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POLITIQUE.

L'ARMÉE russe, depuis les derniers événemens, a tou jours son quartier-général à Giurgewo. Voici les notes officielles publiées vers la fin d'octobre à Bucharest.

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Le 2 (14) octobre, le lieutenant-général Markow passa le Danube avec un corps de 7 à 8000 hommes, à seize werstes au-dessus de Slobodse. Il se mit aussitôt en mar- che pour se porter sur le camp turc établi près de Rudschuck; il y parvint sans être aperçu, et si promptement, que les Turcs ne purent lui opposer qu'une faible résistance. Un corps de cavalerie qu'on envoya contre lui fuț culbuté, et le camp fut bientôt la proie des vainqueurs. Les Turcs qui se trouvent sur l'île de Slobodse ne furent instruts du résultat de l'expédition que par le feu des batteries établies sur la rive droite, que les Russes tournèrent contre eux. Tout ce qui put se sauver du camp se jeta dans Rudschuck.

"Le grand-visir se trouvait en personne dans les retranchemens sur la rive gauche du Danube. Il proposa une suspension d'armes, le commandant de l'armée russe ne l'ayant point acceptée, il profita de l'obscurité de la nuit. pour se rendre à Rudschuck, dans une barque que BosniakAga lui avait envoyée.

Pendant qu'on s'emparait du camp du grand-visir, le général en chef russe faisait une fausse attaque sur le camp de Vely-Pacha, établi à droite de Rudschuck, sur le chemin de Turtukay, dont les troupes se retirèrent également dans Rudschuck. Le commandant russe mit alors tous ses soins à occuper tous les points par lesquels les Turcs qui se trouvent sur l'île de Slobodse pouvaient communiquer avec la rive droite. Il fit avancer des bâtimens armés, et s'empara d'une petite île sur laquelle les Turcs avaient établi une batterie de deux pièces de canon, et d'où l'on peut battre la grande île.

» Le fils de Czapan-Oglou et quelques autres pachas commandent le corps renfermé sur la grande île.

Dans le même tems que ces événemens avaient lieu près de Rudschuck, d'autres corps russes passaient égales

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MERCURE DE FRANCE, NOVEMBRE 1811. 425 ment le Danube. Un de ces corps s'empara de Turtukay; un autre se porta sur Silistrie, qu'il prit d'assaut. Le général Sass força Ismail bey de Sérès à évacuer aussi la rive gauche du Danube dans la petite Valachie, et le suivit avec son corps sur la rive droite."

Les mêmes détails ont été confirmés par des notes pu bliées à Pétersbourg; on n'a point de détails sur l'assaut et la prise de Silistrie. Les journaux allemands varient sur le nom de l'officier-général qui commandait cette attaque. On ignore si ces événemens ont eu pour résultat une reprise de négociations, ainsi que le bruit en a été répandu, ou si les Russes se mettront en mesure de donner suite à leurs succès.

Voici quel était l'état des choses au 21 octobre : les deux tiers de l'armée russe se trouvaient déjà sur la rive droite du Danube, et se concentraient en avant de Rudschuck, de manière que cette place est entièrement bloquée. L'autre tiers de l'armée russe est demeurée en face de cette position sur la rive gauche. Il ne s'est rien passé sur les bords de la Drina. Les derniers événemens ont rendu beaucoup d'espérances aux Serviens.

La diète de Presbourg continue de se réunir: elle est à sa 32 séance. Rien de positif n'est connu sur les propositions qui lui sont faites, sur ses délibérations, sur la nature de l'opposition qui paraît s'y être manifestée : les papiers prussiens analysent ainsi les propositions qu'ils croient avoir été faites à la diète : 1° la Hongrie se charge de la garantie de 100 millions; 2° pour servir à l'échange annuel des billets d'amortissement en numéraire, toute la monarchie paierà 2 millions par an, et la Hongrie, pour sa quote-part, 942,680 florins 53 kreutzers; 3° pour la mise hors de circulation des billets d'amortissement, toute la monarchie paiera 4 millions de florins, et la Hongrie, 1,885,371 florins 46 kreutzers; 4° pour couvrir les dépenses courantes de la monarchie, la Hongrie paiera en sus des contributions ordinaires la somme de 12 millions, qui seront levés par la voie des impôts indirects.

