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Les dernières nouvelles de Sicile reçues en Angleterre y ont appris que les troupes anglaises avaient reçu l'ordre de se concentrer, et qu'elles avaient quitté les garnisons de Trapani, de Syracuse, d'Augusta. Les Français paraissaient toujours occupés de préparatifs sur la côte opposée. Des bateaux canonniers siciliens étaient employés à Messine: la cour en a demandé le retour à Palerme; le général anglais, en sa qualité de protecteur propriétaire de l'île, et probablement aussi comme amiral commandant les forces navales de Sicile, a refusé. On prétend que la reine a en une attaque d'apoplexie pendant que son secrétaire lui lisait quelques dépêches, qu'elle a témoigné la plus grande surprise du départ du lord Bentinck pour l'Angleterre, que depuis de départ auquel elle ne s'attendait pas, elle a cru devoir prendre avec les Anglais un ton moins impérieux. Cependant des lettres de Palerme, en date du 20 octobre disent qu'il règne une grande division entre le roi et la reine relativement à la conduite qu'il convient de tenir en ce moment, et que la reine, voulant faire tête à l'orage, s'environnait de troupes napolitaines, et voulait lever 20,000 hommes.

Relativement à l'Amérique, on attend avec impatience l'ouverture du congrès et le discours du président : des bâtimens sont prêts pour porter ce discours en Angleterre. Quant à l'Amérique méridionale, les Anglais affectent d'espérer qu'il s'établira un commerce lucratif pour eux entre la Jamaïque et les ports brésiliens ou ceux de la nou velle Espagne; ils espèrent que cette île deviendra l'entrepôt d'un commerce actif entre l'Angleterre et le continent méridional de l'Amérique. Peut-être n'ont-ils pas assez bien calculé ce que peuvent sur de tels parages de nouveaux flibustiers, des corsaires américains, danois, suédois, français, rivalisant d'audace, et ruinant le commerce anglais sur le nouveau théâtre que ses pertes sur l'ancien le forcent à chercher.

L'état du roi est le même, le prince régent est tout-à-fait rétabli des suites de sa chute.

La journée du dimanche 1 décembre, a été consacrée à la commémoration du septième anniversaire d'une époque à dater de laquelle le peuple français a vu se réaliser les espérances qu'il avait conçues quelqu des années auparavant, lorsque le plus grand des hommes consentit à se charger de diriger les destinées de la plus grande des nations. L'Empire s'est accru, sous la main puissante de son

fondateur, de tout le territoire dont l'ennemi commun n'a pas respecté l'indépendance; il a acquis une ligne de côtes formidables, et tous les moyens qui étaient désirables pour en peu de tems, non seulement créer une marine, mais même former des marins; les alarmes ont été reportées sur la côte opposée; c'est encore une fois pour ses arsenaux, ses ports, ses chantiers que l'Angleterre a dû concevoir des inquiétudes, tandis qu'un système inébranlablement soutenu, fonde un commerce continental qui isole tout-à-fait le peuple que la nature avait déjà isolé du reste du monde, anéantit le crédit, paralyse l'industrie de ce peuple manufacturier et navigateur qui s'est abusé au point de prétendre devenir agricole et militaire. Les rois alliés, ceux que la nature ou la politique attachent à la fortune de l'Empire français, ont secondé la cause désormais commune des souverains du continent, contre la nation qui veut être souveraine de la mer; bien plus, les deux continens se sont unis pour le libre usage de l'élément qui les sépare, leurs pavillons unis pourront y combattre l'Angleterre pour l'indépendance de l'Europe et de l'Amérique. Voilà quel est l'aspect que présente au dehors la politique de l'Empire français; au dedans, tous les monumens qui se rattachent à une grande pensée d'utilité publique, sont terminés ou s'achèvent; toutes les distances ont été abrégées, tous les moyens de communication ont été ouverts, toutes les ressources de l'industrie encouragées, tous les arts protégés, chaque progrès, chaque succès dans les sciences et dans les lettres marqués par un bienfait, source d'une ému lation renaissante, présage d'un succès nouveau; enfin dans le cours de cette année mémorable les destinées de l'Empire ont été fixées sur les bases monarchiques de l'hérédité, et un prince, roi de Rome au berceau, promet aux Français un successeur digne d'un père qui veut être son maître, comme il sera son modèle.

L'Empereur a reçu l'hommage de tous les sentimens de reconnaissance que ces rapprochemens inspirent; ils lui ont été décernés par tout ce que la France a de plus illustre, et par les nations étrangères représentées auprès de son auguste personne par leurs ministres ces hommages ont été répétés le même jour dans tout l'Empire où les mêmes actions de grâce et les mêmes vœux se sont adressés au ciel, à la même heure, pour la prospérité et pour la durée d'un règne à jamais glorieux.,

S....

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meilleurs.

