Philosophisme détesté,
Cache ton front dans la poussière ; Reptile, d'un souffle empesté Ne viens plus souiller la lumière.
Mais que cette fille des cieux, Que l'auguste philosophie Revienne exercer nos yeux L'emploi que le ciel lui confie!
Noble guide du genre humain, On la vit sans orgueil, sans voiles, Marcher l'olivier dans la main 1 Et le front couronné d'étoiles.
Elle admirait avec Platon
D'un Dieu la sublime industrie, Et fit sauver à Cicéron
Une criminelle patrie.
Oui, ce vertueux citoyen,
Qui pensa, vécut en grand homme, De Rome intrépide soutien,
A trouvé des bourreaux dans Rome.
La philosophie affrontait
Les fureurs les plus inhumaines, Quand Longin sous le fer tombait, Quand Sénèque épuisait ses veines.
Regardant la mort sans frémir, Elle a su, dans Athène ingrate Contre la ciguë affermir L'ame tranquille de Socrate.
Cette déesse offre toujours Des vertus douces, bienfaisantes, Et n'arme point contre nos jours Cette bydre aux têtes renaissantes.
Elle n'a point par des fureurs. Légué de crimes à l'histoire ; -- Et sur nos funestes erreurs Elle ne fonde point sa gloire
Elle sait que de justes droits Ont consacré le diadême;
Qu'il faut un sceptre pour les rois, Des autels pour le roi suprême.
Sans proscrire la vérité, Elle est fidelle à la prudence; Et sa plus douce liberté
N'est qu'une sage indépendance.
Elle n'embrase point nos cœurs Du feu des discordes civiles; Et laisse au monde ses erreurs Quand ses erreurs lui sont utiles.
Tu veux sortir, je sors: tu ris, on me voit rire :* Tu chantes, j'applaudis aux charmes de ta voix : Fais-tu de mauvais vers? tout haut je les admire: Veux-tu dormir? je dors: veux-tu boire? je bois. La musique te plaît ? je t'apporte ma lyre :
Nous jouons, et je perds: tu ments, et je te crois... Montré-je pour tes goûts assez de complaisance? Cependant de ta part nul présent d'importance. N'est venu me payer de tant de soins flatteurs. Après toi, me dis-tu, je serai légataire De ta maison de ville et de ta belle terre;
*UNE déesse très-légère Qu'on appelle l'Occasion, Naquit dans un bois solitaire En même tems que Cupidon. Errant au gré de l'inconstance, Elle songeait toujours à fuir, Et dans les jeux de leur enfance L'Amour cherchait à la saisir.
Se dérobant à sa poursuite, Elle s'échappait chaque jour; Vénus la voyant fuir si vite Donna des ailes à l'Amour; Et l'on voit que pour apanage De sa mère il reçut ce don, Non pas pour devenir volage Mais pour saisir l'Occasion.
Dans un bois propice au mystère, Au front il sut la prendre un jour. L'Occasion entre en colère Et crève les yeux à l'Amour. Ayant ainsi perdu la vue, L'Amour, à sa confusion, Prenant une route inconnue, Manqua souvent l'Occasion.
Le tems appaisa leur querelle; Et de nouveau l'aveugle dieu, Cherchant à se rapprocher d'elle, Sut la rencontrer en tout lieu. C'est à quoi l'on devait s'attendre Plus d'obstacle à leur union: Du moment qu'ils surent s'entendre L'Amour trouva l'Occasion,"
FILLE d'un petit roi, dans mes vastes Etats, J'entretiens à grands frais au moins vingt potentats ; La beauté, dit-on, passe et s'enfuit avec l'âge, Sur la mienne le tems n'exerce aucun ravage.
J'ai plus de trois mille ans, cependant, tous les jours, La nature pour moi contrariant son cours, Embellit mes attraits. J'ai trois sœurs dans le monde, Qui me cèdent le pas sur la terre et sur l'onde, Quoique de belle taille et plus grandes que moi, Je les force toujours à plier sous ma loi; Pourtant il en est une, elle est notre cadette, Qui de s'en affranchir a le projet en tête,
Mais rien ne peut changer la marche des destins : Elle a beau recueillir des transfuges mutins, Un seul de mes enfans, celui que rien n'égale, Saura, quand je voudrai, soumettre ma rivale.
SANS feu ni lieu, manquant de tout pour être heureux. J'ai mérité le nom de très-célèbre gueux; Pour moi les dignités ne furent que chimère, A tout le genre humain du haut de ma misère J'insultais à loisir ; le plus grand des mortels, Le même à qui la Grèce érigeait des autels, Essuya mes refus'; à ce trait de ma vie, Tu m'as déjà connu, lecteur, je le parie; Ainsi sans t'épuiser en efforts superflus', En moi tu trouveras d'un Etat qui n'est plus
Le mentor et le chef; cette flamme divine Qui brillent dans les vers de Corneille et Racine, Du Raphaël moderne anime le pinceau,
De Phidias jadis illustra le ciseau,
Et qui dans les combats, en ce siècle de gloire,
A l'homme de la France assure la victoire;
Ce que fille galante accepte volontiers; Les tas qui du Simplon obstruaient les sentiers; Un vigneron fameux, et la peine gênante Inconnue à Solon, que la constituante Plaça dans certain code; un personnage enfin Qui fit dans Syracuse une bien triste fin.
Mon premier, cher lecteur, illustre personnage, De mon dernier parfois te prohibe l'usage; Mon tout est un tartuffe, un mauvais garnement, Qu'éloigne de chez lui tout citoyen prudent.
Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.
Le mot de l'Enigme est l'E muet.
Celui du Logogriphe est Canon, où l'on trouve : anon, non et on, Celui de la Charade est Police.
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