passage qui a été admiré par tous les connaisseurs dans le dithyrambe du jeune Lavigne : Et sur ces traits souffrans où la beauté respire , Le souris maternel brille parmi des pleurs. ! Règne protégé par tes ailes ? L'oreille ne se familiarise pas aisément avec des sons aussi durs que ceux des premiers vers. Nous ne croyons pas qu'on puisse dire : Qui plus que ce héros règne ? On ne règne que d'une manière absolue , le sens du verbe régner, pris dans son acception ordinaire , n'admet pas de comparaisons à moins qu'elles ne soient déterminées par un adverbe ou par une phrase équivalente. On dit : régner plus ou moins glorieusement, avec plus ou moins de prudence. Le poete se relève dans les strophes suivantes , qui présentent de beaux rapprochemens. A peine en son printems , mais déjà sans rival, Abaissaient leur cime tremblante. Crut encor revoir Alexandre.Encore revoir, forment un pleonasme; revoir dit tout: En général, la fin de cette espèce d'ode ou d'hymne comme on voudra l'appeler, nous paraît inférieure à ce qui précède. On y trouve cette singulière image : Tous les coeurs étonnés ne sont plus qu'un faisceau Que réunit ta main puissante, La seconde partie de ce chant dithyrambique pêche par les longueurs. M, d'Avrigny reprend tous ses avan tages lorsqu'il célèbre l'heureux instant de la naissance Dans la commune ivresse, Voici de quelle manière commence la deuxième ode Dans les caurs palpitans d'une illustre famille, Par Lucine enchaînée , Ce débút pourrait nous dispenser d'un plus long exa- C'est là que la victoire et la paix consolante , Reçoivent dans leur sein le plus cher des dépôts. Il faut rendre justice à M. Murville, nous avons trouvé dans son ode des vers qui caractérisent d'une Mm a manière singulièrement énergique la situation actuelle L'Anglais dont un héros a comprimé l'essor, Sa richesse indigente La troisième ode ne présente à la critique ni grandes fautes dans le style , ni grandes beautés. La composition nous en paraît bizarre. L'auteur, M. Delrieu , fait descendre aux enfers le héros dont il célèbre les vertus, Il ébranle les voûtes de l'Elysée, l'entrouyre, et fait apparaître le Destin : C'EST LE DESTIN. Sa voix a l'éclat du tonnerre, Une urne est dans ses mains. , sous ses pieds la terre et non pas encore le globe de la terre. D'ailleurs cette suspension a quelque chose de merveilleux, de pittoresque, qui peut plaire à l'imagination d'un poëte ou d'un artiste. Un poëte l'a rendue, nous la proposons aux peintres. Il est encore assez extraordinaire que l'auteur fasse descendre le Destin du haut de l'Olympe au fond du Tartare. Il était plus naturel de transporter la scène dans le palais même du Destin. C'est peut-être parce que nul n'est prophète chez soi , que M. Delrieu n'a pas jugé à propos d'er agir ainsi. Nous ferons ici une observation que la lecture de ces pièces de vers amène à chaque instant : c'est que tout cet appareil mythologique, déjà si usé par les poëtes anciens et modernes , semble plus petit, plus mesquin , plus miserable encore dans des sujets qui doivent se recommander par leur gravité, leur décence et leur noblesse, à l'attention des lecteurs. Nos poëles n'ont-ils pas à leur disposition de véritables trésors dont l'éclat fait pâlir tout ce clinquant suranné ? Ne peuvent-ils pas associer à la majesté du trône , à la grandeur du héros qui l'occupe, la pompe et la majesté d'une religion véritablement imposante, et qui seule a établi une véritable alliance entre la terre et les cieux , entre Dieu et les hommes ? Ne se lassera-t-on jamais de poursuivre nos yeux , de fatiguer nos oreilles de ces éternelles représentations des divinités mensongères, d'un Olympe souvent ridicule ? Verra-t-on toujours figurer sur nos théâtres, dans nos livres, dans lout ce qui nous environne, Mars , Hercule , Vénus, Jupiter, le Destin , et tous les personnages fabuleux de la Grèce crédule, de Rome superstitieuse ? L'exemple de plusieurs poëtes distingués qui n'ont pas été chercher hors de leur patrie et de leur siècle un merveilleux tout-à-fait inconvenant, ramènera sans doute le troupeau des imitateurs, servum pecus, dans la bonne voie, dans le chemin de la raison et de la vérité. Nous voici entraînés un peu loin du recueil dont nous avons à rendre compte ; nous y reviendrons saus transition. Une ode de ce recueil sur laquelle nous nous arrêtérons avec plus de plaisir que sur les dernières dont nous venons de parler , est celle de M. Soumet. Cette ode a de l'éclat, du coloris ; quelques strophes contiennent de fort beaux vers. Nous sommes forces de convenir que ces éloges ne sauraient s'appliquer à la première. La voici : En embaumé l'encens vole et s'exhale, 1 1 A promis à la terre un habilant nouveau. Et sous les portiques du temple le bruit du canon ou des cloches ait annoncé qu'il voit la lumière! on me le montre exposé aux regarals de' Lutèce avant d'avoir représenté son auguste père arrêtant sur lui ses regards pleins de l'ivresse du bonheur ! Cette circonstance n'est pas ici à sa place. Sous les portiques du temple, nous ne croyons pas qu'il arrive souvent de chanter sous les portiques du temple, mais bien sous les voûtes , dans l'intérieur du sanctuaire. Les hymnes du berceau, celte expression est maniérée. Elle appartient à cette école moderne plus jalouse de briller par le faste des mots que par la sagesse sées et la vérité des images, La seconde strophe n'est pas plus que la première à l'épreuve d'un pareil examen, elle commence ainsi : Tout-à-coup l'air frémit, l'airain s'allume et gronde. Le frémissement de l'air n'est pas encore la première chose qu'il fallait exprimer. Le retentissement du canon doit le précéder et non le suivre. C'est une vérité physique qui n'a pas besoin de démonstration. Au pied du fils des rois tombent les rois du monde, des pen |