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remens malheureux, pour leur faire connaitre, comme à ses enfans, les besoins pressans de l'Etat. et en prenant la résolution de conner à leurs soins le rétablissement de la félicité publique. Les Etats de Hongrie et des pays attachés à ce royaume reconnaissent par-là combien S. M. s'intéresse au maintien de l'antique constitution; ils sentent par-là le prix que S. M. a mis à la fidélité inébranlable du peuple hongrois aux sacrifices immenses qu'il a faits pour la gloire de son roi et le salut de la patrie, et qu'il eu coûterait infiniment au cœur paternel de S. M. d'exiger de nouveaux et de plus importans sacrifices; mais bien convaincus que S. M., par suite de sa bienfaisance innée, et dont nous avons tant d'exemples, n'exigera d'eux que ce qui peut se concilier avec la constitution antique. que ce qui est proportionné aux forces du royaume, ce qui n'excède pas la mesure précise des besoins de l'Empire, les Etats écouteront avec joie les propositions royales, les prendront en considération, et feront tous leurs efforts pour appuyer les vues paternelles de S. M., et se rendre toujours dignes de ses bontés. Tels sont les sentimens de vos fidèles sujets de Hongrie, Sire, comme j'ai eu l'honneur de l'assurer à V. M., lorsqu'elle voulut bien me confier ses projets sur les fonds suffisans pour les billets de rachat, sur le crédit public qui en devait résulter, sur la manière de couvrir avec sagesse les besoins de l'Etat, et même me consulter. J'osai, dès-lors, assurer à V. M. que si les Etats étaient requis d'une manière légale ils s'empresseraient de concourir au bien de la patrie et au maintien de la constitution, et de répondre aux vues du meilleur des rois. V. M. ne peut pas douter que ce ne soit aujourd'hui les sentimens des Etats qui environnent son trône. Que S. M. daigne donc, dans la plus parfaite confiance, leur communiquer les besoins de l'Empire; qu'elle daigne aussi recevoir avec bonté et comme un tendre père les voeux respectueux qu'ils font pour elle, et qu'elle daigne accorder à tous, à chacun de nous, à moi, sa grace et sa bienveillance. »‹

Les nouvelles de Londres donnent de l'état du roi des détails satisfaisans. S. M. paraît visiblement mieux; le sommeil et l'appétit sont revenus. L'état mental est toujours le même. On regarde désormais la guerre avec les Etats-Unis comme inévitable; la frégate anglaise le Mélampus a pris la frégate le Président. Le gouvernement anglais a envoyé en Canada 40,000 équipemens complets; à Monte-Video, les insurgés ont obtenu un succès complet on annonce comme certaine la reddition de la place. Mais ce qui se passe en Sicile mérite une attention et une mention particulière. Les notes suivantes apprendront de quel œil les Anglais y sont vus, et quel rôle ils ont prétendu y jouer.

On connaît à présent, dit l'Englishmann, la cause des arrestations qui ont en lieu en Sicile. Cinquante-deux personnes de la première noblesse avaient adressé une pétition au gouvernement britannique, tendante à provoquer la coopération de l'Angleterre pour établir un meilleur ordre dans l'administration intérieure. On nomme les princes de

Villa-Franca, Belmonte, Castel-Nuovo, d'Archy, et même une personne liée à la famille royale. La plupart de ces pétitionnaires ont été envoyés en exil à Pantalarie : mais on espérait que lord William Bentinck intercèderait en leur faveur.

Aussi les plaintes contre le gouvernement de la Sicile prennent de jour en jour un caractère plus affligeant. Nous apprenons qu'un vaisseau grec, muni de licences anglaises, a été pris par un corsaire sicilien, et déclaré de bonne prise. Le tribunal sicilien a osé déclarer que les licences anglaises n'étaient d'aucune valeur. Les déportés sont cinq des premiers barons du royaume et les plus fermes soutiens de l'intérêt britannique. Le roi Ferdinand allait même signer des pleins-pouvoirs qui autorisaient le chevalier Castrani à bannir tout étranger qui se rendrait suspect, lorsque lord Bentinck est arrivé et a fait des remontrances. Mais ces remontrances ont été nulles; les propositions apportées à la cour de Palerme par cet ambassadeur ont parus incompatibles avec l'honneur du pays; Flaminius Bentinck a quitté la Sicile: son départ précipité, et son retour à Londres, annoncent une prompte rupture avec la cour de Palerme.

