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POLITIQUE.

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DEPUIS que les négociations de paix sont entamées it n'y a point d'évènemens intéressans en Turquie. Voici les positions qu'occupe actuellement l'armée russe :

L'aile gauche a tout-à-fait passé sur la rive droite du Danube, et est en possession d'Hirsowa, de Rastchesty, Rochowah, Silistria et Turtukay. Les places importantes de Braila, Galacz et Ismail, lui fournissent une sûreté parfaite et lui servent de point d'appui. Le centre occupe les environs de Rndschuk, et s'étend jusque vers Nicopolis.. Il bloque la forteresse de Rudschuk. La cavalerie légère va jusqu'à Rasgrad et Breslowatz. afin d'observer les routes de Schumla, de Sophia et de Widdin. Le corps de réserve est placé entre Giurgewo et Slobodse (sur la rive gauche du Danube), afin de contenir le corps turc posté dans l'île et dans les retranchemens de Slobødse.

L'aile droite a repris toutes les positions qu'elle avait perdues dans la petite Valachie; cependant, les Turcs occupent encore les îles du Danube voisines de Widdin. Un corps russe faisant partie de l'aile droite a passé le Danube du côté de Pranwa, et s'est réuni aux troupes russes et serviennes stationnées sur les bords du Timock.. La communication est rétablie entre l'armée russe et les Serviens. Le plus grand secret règne sur l'état des négo

ciations.

Le quartier-général russe est toujours établi à Giurgewo Le général Kutusow a été créé comte par un ordre de l'empereur Alexandre.

L'armée prussienne est entièrement mise sur l'état de paix. On a eu connaissance d'un décret de l'Empereur Napoléon, qui, par mesure de réciprocité, et conformément aux dispositions prises en Prusse, ordonne qu'à l'avenir le droit d'aubaine ne sera point exercé en France à l'égard des sujets de S. M. le roi de Prusse.

L'Empereur d'Autriche est de retour à Vienne. Il n'avait point été à Presbourg, comme on l'avait présumé, mais à Laxembourg. La diète de Hongrie touche à sa fin. Le cours de Vienne a éprouvé une amélioration sensible.

S. M. le roi de Saxe a convoqué la diète générale du duché de Varsovie pour le 9 décembre.

«C'est avec une vraie satisfaction, dit S. M. dans la circulaire publiée à cette occasion, que nous nous rappelons la première diète, qui a présenté le plus parfait modèle de l'union des membres et de leur amour pour la patrie. Animée par l'exemple de ses députés, et réunie par les liens de la concorde, la nation a combattu avec le plus grand courage et soutenu avec beaucoup de fermeté la guerre qui vint fondre inopinément sur ce pays au moment où la diete était à peine terminée. Les six anciens départemens reconquis par les victoires de Napoléon-le-Grand, et la réunion fraternelle sous notre sceptre des pays nouvellement incorporés à la monarchie, tels furent les fruits des glorieux efforts de nos sujets. L'éclat qui en a rejailli sur ce royaume, et l'augmentation de ses foroes, doivent être un nouvel encouragement à soutenir ces efforts. Nous sommes fondés à espérer que cette seconde diète, animée du même zèle pour le bien du pays, sera couronnée des mêmes succès. Nous avons la connaissance bien pénible pour notre cœur des maux que le pays souffre. Tous nos efforts tendent à choisir les meilleurs moyens pour les adoucir, et nous ne négligeons rien de ce qui peut contribuer à dimipuer les charges ou à réduire les dépenses.

"Nous nous livrons à la douce espérance de recueillir les fruits désirés de nos travaux, qui seront aidés par les efforts d'un peuple distingué. Son zèle le rendra digne de la continuation des bontés du héros qui a rétabli son existence politique. FREDERIC-AUGUSTE.

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Le roi d'Angleterre est toujours dans le même état; il souffre, et jouit de peu de sommeil.