Les journaux bavarois ont à cet égard publié une lettre impériale qui aurait été envoyée par M. de Wallis au gouverneur d'Autriche, relativement aux affaires de Hongrie; on y lisait ces mots :

Rien ne sera capable de me détourner des plans que j'ai arrêtés pour le bien de mes Etats; je ne souffrirai ni en Hongrie, ni dans les autres pays soumis à ma domination,

aucune opposition, aucune limitation de mes droits, ou toute autre résistance; ainsi, je ne permettrai en aucun cas que les Etats de Hongrie fassent échouer mes projets bienfaisans, et les mesures générales que j'ai prises pour le bien de mes autres sujets."

Nous n'avons point à relater de pièces officielles de l'armée d'Espagne. Les journaux espagnols contiennent toutefois sur Cadix et sur Valence des notes qui peuvent être lues avec intérêt.

A Cadix, y est-il dit, on a perdu tout espoir de voir lever le siége de cette place, les Français ayant non loin d'elle des forces considérables sous les ordres des généraux, Soult et Godinot. Les ouvrages élevés par eux sont d'une force incroyable, sur-tout ceux construits près de Chiclana et de Sainte-Marie. Les fortifications de ces villes ont été récemment réparées par les Français, qui sont toujours dans le voisinage de Tarifa et de Saint-Roch.

A Valence, la nouvelle de la défaite de Blake et de la prise de Sagonte a porté au dernier degré la perplexité et la confusion. Le général Harispe a notifié au gouverneur de Valence la défaite de l'armée qui devait l'appuyer. Voici les termes de cette lettre :

M. le gouverneur, vous devez avoir connaissance du résultat de la journée d'hier. Huit mille prisonniers, beaucoup de généraux, et la plus grande partie de l'artillerie de l'armée commandée par M. Blacke, sont en notre pouvoir. Je suis chargé par S. Exc. le maréchal comte Suchet de vous proposer d'éviter à la ville de Valence les maux et toutes les horreurs qu'entraînerait inévitablement sur elle une résistance inutile, et dont toutes les villes prises d'assaut par nos troupes vous présentent un exemple épouvantable. Je suis autorisé à vous offrir les conditions les plus honorables et les plus avantageuses pour assurer la sécurité et la tranquillité des habitans de Valence. Dès l'instant que cette ville se sera rendue aux armes de S. M. l'Empereur et Roi, le passé sera oublié, et il n'existera plus de ressentiment chez les Français contre les Valen- ciens. Nous nous efforcerons par nos bons procédés et par la protection spéciale que leur promet S. Exc. le maréchal, de leur faire oublier les malheurs de la guerre et de l'anarchie horrible dont ils sont accablés depuis tant de tems. »

On ignore encore, dit la Gazette de Madrid, qui publie cette lettre, si les défenseurs de Valence, rendus plus prudens par l'exemple du passé et plus justes appréciateurs des

procédés des généraux français après la victoire, préféreront une capitulation honorable aux désastres inséparables d'une prise de vive force.

