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Le Seigneur lui donnera le trône de David fon Pere: il regnera dans la maison de Jacob. La fainte Vierge étoit de la Maifon de David; & Dieu avoit promis à ce Prince, que le Meffie naîtroit de fa race. Les Juifs étoient affurez par l'Ecriture, que le Meffie feroit affis fur le trône de David, & qu'il rétabliroit le Roiaume d'Ifraël, mais ils ne comprenoient pas tous, que fon regne devoit être un regne fpirituel. Le Fils de Dieu a donc regné dans la maifon de Jacob c'eft à-dire, fur les Juifs, parce qu'il les a apellez les premiers à la Foi; & il a fait entrer avec eux en fon Eglife, qui eft fon Roiaume, toutes les nations de la terre. Il regne d'une maniere visible, parce qu'il eft adoré par tout le monde ; & il regne invifiblement par la grace dans les ames qui lui obéiffent, & qui l'aiment. Et fon regne n'aura point de fin, puifqu'il aura toujours des fujets fideles fur la terre; & qu'après la fin du monde, il regnera éternellement avec lui dans le ciel.

,

Comment cela fe fera t'il; car je ne connois point d'homme? La fainte Vierge ne doute pas, difent les Peres, de la verité des paroles de l'Ange; mais elle demande comment fe fera ce qui lui eft annoncé. Ces paroles, je ne connois point d'homme, font croire, avec raison qu'elle avoit refolu de demeurer Vierge çe qui a fait admirer à faint Gregoire de Nyffe cette Virginité fi pure, qui n'eft point ébranlée par des promeffes fi avantageufes. Il femble qu'elle aime mieux de demeurer l'époufe de Dieu felon l'efprit, que de devenir fa Mére felon la chair, ne fçachant pas encore le miracle qui la devoit rendre mere fans qu'elle ceffât d'être Vierge.

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Le Saint Efprit furviendra en vous, pouroperer lui-même le myftere que je vous annonce. Nous avons remarqué fur l'Evangile de la Veille de Noël, que les ouvrages de la bonté de Dieu, tels que l'Incarnation du Verbe, font attribuez au faint Efprit.

Et la vertu du Tres haut vous couvrira de fon ombre. Ce que les uns entendent du Fils de Dieu, qui eft apellé le bras & la force de Dieu: les autres, du faint Efprit, qui eft apellé par J. C. même la vertu d'en haut.

Le fruit faint qui naîtra de vous, fera apelle le Fils de Dieu. J. C. a été faint par excellence; & il l'a été dans le fein de la Vierge, n'aiant point contracté le peché originel. Car il ne falloit pas que celui qui venoit racheter les hommes. de leurs pechez, eût befoin lui-même de redemtion, & fut fouillé des taches qu'il venoit laver.

Je fuis la fervante du Seigneur : qu'il me foit fait felon votre parole. La fainte Vierge ne s'éleve point de la qualité de Mere de Dieu, & elle retient toûjours celle de fa fervante. Elle ne refifte point à la volonté de Dieu, dès qu'elle la connoît; mais elle confent & obéit à fes ordres : & au même moment Dieu opere en elle le myftere que nous adorons en ce jour. La feconde perfonne de la fainte Trinité , que nous apellons le Fils & le Verbe de Dieu, s'incarna en fon fein, c'eft-à-dire, prit un corps & une ame comme nous, fe faisant vraiment homme pour inftruire les hommes par l'exemple de fa vie, & pour expier leurs pechez par fa mort.

C'Eft pour nous, Seigneur, que vous vous

étes incarné, fi nous avons foin de profiter de votre Incarnation, en vivant comme vous avez vécu, & en ne commettant plus les pechez pour lefquels vous étes mort. Ne permettez pas que ce foit en vain pour nous, que le Createur fe foit abaiffé jufqu'à la mifere de la creature, & qu'il ait pris en ce jour un corps, pour en faire le facrifice & le prix de notre redemtion.

O Dieu, qui en vous aneantiffant avez élevé Marie jufqu'à la dignité de votre Mere, faites-nous honorer dignement fa maternité, & meriter par l'imitation de ses vertus cet honneur fuprême que vous avez promis à ceux, qui, comme elle, écouteront & obferveront votre parole, de devenir vos meres & vos freres, felon l'efprit. Faites-nous part de cette pureté finguliere qui l'a rendue agreable à vos yeux, & de cette humilité profonde par laquelle elle vous a conçû.