Les poursuites commencées à Dublin contre les membres du comité des catholiques n'ayant pas réussi au gré des agens du gouvernement, on paraît disposé à les abandonner, Les troubles continuent, A Nottingham, le 27 octobre, de nouveaux dégats ont eu lieu. Le rapport établit que les pousseurs (c'est le nom donné aux briseurs de métiers et de vitres) sont devenus si insolens qu'ils volent en plein jour au milieu des rues, et rient au nez de ceux qu'ils ont dépouillés.

Les lettres de l'Inde annoncent que l'expédition anglaise bloque les ports de Java, mais que les troupes n'y sont point descendues. Celles d'Amérique, confirment co

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qu'on connaissait sur l'insurrection qui a éclaté à la Martinique; plusieurs nègres qui avaient été excités à la révolte, et qui s'étaient livrés au pillage et à l'incendie, qui avaient tiré sur les troupes anglaises, ont été exécutés. La tranquillité est rétablie. Le major-général Charles Wale a publié une proclamation tendant à réprimer toute idée de sédition par l'exemple du châtiment infligé aux coupables, et à assurer à toutes les classes et à toutes les couleurs de la colonie la protection de son gouvernement.

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L'état de la Sicile devient de plus en plus alarmant. Aux dernières nouvelles le moment de la crise approchait. Vers le 18 novembre on avait vu lord Bentinck traversant le détroit et se rendant à Palerme. La cour y est dans la plus grande agitation, elle s'attend à voir prendre des mesures décidément hostiles et usurpatrices aussitôt l'arrivée de lord Bentinck; on croit savoir que les troupes siciliennes gagnées par les Anglais se joindront à eux, et l'on pense à Londres que la famille royale cherchera un asyle en Sardaigne.

Relativement aux affaires de l'Amérique, le cabinet anglais a reçu le discours du président des Etats-Unis au congrès, et le trouve en général d'une nature hostile. La non-révocation des ordres du conseil anglais a anéanti chez les Américains tout espoir de rapprochement. Dans l'af faire des frégates, les Anglais sont reconnus avoir eu tout le tort de l'agression. Les mesures de précaution et de défense sont donc poussées en Amérique avec la plus grande activité. Les régimens seront mis au complet, une force auxiliaire sera levée, les offres de corps de volontaires acceptées, etc. Quant à l'Amérique méridionale, on craint en Angleterre que les prétentions trop ouvertement manifestées ne nuisent au gouvernement, et que les Espagnols ne s'aperçoivent qu'on veut à Londres s'emparer exclusivement du commerce du Mexique et de la Plata, sous prétexte de le protéger. Les plus fortes réclamations se sont élevées à cet égard jusqu'au sein de Cadix même et c'est dans la ville que les Anglais prétendent défendre et servir avec plus de zèle, qu'on a le mieux discerné leur politique, et qu'on s'oppose avec le plus de force à ce qu'ils retirent de leur alliance des fruits si dangereux pour la nation à laquelle ils feraient si chèrement payer leurs

services.

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La situation intérieure, commerciale industrielle et manufacturière de l'Angleterre s'agrave de jour en jour.

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Un négociant d'Amsterdam écrit, et le Moniteur publie les détails suivans: « Les manufactures anglaises souffrent tous les jours davantage. Les faillites sont si nombreuses qu'on ne les compte plus. On n'observe même pas avec toute leur rigueur les lois contre les débiteurs. L'armée anglaise en Portugal n'est pas payée depuis cinq mois. La banque, pour restreindre l'émission de ses billets, a réduit ses escomptes au tiers de ce qu'ils étaient avant; ce qui est une nouvelle cause ou un nouveau prétexte de banqueroute en un mot, la crise devient de jour en jour plus violente.

Le Moniteur a publié, le 10 de ce mois, un extrait de la correspondance officielle sur les affaires d'Espagne.

Le géneral Compère est arrivé à Paris avec 40 colonels ou lieutenans-colonels, 300 officiers, et 6700 prisonniers espagnols, provenant de la bataille de Sagonte et de la prise des forts. Ce convoi de prisonniers, dit le Moniteur, a élé amené avec tant d'ordre, qu'il n'en est resté aux hôpitaux ou échappé que 100.