Les nouvelles de la Baltique ne parlent que des pertes éprouvées par la flotte marchande anglaise à son passage par le Beldt pour retourner en Angleterre ; celles des îles Jersey et de Guernesey ne parlent que de l'audace des corsaire's français, et des succès attachés à leur témérité. Nous avons, dit une lettre de cette île, sept à huit vaisseaux de guerre qui mouillent pendant l'été à Jersey, et vont hiverner à Guernesey; mais rien de plus pacifique que cette escadre. Si les Français venaient attaquer les îles dont la défense lui est confiée, ils la trouveraient sans doute à son poste, c'est-à-dire se tenant bravement dans l'intérieur du port, où elle peut mouiller assez en sûreté sous la protection des canons du château Cornet. Les corsaires fran- í çais sont si bien instruits de cet état de choses, qu'ils viennent tous les jours prendre à la vue de nos frégates de riches bâtimens marchands qu'ils emmènent fort à leur aise à Cherbourg. La valeur des objets trouvés à bord du Chesterfield rendra probablement à l'avenir les Français moins dédaigneux à l'égard de nos paquebots, qu'ils pourront capturer toutes les fois qu'ils le jugeront à propos. De plus, et lorsque le gouvernement français voudra se procurer des nouvelles de ces îles, il n'aura qu'à ordonner à ses corsaires d'être un peu moins complaisans, et nos malles seront à sa disposition. Je n'accuse personne; mais le fait est que les corsaires français balaient absolument la mer autour de Jersey et de Guernesey, que toute embarcation d'une force au-dessus de celle d'un bateau à rames peut enlever les paquebots, et que nous avons sur cette station une escadre considérable en vue de laquelle tout se passe.»

Les feuilles de la Jamaïque annoncent de nouveaux succès du Marengo, du duc de Danzick; leurs prises se succèdent avec rapidité. Les feuilles des Caraccas présentent le général Miranda poursuivant ses succès, et profitant de la prise de Valence pour s'avancer dans le pays, qui paraît lui offrir désormais une conquête facile. Les dernières lettres de Buenos-Ayres donneraient à penser que les différens entre cette place et Monte-Video, ne seraient pas si promptement terminés que l'aurait fait présumer l'accord préliminaire conclu sur les bords de la Plata, entre le vice-roi Ellio et les commissaires de l'insurrection,

L'Empereur a tenu cette semaine son conseil des ministres, le conseil d'Etat, le conseil de commerce et des manufactures. Le Moniteur a publié sous le titre statistique industrielle et manufacturière de l'Empire français au 1 janvier 1811, plusieurs tableaux qui sont des documens historiques du plus haut intérêt, et que nos ennemis consulteront avec une jalouse inquiétude. Nous présenterons les résultats essentiels de ces tableaux.

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Le premier renferme les mines et substances minérales en exploitation, les métaux et substances minérales en fabrication. Les résultats donnent 6,918 établissemens, 377,174 ouvriers, et pour produits, 419,569,640 fr.

Le second présente les substances végétales: les établissemens qui leur sont consacrés sont au nombre de 48,100, celui des ouvriers de 583,863; la valeur des produits est 503,940,292 fr.

Le troisième est consacré aux substances animales; on y trouve 26,700 établissemens, 786,069 ouvriers employés, et 438,620,681 fr. produits.

Il est aisé par récapitulation générale de reconnaître que les établissemens pour l'industrie manufacturière s'exerçant sur les trois règnes sont au nombre de 81,718, qu'ils emploient 1,747,108 ouvriers, et que leur produit annuel total est de 1,362,130,613 fr.

Dimanche prochain l'on célébrera, dans tout l'Empire, l'anniversaire du couronnement de l'Empereur. On annonce que LL. MM. arriveront samedi prochain au palais des Tuileries. Il y aura le lendemain messe en musique à la chapelle du palais; après la messe, grande audience, grande parade; et lundi, spectacle au théâtre de la cour.

Il sera aussi chanté dimanche prochain, dans l'église métropolitaine de Paris, une messe solennelle, suivie d'un Te Deum, à laquelle assisteront toutes les autorités. Monseigneur l'archevêque de Malines montera en chaire après le Credo, et prononcera un discours relatif à l'anniversaire du couronnement de S. M. S....

ANNONCES.

Des maladies de la Fessie et du Méat urinaire, ehez les personnes avancées en âge, pour servir de réponse aux questions proposées en 1807 sur ces maladies, par l'Académie Joséphine de Médecine et de Chix.

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