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-La Société de Teyler, à Harlem, a proposé, pour l'année 1811, les sujets de prix suivans : «Par quelle cause doit-on expliquer la longue durée de l'Empire chinois qui, d'après les calculs également judicieux et modéres de » M. de Guignes, offre un phénomène unique dans l'histoire du monde?» Le prix est une médaille de la valeur de 400 florins hollandais. Les mémoires doivent être envoyés avant le 1er avril 1812. La question proposée en 1809 est de nouveau remise au concours. Le terme pour l'envoi des mémoires est fixé au 12 avril 1812. La Société demande pour cette année : « "que l'on détermine par des observations nouvelles et par la comparaison de celles qui ont déjà été faites, ce qu'il y a d'incontestable dans tout ce » qu'on a avancé sur l'organisation des plantes, et spécialement sur la structure et les fonctions de leurs vaisseaux; » qu'on indique avec précision ce qu'il y a encore de douteux, et les procédés qu'on pourrait employer pour acquérir plus de lumières sur ces divers objets. On devra consulter les anciens ouvrages de Grew, de Malpighi, de Duhamel, etc., les écrits plus recens d'Hedwig, de Mirbel, de Sprengel, et d'autres, ainsi que les mémoires déjà couronnés par la Société, de MM. Rudolphi, Link e Tréviranus. La Société désire qu'on accompagne de dessins les mémoires qu'on lui 'adressera. Ces mémoires peuvent être rédigés en hollandais, en latin, en français, en allemand, ou en anglais. Ils doivent être adressés à la Société avant le 1er avril 1812. Les prix seront décernés avant le 1** novembre.

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SOCIÉTÉS SAVANTES.

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SOCIÉTÉ PHILOTECHNIQUE DE PARIS. Cette Société paraît redoubler de zèle pour l'intérêt des arts et de la littérature, sa séance publique du 17 novembre dernier en est une nouvelle preuve. Elle avait à décerner deux prix, l'un d'éloquence dont le sujet était l'Eloge du Poussin. M. Joseph Lavallée, l'un des secrétaires, perpétuels, dans son rapport sur le concours a fait voir que si le sujet présentait des difficultés par la réunion des connaissances qu'il exige, elles n'étaient cependant pas insurmontables, et lui-même, dans un exposé rapide des talens et de la philosophie du Poussin, a donné en quelque sorte aux concurrens l'exemple avec le précepte sur la manière de traiter le sujet.

M. de la Chabeaussière, dans le rapport sur le concours de poésie,

a dû consoler les concurrens vaincus par la manière dont il a cité et fait valoir quelques beautés des différens ouvrages. Son but était sans doute de consoler à-la-fois et d'encourager les athlètes qui n'avaient point atteint cette fois la palme du triomphe. Il a annoncé que le prix avait été décerné à M. Auguste Fabre le jeune, frère de M. VictorinFabre, déjà si connu par des palmes académiques; et l'accessit à M. André de Murville, littérateur et poëte, également connu par des succès littéraires en plusieurs genres.

Quelques personnes ont paru préférer les fragmens de l'accessit à la pièce couronnée; c'est sans doute faute d'avoir réfléchi qu'il faudrait lire les deux ouvrages entiers pour les comparer avec justice, et qu'un fragment a toujours de l'avantage sur une pièce entière.

MM. Pigault-le-Brun et Bouilli ont été entendus avec beaucoup de plaisir, l'un dans un conte philosophique en prose, intitulé: Tout n'est pas mal, dont le style fin et spirituel a fait rire; et l'autre dans une anecdote intitulée : la Robe feuille-morte de Mme Cottin, extraite d'un ouvrage nouveau qui va paraître et qui est intitulé : Conseils à ma fille, pour faire suite à ses contes; le succès que cette lecture a obtenue est le présage de celui qu'obtiendra sans doute le livre entier. On y reconnaît la touche morale, spirituelle et sensible de l'auteur des contes.

