téresse , mais n'ébranle pas sa croyance, et finit par renvoyer Platon en prison. Celui-ci retrouve Diagoras et reprend l'æuvre de sa conversion. Il est plus heureux cette fois que la première. Il lui explique son système de l'amour de Dieu , et comment Pour le grand prix d'amour on aime à concourir. Ici, c'est-à-dire avec le sixième livre, finit la partie didactique du poëme de M. Bres, et commence l'action. Trasybule s'empare d'Athènes. Les tyrans sont en fuite, les prisons ouvertes; Diagoras converti, et à qui il ne manque que le baptême, veut à son tour conyertir Critias mourant. Connais la main d'un Dieu vengeur enfin du crime. Implore la bonté du srai Dieu que j'adore. Mais Critias meurt dans l'impénitence finale et en youlant frapper Diagoras du glaive dont il est encore armé. Heureusement le néophyte esquive le coup, : On finit par découvrir qu'Araël n'est autre que le génie de Socrate dont la mort, par un nouvel anachronisme, termine le poëme, Par un anachronisme de mots, s'il est permis de parler ainsi, l'auteur appelle Socrate martyr, mot grec à la vérité, mais dont l'acception détournée servit, comme on sait, à désigner les premiers chrétiens qui scellèrent la religion de leur sang. Si l'ouvrage de M. Bres, sous le rapport de la composition et du style, laisse beaucoup à désirer, on ne peut s'empêcher au moins de 'rendre justice aux intentions de l'auteur et à la pureté de sa morale. Mais si je connais jamais quelqu'un qui ait le malheur de n'être pas assez persuadé des vérités sublimes et consolantes que çet ouvrage renferme , je l'engagerai à les chercher de préférence dans celui de Fénélon sur le même sujet , quoiqu'il ne soit qu'en prose. LANDRIEUX. on ODES', PRÉCÉDÉES DE RÉFLEXIONS SUR LA POÉSIE LYRIQUE; par L. M. DE CORMENIN , auditeur au Conseil d'Etat. Prix, i fr. 25 c., et 1 fr. 5o c. franc de port. A Paris , chez P. Blanchard et Compo, libraire , rue Mazarine, no 30 , et Palais-Royal, galerie de bois , n° 249; Martinet , libraire , rue du Coq-St-Honoré ; Lebour, Palais-Royal , galerie de bois. Dans un tems où les poëtes se laissent encore égarer par l'influence des nouvelles doctrines littéraires , doit des encouragemens au jeune écrivain qui , fidèle aux lois du bon goût, les suit dans ses compositions et les recommande dans ses préceptes. M. de Cormenin a fait précéder ses Odes de réflexions sur la poésie lyrique. Ces réflexions nous ont paru écrites dans un esprit sage et remarquables par leur méthode. Flles offrent même quelques aperçus nouveaux qui nous semblent ingénieux. L'auteur examine d'abord l'influence des meurs, des événemens et des climats , sur le génie, les règles et l'objet de la poésie lyrique chez tous les peuples. Après avoir développé les causes qui chez les anciens donnaient à l'ode le plus vif intérêt, et recherché pourquoi ce genre paraît si négligé maintenant parmi nous, il pense, avec raison, qu'il faudrait imprimer à l'ode un caractère national. Nous citerons le morceau qui termine ces réflexions. «S'il existe une nation qui doive concevoir d'elle» même un noble et juste orgueil, et se croire portée aux » plus hautes destinées , n'est-ce pas aujourd'hui la » nation Française ? Quelle époque a brillé avec plus » d'éclat dans les annales de l'univers ? Quand y eut-il » tant et de si vastes sujets que la muse de l'ode peut, en » chantant nos exploits , parcourir le monde entier ? » Veut-elle réveiller d'imposans souvenirs, et donner de » salutaires leçons aux rois et aux peuples? qu'elle retrace » la chute de la dernière dynastie , les orages de la révo» lution, la vue des pyramides et des tombeaux des » Pharaons. Veut-elle nous éblouir par les couleurs de » la plus riche poésie ? qu'elle peigne le Danube franchi » au milieu de la nuit, des éclairs et de la tempête; le » passage des Alpes glacées et les ouragans brûlans des » déserts. Veut-elle enflammer ' le courage ? qu'elle » célèbre les mémorables