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Tu m'as montré les sentiers du Parnasse;
Faible, j'osai tenter ses bois trompeurs,
Et d'un sourire approuvant mon audace,
Tu me promis le laurier des neuf-sœurs.
Combien j'aimais tes retraites fleuries,
Le Sperchius et ses mille détours!
Combien j'aimais au printems de mes jours
Le bruit des flots et l'émail des prairies,
Qui livrent l'ame aux douces rêveries;
Tes bois si chers aux folâtres ainours,
Où des Sylvains et des nymphes légères
Pan conduisait les danses bocagères !
Là je crus voir l'olympe et tous ses dieux;
Leur gloire immense éblouissait mes yeux.
J'ai vu planer l'aigle, roi du tonnerre;
J'ai vu l'essor du oygne harmonieux
Qui pour Léda descendit sur la terre,
Le vol léger de l'oiseau de Cythère,
Et tout l'orgueil de la reine des cieux
Dans les regards du paon qu'elle préfère.
Si tu charmas ces tranquilles momens
Par les attraits de tes rians mensonges,
Je suis encor dans l'âge heureux des songes,
Muse, rends-moi tous ces enchantemens!
Mais quels accords, mélodie imprévue,
Frappent mes sens d'un bruit mystérieux?
Dans la splendeur d'un azur radieux
Quel jeune enfant se présente à ma vue?
Ses ailes d'or frémissent; un carquois
Sur son épaule et s'agite et rayonne;
Avec mollesse il touche de ses doigts
Un luth doré qui tendrement résonne.

Ce bel enfant, c'est un Dieu, c'est l'Amour.... Oui, me dit-il avec un doux sourire,

> Je viens, du haut de l'éternel séjour,

» Fils d'Apollon, te confier ma lyre. »
En voltigeant il s'abaisse, et soudain
Il la remet à ma tremblante main.
« Chante Vénus et sa gloire immortelle,
› Consacre lui ce luth inspirateur.

A l'univers dis comment Praxitelle

» Sut, aux regards d'un peuple adorateur,
» Rendre Vénus dans un marbre fidèle. >>
D'un vol léger il s'éloigne, et mes yeux
Avidement le suivent dans les cieux.
Il disparaît. Incertain, immobile,
Sur moi j'abaisse un regard étonné ;
J'ose, en tremblant, d'une main inhabile,
J'ose essayer le luth abandonné.

La corde émue et frémit et résonne,

Elle obéit à mes brûlans transports....

Chantons Vénus, puisqu'Amour me l'ordonne;

Et puisse H*. applaudir mes accords !!

FOUQUEAU DE PUSSY.

ÉNIGME.

CE que je suis, ce que je fais,

Ce qu'on veut que je sois, ce qu'on veut que je fasse,
J'exprime tout cela par un seul mot français,

Et ce mot est mon nom. Je protége ou menace;
J'accompagne surveille. et combats ou poursuis.
Il faut bon gré malgré que je subisse

Et chaleurs et frimas, soit les jours, soit les nuits.
Le repos. le sommeil me sont presqu'interdits;
Si je me les permets, je fais mal mon service,
Quoiqu'il soit honorable autant que rigoureux;
Quelquefois cependant il est très- gracieux,
Et j'y trouve à-la-fois plaisir et bénéfice.

Je suis de tous les tems, je suis de tous les lieux,
Et l'on m'emploie à maint office.

Il en est de devoir, il en est de faveur;
Il en est aussi de caprice.

On m'établit partout comme un conservateur.
Dans le monde il n'est rien que l'on ne me confie.
Etres vivans, êtres sans vie,

Plus ou moins précieux, lieux publics ou secrets,
De mes soins obligés déviennent les objets.

Sans doute leur liste est immense.

Il serait trop oiseux de les indiquer tous.

Ee a

Il suffira, lecteur, de citer, entre nous,

Les plus connus, du moins en France.
Sur-tout n'oubliez pas que mon nom, chaque fois,
Précède celui de la chose

Que me commet soit autrui, soit mon choix.
C'est ainsi que l'effet s'explique par la cause.
Dorment-ils, veillent-ils, on me voit près des rois,
Et je réponds de leur personne :

Le bien public ainsi l'ordonne.

Puis, d'un signe formel, nécessaire à leurs lois,
Js suis fidèle agent, sacré dépositaire.

Tels sont mes plus nobles emplois.

