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2.

Ife 11. re. Ifaïe en prédifant l'avenement du Meffie, avoit dit que les petits enfans prendroient plaifir à mettre la main dans les trous des afpics, & des autres bêtes venimeufes, fans en recevoir aucun mal. Voici donc l'accompliffement de la prophetie. Le Meffic promis cft venu, & il donne à fes Difciples, qu'il appelle fi fouvent du nom de petits, & à qui il recommande fi fort d'être femblable aux petits enfans, il leur donne, dis-je, le pouvoir de marcher fur les ferpens, foit corporels, foit fpirituels. Une vipere fe jette à la A. 21. main de S. Paul, & elle ne lui fait point de mal.

Tous les demons leur font affujetis, & toute la puiffance de l'ennemi ne peut plus foutenir contre des hommes qui prononcent le nom de J. C. Les moindres d'entre les Chrétiens chaffoient les demons des corps ; & l'Ordre d'exorcifte qui donne ce pouvoir, n'eft qu'un des Ordres infericurs, qu'on apelle communément les Ordres mineurs, ou les petits Ordres. Dans les exorcifmes du batême on fouffle fur l'enfant pour humilier l'orgueil du demon, qui se voit traité avec tant de mépris, qu'il ne faut qu'un fouffle pour le renverfer.

Ne mettez point votre joie en ce que les efprits vous font foumis, mais réjouillez-vous plutôt de ce que vos noms font écrits dans le ciel. Il ne leur défend pas de fe réjouir de ce pouvoir qu'il leur donne, mais d'en faire le feu! & le principal fujet de leur joie comme quand il dit: Je veux la mifericorde & non le facrifice; c'est-à-dire, je ne veux pas le feul facrifice, Je ne veux pas tant le facrifice que la mifericorde. De même ici : Ne vous réjouiffez pas tant de ce que vous chaffez les demons, que de ce que vos noms font écrits dans le ciel.

Un Prophete avoit dit que les méchans feront fer. 17À écrits fur la terre, pour fignifier que leurs noms 13. marquez fur la pouffiere feroient bientôt effacez, & qu'on ne s'en fouviendroit plus. Les noms des Saints au contraire font écrits au ciel, parce qu'étant les enfans de Dieu, c'eft au ciel qu'ils doivent recevoir l'heritage éternel que Dieu referve pour fes enfans. Or être du nombre des enfans de Dicu vaut mieux que faire des miracles, & par confequent ce doit être un plus grand fujet de joie. On a lieu d'efperer qu'on fera de ce nombre, quand on eft fidéle à accomplir la Loi du 92.2. Seigneur; c'eft pourquoi l'Ecriture veut qu'on le ferve avec joie, & l'Apôtre nous ordonne de nous réjouir fans ceffe en lui, c'est-à-dire, parce que nous fommes à lui.

Phil.4.4.

Phil. 2.

12.

Cependant la même Ecriture nous dit ailleurs: P2. 11. Servez le Seigneur avec crainte, & operez votre falut avec tremblement. Elle nous dit que nul ne Eccl.9.1. fait s'il eft digne de haine ou d'amour. C'eft fans doute un grand bonheur d'être écrit au livre de Recl.9.1. vie de l'Agneau, & d'être du nombre de ces prédestinez à la vie éternelle, que Dieu a donnez à fon Fils, & que nul n'arrachera de fes mains mais qui connoît qu'il eft de ce nombre? Dieu ne veut point que nous fachions ce fecret ; il veut feulement que nous affurions notre vocation & notre élection par les bonnes œuvres. Il faut donc être joieux lors qu'une vie fainte nous donne lieu de croire que nos noms font écrits au ciel, lors que l'amour de Dieu répandu dans nos cœurs par le S. Efprit, nous eft un gage de l'adoption divine, & que le S. Efprit rend témoignage à notre efprit que nous fommes les enfans de Dieu. Mais parce que celui qui vit bien aujour-. d'hui, peut tomber demain dans le peché; il

faut que notre joie d'être à Dieu foit une joie humble, fondée fur fa grace & non fur notre foibleffe, & qu'elle foit mêlée de crainte.