M. de la Chabeaussière a lu trois de ses apologues en vers, librement imités de Saadi : on s'accorde à les trouver d'un style agréable et d'un bon choix.

M. Raboteau a lu un conte en vers intitulé: La Comète et le Moniteur, qui par sa gaîté et l'agrément du style a terminé avec grâce cette séance intéressante.

Mlle Paulin et M. Nourrit, par leur chant, M. Lebou avec son beau talent sur le violon, ont paru compléter la satisfaction du public. Voici le programme des prix pour 1812.

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Le sujet de ce prix est l'Eloge de Nicolas

La Société désire que cet Eloge soit environ d'une heure de lecture. PRIX DE POÉSIE. Ce prix sera adjugé à une pièce de vers dont le sujet est le Triomphe de Molière, ou la Représentation de Tartuffe. Le genre du poëme est laissé au choix des auteurs.

Tout ouvrage destiné au concours doit avoir cent vers au moins et trois cents au plus.

Conditions du Concours.

Toute personne, à l'exception des membres résidans de la Société, est admise à concourir.

Aucun ouvrage envoyé au concours ne doit porter le nom de l'auteur, mais seulement une sentence ou devise. On pourra y attacher un billet séparé et cacheté, qui renfermera, outre la sentence ou or devise, le nom et l'adresse de l'auteur. Ce billet ne sera ouvert que dans le cas où la pièce aura mérité le prix.

Les ouvrages destinés au concours seront adressés au secrétaire de la Société Philotechnique, Musée des Monumens Français, rue des Petits-Augustins. Le commis au Secrétariat en donnera des récépissés.

Les concurrens sont prévenus que la Société ne rendra aucune des pièces qui auront été envoyées au concours. Il est superflu sans doute d'avertir qu'elle ne peut admettre que des ouvrages écrits dans la langue nationale.

Le terme prescrit pour l'envoi des pièces destinées au concours est fixé au premier août 1812: ce terme est de rigueur.

Les prix d'Eloquence et de Poésie seront, pour chacun, une médaille d'or de 300 francs. Ils seront décernés dans la séance publique du mois de novembre 1812.

La commission administrative de la Société délivrera la médaille au porteur du récépissé ; et, dans le cas où il n'y aurait point de récé pissé, la médaille ne sera remise qu'à l'auteur même, ou au porteur de sa procuration.

SPECTACLES.

L'En

Théâtre de l'Opéra-Comique. fant prodigue, opéra en trois actes. Un homme de mérite trouve-t-il un sujet heureux, s'il le traite avec quelque succès, bientôt se présente une foule d'imitateurs, chacun s'empare du fonds, et modifiant les, détails à sa guise, reproduit le même ouvrage sous une forme différente. De tems immémorial cet usage est établi dans la république des lettres. Loin de le blâmer, il y faut applaudir, dans ce siècle de misère, lorsque l'esprit d'imitation s'attache, comme ici, à un bon modèle, et montre assez d'art, de talent et de goût pour ne point le défigurer.

Le nouvel opéra est entiérement pris dans le poëme de M. Campenon. Il n'y a de différence que celle exigée par le genre; du reste, mêmes incidens, mêmes personnages. L'Enfant prodigue a quitté depuis long-tems la tente paternelle pour le séjour de la superbe Memphis. Chaque jour son absence est un nouveau sujet de larmes pour la tendre Nephtale sa mère, pour la sensible Jephtèle, jeune fille élevée parmi les pasteurs de la terre de Gessen, et

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dont le volage Azael a su toucher le cœur. Ruben, son vieux père, son frère Pharan, toute la tribu, enfin, déplorent ses erreurs, gémissent de son éloignement et font des vœux pour son retour. Telle est la situation des divers personnages dans l'avant-scène.