Le maréchal comte Suchet n'a pas tardé à profiter des avantages que lui donnaient la victoire de Sagonte et la prise du fort. Il a resserré de très-près Valence. La division Habert est dans les faubourgs. Les ouvrages sont com→ mencés. Le Grao seul débouché sur la mer est occupé. Le parc de siége est arrivé. Les convois se succèdent avec. rapidité. Le fanatisme des malheureux Valenciens est entretenu par un Anglais, le consul Tupper, qui répand à-lafois l'argent et les nouvelles les plus ridicules. A la tête de garnison se trouvent trois mille moines formant deux régimens.

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A Barcelone, le général-commandant Maurice Mathieu a fait une excursion, a surpris et détruit le dépôt des bandes. de Catalogne à Mataro; il a fait un butin considérable. Le général Decaen, qui est arrivé en Catalogne, a pris toutes les dispositions nécessaires pour détruire dans l'islot de Las Medas les travaux que les Anglais avaient commencés pour s'y établir, et intercepter les approvisionnemens de Barcelone. Les batteries de la côte ne leur permettent plus d'approcher de l'île, réduite à être défendue par quelques recrues espagnoles.

En Murcie, il y a eu différentes attaques des insurgés qui toutes ont été repoussées avec pertes. Du côté de Gibraltar, les généraux français n'ont pu parvenir à faire sortir Ballesteros de la position qu'il occupait prudemment sur le

rocher et sous le canon de la forteresse. Les Anglais toutefois, ce qui est très-remarquable, n'ont pas voulu recevoir Ballasteros dans la place qù il demandait un asyle. Après avoir occupé le camp de Saint-Roch quelques jours sans pouvoir déterminer l'ennemi à recevoir le coinbat, le général Godinot est rentré à Séville.

Au nord, le comte Dorsenne a exécuté toutes les dispositions prises pour réoccuper les Asturies. Les généraux Bonnet et Dumoustier ont réussi dans celte expédition. L'armée, après divers engagemens où elle a combattu avec impétuosité, a occupé Oviedo, le camp de Grado, et le port de Gison. Le général Bonnet se porte actuellement vers les débouchés de la Gallice; dans le même tems, les bandes de Marquisito et de Mendizabal perdaient plusieurs milliers d'hommes, et Mendizabal cherchait son salut dans les montagnes de Potez. Les colonnes mobiles ne cessaient de poursuivre les restes des petites bandes de brigands. Au centre, le général d'Armagnac occupe toujours Cuença et est en communication avec le maréchal comte Suchet. Les partis de la province de la Manche ont été atteints et dispersés.

Sur la frontière du Portugal, le comte Dorsenne a été obligé d'envoyer commander à Ciudad-Rodrigo le général de brigade Barrié. Le général Reynaud, qui commandait dans la place, a eu l'extrême imprudence d'en sortir sans nécessité avec quatre dragons; il a été pris par la bande de D. Julian qui rôdait dans les environs. Sur un autre point de la même frontière, il s'est passé des événemens dont les résultats fâcheux sont également dûs à une confiance trop aveugle dans son propre courage, à une imprudente témérité, à un défaut de surveillance et de précaution qu'on a tant de fois reprochés à nos braves Français. Ces événemens sont retracés dans la lettre suivante, adressée au prince-major-général :

Au quartier-général de Séville, le 2 novembre 1811.

Monseigneur, l'événement dont me rend compte le général comte d'Erlon, commandant le 5e corps, dans ses rapports des 28, 29 er 30 octobre, est si honteux, que je ne saurais comment le qualifier.

Le général Girard, après avoir dispersé le corps espagnol du général Castanos, avait poussé jusqu'à Cacérès, où il était depuis le 13. Il avait ordre de se rendre le 22 à Mérida; il crut cependant devoir rester à Cacérès jusqu'au 26; enfin il en est parti pour venir coucher

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