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Français, reconnaissez ce fils de Melpomène,

Qui, vingt ans maitre de la scène,

I marcha dans sa force et dans sa liberté (1).

GINGUENÉ.

ENIGME, LOGOGRIPHE, CHARADE.

Tâche de fuir mes appas dangereux,
Rougis, lecteur, même de me connaitre ;
Il est constant que les plaisirs, les jeux,
Peuvent, chez moi, détruire ton bien-être,
Où, malheureux! par ta perversité,

Tu

peux encor détruire ta santé.

Cherche à-présent, ami, trouve dans mes six lettres,
Ce
que l'on voit toujours au-dessus des fenêtres,
Une ville d'Afrique, un adverbe, un pronom,
Un souverain un chant, l'opposé de raison,
Ce qui n'est ni le pas, ni le galop des bêtes,
Ce qui met les vaisseaux à l'abri des tempêtes,
Un de tes ennemis, fameux ministre anglais,
Ce qu'un avare entasse et ne donne jamais,
Un vent qui peut par fois attirer un reproche,
Ce qu'on cuit sur le gril, et souvent à la broche.

Enfin, mon premier est un jeu,
Mon second est souvent au feu,
Et mon tout est un mauvais lieu.

Par un Abonné de Lunel.

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est la lettre R.

Celui du Logogriphe est Solstice, où l'on trouve : lice, soleil, lie, site, wil, tic, cils, lot, si, sol, sot, ciel et liste.

Celui de la Charade est Richelieu.

(1) Vers de la tragédie d'1bufar.

LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

BIOGRAPHIE UNIVERSELLE, ANCIENNE ET MODERNE, ou Histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquér par leurs écrits, leurs actions, leurs talens, leurs vertus ou leurs crimes. Ouvrage entiérement neuf, rédigé par une Société de gens de lettres et de savans. Première livraison, en deux volumes in-8° d'environ 700 pages. - Prix, 14 fr., et 19 fr. franc de port. A Paris, chez Michaud frères, imprim.-libraires, rue des Bons-Enfans, no 34.

Le prospectus de cet important ouvrage excita vivement l'attention publique lorsqu'il fut mis au jour par MM. Michaud, en 1810. Il s'ouvrait par un discours préliminaire qui sert à présent de préface à l'ouvrage et dans lequel M. Auger, l'un de nos meilleurs littérateurs, exposait avec beaucoup de clarté le plan de cette entreprise, signalait les défauts des anciens dictionnaires, et annonçait par quels moyens on se proposait de les éviter; à la suite du Discours se trouvait une liste des collaborateurs entre lesquels on avait distribué les différentes parties de l'Encyclopédie biographique: elle offrait bien quelques noms obscurs, mais elle en prẻsentait aussi de très-célèbres; en un mot, le Discours et la Liste semblaient promettre, dans la Biographie universelle, un ouvrage aussi sagement conçu que soigneusement exécuté. Cependant, il faut l'avouer, ce prospectus ne pouvait manquer de faire aussi naître des craintes. De combien d'annonces semblables ne trouvet-on pas l'histoire dans ce vers d'Horace :

Parturiunt montes, nascetur ridiculus mus!

Et combien n'a-t-on pas vu d'entreprises où les noms célèbres n'étaient affichés que pour inspirer la confiance

et dont l'exécution était ensuite remise aux ouvriers les plus obscurs! Il fallait donc attendre la première livraison de la Biographie universelle, pour se fier avec un peu de certitude aux promesses des éditeurs, et nous nous faisons un plaisir d'annoncer aujourd'hui qu'elles n'ont point été trompeuses. Les noms de leurs collaborateurs les plus distingués, après avoir décoré le prospectus, attestent à présent la bonté d'un très-grand nombre d'articles. Le plan annoncé dans ce même prospectus a été exactement suivi ; si l'on n'a point atteint tous les avantages qu'on s'en promettait, si en évitant certains défauts on est tombé quelquefois dans des défauts contraires, cela tient beaucoup plus à la nature de l'entreprise et à ses nombreuses difficultés, qu'à la négligence de ceux qui l'exécutent ou la dirigent; et ce qu'il faut principalement observer, les inconvéniens où lon a pu tomber ne sont rien en comparaison de ceux que l'on reprochait aux anciens Dictionnaires.