Les détails reçus d'Espagne ont confirmé le désastre de l'armée de Murcie. Le général Freire a été complètement battu. Les Espagnols fuyant sur tous les points qui conduisent à Murcie, les ont ouverts aux Français qui préparent une expédition contre Carthagène. De son côté, lord Wellington est devant Ciudad-Rodrigo. Les Français continuent à occuper leur position de Coria; il ne s'est rien passé d'important. Les Anglais s'étendent de la route de Placentia, où les Français sont en force considérable, à Ciudad-Rodrigo. Les premiers s'attendent à être attaqués incessamment par les Français, séparés d'eux par des défilés.

Quant à Cadix, nous avons déjà fait mention des plaintes

le gouvernement anglais a élevées contre la conduite. d'un grand nombre d'habitans de cette ville. Le ministre Wellesley les a consignées dans une note authentique; cette pièce est étendue, mais elle appartient trop à l'histoire de cette guerre, elle y dévoile trop bien et l'égarement des insurgés, et l'incertitude de leurs dispositions, et l'embarras de leurs instigateurs, pour ne pas la publier en entier.

Le ministre anglais l'adresse au secrétaire-d'état de la junte insurrectionnelle de Cadix; il commence par rappeler sa longue patience, et son silence sur les bruits et les

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écrits qui circulent à Cadix contre le gouvernement anglais. Mais, ajoute-t-il, les écrits qui ont été publiés, ainsi que les bruits qui ont circulé, sont devenus si injurieux pour le nom et le caractère anglais, et tendent tellement à favoriser les vues de l'ennemi et à semer des dissentions parmi les alliés, que je croirais manquer aux devoirs de ma place et aux sentimens qui doivent animer tout Anglais, si je pou-vais voir avec indifférence les calomnies qu'on accumule chaque jour contre mon pays. Pour donner une idée des termes dans lesquels sont conçues ces assertions, il me suffira, je crois, de prier V. Exc. de lire la pièce ci-jointe, où l'on impute à mon souverain et à son gouvernement, ainsi qu'à la nation britannique, des intentions contraires à l'honneur, à la justice et à la bonne foi, et entièrement subversives de tous les principes qui ont déterminé la Grande-Bretagne à servir la cause de la nation espagnole. On reproduit, en outre, dans cet écrit, les plaintes et les imputations dirigées au mois de mars dernier contre l'Angleterre; savoir que les provinces espagnoles frontières du Portugal étaient placées sous le commandement militaire de lord Wellington; que l'armée espagnole devait être commandée par des officiers anglais, et en un mot soustraite à l'autorité militaire espagnole, afin de former une armée véritablement anglaise. On attribue aussi au gouvernement britannique le projet d'envoyer à Cadix un renfort de troupes suffisant pour prendre possession de la ville et de l'ile, et de les garder au nom et comme une propriété de S. M. britannique. Si l'on considère les sacrifices qu'a faits l'Angleterre, les déclarations successives de la conduite qu'elle a résolu de tenir à l'égard des colonies espagnoles, dont quelques-unes ont été insérées dans la Gazette de la Régence; si l'on considère la preuve décisive qu'elle vient tout récemment de donner du désintéressement de ses vues, en offrant sa médiation entre la junte et celles des colonies qui ont refusé de reconnaître son autorité, je ne devrais pas être dans la nécessité de réfuter des charges telles que celles contenues dans la pièce en question. Il fallait, en effet, que nous nous trouvassions dans une sination aussi critique que celle où nous nous trouvons réduits dans les bornes étroites de cette place, dont le salut dépend de l'harmonie et de la bonne intelligence," pour que je me soumisse à l'humiliation de venger l'honneur de mon pays, outragé par les publications dont la tendance malveillante se fait suffisamment apercevoir.

» Désirant cependant conserver sans la moindre altération

les sentimens d'estime et de respect dont mon souverain et la junte sont mutuellement animés, je me crois obligé à réclamer de la manière la plus positive et la plus solennelle, au nom de S. M. B., de son gouvernement, et de la nation anglaise toute entière, contre les imputations injurieuses dirigées contre eux. Je nie avec la même assurance qu'il existe le moindre fondement pour l'interprétation donnée aux notes que j'ai présentées au mois de mars dernier, par lesquelles je suggérais qu'il convenait que les provinces espagnoles frontières du Portugal fussent placées sous l'autorité temporaire de lord Wellington, cette mesure n'ayant d'autre objet que d'autoriser S. S. à en tirer les secours militaires qu'elles sont capables de fournir. J'affirme pareillement, de la manière la plus solennelle, que ni mon souverain, ni son gouvernement, n'ont eu l'intention de s'emparer de Cadix, et que si l'on y envoyait des renforts, ce serait exclusivement pour concourir à la défense de cette importante position.