Au premier acte, l'impétueux Pharan déclare son amour à Jephtèle et n'en éprouve que des refus. Ainsi commence à se former le nœud de la pièce; ainsi se préparent les scènes les plus intéressantes de la fin. Peut-être l'auteur de l'opéra a-t-il, dans ce même acte, suivi trop exactement le poëte épique. Un messager envoyé à Memphis pour connaître quelle est la destinée d'Azael, revient et apprend à toute la tribu que cet infortuné jeune homme est errant, proscrit, pour avoir causé la mort d'une jeune Moabite, en l'abandonnant après l'avoir déshonorée. On avait déjà reproché, avec quelque raison, cet épisode à M. Campenon; mais les peintures gracieuses ou touchantes qu'il lui avait fouruis atténuaient beaucoup ce reproche. Les mêmes excuses n'existent point pour le poëte dramatique. D'ailleurs, au théâtre, les événemens se pressent et le pardon suit de trop près la nouvelle du crime.

L'intérêt angmente au second acte. Nephtale était allée dans le désert sur les traces de son fils ; un orage survient; elle est près de périr, lorsque Jeptèle vole au secours de cette mère infortunée, et la ramène à la tente des pasteurs. Pour récompenser tant de zèle, Ruben adopte Jephtèle et lui donne la main de Pharan. On sent combien le projet de cet hyménée, en comblant les vœux de Pharan, doit jeter de trouble dans le cœur de la sensible Jephtèle. C'est dans ce moment qu'Azael, errant dans le désert, arrive, sans se faire reconnaître, dans les lieux où il a pris naissance. Rongé de remords, il cherche à se dérober à tous les regards. Cependant Jephtèle l'a reconnu et lui fait espérer le pardon d'un père.

L'Enfant prodigue, au troisième acte, obtient de Jephtèle une entrevne. Il venait pour lui dire un éternel adieu, mais l'amour a repris son empire; Jephtèle a tout oublié elle va lui déclarer le nouveau malheur qui les menace, lorsque Pharan les surprend ensemble. Furieux, il est près de frapper celui qu'il croit son rival; bientôt il reconnaît son frère et se précipite dans ses bras. Cette scène est une des plus attachantes de tout l'opéra. Il ne tarde pas néanmoins à découvrir leurs véritables sentimens. Dans sa jalousie, il accable son frère des reproches les plus cruels :

mais le cri de la nature se fait entendre, il rend à Azael toute son amitié, et obtient pour lui le pardon de Ruben.

Dans toutes ces dernières scènes où la gradation d'intérêt et de pathétique est très-bien observée, l'auteur a mis beaucoup d'art et de talent dans le développement des passions qui agitent le cœur de ces différens personnages. En général, la pièce, qui est écrite en vers, est d'un style facile, élégant, et qui ne manque point de chaleur dans le dernier acte.

La musique de cet opéra qui, comme on voit, n'a rien de comique, est d'un genre simple et religieux; on dési rerait qu'elle eût une couleur plus prononcée. Cependant on a retenu plusieurs morceaux qui ont fait grand plaisir: telle est la romance que chante Mlle Regnauli dans le premier acte, l'air d'Elleviou: Dieu d'Israël, calme mon désespoir. La finale du premier acte a été aussi vivement applaudie. Cette musique est de M. Gaveau, qu'une maladie douloureuse a empêché de jouir de ce succès.

La pièce est généralement bien montée. Elleviou a joué avec beaucoup de naturel et de sensibilité le rôle de l'Enfant prodigue; Gayaudan a mis beaucoup de chaleur dans celui de Pharan. If y est costumé avec un goût exquis, et rappelle ces belles figures que Le Poussin plaçait dans les sujets hébreux.

Nous ne chercherons point à découvrir le motif qui a pu engager l'auteur des paroles à garder l'anonyme après les applaudissemens qu'il a obtenus. Cela nous rappelle que Voltaire en fit autant quand il donna son Enfant prodigue; mais il avait traité ce sujet d'une manière un peu grotesque, et d'ailleurs il regardait cette pièce comme peu digne de sa plume.

K.

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