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2.17.

premiers tems de l'Eglife, de faux Prophetes, c'eft-à-dire, de faux Docteurs, qui faifant profeffion de la religion chrétienne, méloient parmi la verité de J. C. la fauffeté de leurs erreurs. Tels ont été les heretiques Hymenée & Philete, dont 2: Tim. S. Paul dit qu'ils avoient renversé la foi de quelques-uns, en leur enfeignant que la refurrection étoit déja arrivée. Tels étoient ces faux Apôtres, qui afin de n'être point perfecutez pour la Croix Gal. 6. de J.C. méloient avec la religion chrétienne, les uns les ceremonies du Judaïíme, & les autres les Col. 2.8. vains raifonnemens & les fauffes fuperftitions de la philofophic payenne. Il étoit aifé alors, fe voiant en butte aux Juifs & aux Payens, de se laiffer tromper par des perfonnes, qui portant le nom de chrétiens, enfeignoient à donner quelque chofe aux ennemis de ce nom, en retenant quelquesunes de leurs loix ou de lcurs fuperftitions.

12.

Et parce que l'iniquité fera acrue, la charité de plufieurs fe refroidira. Tous ces maux ensemble, la malice des perfecuteurs, la chûte des apoftats, les impostures des feducteurs, faifoient, pour ainfi dire, un debordement d'iniquité, qui étouffa la charité de plufieurs, parce qu'ils n'étoient point affez cnracinez & fondez en cette vertu, pour pouvoir dire avec l'Apôtre: Jc fuis certain que ni la mort, ni la vie, ni aucune chofe, ne nous pourra jamais feparer de l'amour de Dieu. La charité a deux branches, car elle fait aimer Dieu & le prochain; & l'iniquité la refroidit en toutes ces deux parties, quand on n'aime pas affez Dieu pour fouffrir à caufe de fon Nom, ni le prochain pour le foulager dans fes befoins, lorsqu'on ne peut paroître fon ami qu'en s'expofant à la perfecution de fes ennemis.

Mais celui-là fera fauvé, qui perseverera jusqu'à

la fin. Ce qui eft exprimé dans S. Luc par ces paroles: C'est par votre patience que vous poffederez vos ames; c'eft-à-dire: Vous vous fauverez par la patience, comme vous vous perdrez fi vous refufez de fouffrir, & fi vous ne demeurez fermes dans la foi au milieu des fuplices. C'eft ce que J. C. repete ailleurs en ces autres termes: Celui qui fe perd en ce monde, fe trouve pour la vie éternelle: car trouver, gagner, poffeder, fauver fon ame, font la même chofe; & on ne fe trouve, on ne fe fauve que par une patience perfeverante, & qui demeure ferme jufqu'à la fin. Il faut aller jufqu'au bout, il faut efluier toute la fatigue, il faut vaincre tous les ennemis pour recevoir le falaire & la recompense.

C'eft cette patience & cette perfeverance qui a couronné les Martyrs, aux folennitez defquels nous lifons ces veritez, qui ne s'adreffent pas moins à nous qu'aux premiers fideles. Car fi nous n'avons pas les Juifs ni les Payens pour perfecuteurs, nous ne manquons pas pour cela de perfecutions. Ne fommes-nous pas dans le tems d'iniquité, où les fidéles fe haïffent & fe trahiffent les uns les autres. La verité trouve des ennemis parmi les chrétiens-mêmes qui font profeffion de la fuivre. Il y a tous les jours des combats à livrer & à foutenir pour elle, foit pour la défendre contre ceux qui l'ataquent, foit pour ne la pas abandonner, lorfqu'on ne la peut foutenir fans s'atirer quelque difgrace. Qui ne voit que l'iniquité s'eft acrûe, & que la charité de plufieurs eft refroidie. S'il arrive des guerres, des peftes, & des famines, nous nous troublons, & nous demandons la fin de ces maux; mais nous ne changeons point de vie. Il s'éleve dans le fein de l'Eglife même, de faux Prophetes qui en féduifent plufieurs, en vou

lant allier les maximes du monde avec celles de l'Evangile; & le torrent de la coutume & de l'exemple, entraîne une infinité de ces chrétiens froids, qui n'ont que le nom de chrétien, mais qui n'en ont point la vertu. Nous trouvant donc dans les mêmes dangers que J. C. prédisoit aux Apôtres, apliquons-nous les avertifflemens qu'il leur donne, & tâchons de nous enraciner & fonder avec eux dans la charité, pour les imiter dans leur perfeverance.