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Enfin, je répète ce que j'ai plusieurs fois déclaré à V. Exc., c'est qu'en prenant part à la lutte actuelle, la Grande-Bretagne n'a pas en Fintention de profiter des circonstances malheureuses où se trouve l'Espagne pour en obtenir des avantages exclusifs, et qu'elle n'a voulu que contribuer à l'expulsion de l'ennemi.

» Jetermine, très-excellent seigneur, en suppliant V. Exc. de vouloir bien soumettre cette note au conseil de régence dans le plus bref délai possible, et je me crois obligé de demander qu'il lui donne la publicité convenable, afin de prévenir les conséquences fâcheuses qui pourraient avoir lieu si l'on se persuaduait que les intentions de la nation anglaise sont telles que les représentent les bruits et les écrits qui ont circulé dans cette ville.

J'ai l'honneur de réitérer à V. Exc. les assurances de ma considération distinguée. » Signé, WELLESLEY.

Cet écrit fait juger les dispositions des alliés, celles des insurgés, et des chefs de parti. Il atteste la désunion et la haine qui règnent dans cette coalition. Nous avons dû le rapporter en le rapprochant de l'ordre du jour par lequet le général anglais inflige des punitions exemplaires à des officiers portugais ou qui désertent leur cause, ou qui la servent comme s'ils voulaient la déserter.

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De telles publications, faites en Angleterre même, contribuent pas peu à y éclairer les esprits, à y former l'opinion. Les alarmes qu'inspire le voyage de l'Empereur sur les côtes n'y sont point dissimulées. Un des journaux de

l'opposition s'en rend l'interprête avec une force de dialectique qui ne semble permettre la sécurité ni aux ministres, ni au dernier de leurs adhérens.

Tandis que des difficultés imprévues, dit-il, paralysaient dans la péninsule la vigueur que le gouvernement français a coutume de déployer à la guerre, la vaste étendue de ses différens ports, la tentation qu'il éprouve de faire un effort maritime, et, plus que cela, les circonstances où nous nous trouvons, circonstances aussi imprévues qu'heureuses pour lui, ont absorbé tous les soins et dirigé toute l'attention de Napoléon vers la création d'une marine française, et son organisation. Le courage et l'habileté des amiraux anglais ont sans doute presque entièrement anéanti la marine française, jadis si formidable; mais ce que la science et le courage ont détruit, le génie, secondé de l'industrie, peut le rétablir. La France peut, à l'abri de tout danger, construire des flottes nombreuses ; et l'énergie d'une vigoureuse administration, puissamment aidée de l'irrésistible levier de la conscription, peut donner une existence dangereuse à cette masse inerte, en l'armant d'un nombre suffisant d'hommes et de navigateurs. Nous nous abuserions étrangement si nous supposions que parce que des hommes n'ont pas passé leur vie à la mer,

habileté ne suffirait pas dans un moment de danger et dans le cas d'une urgente nécessité. Une portion comparativement faible d'habiles matelots, suffirait pour mettre une flotte considérable en état de manœuvrer et de combattre; et du moment où les Français s'apercevront que le nombre de leurs vaisseaux atteindra celui des nôtres,

rien ne pourra les retenir dans leurs ports, sur-tout s'ils croient pouvoir, par une sortie audacieuse, accomplir quelque grand objet.

» L'état de nos relations avec l'Amérique, et la malheureuse situation de l'Irlande, sont pour Napoléon les causes d'une tentation irrésistible, d'employer tous les moyens qui sont en son pouvoir pour créer une marine. Les vues du gouvernement et les espérances des Français sont égale ment dirigées vers ce grand objet national. Les avis les plus récens des côtes de France et de Hollande s'accordent tous à montrer le peuple comme rempli d'espoir et pleinement convaincu que dans peu la France aura une flotte capable de lutter, quant à l'habileté, avec celles si vantées de la Grande-Bretagne. Lorsque les vues du gouvernement sont ainsi fondées sur les véritables sentimens de la nation, les mesures d'exécution sont rarement insuffisantes et

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