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its favoient par l'Ecriture que les dieux des nations n'etoient que des demons, ils ont pris fans doute pour le prince des demons, ce que les Gentils appelloient le fouverain des dieux. Car il eft certain que Béelzebut & le prince des demons chez les Juifs, font la même chofe. Les Pharifiens acufoient J. C. par une calomnie atroce, de s'entendre avec Béclzebub, au nom duquel ils difoient qu'il chaffoit les demons: & ils l'apellerent Béelzebut lui-même. Ses difciples, comme il l'avoit prédit, ne furent pas mieux traitez, & les premiers Chrétiens paffoient pour des fourbes, des enchanteurs, des gens qui ufoient de malefices, des peftes publiques, des athées enfin, c'est-. à-dire des perfonnes qui ne reconnoiffent aucun Dieu.

Ne les craignez donc pas, car il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert. Que les injures & les outrages que vous aurez à fouffrir, ne vous abbattent point, & ne vous empêchent point de précher mon Evangile. Comme il n'y a rien de caché qui ne fe découvre avec le tems, votre innocence fera un jour reconnue & honorée, & cette verité que vous allez prêcher paroîtra avec éclat malgré tous les efforts que fes ennemis feront pour l'obfcurcir. Elle fera connue & reçûe par toute la terre, & elle rendra celebre dans la fuite des tems, la memoire de fes predicateurs.

Dites dans la lumiere, ce que je vous dis dans l'obscurité. Toutes ces manieres de parler étoient apparanment des proverbes ufitez parmi les Juifs. J. C. s'en fert felon fa coutume infinuer " pour fes plus grandes veritez. Prêchez donc, dit-il à fes Apôtres, malgré les perfecutions des hommes, & annoncez non feulement les veritez que yous m'entendez dire publiquement au peuple

qui me fuit, mais encore celles que je vous enfeigne en particulier, & celles que je vous décou vrirai dans la fuite. Car J. C. ne dit pas tout au peuple, & il n'enfeigna pas tout pendant la vie. Il referva plufieurs veritez, qui ne devoient être annoncées par les Apôtres qu'après la defcente du S. Efprit; & il les inftruifit en particulier de ces veritez, principalement après fa RefurreEtion. Dites donc dans la lumiere, c'est-à-dire publiquement, ce que je vous dis dans l'obscurité; c'eft-à-dire en fecret, à vous feuls, mais afin que vous le difiez un jour aux autres.

Il exprime la même chofe, en difant: Préchez fur le haut des maisons, ce qui vous aura été dit à l'oreille. Chez les Juifs le deffus des maifons étoit plat en forme de terraffe, où on fe promenoit, & d'où on pouvoit parler à ceux qui étoient dans les rues. Comme on monte fur un licu élevé pour se faire entendre de beaucoup de monde, on difoit en maniere de proverbe : Prêcher fur le haut des toits, pour dire, Publier par tout & devant tous.

Ne craignez point ceux qui tuent le corps, 190 qui ne peuvent tuer l'ame, & qui par confequent," comme J. C. le dit en un autre endroit, n'ont rien à faire davantage à ceux qu'ils haïffent & qu'ils perfecutent. Celui-là doit être le plus craint qui peut faire le plus de mal. Or les hommes quelque puiffans qu'ils foient, ne peuvent faire mourir que le corps, & après qu'ils l'ont fait mourir, ils n'ont plus rien à lui faire qui foit fenfible, & qui faffe de la peine à celui qu'ils vouloient furmonter. Mais Dicu qui eft le maître de la vie & de la mort, le Createur & le Seigneur du corps & de l'ame, peut détruire l'un & l'autre; & ce qui eft plus à craindre, peut tourmenter l'un & l'autre pendant toute l'éternité.

Apoc. 9.

ne

C'est ce que le Fils de Dieu veut dire par ces mots: Craignez plutôt celui qui peut perdre dans l'enfer & le corps l'ame, Il ne dit pas qui peut tuer, mais qui peut perdre. Ce n'eft pas que cé qu'il fera fouffrir aux dannez dans l'enfer, s'apelle une mort, parce que l'ame y fera vraiment morte; puifqu'elle y fera à jamais feparée de Dieu qui eft fa vie. Mais cette mort ne fera pas la deftruction de l'être ni de l'ame ni du corps; au contraire le corps fera reffufcité & réuni à fon ame, afin de fouffrir avec elle ce qu'il aura merité. Dieu perdra donc l'un & l'autre en les livrant tous deux à un feu & à des fupplices qui ne finiront jamais, & faifant fentir éternellement à l'ame une douleur infinie de fc voir privée du bonheur éternel qu'elle pouvoit meriter. Voilà ce qui fera plus dur que mille morts; puifque felon la parole de l'Ecriture, les dannez defireront la mort fans la pouvoir obtenir; fouhaiteront que les montagnes les écrafent pour les dérober à la fureur de l'Agneau, & enfin aimeront mieux n'être plus du tout, que de n'être que pour fouffrir éternelement.