campagnes d'Italie , la con» quête de Malte, les victoires d'Austerlitz, d'Iéna, de » Friedland et d’Essling. Si les sujets pacifiques lui plai>> sent davantage , elle peut chanter l'entrevue du Nié» men , les embellissemens de Paris , ces colonnes d'ai» rain qui , s'élevant au sein des places publiques , doi» vent apprendre à l'avenir le triomphe de nos armes , » ces routes qui percent les hautes montagnes , et font » communiquer les empires, et ces canaux qui unissent » les mers. Enfin, si elle veut faire couler nos larmes, » qu'elle nous montre Desaix mourant dans les plaines » fameuses de Marengo , qu'elle nous redise les adieux » touchans de Montebello , et le nom de tous les braves » qui ont péri pour la défense ou la gloire de la patrie! Quelle source féconde d’immortelles inspirations ! » et, que de motifs aussi doivent exciter le zèle de nos » poëtes ! » Quand toutes les carrières de la littérature ont été » parcourues avec éclat, ils ont l'avantage inestimable » de voir s'ouvrir devant eux une route nouvelle que les » grands poëtes du siècle de Louis XIV n'ont pas même » frayée ! Qu'ils ne se bornent plus à cultiver l'art frivole de » flatter l'oreille par des sons harmonieux. Que , dignes » interprètes de la nation, ils expriment en beaux vers » sa reconnaissance à tous ceux qui ont bien mérité v d'elle , et qu'ils briguent à l'envi le glorieux emploi » d'allumer dans tous les cours l'amour des vertus, des » devoirs , du souverain et de la patrie ! » M. de Cormenin , comme nous venons de le voir; invite les poëtes à traiter de préférence des sujets nationaux. On pourrait lui alléguer que ce conseil qu'il donne aux autres devait d'abord lui profiter à lui-même. C'est une chose surprenante , en effet, que persuadé, comme il paraît l'être, de tous les avantages qu’un poëte doit trouver à traiter de semblables sujets , il ne s'en soit pas saisi le premier, et qu'il n'ait pas exploité lui-même une mine si riche et si féconde. Lă raison qu'il nous en donné fait honneur à sa modestie , mais elle ne nous a pas semblé décisive. La lecture des Odes de M. Cormenin nous a persuadés , au contraire , qu'il pouvait, aussi bien que personne, entrer dans une carrière où fout lui promettait le succès le plus flatteur. Quelques citations un peu étendues viendront à l'appui de notre opinion. Nous dirons peu de chose de la première Ode. Il y a moins à louer et à blâmer que dans les autres , par conséquent elle est d'un moindre intérêt pour le lecteur et pour le critique. Le plan de cette Ode, adressée au roi de Bavière , est assez sage. On y remarque un écart sur les mauvais rois, où l'auteur a fait une application trèsheureuse d'un passage de l'Ecriture-Sainte : Couchés dans les festins aux pieds de leurs maîtresses , Sur des luths complaisans; De leurs vils courtisans. Un éternel séjour, Ecrit leur dernier jour. Vous pleurez, filles d'Apollon, Attendrit le sacré vallon ! Porte de sacriléges mains i De ces Tartares inhumains, 1 Sur ses bords triomphans la Seine vous appelle , La Seine amante des héros, Le royal tribut de ses flots. Vers l'antique séjour des arts , Vous tournez de tristes regards ! Les bois fleuris du Sperchius , Et les frais sentier de l'Hémus; Traverser les profondes mers, Quelle voix redira leurs vers? Vos cris ne sont pas entendus! Des amis que l'on a perdus. Adoptent vos chastes autels : Recevoir l'encens des mortels. Vont réveiller de sons touchans! N'offrit plus de gloire à vos chants. Ce commencement nous paraît plein de charme. Il a cette heureuse mollesse , ce tendre abandon de la mélancolie. Ces deux répétitions : Vous pleurez, filles d'Apollon , fuyez muses, qui ailleurs seraient un défaut, ne sont ici qu'une beauté de plus. Ce mouvement , surtout , nous semble plein de vérité et de sentiment, Mais par un doux penchant , etc. Ah! quand il faut quitter le beau ciel de la Grèce, etc. C'est bien là ce que l'on éprouve lorsque l'on est prêt |