LE II. AVRIL.

S. FRANCOIS DE PAULE. Double.

1

Aint François de Paule a tiré ce nom du licu
Ain

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labre. Ses parens qui étoient de baffe condition, aiant été long-tems fans enfans, firent un vœu à Dieu, & fe recommanderent aux prieres de faint François par les merites duquel ils obtinrent notre Saint. Dès fon enfance il aima la folitude le jeune & la priere, ce qui fit que fon pere & fa mere , pour accomplir leur vou, rent au Couvent de S. François dans la ville de S. Marc. Il y paffa un an, fans faire neanmoins

le mene

profeffion, de-là il alla à Affife, d'où il retourna en fon païs, & bâtit auprès de Paule une Eglife, où il jeta les premiers fondemens de fon Ordre. Comme par humilité il fe croioit le der-" nier de tous les hommes, il voulut infpirer ces mêmes fentimens à fes difciples, & il leur donna pour ce fujet le nom de Minimes, qui fignifie, les plus petits de tous. Il les obligea, par un vœu particulier, à garder toute l'année l'abftinence du Carême. Pour lui il continua jufqu'à une extrême vieilleffe les aufteritez qu'il avoit pratiquées dès les premieres années de fa vie. Il étoit vétu groffierement, marchoit le plus fouvent nuds piés, couchoit à terre, & ne mangeoit que vers le foir. Dieu rendit fa vertu éclatante par un grand nombre de miracles, dont la renominée s'étant répandue en France, leRoi Louis XI. voulut le voir, & le reçût avec grand honneur dans le château du Pleffis proche de Tours, où il lui fit bâtir un Monaftere. I le pria de lui prolonger la vie par fes prieres; mais le Saint, fans le flater, lui répondit avec une fageffe qui fut admirée de toute la Cour, & l'avertit de fe préparer à mourir. Il vécut lui-même encore long-tems après ce Prince, & aiant eu revelation du jour que Dieu le devoit tirer de ce monde, il communia à la Meffe du Jeudi faint, avec une grande abondance de larmes ; & le lendemain, après avoir entendu la lecture de la Paffion, il mourut l'an 1507. à la même heure que notre Seigneur, étant âgé de plus de 90. ans. Son corps demeu ra onze jours fans fepulture & fans corruption, rendant même une odeur douce & agréable. Le Pape Leon X. le mit au nombre des Saints.

SElon vos promeffes, Seigneur, l'ambition

d'être le moindre de vos ferviteurs, l'a rendu un des plus grands dans le roiaume du ciel. Celui qui n'avoit que ce roiaume dans le cœur, ne pouvoit, Seigneur, ni flater les Rois de la terre, ni recevoir leurs graces que comme des dons qui venoient de vous, & pour vous les confacrer.

A LA MESSE. Introit.

Uftus ut palma florebit, ficut cedrus Libani multiplicabitur; plantatus in domo Domini, in atriis domus Dei noftri. Pf. Bonum eft confiteri Domino; & pfallere nomini tuo, Altiffime. *. Gloria.

DEus

Eus humilium celfitudo, qui beatum Francifcum Confefforem, Sanctorum tuorum gloria fublima

Lalmier, & il croîtra 13. E jufte fleurira comme p. 91 comme le cedre du Liban, étant planté en la maison du Seigneur, dans le temple de notre Dieu. Pf. Il eft bon de glorifier le Seigneur, & de chanter des cantiques de louanges en l'honneur de votre nom, ô Tres-haut. *. Gloire. Colle&te.

Dieu qui étes la gran-
deur des humbles, & qui
avez élevé le B. François vo
tre Confefleur, à la gloire de
vos Saints; faites, s'il vous

fti; tribue, quæfu- plait, que par l'interceffion
mus, ut ejus meritis de fes merites,& par l'imita-
imitatione, promif-
fa humilibus præmia
feliciter confequamur;
Per.

tion de fes exemples, nous
obtenions heureufement la
recompenfe que vous pro-
mettez aux humbles; Par.

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