Le plus grave de tous a été fort bien développé par M. Auger dans son Discours. Un seul homme, ou deux tout au plus, s'étant chargés jusqu'ici des entreprises de ce genre, comment pouvait-on se flatter qu'un si petit nombre d'individus rassemblat des connaissances assez variées pour juger pertinemment les hommes de tous. les siècles et de tous les pays, les écrivains de toutes les langues, les hommes illustres dans toutes les sciences et dans tous les arts? Un tel espoir était chimérique, et I'on devait par conséquent être sûr que la plupart des jugemens de ces biographes universels étaient prononcés sur parole. La division du travail a fait totalement disparaître cet inconvénient dans le nouveau Dictionnaire; et sans recourir à des preuves qu'il serait trop long de rapporter, nous croyons que nos lecteurs seront convaincus en apprenant que fidèles aux annonces du prospectus, MM. Delambre et Lacroix ont réellement écrit les notices qui regardent les mathématiciens célèbres; que les principaux naturalistes ont été traités par M. Cuvier; que MM. Clavier et Boissonnade ont donné les articles les plus intéressans de l'histoire et de la littéFature greeque; que MM. Suard et de Lally se sont par

tagé l'histoire d'Angleterre, et que celle de l'Autriche et de l'Allemagne n'est point sortie des mains de MM. Stapfer, Constant de Rebecque et Guizot. De ce premier inconvénient il en était résulté un autre presque aussi grave dans les anciens Dictionnaires. Lorsque les auteurs ne trouvaient plus. de sources à consulter, ils étaient forcés de garder le silence, et comme ils connaissaient mieux la littérature française que toute autre, ils compensaient, par la surabondance et l'étendue des articles nationaux, une pénurie quelquefois honteuse d'articles étrangers. On sera encore convaincu que ce défaut n'existe plus dans la nouvelle Biographie, si aux noms que l'on vient de lire, on veut ajouter ceux de M. Langlès, qui a traité à fond la littérature orientale; de M. Ginguené, qui s'est chargé de la littérature italienne, et de M. Correa de Serra, à qui l'on doit d'excellens articles sur les écrivains portugais et espagnols.

M. Auger reproche, avec raison, aux anciennes compilations historiques, un autre défaut qu'il était encore plus facile d'éviter. On y avait introduit une surcharge d'articles géographiques, archéologiques, mythologiques, qui occupaient un espace bien précieux. On s'était encore embarrassé de l'histoire de certains êtres collectifs, tels que sectes et sociétés religieuses, quê devaient, ce semble, être exclus d'un ouvrage biographique, où l'on ne doit admettre que des individus. Tous ces articles pouvaient être abrégés, et l'on pouvait en réduire le nombre; une justice plus complète, et peut-être plus que complète, les a fait totalement supprimer.

Tels sont les avantages que présente le plan de la Biographie universelle, comparé à ceux des autres ouvrages du même genre que nous possédions déjà : mais nous avons aussi fait entrevoir qu'on ne pouvait guères se les procurer sans en perdre d'autres, et l'auteur du Discours préliminaire ne l'a pas non plus dissimulé. En acquérant par l'association d'un grand nombre de collaborateurs, une plus grande variété de connaissances, il avoue que l'on a pu craindre de nuire à cette unité ou du moins à cette parité de vues et d'esprit si nécessaires

pour ne pas plonger le jugement des lecteurs dans l'incertitude qui naît toujours des contradictions. Mais on a pris tous les moyens les plus propres à prévenir cet inconvénient. On a voulu que les faits plus que les opinions fussent l'objet de la Biographie universelle; et l'on a établi un centre de révision et de rédaction où tous les articles doivent être lus et confrontés, afin que les réviseurs en fassent disparaître les contradictions les plus apparentes. Pour en diminuer le nombre, et aussi pour ménager l'espace, les collaborateurs ont même fait le sacrifice d'une partie de leur amour-propre, en immolant à la précision et à l'exactitude le désir de juger et de briller. Convenons qu'il était impossible de faire plus pour arriver au but desiré, la perfection et l'utilité de l'ouvrage.

les

Nous croyons, en effet, qu'on en est déjà bien près dans cette première livraison; et nous espérons qu'après ce témoignage que nous leur rendons avec sincérité, éditeurs nous permettront quelques observations qui pourront les aider à s'approcher encore davantage de cette perfection à laquelle nous devons toujours tendre, bien qu'avec la certitude de n'y arriver jamais.

Nous sommes loin d'avoir examiné ces deux premiers volumes en détail et avec sévérité, et cependant nous y avons trouvé plus d'une exception à l'éloge général qu'ils méritent.

1o. Quelques collaborateurs ne soignent pas assez leur style, ou du moins on ne le soigne pas assez pour eux. On nous dit à l'article Alcman, qu'Horace doit beaucoup à ce poëte, et en général à tous les lyriques dont il a traduit ou imité une foule de pièces. Il fallait dire : à tous les lyriques grecs, autrement ce passage n'offre qu'une vérité niaise. M. Malte-Brun, de son côté, nous dit qu'on a du savant Abilgaard beaucoup de mémoires particuliers insérés dans ceux de l'académie des sciences de Copenhague; on n'insère point des mémoires dans des mémoires, mais dans un recueil de ce genre d'écrits. M. Botta, dont nous honorons d'ailleurs les talens et le savoir, s'exprime ainsi à l'article de John Adams, secand président des Etats-Unis: L'histoire l'a placé au

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