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sentit de bonne heure qu'il importait de ne pas se laisser déborder; il chargea le général Robert d'attaquer et de poursuivre les troupes d'Obizpo et de Miranda. Ce général fit exécuter avec succès plusieurs charges d'infanterie; le 114° et le 1o de la Vistule se battirent bien et ne tardèrent pas à repousser l'ennemi. Dès-lors le général Chlopiski, avec le 44 et les dragons Napoléon, vint prendre une part glorieuse au succès du centre. Le colonel des dragons Schiaretti, à la tête de son brave régiment, enfonce trois bataillons ennemis et fait 800 prisonniers. Dès ce moment les hussards, les cuirassiers et les dragons Napoléon se trouvent sur le même champ de bataille; ils culbutent tous les corps de cavalerie qui se présentent, enfoncent tous les carrés que l'ennemi cherchait à former, et pendant deux lieues couvrent la terre d'armes, de morts, et ramassent 2000 prisonniers, parmi lesquels sont 150 officiers. Les généraux Harispe, Boussart et Chlopiski poussent par mon ordre l'ennemi sans lui donner du repos. Cependant il parvient à se reformer en arrière de Betera, à l'aide d'un profond ravin. Nous sommes arrêtés quelque tems, l'infanterie n'ayant pu suivre la marche rapide de la cavalerie. Dès son arrivée, l'ennemi ne cherche plus son salut que dans la fuite.

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J'avais donné quelque repos aux troupes des généraux Habert et Palombini; j'ordonnai à ce dernier de dépasser dans la plaine le village et les hauteurs del Puch avec ses Italiens et le 3o de la Vistule, tandis que le général Habert ferait attaquer de front les hauteurs del Puch, que défendait Blacke lui-même avec sa réserve et cinq pièces de canon. Le chef de bataillon Passelac, avec un bataillon du 117, parvient le premier sur le plateau qu'occupait l'ennemi, tandis que le général Montmarie le force par la gauche; l'ennemi fuit en désordre, les cinq pièces sont enlevées, et c'est sous la protection des vaisseaux anglais que ces troupes cherchent un abri. Dans ce moment la flotte anglaise qui, dès le matin, était venue prendre part à la bataille, exécute en même tems que ses alliés son mouvement de retraite sur le Grao de Valence.

» La perte de l'ennemi en tués, blessés ou prisonniers excède 6,500 hommes; de notre côté nous avons eu 128 morts et 596 blessés. Toutes les troupes de l'armée, Monseigneur, ont rivalisé entr'elles à qui servirait mieux l'Empereur dans cette journée; elles ont combattu sept heures, et poursuivi la victoire jusqu'à la nuit close.

En résultat, la victoire de Sagonte met au pouvoir de l'Empereur 4639 prisonniers, dont 230 officiers, 40 colonels ou lieutenans-colonels, 2 maréchaux-de-camp, 16 pièces de canon, 8 caissons, 4200 fusils anglais et 4 drapeaux.»

Après la bataille, le maréchal Suchet a laissé son armée à une lieue de Valence, et est revenu devant Sagonte, l'instruire de la défaite de l'armée qui était venue à son secours et la sommer de se rendre, en accordant à la garnison tous les honneurs de la guerre le même jour la capitulation fut signée, le brigadier commandant Andriani, huit officiers supérieurs, 2,572 soldats défilèrent par la brèche, déposèrent leurs armes et six drapeaux, et furent conduits prisonniers à Murviedro.

Ainsi, en réunissant les prisonniers faits à la bataille du 25, à ceux qui composaient la garnison de Sagonte, on trouve 7,211 prisonniers, dont plus de 369 officiers, dirigés sur France. S....

PARIS.

LL. MM. sont arrivées lundi dernier au Palais impérial de Saint-Cloud. Le lendemain toutes les personnes éminentes en dignités, ont été leur présenter leurs hommages. S. M. a tenu le mercredi un conseil des ministres. Le jeudi il y a eu spectacle au théâtre de la cour et cercle. Les Comédiens français ont représenté le Méchant.

ANNONCES.

Annales des Arts et Manufactures; par S. N. Barbier de Vémars, membre de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, etc. No 123, livraison du 30 septembre. Ce Numéro contient entre autres articles intéressans: 1o Recherches de MM. Dobson sur la meilleure forme à donner aux fourneaux de førges, et suite de leur Mémoire sur la fabrication du fer avec la houille; 2o sur la décoloration des liquides au moyen du charbon animal, par MM. Figuier et le Normand; 3° Mémoire sur le minimum des travaux d'art à faire pour la formation d'un canal de petite navigation, avec plans inclinés qui laisserait une grande partie de ses eaux disponibles, soit pour les usines, soit pour les irrigations rurales, etc., etc., etc.

Le prix de l'abonnement est de 30 fr. par an, pour Faris; de 35 fr.

franc de port pour les départemens, et de 40 fr. pour les pays étrangers.

La collection entière des quarante-un premiers volumes des Annales des Arts et Manufactures, avec les 446 planches en taille-douce, 'se trouve au bureau des Annales et des Arts et Manufactures, rue Jean-Jacques Rousseau, no 1, pour le prix de 307 fr., prise à Paris.

