterie et de l'artillerie vinrent m'y remplacer. Les hussards du 4° chargèrent avec valeur, et trois fois repoussés revinrent trois fois à la charge. Le feu de neuf pièces de 24,. qui battaient en brèche sur Sagonte, ne pouvait arrêter l'enthousiasme de la garnison qui, témoin d'un mouvement en avant auquel elle croyait pouvoir prendre bientột part, allait jusqu'à jeter ses schakos en l'air et crier à la victoire. » Ce premier effort fut aussitôt arrêté par notre infanterie, qui arrivait en colonnes sur la ligne de bataille. J'ordoonai au général Harispe d'attaquer l'ennemi. Il se porta avec le général Pâris à la tête du 7* de ligne; les 116* et 3o de la Vistule, venant après et l'arme au bras, se déployèrent avec ordre sous le feu le plus vif de mitraille et de mousqueterie, comme des troupes accoutumées à vaincre. Le brave 7o enlève le mamelon à la baïonnette , rejette l'ennemi et le poursuit. Notre artillerie occupe le mamelon, mais l'ennemi revient à la charge. Nos canonniers sont entourés et sabrés; le général Boussart et le chef d'escadron Saint-Georges , à la tête du 136 de cuirassiers, chargent vigoureusement 1,500 chevaux qu'emmenait avec résolution le général Caro, frère de la Romana. La mêlée fut longue, mais la valeur des hussards et cuirassiers l'em . de-, lence, et Almoya , venu de Cadix, sont blessés et faits prisonniers par les maréchaux-des-logis Bazin et Vachelot, des hussards ; six pièces de canon sont enlevées. » Pendant ce tems l'ennemi faisait des progrès à gauche; quelques pelotons de notre cavalerie furent obligés de sé replier devant les dragons espagnols. Le général Palom-. bini, à la tête de quatre bataillons, les reçut avec le plus grand calme; le 2° léger et le 4e de ligne italiens , par un feu des plus nourris , repoussèrent la charge et couvrirent le champ de bataille de morts. En portant la division Harispe au centre, je chargeai le général Habert de se diriger sur la grande route et de s'emparer de Puzol. Il avait en tête la division d'Albuhera. Il la fait charger d'abord par deux bataillons du 5 léger; une fusillade très-vive s'engage de part et d'autre , le général Montmarie soutient avec le 16o de ligne le 50 : l'on se bat avec acharnement, l'ennemi se défend dans les maisons de Puzol , par les fenêtres et par les toits : un corps de cavalerie espagnole veut tourner nos troupes et s'avancer sur la grande route de Valence. Ile général de cavalerie Delort reçoit l'ordre de culbuter l'ennemi avec le 24 de dragons ; il ľ’exécute avec une haute valeur et le pousse jusqu'au-delà d'Albalate sans se laisser arrêter par le feu de plusieurs bataillons embusqués; il enlève sur la route ún obusier, une pièce de quatre , et trente canonniers. Cependant l'ennemi, quoique débordé très au loin , se défendait encore dans Puzol, et n'avait point abandonné les hauteurs del Puch. Le 16o de ligne le charge de rue en rue et le poursuit l'épée dans les reins ; le 5 léger parvient à envelopper 700 gardes valonnes et leur faii poser les arınes. n Le général Chlopiski, à qui j'avais confié ma droite , à |