Quand J. C. dit à fes Difciples: Réjouiffezvous de ce que vos noms font écrits au ciel, il ne les affura pas qu'ils étoient predestinez; mais il leur aprit que faifant les œuvres des predeftinez, ils pouvoient & devoient efperer qu'ils l'étoient; & perfeverer dans ces oeuvres avec joie. Dieu connoît ceux qui font à lui, il connoît ceux qui par la perfeverance remporteront la couronne. Ni lui ni perfonne n'efface les noms qu'il a ecrits de la forte. Mais pour nous qui ne vivons que dans l'obfcurité de la foi, nous nous écrivons nousmêmes, pour ainfi dire, par les bonnes œuvres, & nous nous effaçons par le peché. Réjouiffonsnous donc de la vertu que nous pratiquons aujourd'hui, mais réjouiffons-nous-en fans orgueil, parce que fi Dieu nous abandonne à nous-mêmes, nous ne ferons plus demain à lui. Craignons notre chûte, mais avec confiance que Dieu achevera en nous ce qu'il y a commencé :(& regardons les graces qu'il nous a faites comme les arrhes de la derniere grace, qui eft celle du falut.

Que nous fommes éloignez de ces difpofi

tions, Seigneur ? Nous mettons toute notre joie dans les vanitez du tiecle, & nous ne laiffons pas d'efperer par une préfomtion temeraire que vous nous fauverez. Devenez l'objet de notre joie, Seigneur, & foiez le fujet de notre confiance. Notre falut eft mieux entre vos mains que dans les nôtres. Il n'eft point neceffaire pour nous de favoir avec certitude fi nous fommes écrits dans votre livre; mais il eft de la derniere importance que nous ne nous effacions point par le peché du nombre de vos enfans.

Vous avez fait la grace à vos Martyrs, Scigneur, de fouler aux piés toute la puiffance, & toute la rage de l'ennemi, faites-nous triompher de nos paffions qui font fes armes, & nous marcherons jufqu'au bout de la voie qui mene à ce bonheur ineffable, où nous trouverons une joie exemte de toute crainte, parce qu'elle fera éternelle.

ΣΕ XVIII. J VIN,

S. MARC ET S. MARCELLIEN.

N

Simple.

Ous lifons dans les Actes de S.Sebaftien

que les faints Mare & Marcellien étoient freres jumeaux, nez d'une illuftre famille de Rome, & Chretiens dès leur enfance, quoique Tranquillin leur pere, & Marcie leur mere, fuffent Paiens. Ils furent pris tous deux fous l'Empire de Diocletien, & ils fouffrirent les fouets, avec un courage que Dieu relevoit fans ceffe par les confolations celeftes qu'il répandoit dans leur amne. Ils furent condannez à perdre la tête, mais leurs parens obtinrent un délai de trente jours, pendant lefquels ils s'effor cercnt en vain d'ébranler leur conftance. Car Dicu les fortifia contre la fauffe tendreffe, qui auroit pû amollir leur cœur, par un excellent difcours que S. Sebaftien fit en prefence des Martyrs, à ceux qui tâchoient de les corrompre. Ils furent tous convertis, & Tranquillin étant allé remercier le Prefet de Rome, du délai qu'il lui avoit accordé pour fes enfans, gagna encore à J. C. ce Juge, avec toute fa famille; & quel

Pf. 36.

19.

3.1.

que tems après, faifant fa priere au tombeau de S. Paul le jour de l'octave des Apôtres, il fut pris, comme il l'avoit defiré, & tué par le peu-. ple à coups de pierres. Ses deux fils que l'Eglife honore en ce jour, furent pris auffi & liez à un poteau, les piés percez avec des clouds. Le Juge Fabien leur disoit avec un ton de colere : Soiez fages, malheureux que vous étes, & délivrez vous vous-mêmes des fupplices que vous endurez. Mais ils lui répondirent que jamais feftin ne peut être plus agréable, que leur étoit l'état où ils fe trouvoient; & qu'ils commençoient alors à être fortement attachez à J. C. par un amour inviolable.. Ils pafferent un jour & une nuit dans ce tourment, & enfin ils y moururent percez de lances par le commandement de Fabien. Ils furent enterrez à deux milles de la ville, & leurs corps furent trouvez avec celui de leur pere fous Gregoire XIII. dans l'Eglife de S. Côme & S. Damien.

Vous pouviez, Seigneur, honorer plusieurs

familles enfembles des couronnes que vous avez répandues dans celle-ci. Vous n'avez point ici choifi l'un, & rejetté l'autre, comme vous l'avez fait tant d'autres fois, pour nous montrer par la varieté de cette conduite, qu'il n'y a point d'autre regle en votre grace & en votre bonté, que votre grace & votre bonté même.

LE

A LA MESSE.

E falut des Juftes vient du Seigneur,qui eft leur protecteur au tems de l'af

Introit.

Alus autem Juftorum à Domino, protector eorum eft in

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