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Abrégé de Géographie moderne, rédigé sur un nouveau plan ou Description historique, politique, civile et naturelle des Empires, Royaumes, Etats et leurs Colonies, avec celle des mers et des iles de toutes les parties du monde ; par J. Pinkerton et C. A. Walckenaer: précédé d'une Introduction à la Géographie mathématique et critique, avec figures, par S. F. Lacroix, membre de l'Institut et de la Légion d'Honneur, etc.; suivi d'un Précis de Géographie ancienne, par J. D. Barbié du Bocage, membre de l'Institut, professeur de géographie et d'histoire à l'Université impériale, etc.; accompagné de dix Cartes coloriées, dressées par Arrowsmith et P. Lapie; et terminé par une Table de noms de géographie ancienne et moderne. Edition conforme à la division politique de l'Europe en 1811, adoptée pour l'enseignement des Ecoles impériales militaires de France. Un vol. in-8° de 1300 pages, caractères petit romain et petit texte, grande justification. Prix, 12 fr., et 16 fr. 50 c. franc de port. Relié très-proprement, à dos brisé, 14 fr. A Paris, chez J. G. Dentu, imprimeur-libraire, rue du Pont-de-Lodi, no 3, près le Pont-Neuf; et Palais-Royal, galeries de bois, nos 265 et 266.

Le fils d'Annodée, suivi de il y a des choses plus extraordinairés, ou Lettres de la marquise Lézannes à la comtesse de Mirville; par M. Elisa d'Entragan. Trois vol. in-12. Prix, 5 fr., et 6 fr. 50 c. franc de port. Chez L. M. Guillaume, libraire, place Saint-Germainl'Auxerrois, no 41.

Discours pour la réception de M. Lacretelle le jeune, à l'Académie Française, prononcé par M. le comte de Ségur, grand-maître des cérémonies, conseiller-d'état, présidant la séance du 7 novembre 1811. Brochure in-8°. Prix, 75 c., et 1 fr. franc de port. Chez F. Buisson, libraire, rue Gilles-Cœur, no 10.

Le Préjugé excusable, ou il voulait et ne voulait pas; comédie en cinq actes et en vers, par M. Ph. L. C..... Prix, I fr. 20 c., et 1 fr. 50 c. franc de port. Chez Martinet, libraire, rue du Coq-SaintHonoré, no 15.

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MERCURE

DE FRANCE.

No DXL. Samedi 23 Novembre 1811.

POÉSIE.

HERMINIE CHEZ LES BERGERS.

Traduction du commencement du septième chant
de la Jérusalem délivrée.

Au milieu de la nuit Herminie éperdue
D'une antique forêt parcourait l'étendue,

Et
son coursier, du frein méconnaissant les lois,
L'emportait à son gré dans l'épaisseur des bois.
Les guerriers dont l'ardeur accélérait sa fuite,
Honteux et rebutés d'une vaine poursuite,
Ou craignant quelque piége en ce désert lointain,
S'arrêtent et du camp reprennent le chemin.

Telle après une chasse et longue et fatigante,
Sur le déclin du jour une meute aboyante,
Perd un cerf qu'ont sauvé la nuit et la forêt,
Et hurle de dépit, de rage et de regret.
En ces détours obscurs se croyant poursuivie,
La princesse au hasard abandonne sa vie,
Et la frayeur troublant ses timides esprits,

Elle croit des chrétiens entendre encor les cris.

Y

L'aurore et la clarté redoublent ses alarmes;
Sans guide, sans conseil, tremblante, toute en larmes,
Ses plaintes et ses cris font retentir les airs,

Et seuls troublent la paix de ces vastes déserts :
Mais lorsque le soleil, au bout de sa carrière,
Plongeait au sein des mers sa mourante lumière,
De l'antique Jourdain elle aperçoit les flots,
Qui par leur doux murmure invitaient au repos (1).

Assise sur ses bords, faible, sans nourriture,
Elle rêve en pleurant à sa triste aventure :
Cependant le sommeil, ami du malheureux,
Lui verse ses pavots, appesantit ses yeux,
Et déployant autour ses ailes bienfaisantes,
Adoucit de son cœur les blessures cuisantes :
Mais le cruel amour, auteur de tous ses maux,
Par mille songes vains trouble encor son repos.

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Et déjà les oiseaux, par leurs tendres ramages,
Saluaient le soleil et charmaient les bocages,'
Les zéphyrs se jouaient sur l'onde et sur les fleurs,
Et parfumaient les airs des plus donces odeurs.

(1) M. de Châteaubriand dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem, 8 et 9, pages vol. 3, observe qu'il est inconcevable que le Tasse n'ait pas nommé le fleuve où la fugitive Herminie rencontre le pasteur qui lui donne asile, mais que probablement il a voulu placer cette scène charmante sur les bords du Jourdain.

Il paraît que M. de Châteaubriand n'avait pas sous les yeux le Poëme de la Jérusalem délivrée lorsqu'il a fait cette espèce de reproche à son auteur. C'est nominativement sur les bords du Jourdain que le Tasse a place cette rencontre; et voici les deux derniers vers de la troisième strophe du septième chant :

Giunse (Herminia ) del bel Giordano alle chiare acque ;

E scese in riva al fiume, e qui si giacque ;

Elle s'endort, et c'est en s'éveillant qu'elle entend cette voix,

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Tra l'acqua, e ì rami,

Ch'à è sospiri ed al pianto la Richiami.

Ainsi nul doute que cet aimable épisode a pour théâtre les bords du Jourdain, comme le pense M. de Châteaubriand.

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