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arrachez hautement à la fureur de ceux qui les tourmentoient.

Enfin après avoir défendu les fiens ici-bas, afin que ni les biens ni les maux du monde ne foient pas capables de les engager dans le peché, il les défendra après la mort, afin qu'ils ne foient plus attaqucz d'aucun mal; pendant qu'au contraire à l'égard des méchans,

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Son zele fe revêtira de fes armes ou felon le Grec, Il s'armera de fon zele, & il armera les creatures pour se vanger de fes ennemis. Il a promis en plufieurs endroits de l'Ecriture, de vanger les fiens contre ceux qui les ont opprimez. Il ne les vange pas toujours dans le tems, & l'impunité dans laquelle il laiffe vivre les méchans leur fait croire quelquefois que Dieu les a oubliez. Mais le jour terrible viendra, auquel la jufte colere du Seigneur armera contre eux & le Createur & la creature. Car, comme le Sage le dit plus bas, tout l'univers combattra avec lui contre les infenfez. Mais voions quelles font les armes du Createur.

Il prendra la justice pour cuiraffe; pour cafque, un jugement certain & infaillible, ou felon le Grec, Unjugement fincere; & il fe couvrirade l'équité comme d'un bouclier impénétrable. L'Ecriture nous reprefente ici le Seigneur, comme un Prince qui s'arme de toutes picces pour aller combattre fes ennemis. Il y a des armes défenfives & offenfives; elle donne à Dieu les unes & les autres. Car elle dira plus bas. Que fa colere lui fervira de lance. Les armes défensives font la cuiraffe, le cafque, & le bouclier. Lajustice de Dieu lui tiendra lieu de tout. Il fe défendra, en ce qu'il fera voir l'équité de fes jugemens, que l'impicté des hommes avoit attaquée. Les mé

chans ont cru qu'il ne penfoit pas à eux, & qu'il laifferoit leurs crimes fans punition, & les travaux des juftes fans récompenfe. Il leur fera donc voir un jour fa juftice; il prononcera contre eux un jugement fincere, fans déguisement, qui ne flattera point les coupables; & ce jugement en même tems fera certain & infaillible; ils ne s'y pourront fouftraire, nife garantir des peines aufquelles il les condannera. Mais ils feront convaincus en même tems de l'équité de ce jugement, ils reconnoîtront que leurs fuplices feront proportionnez à leurs crimes; & ils jugeront eux-mêmes que la creature merite d'être éternellement malheurcufe, lors qu'elle n'a pas voulu rendre à fon Createur une obéiffance qui devoit être récompensée d'un bonheur éternel.

PErfuadez-nous dès à prefent, Seigneur, de l'équité de vos jugemens, & faites-nous les craindre pendant que nous pouvons encore les craindre utilement. Ne permettez pas que nous abufions davantage de la patience avec laquelle vous fuportez les pecheurs : & finotre impunité doit être la caufe de notre endurciffement, puniffeznous plutôt, Seigneur, & châtiez-nous dans le tems, pour nous fauver dans l'éternité.

Défendez-nous par la force de votre bras: foutenez-nous par le fecours de votre grace contre les biens & les maux de ce monde, afin que nous ne foions ni corrompus par les uns, ni abbatus par les autres. Faites-nous aimer la vie éternelle que vous nous promettez, faites-nous faire ce qu'il faut pour l'acquerir. Pensez à nous fans ceffe, & mon Dieu, afin que fans ceffe nous penfions à vous.

LE XIV. MAI,

SAINT BONIFACE MARTYR. Simple.