C'Eft vous, Seigneur, que tous les hommes

doivent craindre; & c'eft vous feul que la plupart des hommes ne craignent point. Nous ne voulons rien fouffrir, nous defirons d'être heureux; & nous ne craignons point celui qui peut nous faire fouffrir eternellement; nous n'aimons point un Dieu qui nous propofe un bonheur & une gloire éternelle.

Ce n'eft pas affez, mon Dieu, que vous nous menaciez, donnez-nous la crainte de vos menaces. Ce n'eft pas affez que vous nous promettiez de grands biens, faites-nous aimer les biens que vous promettcz.

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Sauveur du monde vous étes notre maître, & nous faifons profeffion d'être vos difciples. Nous vous écoutons, & nous vous fuivons volontiers lorfqu'il ni a rien à fouffrir en vous fuivant. Mais nous vous perdons de vûe, & nous vous laiffons aller dès que vous marchez par un chemin qui paroît rude à notre molleffe & à notre lâcheté. Nous oublions bien promtement cette parole dont vous nous avez tant recomman• dé de nous fouvenir, que le difciple & l'esclave ne doit pas demander d'être mieux traité que fon maître & fon feigneur. Faites nous-en fouvenir, Seigneur, & faites que ce fouvenir produife en nous l'effet qu'il a produit en vos veritables difciples, qui bien loin de fe plaindre de leurs fouffrances, fe faifoient une joie & une gloire de fouffrir avec vous & pour vous.

LE III. MAI,

L'INVENTION DE LA STE. CROIX. Double.

Ieu aiant favorifé l'Empereur Conftantin en l'an de J. C. 312. de l'aparition d'une croix de lumiere, qui l'affura de la victoire contre Maxence qu'il alloit combatre; voulut auffi quatorze ans après favorifer fainte Helene mere de cet Empereur, de la découverte miraculeufe de la Croix même fur laquelle le Sauveur a triomphé de l'ennemi de tous les hommes. Car cette pieufe Imperatrice ne pouvant fouffrir que ce precieux inftrument de notre falut demeurât plus longtems caché, alla à Jerufalem; dont S. Macaire étoit Evêque, fe fit montrer le lieu où J. C. avoit été crucifié, fit creufer tout cet endroit, & trou

va enfin la Croix du Sauveur, avec celle des deux voleurs au milieu defquels il avoit été attaché. Celle qu'elle cherchoit uniquement, se distingua bien-tôt des deux autres par un celebre miracle, qui fut, felon S. Paulin, la refurrection d'un mort. Ön éleva une magnifique Eglife, on conferva ce glorieux dépôt, que l'Evêque de Jerufalem expofoit tous les ans le Vendredi-Saint à la veneration des peuples. Et le même S. Paulin ajoute, que depuis ce tems-là on enrichit plufieurs Eglifes des morceaux de ce bois facré, qui fe laiffant couper en plufieurs parcelles, deineuroit toujours entier par la vertu miraculeufe qu'il avoit puifée dans le fang de celui qui y a été attaché pour notre falut.

Votre Croix eft par tout, Seigneur ; non pas celle que l'Eglife revere comme un des inftrumens de notre falut, mais celle que vous nous avez commandé de prendre & de porter après vous. Faites, Seigneur, que confondant deformais toutes les peines que nous avons fi bien meritées, avec celles que vous avez voulu endurer pour nos crimes, nous vous adorions, & dans votre facrée croix, & dans les nôtres, fouffrant & crucifié.

LE MEME JOUR.

MEMOIRE DE S. ALEXANDRE PAPE, S. EVENCE ET S. THEODULE MARTYRS, ET S. JUVENAL EVEQUE.

E Pape Evariste étant mort la douxiéme année de Trajan, de J. C. 109. S. Alexan

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