Tor qui, levant sur nous ton austere férule,
Y vois une masste et te crois un Hercule;
Toi qu'un rival effraye et qu'un succès aigrit;
Qui, croyant m'accabler du poids de ton esprit,
Gourmandas rudement ma muse un peu légère,
Ne redoute de moi ni plainte, ni colère.
Mes vers, bien défendus, n'en seraient pas
Pourtant, quand je retiens d'inutiles fureurs
Je pourrais sur un point t'accuser d'injustice.
Tu proscris l'avenir d'un poëte novice,
S'il ne brille d'abord par un écrit vainqueur :
Mais cueillis-tu jamais le fruit avant la fleur?
Jamais, dans nos vergers, vis-tu Flore et Pomone
Prodiguer au printems les trésors de l'automne,
Et Phébus infidèle, en ses douze maisons,
Déroger. pour te plaire, à l'ordre des saisons?
Si ma timide main, dans un premier délire,
A touché faiblement les cordes de la lyre,
Me faut-il renoncer à de nouveaux transports,
A l'espoir de former de plus leureux accords?

Hh..

4

Dans les arts périlleux, aux combats, au Parnasse
C'est par un beau laurier que la honte s'efface;
C'est par des soins constans et des vers pleins de feu
Qu'on arrache à l'envie un éclatant aveu.
Si toujours ici-bas, marchant à l'aventure,
Tu vis, sans l'admirer, la féconde nature,
Viens, observe avec moi : ce mobile univers
T'offrira des progrès dans mille objets divers.
Ce pin, qui dans les cieux lève sa tête altière,
Humble tige, en naissant, rampait dans la poussière.
Ce ruisseau, vers sa source, étroit et sinueux,
Ici descend d'un roe en flots impétueux;
Et plus loin, se frayant une route certaine,
Fleuve majestueux, s'avance dans la plaine.
Le soleil, étonnant nos yeux par sa grandeur,
Fait briller dans l'azur un disque bienfaiteur;
Mais, lorsque de la nuit il dégage le monde,
Cet astre lumineux, dans sa marché féconde,
A-t-il à son lever l'éclat de son midi?
L'aigle doit dans les cieux porter son vol hardi;
Mais le regard brûlant, les ailes étendues,
Fendra-t-il tout-à-coup le vaste sein des nues?
Non; il rase le sol, s'élève, tombe encor,
Et bientôt il ira, dans un rapide essor
Défier du soleil l'éclatante lumière.

Tout marche lentement dans la nature entière :
Ses plus rares objets, à l'œil observateur,
Ont insensiblement déployé leur splendeur.
Echapperions-nous seuls à ces lois éternelles?
Ah! loin de les trancher, laisse croître nos ailes;
Et tu verras leur vol, aussi prompt que l'éclair,
Sillonner, sans affront, les campagnes de l'air.

Mais, dans tous ses travaux observant la nature,
Toi-même réfléchis sur ta própre structure.
Si, le corps plein de force et cuirassé de fer,
Minerve s'élança du front de Jupiter;
Comme le sien, ton corps, affranchi de l'enfance,
N'est point sorti des flancs auteurs de ta naissance.

Ainsi tu fus d'abord frêle, informe,

impuissant; Mais un suc nourricier chaque jour accroissant Co principe vital, aliment de ton être,

Bientôt tu pus agir, voir, sentir et connaître;
Bientôt, de l'homme seul te montrant le rival,
Tu cessas de ramper comme un vil animal.
Enfin, à regretter l'âge de l'innocence,
Tu consumas les jours de ton adolescence;
Et, mûri par les ans, tu le vis s'avancer,

Ce tems, heureux et triste, où l'homme doit penser.
Mais de quoi te sert-il d'avoir atteint cet âge;
Si la raison chez toi n'agit pas davantage;
Si, de la vérité repoussant le flambeau,

Tu ne sais point encor que dans l'homme nouveau
Qui sacrifie aux arts son bonheur et sa joie,
L'esprit, comme le corps, lentement se déploie;
Et qu'il n'enfante point, dans ses transports naissans
Ces traits impérieux qui subjuguent nos sens?

Eh quoi! tu voudrais donc qu'une faible machine,
Simulacre mortel de la grandeur divine,
De l'immortelle essence atteignît la hauteur;
Qu'elle fût en mérite égale à son auteur,
Et qu'à peine créée, elle créât de même ?
Dieu seul a ce pouvoir infaillible et suprême.
Le premier des mortels s'animant sous ses mains
Son travail fut bientôt admiré des humains;
Et notre vanité lui donnant son suffrage,

Nous assura que l'homme est son plus bel ouvrage.
Homme superbe! apprends qu'en ce terrestre lieu,
L'insecte, ainsi que toi, porte le sceau d'un Dieu.
Il soumit à des lois une informe matière ;

Dans un azur immense il plaça la lumière ;

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Du tems
des cieux, des mers, il sut régler le cours ;
Mais, tout Dieu qu'il était, il lui fallut six jours.

Eh! quels mortels, jaloux d'une illustre mémoire,
Ont moissonné soudain les palmes de la gloire?
Nul n'obtint sur-le-champ de durables succès.
De l'aveu de David, que de faibles essais
Echappés à la main qui peignit les Horaces (1) !

(1) D'intimes amis de cet illustre peintre m'ont assuré qu'il leur avait plusieurs fois avoué lui-même que durant un grand nombre d'années il avait fait une foule d'ouvrages très-médiocres. Ces mêmes

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