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2.8.

SO

EXPLICATION DE L'EPÎTRE.

Ouvenez-vous que notre Seigneur Jesus-Christ qui eft né de la race de David, eft reffufcité des 2. Tim. morts, felon mon Evangile, c'est-à-dire felon l'Evangile que je prêche. L'Apôtre venoit d'exhorter fon cher difciple Timothée Evêque d'Ephefe, à demeurer ferme dans la grace, à fouffrir constamment toutes les peines de fon miniftere comme un bon foldat de J. C. & à n'attendre la couronne qu'après le combat. A quoi il ajoute: Souvenez-vous que 7. C. eft reffufcité; comme s'il vouloit l'encourager par l'exemple du Sauveur, qui n'eft entré dans la gloire de fa Refurrection que par les travaux de fa vie & par les fouffrances de fa mort: comme David de la race duquel il a voulu naître, n'a joui paisiblement du roiaume que Dieu lui avoit promis, qu'après avoir effuié beaucoup de perfecutions & de peines. C'eft pourquoi il dit dans la fuite: C'eft une verité très-affurée que fi nous mourons avec J. C. nous vivrons auffi avec lui; finous fouffrons avec lui, nous regnerons avec lui. Ainfi le fouvenir de la refurrection du Fils de Dieu eft felon l'Apôtre, un puiffant motif pour nous animer à la patience: c'cft la vue de fa gloire qui a foutenu les Martyrs, aux fêtes defquels l'Eglife nous fait lire cette Epître.

Quelques Interpretes croient que S. Paul a voulu auffi par ces paroles, affermir fon difciple dans la foi de deux mytteres que quelques heretiques ataquoient dès ce tems-là, à favoir l'Incar nation, par laquelle le Fils de Dicu s'eft fait fils de David en naiffant d'une Vierge qui étoit de la

race de ce Prince; & la Refurrection de J. C. qui eft le gage de la refurrection future de tous

les morts.

Pour lequel je fouffre jufqu'à être dans les chaînes comme un fcelerat. S. Paul fouffroit pour l'Evangile, puis qu'outre les fatigues & incommoditez des voiages qu'il faifoit pour l'annoncer de tous cotez, fa predication lui attiroit encore beaucoup de perfecutions. Lorfqu'il écrivoit cette lettre il étoit à Rome dans les prifons de Néron. S. Clement un de fes difciples & de fes fucceffeurs dans le gouvernement de l'Eglife Romaine, dit qu'il avoit porté fept fois les chaînes pour le nom de J. C. Mais, comme il le dit lui-même, la parole de Dieu n'étoit pas liée avec lui. Tout enchaîné qu'il étoit il continuoit de l'annoncer. Sa langue & fa main étoient libres, & il s'en fervoit pour inftruire ceux qui l'écoutoient ou à qui il écrivoit. Il eut été plus facile, dit S. Chryfoftome, de lier les raions du foleil, que la langue d'un Apôtre qui fe trouvoit honoré de tout ce qu'il enduroit pour l'Evangile. Il eft vrai qu'on le traitoit comme un fcelerat, mais c'ett en cela même qu'il mettoit fa gloire, de ce qu'étant innocent il étoit traité d'une maniere fi ignominieufe pour J. C. Il ne faut pas craindre de paffer pour méchant, mais de l'être; & fi c'eft pour avoir bien fait qu'on eft mis au nombre des criminels, loin de rougir de cet opprobre, il le faut regarder comme le plus grand honneur qu'un Chrétien puiffe recevoir.

J'endure tout pour les élûs. Voilà le but des travaux de S. Paul. Il préchoit afin de convertir & d'inftruire par fa parole, & il fouffroit afin d'animer par fon exemple ceux que Dieu vouloit apeller par fon miniftere à la vie éternelle. Son zele pour le falut des ames, pour ce falut qui eft

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en J. C. c'est-à-dire qu'on ne trouve qu'en J. C. & qui ne s'aquiert que par lui; ce falut qui ne confitte pas en la jouiffance des biens de la terre, mais en la poffeffion de la gloire celefte, le rendoit prêt à tout fouffrir, afin, dit-il, qu'ils foient fauvez avec nous. Il ne veut pas être fauvé feul; il aime J. C. & il lui veut gagner des ames il aime les ames, & il veut leur faire connoître & pofleder Jefus-Chrift.

L'Eglife pour continuer de nous representer S.Paul fe propofant pour modele à fon difciple, paffe tout d'un coup des paroles que nous venons d'expliquer, à celles-ci qui font du troifiéme Chapitre: Pour vous, vous savez quelle eft ma doctriIO. ne. Selon la force du mot Grec on pourroit traduire : Comme vous m'avez fuivi pas à pas, comme vous avez été témoin de mes actions, vous favez quelle eft ma doctrine, &c. Ce qu'il dit pour oppofer & fa doctrine & fa conduite, à la fauffe doctrine & à la conduite impie de certains feducteurs dont il venoit de parler à Timothée.