J'en ai d'autres aussi que je ne dois pas taire.
Sur les bords de la mer, et sur plus d'un vaisseau,
J'ai titre positif et fonction précise.

Dans les forêts, par un coup

de marteau,

De par la loi, j'impose une main-mise. Ailleurs je tiens sous clé plus d'une marchandise. Sans moi, le feu causerait bien du mal,

Soit pont, soit escalier pourrait être fatal;

Des braconniers on craindrait les ravages;

Des chiens, des chats, des rats, des mouches les dommages, Malade, enfant, vieillard, ont droit à mon secours.

De tout greffier, de tout notaire,

Je fixe le devoir et suis le savoir-faire.

A l'escrime on a soin de m'observer toujours.

Depuis long-tems il me vient un scrupule,

Et de m'en expliquer voici l'occasion.
Ne semble-t-il pas ridicule

D'appeler par le même nom
Deux réduits de votre maison

De qui la destination

Est absolument différente?

Il faut en convenir, la

remarque

est frappante.

Voudriez-vous, lecteur, m'en donner la raison?

Eh bien ! cette bizarrerie,

C'est moi qui la cause en partie.

Mais c'est trop abuser de votre attention.
Il est tems de cesser d'écrire.

On ne finirait pas si l'on voulait tout dire.

JOUYNEAU-DESLOGES ( Poitiers }.

LOGOGRIPHE.

J'ai trois pieds qui sur le terrain posés,
Et plus ou moins dans la terre enfoncés,
Donnent à mon corps la figure

D'un plan incliné. Ma stature
Est d'avoir beaucoup de rondeur
En dedans, en dehors, et fort peu d'épaisseur.
Tendu comme un tambour de basque
Je serais sans effet si je devenais flasque.
Ma tête à bas, je reste inutile et sans prix,
Mais je ne suis pas sans amis.
Rétablissez mon chef; je puis rendre service
A la cuisine aussi bien qu'à l'office,

Et je sais, dans l'occasion,
Vous faire passer un bouillon.

S.......

CHARADE.

JOUEUR, que je vous plains si votre espoir se fonde
Sur le retour heureux des chances du premier!
Veux-tu qu'à tes désirs l'événement réponde?
Toujours, sans t'écarter, marche vers le dernier.
Jeune homme, en paraissant sur la scène du monde
Songe que tes succès dépendent de l'entier.

B.

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Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Europe.

Celui du Logogriphe est Diogène, où l'on trouve : doge, génie, don, neige, Noé, gêne et Dion.

Celui de la Charade est Papelard.

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MONITEUR RURAL, ou Traité élémentaire de l'agriculture en France, avec des tableaux et modèles d'états propres à se rendre compte des diverses parties de l'administration d'un domaine; par J. L. F. DESCHARTRES cultivateur, membre de la Société d'agriculture du département de l'Indre, et correspondant de celle de Paris. Un vol. in-8°. Prix, 6 fr., et 7 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Ant. Bailleul, imprimeurlibraire du Commerce, rue Helvétius, n° 1; A. J. Marchant, libraire pour l'agriculture, rue des GrandsAugustins, n° 23; et chez D. Colas, imprimeurlibraire, rue du Vieux-Colombier, no 26, près la Croix-Rouge, faubourg Saint-Germain.

IL est constant que l'agriculture est beaucoup plus avancée dans les villes que dans les campagnes. La science paraît être l'apanage exclusif de l'habitant des cités, l'ignorance et les préjugés semblent avoir fixé leur domicile sous la chaumière du laboureur. Et quel progrès la raison de l'homme des champs pourrait-elle faire dans l'état d'imperfection où son éducation est restée jusqu'à ce jour ? Qu'importe que nos Sociétés d'agriculture proposent des prix, produisent chaque année des livres excellens? Ces livres n'arrivent point dans l'habitation du cultivateur, ou s'ils y parviennent, les idées du cultivateur sont trop bornées pour qu'il puisse les comprendre. Quel est le laboureur ou le jardinier qui connaisse les premiers élémens de la physiologie végétale? Demandez à votre fermier ce qu'il entend par calice, pistil, corolle, étamines? Priez votre vigneron de vous expliquer par quelle cause simple et naturelle la vigne coule dans les tems de pluie. A peine en trouverez-vous un sur mille, capable de vous entendre. Toute la science du village git dans quelques pro

"

L

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