Soutenez notre charité, Seigneur, contre toutes les tentations qui l'ataquent; ou plutôt rallumez notre charité éteinte par l'inondation de l'iniquité. Donnez-nous une bouche pour profeffer hautement votre verité dans les rencontres. Donnez-nous la fageile pour la perfuader aux autres. Donnez-nous la patience pour fouffrir les perfecutions qu'elle pourra nous atirer. Donnez-nous la perfeverance pour aller jufqu'au bout de la car. riere. Donnez-nous cette charité que l'iniquité ne peut refroidir, que les fleuves ne peuvent étouf fer, que les adverfitez ne peuvent vaincre : cette charité qui produit elle-même le courage, la patience & la perfeverance que vous exigez de nous, & par lefquelles feules nous pouvons poffeder & Lauver nos ames pour l'éternité.

LE XIII. JUIN,

SAINT ANTOINE DE PADOUE. Double.

CE

E Saint, qui étoit d'une honnête famille de Lisbonne, entra étant jeune, dans l'Ordre des Chanoines Reguliers, d'où il pafla dans celui

des

E

des Freres Mineurs, par l'ardeur qu'il fentit de fouffrir le martyre, à l'imitation de cinq de cet Ordre, qui avoient été martyrisez à Maroc, & dont les corps furent aportez en ce tems-là à Conimbre. Le même defir du martyre le lui fit aller chercher chez les Sarrafins; mais une maladie l'obligea de revenir, & les vents le firent aborder en Sicile, d'où il alla à Affife au Chapitre general de fon Ordre. Il se retira enfuite dans un defert, où pendant un long-tems il se prepara par la priere, par les veilles, & par les jeûnes aux grandes chofes aufquelles Dieu le deftinoit. Il reçût le Sacerdoce, avec ordre de prêcher l'Evangile; ce qu'il fit avec tant d'éloquence & de fageffe, que le Pape l'aiant entendu, l'apella unc arche d'alliance. On le nomma encore le fleau des heretiques, à caufe du zele & de la force avec laquelle il combatoit leurs erreurs. Il fut le premier de fon Ordre qui enfeigna la Theologie à fes Freres, ce qu'il fit à Boulogne. Enfin après avoir parcouru plufieurs Provinces, & rendu fon nom celebre par pluficurs miracles, il vint un an avant fa mort à Padoue, dont il a reçu le nom, parce qu'il a enrichi cette ville de fes precicufes reliques. Il mourut l'an 1231. & fut canonifé l'année fuivante par Gregoire IX. Trente-deux ans après fa mort, lors qu'on tranfporta fon corps dans une grande Eglife de Padoue, fa langue fe trouva fraîche & vermeille. S. Bonaventure la prit entre fes mains, & en la baifant devotement, il difoit avec larmes: Obienheureufe langue, qui avez toujours beni Dieu, & qui nous avez apris à le benir!

IL vous demandoit, Seigneur, d'être votre martyr, & ne vous demandoit pas de faire des Torne VII.

X

miracles. Mais fon defir vous a tenu lieu de fon fang, & vous lui avez accordé fur la terre même la recompenfe des Martyrs, pour marque certaine qu'il la recevroit dans le ciel. Bienheureux le cœur qui vous cherche comme celui de ce Saint, & bienheureufe la langue qui vous benit comme la fienne.

La Meffe comme au jour de S.Vincent Ferrier page 31. excepté ce qui fuit.

Collecte.

QDieu, celebre avec joie

Ue votre Eglife, ômon Calefiam tuam,

la folennité fainte du bien-
heureux Antoine votre Con-
feffeur; afin qu'elle reçoive
fans ceffe les fecours fpiri-
Fuels dont elle doit tirer tou-
te la force, & qu'elle merite
de jouir des delices éternel-
les; Par notre Seigneur.

Deus, beati Antonii Confefforis tui fo lennitas votiva lætificet; ut fpiritualibus. femper muniatur auxiliis, & gaudiis perfrui mereatur æternis; Per Dominum.

EP ITR E.
Leçon tirée de la premic-
re Epître de faint Paul aux
Corinthiens.

3. Cor. 4. MEstres-chers freres, On

nous fait fervir de ipeЯacle au monde, aux Anges & aux hommes. Nous fommes fous pour l'amour de Jefus-Chrift; mais vous autres, vous étes fages en le fus-Chrift;nous lommes foi blcs, & vous étes forts; vous

Lectio Epiftola beati Pauli Apoftoli ad Corinthios.

Ratres, Spectacu lum facti fumus mundo, & Angelis, & hominibus. Nos ftults propter Chriftum, vos autem prudentes in Chrifto; nos infirmi, vos autem fortes; vos nobiles,

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