14.

Quelles ont été les perfecutions & les afflictions qui me font arrivées, comme celles d'Antioche de Pifidie, d'Icone, de Lyfire. Nous lifons dans les A. 13. Actes des Apôtres, que S. Paul prêchant à Antioche de Pifidie, les Juifs exciterent une perfecu tion contre lui, & le chafferent; que de là étant allé à Icone, il fut obligé de s'enfuir à Lyftre où on le lapida. Timothée n'étoit pas encore alors fon difciple, mais comme il étoit de Lyftre, il avoit pû voir ce que l'Apôtre y avoit fouffert, & avoir apris ce qu'il avoit fouffert dans les deux au tres villes qui étoient voifines de la fienne. De plus il fe peut faire que depuis qu'il fut compagnon de S. Paul, il lui ait vu foutenir dans ces trois villes de nouveaux combats qui ne font

point

point écrits dans les Actes. Car S. Luc finit l'hiItoire des Actes au premier voiage de S. Paul à Rome, & il paroît par les Epîtres de l'Apôtre, qu'il a beaucoup agi & enduré depuis ce premier voiage; & par confequent avant cette Lettre, s'il eft vrai, comme l'ont crû les Peres, qu'il ne l'ait écrite qu'un peu avant fa mort.

'ean 15

Tous ceux qui veulent vivre avec pieté en J. C. feront perfecutez. Vivre en J. C. c'eft vivre felon les regles de fon Evangile. Tous ceux qui veulent vivre de la forte, doivent s'atendre à être perfecutez. Quelques-uns peut-être ne le feront pas; mais tous s'y doivent atendre, & loin de s'étonner quand la perfecution leur arrive, ils devroient s'étonner plutôt s'il ne leur en arrivoit aucune, puifqu'on leur a promis fi pofitive:nent que la pieté feroit exposée à la perfecution. J. C. en donne lui-même la raifon par ces paroles qu'il dit à fes Apôtres la veille de fa mort: Si vous étiez du monde, le monde aimeroit ce qui feroit à lui; 19. mais parce que vous n'étes point du monde, le monde vous hait. Quiconque veut vivre felon J. C. fe fepare du monde, & par confequent s'expofe à la haine; le monde ne peut fouffrir une vie qui le condanne, & il faut qu'il s'opofe de toutes fes forces à ceux qui ont deffein de l'embraffer. Combien de contradictions a-t'on à foutenir,lorfqu'on veut fe donner tout-de-bon à Dieu. Ce ne font plus des Juifs ni des Paicns qui perfecutent les Fidéles, ce font des Chrétiens. Les Chrétiens relâchez ne veulent pas qu'on mene une vie penitente qui confond leur molleffe & leur lâcheté; les faux devots ne peuvent endurer l'éclat d'une vertu folide & veritable. Parce que l'Eglife eft en paix, une ame qui veut fe fauver peut n'avoit point à craindre l'exil, la perte des biens, la pri Tome VII. F

fon, la mort; mais elle a à refifter aux careffes, aux pricres, aux larmes de ceux qui ne l'aiment que felon la chair. Et quand elle aura vaincu ces premieres attaques, il lui faudra peut-être effuier les railleries, les injures, les calomnies, & les mauvais traitemens. En un mot la perfecution ne A. 14. manque gueres aux ferviteurs de Dieu. Les Apôtres nous ont enseigné que c'est par beaucoup de peines & d'afflictions que nous devons entrer dans. le roiaume de Dieu, & J. C. a dit à fes Disciples: Jean 16. Vous aurez des afflictions dans le monde, mais aiez confiance, j'ai vaincu le monde.

21.

33.

SOiez avec nous, Seigneur, & nous vaincrons

le monde avec vous. Nous le vaincrons en fouffrant, parce que malgré toutes fes perfecutions nous ne laifferons pas de mener la vie qui lui déplaît, & de meriter la couronne que vous nous promettez. Soutenez-nous dans le combat par la yue de cette couronne; & faites que nous nous fouvenions fans ceffe que vous étes reffufcité des morts, & que fi nous mourons avec vous, nous reffufciterons avec vous; que fi nous fommes les compagnons de vos fouffrances, nous le ferons auffi de votre gloire.

L'Explication de l'Evangile, comme ci-devant au jour de S. Tiburce, page 79.

LE XXV. AVRIL,

S. MARC EVANGELISTE. Double.

Es Anciens difent que S. Marc étoit difciple de S. Pierre, qui l'apelle fon fils à la fin de fa premiere Epître. Il acompagna cet Apôtre à Ro

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