Nous lifons dans le Breviaire Romain, que

Boniface citoien de Rome, voulant faire penitence d'un mauvais commerce qu'il avoit eu avec une Dame nommée Aglaé, fit fon Occupation de chercher les corps des Martyrs, & de les enfevelir. Il s'arréta à Tarfe, où non content d'enterrer les morts, il fe mit à exhorter à la mort ceux qui étoient dans les prifons. Il fut pris & dechiré avec des ongles de fer; on lui enfonça des rofeaux pointus entre la chair & les ongles; on lui verfa du plomb fondu dans la bouche; on le jetta la tête en bas dans la poix bouillante; & enfin on lui trancha la tête. Le même Breviaire ajoute qu'il mourut dans la perfecution de Dioclétien, & que fon corps fut aporté à Rome, & reçû par Âglaé, qui s'étant punie elle-même de fon crime par une longue penitence, bâtit une Eglise au nom de ce faint Martyr.

Suivant vos promeffes, Seigneur, en prenant foin des Martyrs, il a reçû le falaire de Martyr. Seigneur, qui ne lui avez pas feulement pardonné, mais qui l'avez couronné, quelle excu fe nous reftera-t-il devant vous, fi nous imitons fon impureté, fans imiter fa penitence?

La Meffe comme ci-devant au jour de S. Herme negilde, page 62. excepté ce qui fuit.

Collecte.

A Cordez-nous, s'il vous DA, quafumus om

fant, qu'en celebrant la fo-
lennité du bienheureux Bo-
niface votre Martyr, nous
foions aidez auprès de vous
par fon interceffion; Par.

ut qui beati Bonifacii
Martyris tui folennia
colimus, ejus apud te
interceffionibus adju-
vemur; Per.

L'Evangile, comme ci-devant page 77.
Poft-Communion.

ETantraffafiez de la parti- REfects participa

cipation de ce facré don,

tione muneris fa

nous vous fuplions,Seigneur cri, quæfumus Do-
qui étes notre Dieu, par l'in-
terceffion du bienheureux
Boniface votre Martyr, que
comme nous en celebrons
les myfteres, nous en reffen-
tions auffi les effets; Par.

mine Deus nofter, ut cujus exequimur cultum intercedente beato Bonifacio Martyrė tuo, fentiamus effe&tum; Per.

1

LE XVI. MAI

SAINT UBALD.

SA

Simple.

Aint Ubald étoit natif d'Augubio ville d'Italie, où il fut élevé dans la pieté & dans les lettres dès fon enfance. Il garda in violablement larefolution qu'il avoit fait de vivre dans la continence, & il refifta à plufieurs follicitations de mariage. Il entra dans l'Ordre des Chanoines

Re

Reguliers, & fut fait Prieur de l'Eglife d'Eugubio par fon Evêque. Il fut nommé Evêque de Peroufe par le Clergé & le peuple de cette ville; mais il s'enfuit dans un defert, où il demeura caché, & s'en alla enfin à Rome faire cafler le choix qu'on avoit fait de lui. Pendant qu'il y étoit, des deputez de fon païs vinrent le demander au Pape Honorius II. pour fucceffeur de leur Prelat qui étoit mort, & il fut obligé par le Pape d'accep ter cet Evêché. Il fit éclater particulierement dans fa conduite un foin vigilant de fes brebis, & une patience invincible à fouffrir les injures. Dieu fit paroître la fainteté par le don des mira cles: il délivroit les poffedez; & il mit une fois en fuite par le figne de la Croix une armée de confederez qui affiegeoient fa ville. Il tomba deux ans avant fa mort dans une griéve maladie, pendant laquelle il offroit à Dieu fes douleurs, le remerciant de la grace qu'il lui faifoit de le mettre au nombre des difciples de la Croix de J. C. II mourut la nuit qui fuivoit le jour de la Pentecôte l'an 1162. & fut canonizé trente ans après par Celestin III.

PEndant qu'il ne fe croit pas digne d'être Evêque, mon Dieu, vous le jugez digne de faire des iniracles. On ne s'éleve point auprès de vous, qu'en s'humiliant. Abaiffez, Seigneur, ces montagnes de notre orgueil qui vous irritent. Comblez cette profonde vallée de notre miserable neant par votre infinie mifericorde.

Tome Vil

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